Nothing breaks like a heart (merian)

T’as le cœur au bord des lèvres, t’as l’impression que tu vas vomir. Attendant dans le club de ton amant, le chaos musical résonnant tout autour de toi, tu patientes que le vigile t’autorise à monter rejoindre le Lantsov. Ça hurle dans ta poitrine, l’attente te tue à petit feu. Sous ton masque de perfection, tu es une boule de nerfs, prête à exploser. Plusieurs jours se sont passés, depuis ta discussion avec ton tendre amie, depuis que tu as vidé ton cœur, vomis ces nouvelles émotions que tu n’étais pas prête à avoir. Durant tous ces jours, tu as pensé, tu as réfléchis. Que faire de ces sentiments ? Que faire de cet amour à jamais non-réciproque, te mettant dans une bien fâcheuse situation ? Devais-tu le dire, devais-tu te taire ? Tu ne savais pas et as continué à l’ignorer pendant des jours et des jours. Mais, à présent, alors que tu te tenais droite au milieu de la foule, tu avais pris ta décision. Tu savais quoi faire. Tu étais princesse d’Adenor, l’opinion d’un mâle t’importait que peu. Qu’importe qu’il fasse battre ton cœur, qu’il te fasse rire et sourire et, qu’à ses côtés, tu avais l’impression d’être plus légère. Thrystan Lantsov n’était et ne restait qu’un homme.

Le vigile t’invite à entrer et tu montes aussitôt les marches vers cet apartement que tu connaissais maintenant si bien. Tu ouvres la porte et rien n’a changé en quelques jours. Tout est pareil, mais rien ne l’était plus, tout à la fois.
Tu déglutis péniblement.

Thrystan arrive, un grand sourire aux lèvres, l’air ravis de ta visite imprévue, et tu as l’impression que ton cœur se brise de nouveau. Tu l’arrêtes avant qu’il ne puisse t’étreindre. Tu ne penses pas rester forte, s’il te touchait. “Il faut que je te parle, Thrystan.” que tu lui dis doucement, mais calmement, la voix ne flanchant pas. “C’est important.”

"nothing breaks like a heart” & @meriah vanserra ☆ La musique qui résonne de très loin mais prouve que l’heure est à la fête pour une nouvelle nuit. Il en est ainsi depuis quasiment soixante ans et cela ne changerait pas, mais Thrystan y prête toujours attention lorsque les premières notes résonnent. Comme un plaisir éternel. Et il ne s’attendait pas à la visite inopinée de Meriah. Alors, lorsque l’on vient lui annoncer son arrivée, le fae de la Nuit ne peut que sourire en coin, nuit devenant soudainement plus belle même si les échos des paroles de sa cousine se mettent à venir le tourmenter. Pensée balayée par d’autres, par l’instant présent car le ténébreux n’aurait daigné voir les choses différemment, il passe le seuil de la porte de sa chambre pour se rendre au salon tout pile quand la silhouette automnale franchit son seuil d’entrée. C’est qu’il y en avait eu, des choses à faire depuis qu’ils avaient été surpris par Genya. Fraîchement paré de ses plus beaux atours, c’est tel une étoile au beau milieu d’un ciel d’encre qu’il se dirige vers Meriah, un large sourire perché à ses lèvres. « Meriah darling, je ne m’attendais pas à te voir aujourd’hui, loin de moi l’idée de seulement penser que ça me déplaise. » qu’il ne peut s’empêcher de dire en l’accueillant, lui qui ne pensait la voir que le lendemain. Soudain bien proche d’elle, il s’apprête à l’attirer contre lui pour l’embrasser quand elle recule. Surpris, le maître des ombres reprend bien vite la contenance de ses traits et penche la tête en souriant en coin, ne comprenant pas le refus. Il faut que je te parle, Thrystan. A peine les mots franchissent-ils le seuil des lèvres de la rouquine qu’il fronce légèrement les sourcils, de l’inquiétude se lisant dans ses billes sombres, chose qui n’est encore jamais arrivé entre eux. « Il y a un problème ? ». Sa voix est tout aussi calme que celle de la fae mais il se demande si quelqu’un aurait attenté à sa vie, ou lui causerait des soucis. C’est important. Opinant légèrement du chef, il lui désigne le canapé et commence à reculer vers ce dernier, de plus en plus inquiet. « Est-ce à cause d’un de mes vigiles ? » qu’il pense alors, bien loin d’imaginer ce qui trouble l’esprit de sa chère et tendre. Bien loin de s’imaginer ce qui l’attend. « Je t’en prie fais comme chez toi. ». Il s’installe tranquillement contre le cuir et ne sourit plus. Il ne sourirait pas tant qu’il ignorait ce qui semblait tracasser autant l’automnale.

Parce qu’il ne peut pas comprendre Thrystan malgré ce que Genya a tenté de lui faire réaliser. Il ne peut pas voir, sinon aurait-il tout de suite compris l’enjeu à cette seconde. Mais le fae de la Nuit a perdu ses appuis depuis la fin de la guerre, émotions barricadées et refoulées dans un coffre qu’il ne comptait plus ouvrir. Qu’il n’avait pas ouvert depuis. Alors comment pourrait-il comprendre l’amour ? Ou même savoir le lire sur les traits des autres ? Aveugle endeuillé, serpent manipulateur trop habitué à se cacher derrière ses facettes. Mais pas avec elle, plus avec elle. Masques tombés depuis un moment sans même qu’il ne s’en rende réellement compte, à laisser percevoir des bouts de lui. A la laisser pénétrer dans son intimité, lui qui n’a jamais ramené personne en cet appartement. Toujours ailleurs, jamais ici. Comment les Hahls aurait-il pu deviner ce qui allait se jouer ici et maintenant ? Impossible.        

