Takes one to know one (Namira)

takes one to know one

@Namira & @Cressida

Verre à la main, tu les observes. Les hypocrites, les intéressés, les naïfs. Faux sourires quand l’un d’eux s’approche de toi. Tu ne t’es jamais sentie à ton aise dans ce genre de réception. Qu’importe combien de fois on a pu t’imposer d’y assister. Mais tu ne te sens à l’aise dans aucun rassemblement social, Cressida. Parce qu’ils t’épuisent. Te forcent à te montrer plus vigilante encore. Ne pas les laisser te voir pour ce que tu es. Seulement pour ce qu’ils veulent que tu sois. Alors tu forces des sourires. Force même quelques conversations sans saveur. C’est ce qu’on attend de toi. Tu prends une gorgée, vidant ton verre de moitié. Comme pour faire passer la pilule. Comme pour t’aider à continuer. Mais tu sens déjà que tu fatigues. Que cela a drainé plus d’énergie que tu ne l’aurais anticipé. C’est que, comme toujours, ta nuit a été courte. Non. Faux prétexte. C’est juste que tu ne veux pas être ici. Pourtant, tu t’estimes plutôt chanceuse. Tu n’es pas celle qu’on importune le plus. Pas celle qui attire l’intérêt des gens. Sauf des curieux. Ceux que ta discrétion interroge, embête.

Alors, souvent, tu restes dans ton coin. Tu fais acte de présence. Verre à la main. L’alcool aide. Tu t’efforces de ne jamais en abuser trop, cela dit. Bien trop consciente que ta langue pourrait se délier bien trop vite sinon. Tu restes dans ton coin et tu observes. Mais ça t’ennuie vite. C’est sans saveur. Inintéressant. Tu fini par l’apercevoir dans la foule. Elle semble bien plus à l’aise que toi parmi ces gens que tu ne le seras jamais. Pourtant, tu l’as déjà vu s’éclipser à la moindre occasion elle aussi. Mais au fond, tu ne la connais pas. Elle n’est qu’un visage familier dans cette mer humaine. Mais il semblerait que la jeune femme connaisse suffisamment ton frère pour s’oser à lui crier dessus. Et dans le fond, c’est surtout ça qui t’intrigue, pas vrai ? Toi qui n’a jamais été qu’intimidée par ton frère, l’idée même qu’une personne puisse s’opposer à lui te semble si étrange. Alors tu ne la quittes pas des yeux. A quel point connaît-elle Orion ? Probablement mieux que toi, mais ce n’est pas si difficile, après tout. Qu’a fait ton frère pour mériter de se prendre une engueulade de la part d’une… Tu ne pourrais la classer, tant elle t’es inconnue. Quand bien même, il est vrai, ce n’est pas la première fois que tu la vois à ce genre de soirée. Tu lèves légèrement un sourcil quand tu te rends compte qu’elle te regarde à son tour. Ton rang t’offrirais le droit de la toiser. De soutenir son regard. Et quand bien même tu sais qu’elle ne pourra rien lire dans tes prunelles, glacée, ça te met mal à l’aise. Suffisamment pour choisir ce moment pour t’éclipser. Non sans l’inviter, discrètement à te suivre.

Ce n’est pas ton genre, pourtant. Pas dans ta nature de vouloir questionner les gens. Mais si elle peut t’offrir des réponses quant aux intentions d’ Orion, alors tu ne peux pas passer à coter de cette occasion. Parce que d’aussi fort que tu aimerais qu’Orion sois sincère dans ses intentions, tu ne peux pas ne pas te protéger. Tu ne peux pas ne pas te montrer prudente. Tu as suffisamment souffert à cause de ta mère pour savoir qu’on n’est jamais assez prudent. N’est-ce pas. Arrivée à un balcon excentré, tu poses ton verre sur la rambarde. Regardes un instant le vide qui s’offre à toi. Un flash te force à avoir un mouvement de recul. Tu serres légèrement les dents. Et t’attends. Voir si elle viendra.

(c) valruna.

takes one to know one

@Namira & @Cressida

T’aimes pas le vide, Cressida. Vertige né de ton accident. T’aimes pas le vide. T’aimes pas les hauteurs. Et pourtant, t’arrêtes pas de l’oublier. Et chaque fois, c’est une piqûre de rappel. Tu devrais apprendre, pourtant à force. Plutôt que de sans cesse venir te réfugier sur ces balcons où tu ne te sens jamais vraiment en sécurité. L’avantage restant qu’ils ne viendraient pas à te chercher ici. Ceux qui te veulent à ces soirées. Tes géniteurs. Encore que, t’es pas bien sûre qu’ils aient conscience de ton vertige. Sans doute que non. Qu’importe. Toujours est-il que tu pouvais difficilement inviter Namira à te rejoindre n’importe où. Et clairement pas dans ces lieux où tu te sens le mieux. Alors tu prends sur toi.

