Messages : 3014 Date d'inscription : 18/04/2020 pièces d'or : 932 Ombre : Sigrid Madsen Peuple : Fae, les ténèbres au bout des doigts, les rêves rivés aux prunelles Soupirs : 132 ans, 33 ans qui s'affichent avec la désinvolture propre aux fae Maîtrise : Ténèbres (niveau 4) - Illusions (niveau 2) - armes blanches (niveau 3) - armes à feu (niveau 0) - corps à corps (niveau 1) - défense (niveau 2) Affect : Ses yeux ne se délectant que des silhouettes masculines, elle attend encore l'alliance qu'on lui imposera,la redoute, célibataire pour le moment. Métier : Créativité utilisée pour améliorer les finances familiales, Architecte comme tant d'autres avant elle. Faction : Fen'Haven Errance : Anciennes terres de L'automne, Adénor, sa famille et elle même se sont établis à Cínnerial Inventaire : Lames fantômes - Potion de mana x2 - épée standard - kit medical - totem d'immunité Crédits : Ellaenys - Hellish Aventures :
Rp : 5/6
☾ Edvard/Ozai
☾ Tc Commun Lantsov
☾ S1E1 Adénor
☾ Thorgen
☾ Thrys |
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| The Sound of Silence One shot ◊ ◊ ◊
1052 - Elle a l’humeur légère Genya alors que ses pas foulent avec entrain les feuilles qui s’amassent sur le sol, le parant de teintes mordorées en ce début de matinée encore humide. Innocence d’une jeunesse facile teintée de l’impatience de ces émois de jeune adulte. Exaltation qu’elle retient à peine et qui parcours la moindre de ses terminaisons nerveuses. Elle a revêtu un manteau bien trop chaud pour la saison mais qui lui permet de dissimuler l’épée qui bat d’un rythme régulier sa hanche. Ça l’apaise, cette répétition. Pourrait presque l'empêcher de faire des foulées trop grandes. De combler aussi vite qu’elle le peut cet espace encore trop grand qui la sépare d’Edvard. Ses pensées tourbillonnent sous son crâne, elle a tellement de choses à lui dire, elle veut voir son visage lorsqu’elle les lui dira. Il est de ces choses que l’on ne dit pas à distance, même pas par ce lien télépathique qui les lie en permanence. Elle a toujours ce sourire qui étire ses lèvres lorsqu’elle s’éclipse de Cinnerial, c’est comme une habitude. Sourire qui naît plus simplement, plus franchement sur ses lippes lorsqu’elle sait qu’elle va le revoir. Et elle ne s’en rend même pas compte, naïve, enfant tellement habituée à sa présence qu’elle ne saisit pas la place qu’il a prit dans son existence. Elle s’enfonce dans les bois, seule, un sac rempli de nourriture sur le dos. Rendez-vous qu’elle attend avec impatience, entrainement qu’elle en vient à espérer, comptant les jours la séparant de leur rencontre. Cœur gonflé d’impatience qui la pousse en avant après l’avoir contacté via leur lien la semaine précédente pour lui indiquer la date. L’endroit ne changeait que rarement, assez éloigné pour que nuls ne viennent les déranger. Lieu étant devenu leur sanctuaire au fil des années, témoins de leurs entrainements comme de ces vœux qu’ils avaient échangés, gravant à même l’épiderme de l’autre la confiance qu’ils se vouent.
Les heures de marche qui s’enchainent alors qu’elle avance, suffocante sous son habit, le soleil déjà haut alors qu’elle laisse tomber son sac au sol d’un geste désinvolte, près de cet arbre contre lequel elle aime se reposer. « Eddie ?» Regard qui parcourt la clairière lentement, cherchant à deviner cette silhouette qu’elle connait par cœur contre un tronc ou allongé dans l’herbe, en vain. Peut-être est-il assoupi, en retard, même si cela n’est pas dans ses habitudes... Il est toujours présent avant elle. Rares sont les fois où elle fut la première sur les lieux, à l’attendre. Le fait qu’elle ne puisse tamiser ici pour éviter d’attirer l’attention n’aidant sans doute pas la fae de la nuit à arriver avant son carranam. Mais elle se rassure, enfant que la vie n’a pas encore dépourvue de toute ses illusions. Il n’y a pas de raison de s’inquiéter. Pas de raison de s’inquiéter. Litanie qui se joue en répétition alors qu’elle s’avance, la pulpe des doigts effleurant à peine l’écorce des troncs qu’elle passe. « Eddie, tu es là ? » Elle essaie de minimiser l’impatience qui pourrait transparaître par son ton. Elle s'abîme les rétines en scrutant chaque recoin de cette clairière inondée de soleil. Il doit être là, il doit être là. Parce que s’il n’avait pas pu honorer leur rendez-vous, il l’aurait prévenue. Il lui aurait soufflé son absence, fait vibrer leur lien juste pour la rassurer. Foulées qui se font plus grandes, plus rapides, jusqu’à ce qu’elle rejoigne chaque recoin où il aurait pu se trouver, les minutes s’écoulant lentement, cruelles, la laissant sans réponse. « Eddie ? » Elle ne rencontre que l’absence, la brise ne comblant qu’à peine ce silence qui commence à la suffoquer. Où es-tu… Lien qu’elle sollicite, car il n’est pas là. Pas là. Pas le moindre signe de ses boucles blondes au travers des arbres, pas de signe de sa présence, de son odeur dans ce bois. Où es-tu, réponds moi…s’il te plait. Inquiétude qu’elle laisse transparaître. Il pourra bien lui dire qu’elle est stupide de s’inquiéter si vite, qu’il avait peut-être eu un empêchement. Cela n’est jamais arrivé avant. Pas une fois. Alors elle attend. Une réponse, cette caresse mentale qui seule pourrait apaiser les battements frénétiques de son myocarde. Elle trépigne, son pied battant le sol. Que fait-il ? Réponds moi…
