bittersweet victory (orion)

Le pas est pressé. Les talons viennent claquer rapidement sur le sol de pierre dans un écho triomphal. Pour la première fois elle se dirige vers le palais rubis avec un sourire arrogant plaqué sur le visage. Le masque de la douce et sérieuse marieuse qui glisse déjà pour révéler la créature avide de victoire qui se cache en dessous. Les gardes sont salués d’un signe de tête  à peine alors qu’elle parvient à se glisser au sein de l’enceinte. Tous sont désormais habitués à ses va-et-vient qui sont parfois même remarqués avec pitié. On voit ses allées et venues répétées comme un signe d’échec. Et ce fut pendant trop longtemps vrai. Un héritier impossible à plaire, prêt à tout pour saccager toute candidature décente qu’elle déposerait devant lui. Au point que la brune a, de trop nombreuses fois, ressentie la terrible envie de s’en retourner en claquant la porte, et peut-être la peau pâle de l’importun dans la foulée.

Mais ici, l’enjeu est bien plus grand qu’elle.

Il ne s’agit pas simplement de faire son métier, de faire ce qu’on lui dit. L’alliance est plus dure à forger, plus dure à trouver car elle ne doit pas simplement trouver une fiancée correspondant aux absurdes critères du futur empereur. Il s’agit de paver le chemin pour alliance qui pourrait bénéficier Ad Astra. Comme toujours ses convictions sont placées bien au-dessus de son confort personnel. Alors elle a redoublé d’effort, Namira. Utilisant toutes les sources à sa disposition, tous les mensonges de son répertoire et tous les visages qu’elle a soigneusement fabriqué. Jusqu’à trouver. Celle-ci est parfaite, un compromis entre ce qu’il voulait et ce que Namira elle-même souhaitait. Et elle ne le laissera pas refuser la blonde héritière qu’elle lui a choisie. Peu importe les arguments énoncés elle saura y trouver un contre-argument. Une opposition.

La joute s’annonce féroce. Mais quand ne l’est-elle pas ? Ils s’affrontent, se déchirent et repartent, la peau teinté de secrets et une étincelle dans les yeux. Dans le chaos l’un comme l’autre trouvent un répit terriblement ironique. Il n’y a pas d’attente, pas d’enjeux quand ils se battent. Plus vrais dans leur face à face qu’envers quiconque. C’est l’hideux qui ressort, peut-être, mais il est cathartique. Le lien crée en étrange, plein de colère et de haine mais aussi d’un étrange soulagement. Et il y a peut-être un léger pincement au cœur pour la brune. Elle triomphera aujourd’hui elle en est certaine, mais le triomphe indique sûrement un renoncement. Un abandon.

Les poings se serrent un instant avant de se relâcher. Namira tourne et entre dans une pièce, deux fauteuils posés face à une table. Le thé encore chaud sur la table. Elle est attendue. Mais alors qu’elle s’installe, les plis de sa robe convenablement arrangés autour d’elle, elle sait qu’elle attendra encore un moment. Un mouvement habituel. Et comme habituellement elle ressent une pointe d’irritation qu’elle ne parvient pas à chasser. Son temps est aussi précieux que le sien. Ses doigts tambourinent contre la porcelaine jusqu’à ce qu’enfin, la silhouette familière s’affiche dans l’embrasure de la porte. « Je te remercie de daigner me faire le plaisir de ta présence Orion » les mots dégoulinent d’ironie autant que de venin. « Mais je crains de ne pas avoir le privilège de pouvoir attendre en vain. Une vague histoire de travail à accomplir… »

Une gorgée du liquide désormais froid, avant qu’elle ne reprenne, déposant un fin dossier sur la table. « Je l’ai trouvée. Elle est aussi proche que possible de tes demandes. Blonde même ». Elle parle de la fiancée comme d’un modèle de poupée et non pas d’une personne qu’elle doit manipuler, c’est plus simple ainsi de s’en détacher. « Je crains par contre que son intellect ne soit bien supérieur à ce que tu avais demandé. Mais après tout on ne peut pas tout avoir. » Le sourire est aussi vénéneux que possible, et en se concentrant bien on pourrait presque voir un croc caché derrière les dents.

CODAGE PAR AMATIS
AVATARS PAR Valruna & Olympia