Tu la regardes s’accouder sur le balcon. L’espace d’un instant, tu crains de la voir disparaître dans le vide. Mais tu te reprends. Ne laisses pas la peur te dominer. Tu reprends ton verre et prends de nouveau une gorgée. Elle est intrigante, Namira. Même sans l’incident dont t’as été témoin. T’arrives pas vraiment à la lire. T’arrives pas vraiment à la comprendre. Ce n’est pas comme si t’avais vraiment essayé, non plus. Ça t’aurais demandé un effort que tu préfères diriger sur quelque chose de plus productif. Comme trouver un moyen de recharger les armes plus rapidement. Il y a d’ailleurs eu une idée qui t’as effleurée. Tu l’as notée quelque part. Enfin, tu crois.

« Encore une magnifique soirée. Je suis surprise ceci dit que tu sois restée aussi longtemps. Tu t’éclipse plus tôt habituellement n’est-ce pas ? » La voix de Namira te ramène à l’instant présent. Oui. D’ordinaire, tu t’effaces aussitôt que tes géniteurs ont remarqué ta présence. Juste pour pouvoir leur dire que oui, t’étais là. Que s’ils ne t’ont pas revu ensuite, c’est sans doute juste parce qu’ils étaient trop occupés. T’sais pas s’ils te croiraient. T’as jamais vraiment été confrontée à la situation. T’sais que tout ça c’est juste pour l’image de la famille. Qu’au fond, tes parents s’en fiche pas mal de ta présence. Ce n’est pas comme s’ils portaient un intérêt quelconque à ta personne. Mais t’acquiesce face à ses propos. Sans lui donner plus d’explications. Tu n’as, après tout, pas à te justifier.

« Alors dit moi. Pourquoi une femme de ton pedigree finit-elle toujours par fuir ces évènements ? Personne pour retenir ton attention ? » Tu plisses légèrement les yeux en la regardant. Comme pour chercher à comprendre un quelconque sens caché à ses questions. Comme pour essayer de comprendre des choses qui t’échappent. N’y réussissant pas, tu poses ton regard sur la vue que le Balcon offre. Tu te forces à réprimer un frisson. T’as le droit d’avoir peur, Cressida, pas de le lui montrer. « Il est de notoriété commune que mon attention est difficile à retenir. ». C’est en tout cas ce que tu crois. Mais que sais tu vraiment de ce qui se dit à ton sujet ? Pas grand-chose. Ce que tes géniteurs te reprochent. Mais leurs paroles n’ont que peu de valeur à tes yeux. « Tu sembles si à l’aise auprès d’eux, alors, je me demande, qu’elle est ton excuse à toi? ». T’aimes pas avoir le feu des projecteurs sur toi, Cressida. C’est pareil dans une conversation des plus simples. Alors tu restes vagues et tu renvoies la balle au plus vite.

(c) valruna.

takes one to know one

@Namira & @Cressida

«  Et encore c’est un euphémisme. Le mot le plus souvent utilisé est impossible. » Léger sourire sur tes lèvres alors que tu penches légèrement la tête en signe d’approbation. Impossible est le mot qui se rapproche le plus de la réalité oui. Pas que tu ne t’intéresse à rien ou personne. Plutôt que tes intérêts ne sont partagés que par trop peu de gens. Quant aux individus, ils ne t’ont jamais vraiment intéressé, Cressida. Trop souvent blessé par eux, tu leurs préfères la technologie. « Peu importe ta stratégie, on ne peut pas dénier son efficacité. ». Ça n’a pas toujours été le cas. Tu t’souviens d’une époque où ils essayaient tous, tant bien que mal, d’attirer cette attention que tu leur refusais. Et si certain continue de manière plus prudente, beaucoup se sont lassés. Pas assez à ton goût, bien sûr, mais c’est toujours ça. Mais tu crains ce jour où ils reviendront à la charge. Ce jour où tu alimenteras de nouveau leur curiosité, leur intérêt. Probablement le jour où on annoncera tes fiançailles. Mais tu te refuses à penser à ça, reposes plutôt ton attention sur Namira. « Peut-être qu’un jour je te partagerais ma stratégie. ». Peut-être, mais peu probable. Ta stratégie n’ayant rien de réfléchis, tu ne saurais même pas par où commencer par lui expliquer. La vérité, c’est que tu es juste suffisamment insociable pour que les gens ne se prennent plus la peine de s’intéresser à toi. Et ça te convient. Plus qu’ils ne peuvent se l’imaginer, probablement