Ça gonfle. Lentement, vague de panique qui prend de l’ampleur et qui menace de la submerger à mesure que le soleil se rapproche de son zénith. Sa voix est rauque d’avoir crié son prénom. Larmes qui illuminent son regard et qu’elle se refuse de verser. Elle ne compte plus les fois où elle l’a interpellé via cette corde qui les relie et qu’elle sent encore. Mais elle a beau s’échiner, elle ne rencontre que l’absence, néant qui menace de l’avaler alors qu’elle reste là, assise contre un arbre. Elle ne peut pas partir. Elle ne peut pas, pas sans avoir de réponse. Pas alors que le fait de rentrer maintenant donnerait corps au fait qu’il n’est pas venu, qu’il ne lui répond pas. Alors elle attend. Je t’en prie…Réponds moi… Bouteille lancée à la mer, invitation qu’elle réitère, menaçant de basculer. Et puis ça explose. Ça l'étouffe, cette boule qui n’a fait que grossir, enserrant sa gorge. Ça fait mal. Il ne peut pas la laisser derrière, il ne peut pas. Rage qui se déverse de sa gorge en un cri qui ravage tout sur son passage, elle voudrait lui en vouloir, mais elle n’est que douleur. Elle voudrait frapper mais c’est à peine si elle peut respirer. Sanglots incontrôlables qui prennent possession de son corps manquant d’air. Bras qui enserrent mollement sa faible carcasse alors qu’elle se brise sous les frondaisons tranquilles qui la surplombent. « Reviens...reviens s’il te plait ...» C’est à peine articulé. Mots qui ont du mal à se former, elle se noie, ses plaintes une lame de fond lui faisant perdre pied, inondant sa gorge. Pieuse prière qu’elle ne sait plus vers qui adresser alors que le temps lui échappe, elle n’est pas de l’hiver pourtant. Pas lui, pas lui. Il ne peut pas lui être enlever, pas maintenant, pas comme ça.
« Edvard ! » ça écorche. Pas seulement ses cordes vocales qui ont trop hurlé, cette gorge en feu de ne pas s’être abreuvé. Forces qui s’amenuisent à chaque fois que son prénom quitte ses lèvres, hurlé de désespoir ou murmuré. L’impression qu’on la déleste d’une partie de son être à mesure que les heures passent. Tout son être est à vif alors qu’elle parcourt les bois. Agonie qui ne saurait être apaisée face au silence qui n’est troublé que par ses cris déchirants et le sang qui lui martèle les tempes à ce rythme indécent. Elle le retrouvera. Elle n’a pas d’autre possibilité, et ce, même si elle doit y passer des jours. Où es-tu Fourrés qu’elle fouille, Réponds moi Fossés. Parce qu’elle ignore ce qui pourrait l’avoir retenu et c’est sans doute là le pire. Les milliers de scénario que son imagination traîtresse fait naître. Blessé, pas mort. Pas mort. Elle a vérifié sa rune. Pas mort. Et c’est peut-être la seule consolation. Peut-être est-il lassé d’elle, peut-être n‘avait-il juste pas envie de la rejoindre. Mais elle ne comprend pas pourquoi il lui infligerait cette torture. Il aurait pu lui dire, lui parler. Tout mais pas ça. Tout serait mieux que cette absence qu’il lui inflige, ce mur de silence contre lequel elle s’échine. Lien qui reste mort entre ses doigts malgré l’acharnement dont elle fait preuve. Sillons qui se tracent dans la poussière recouvrant les courbes de son visage, elle ne les sent même plus glisser sur sa peau, anesthésiée. Coquille vide poussée en avant par cette impulsion primale de le retrouver. Elle ne crie plus son nom, pas alors qu’elle n’a plus de voix. Pas alors qu’elle a à peine la force de parcourir les bois. Elle ne respire plus Genya, ses poumons sont comprimés. Elle ne voit plus. Alors elle s’assoit sur une souche, le regard vide, le peu de force qu’il lui reste elle les focalise sur lui, sur ce lien qui était si vibrant quelques jours auparavant. Edvard… Goût de cendres qui ne quitte pas sa langue alors qu’elle sent son être se lézarder. Demain, elle reviendra demain. Elle reviendra. Elle cherchera. Dès qu’elle se sera reposée. Dès qu’elle pourra rentrer chez elle...Plus tard. Mais elle reviendra.
(c) oxymort |
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