T’es pas sûre de savoir comment interpréter la réaction de Namira. C’est que si tu peux déceler qu’il y a un soucis dans un mécanisme juste en l’écoutant, si on ne te dis pas clairement les choses, tu interprètes bien souvent mal les réactions d’autrui. « Semble est le mot parfait. » Ton regard ne quitte pas ton interlocutrice. Comme si t’espérais pouvoir percer sa carapace rien qu’avec tes yeux. Parce que tu cherches à la comprendre Namira. Tu cherches à savoir ce qui aurait pu la pousser à crier sur Orion comme elle l’a fait. Et tu sais, ou du moins considère, qu’il faut une certaine quantité de courage pour s’oser à agir de la sorte avec ton frère. « Ici je suis tolérée, grâce à mon métier. En revanche on me fait bien comprendre que ce n’est pas l’endroit auquel j’appartiens et je dois avouer que cela devient quelque peu pesant au fur et à mesure des soirées. ». Tu portes ton verre à tes lèvres, prend une longue gorgée. Comme pour retenir une grimace amère. Tu sais ce que c’est de ne pas te sentir à ta place, Cressida. Tu sais ce que c’est d’être rabaissée. Les circonstances sont différentes, la douleur sans doute similaire. Et tu sais ô toute l’hypocrisie de la haute société.

Tu ne réponds pas tout de suite. Comme hésitante. Tu ne te livres pas souvent, Cressida. Mais tu donnes encore moins souvent ton avis sur ce genre de choses. Trop habituée à ce qu’il ne soit pas pris en compte. Probablement traumatisée par le nombre de fois où, sans raison valable, on t’as dit que t’avais tort. Tu remets tes cheveux derrière ton oreille. Geste machinal dont tu ne te rends pas vraiment compte. « Peut-être que ce n’est pas si mal de pas appartenir à cet endroit. ». Tu t’arrêtes, regarde au loin quelques instant, avant de reporter ton attention sur Namira. « Il n’y a rien de vrai ici. Juste des faux semblants. Une hypocrisie dégueulasse et malsaine. ». Tu t’arrêtes de nouveau. Presque surprise par tes propres propos. Pas que tu ne sois pas sincère, plus que tu n’as pas l’habitude de t’exprimer aussi ouvertement. En réponse à tes propres pensées, tu hausses légèrement les épaules. T’as peut-être un peu plus abusé de l’alcool que d’ordinaire. T’sais pas. Mais tu ne t’arrêtes pas là. « Tu devrais presque prendre ça comme un compliment, qu’on te dise que tu n’appartient pas à cet endroit. Ça veut probablement dire que tu vaux bien plus que n’importe lequel d’entre eux. ». T’en sais rien. Tu la connais pas vraiment Namira. Si ce n’est pas votre première discussion, ça ne veut pas dire que tu la connais pour autant. Tu reposes ton regard au loin. Comme pour éviter le sien.

(c) valruna.

takes one to know one

@Namira & @Cressida

« Après tout, difficile de faire mon travail de marieuse sans m’approcher des autres. Ce serait une insulte à Hélion ». Tu réprimes une grimace face à l’évocation d’Hélion. Dans leur souhait de te façonner à leur image, la religion à fait partie de ton éducation, Cressida. Mais ils n’ont été accueillis par tes questions. Celles dont ils n’avaient pas les réponses. Et à chaque question restée sans réponse, tu t’éloignais de ce dieu qu’on te voulait voir prier. Il t’es arrivé de le prier, pourtant. Tu peines à te l’avouer à toi même, mais c’est la vérité. Malgré tes doutes. Tu l’as prié. Parfois supplié. L’absence de réponse n’a fait que te pousser un peu plus dans ton scepticisme. Esprit scientifique qui ne peut accepter que ce qu’on peut prouver. Et tu n’accueille pas toujours ceux qui croient avec bienveillance. Tu ne les comprends pas. Qu’ils prient Hélion ou Drachna. Tu ne les comprends pas. Et, peut-être, que tu les jalouse aussi un peu. D’avoir quelque chose à quoi se raccrocher. Une lumière dans l’obscurité. « Il m’est plus aisé d’insulter un mythe que de m’approcher des autres. ». C’est beaucoup plus facile, pour toi. Qu’importe ce que peuvent en dire ses disciples. Tu n’es pas capable de croire aveuglément en ce dieu dont on t’a souvent fait les louanges. Ni même en aucun autre.

Peut-être que tu aurais pu te montrer moins amère sur le sujet, Cressida. Peut-être que tu aurais pu prendre en considération plus de chose. Mais tu ne sais pas édulcorer tes propos. Tu ne sais pas jouer à ce jeu. Raison pour laquelle tu ne te prononce presque jamais sur les sujets sensible. « C’est un privilège de penser que l’herbe serait plus verte ailleurs. De ce que j’ai vu, elle ne l’est pas. Le pouvoir, l’argent … ils ne font peut-être pas tout mais ils permettent d’ajouter du miel au thé le plus amer. ». Tu bois une gorgé de ton verre, Cressida. Divergence d’opinion. Mais t’es née avec le mauvais nom. Te plaindre ne t’es pas permis. Parce que tu as tout Cressida. Tout ce dont ceux d’en bas rêvent. L’argent. Les privilèges. Le pouvoir. Mais elle se trompe, Namira, n’est-ce pas ? Ils n’ajoutent pas de miel au thé le plus amer. Oui, tu n’as jamais connu la faim ou le froid. Non, tu n’as jamais eu à te résoudre à faire des choses ignobles pour survivre. Cela ne veut pas dire que tu n’as pas ton lot de misère. Tes propres chaînes à porter. Ta propre souffrance à endurer. Mais tu n’as pas le droit de te plaindre. Tu es de ceux qu’on dit d’en haut, tes malheurs sont insignifiant.

« Les gens vrais, ceux qui disent la vérité, qui n’ont pas de secret … ça ne court pas les rues. Ça se compte sur les doigts d’une main. En haut comme en bas, dans le monde ou l’on vit on pense à soit avant les autres. » Elle a probablement raison, sur ça, Namira. C’est que tu ne connais pas le monde, Cressida. Toi qui t’en protèges tellement. Et de ta tour d’ivoire, que peux-tu vraiment savoir de ceux d’en bas. Alors si elle te dit qu’ils sont aussi pourris que ceux d’en haut, tu ne peux que la croire. Ou, tout du moins, tu n’es pas bien positionner pour la contredire. Alors tu ne le feras pas. Son rire te glacerait presque le sang, Cressida. Il vient trancher le peu d’assurance que tu avais trouvé. Te force à te retrancher dans un état silencieux qui te sied mieux.  Peines presque à écouter le reste de sa tirade. Comme un animal sauvage duquel on se serait approché trop vite. « Je ne suis pas sûre que je ferais mieux non plus. D’aucun donc dirais même que je vaux moins. ». Tu hausses les épaules. Presque plus par réflexe qu’autre chose. Réaction usuelle de ces fois où tu ne sais pas quoi répondre à ton interlocuteur. Et la vérité, c’est que tu ne sais pas, Cressida. Tu ne sais pas si elle vaut mieux que vous ou non. Et qui pourrait t’en vouloir de l’espérer ?

Réfugiée dans ton silence, derrière ce mur que tu as construit au fil des années, tu t’accordes un moment de réflexion. Gamine peu habituée à être contredite. Probablement parce que tu n’es pas habituée, non plus, à t’exprimer ainsi. Tu secoues légèrement la tête avant de reporter ton attention sur Namira. « Je ne sais pas. Tout ce que je sais, c’est que tu es visiblement suffisamment à l’aise dans cet univers pour crier sur le fils de l’empereur. ». Et tes yeux sondent sa réaction, Cressida. Moins amicale qu’au préalable. Froide et un peu sèche. « Même moi, je n’oserais pas. ». C’est qu’il t’as toujours impressionné, Orion. Certes, tu n’aurais que peu de raison de lui crier dessus. Il faudrait avoir quelconque relation avec lui pour en arriver là. Mais c’est une vérité que Namira ne connaît sûrement pas. « Quand bien même, je n’en doute pas, il avait dû le mériter. ». Le ton qui s’adoucit un peu. Tu ne cherches pas à blâmer Namira. La vérité, c’est que tu voulais surtout changer de sujet et que t’as peu de sujet à évoquer.

(c) valruna.