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Il est devant toi, il te sourit, et Cymera, t’as envie de laisser tomber. T’as envie de le prendre dans ses bras, envie de l’embrasser et de tout oublier. Mais si tu l’aimais, si c’était ton premier et véritable amour, tu n’étais pas de ces romantiques idiots, prêt à tout au nom de l’Amour. Tu es une princesse, tu as des obligations, tant envers ta famille, que ton peuple. Aimer Thrystan ne t’apportera rien, le fae n’étant pas utile à votre cause, n’étant pas de ta cour, n’étant pas du même statut social que toi. Votre relation marchait, car vous n’attendiez rien de l’un de l’autre, pas de fidélité, pas d’informations, pas d'honnêteté. Juste du plaisir charnel. Mais tu t’étais attachée. Comme une idiote, tu t’étais attachée au brun. Tu avais un peu trop ouvert la porte et il s’était faufilé dans ton cœur, sans que tu ne t’en rendes compte. Et c’était finit, ça ne marcherait pas. Votre contrat silencieux était rompu, tu t’étais brûlé dans ses bras. Mais tu étais forte, tu savais ce que tu avais à faire. Face à ce cœur qui est devenu faible pour un être aussi perfide que toi, il fallait t’éloigner. Tu ne pouvais te permettre de laisser échapper des informations, bien trop de choses étaient en jeu. Alors ta décision était prise : jamais plus tu ne serais dans les bras de Thrystan Lantsov.

Tu refuses son étreinte et tu vois son sourire disparaître. Tu amant comprends le sérieux de la discussion et tu ne sais si tu dois être soulagée ou non. Quand il questionne ses vigiles, tu secoues doucement la tête. “Non, ils ont été parfaitement professionnels, tu les as bien choisi.” le complimentes-tu tranquillement, nervosité cachée. Tu avais préparé tes mots, tu avais mille fois réécrit ton discours. En arrivant, tu savais exactement ce que tu allais dire, mais là, assise devant lui, regardant ce visage que tu avais appris à aimer, tu perds tes moyens. Le trou noir, le vide total dans ta tête. Tu as la langue lourde, tu peines à déglutir. Tu inspires une fois, deux fois, regardant sans rien dire le brun, semblant vouloir imprimer son visage dans ta mémoire tout en souhaitant l’oublier. “Je souhaite mettre un terme à notre relation, Thrystan.” lui dis-tu clairement, le regardant droit dans les yeux. “Nous avons passé de très bons moments ensemble, mais des choses ont changées dans ma vie, et je ne peux plus répondre à notre entente.” C’est comme arracher un pansement, ça fait mal. Ça fait horriblement mal de lui dire ça, de terminer votre relation, alors que tu ne souhaitais que te perdre dans ses bras. Mais tu ne pouvais pas fuir, tu ne pouvais pas être faible. Tu voulais protéger ton cœur et non l’offrir à quelqu’un qui ne saurait t’aimer en retour.

"nothing breaks like a heart” & @meriah vanserra ☆ Il attend, sagement assis sur son propre canapé il attend de savoir ce qui la mine autant, ou du moins ce qu’il y a bien pu se passer pour qu’elle rejette l’étreinte habituelle qu’il lui vouait sans aucune arrière-pensée. Non, ils ont été parfaitement professionnels, tu les as bien choisis. Le voilà rassurer quant à la qualité de son personnel mais non sur le fond du problème. Silencieux, Thrystan se contente donc de hocher la tête même si Meriah semble vouloir rester debout, ce qui le dérange presque. Il aurait probablement même pu faire la remarque s’il ne la voyait pas tenter de parler sans y parvenir. Dans sa cage thoracique son cœur commence à battre plus vite, sentant poindre une certaine forme de colère car il s’imagine déjà qu’on ait pu lui faire du mal. Non pas qu’il ignore combien la fae de l’automne est capable de se défendre seule, mais s’il ne sait pas voir ce qu’il y a juste sous son nez, il n’en demeure pas moins que la réaction est purement bourrée de sentiments bloqués. Sans doute est-ce pour cela que lorsque les mots s’envolent des lèvres de Meriah le fae de la nuit ne peut que se figer, ses billes sombres soudainement fixées dans celles de la silhouette qui lui fait face. Le myocarde manque une embardée à l’idée d’encaisser tout ce que cela signifie pour lui. Surpris, et légèrement sur la défensive, la mâchoire se crispe autant que ses iris s’étrécissent lentement de manière quasi invisible au creux de ses prunelles d’ébène. Nous avons passé de très bons moments ensemble, mais des choses ont changées dans ma vie, et je ne peux plus répondre à notre entente. Leur entente. La chose ne devrait rien lui faire et pourtant la colère gronde, l’incompréhension aussi. Quelle était-ce donc que cette blague ? Jamais il ne s’était trouvé dans pareille position en de longues années. Pas une seule fois. Subir la colère des énamourées, oui, mais être le rejeté ? Jamais.

Aucune ombre ne virevolte autour de lui, mais l’aura sombre est belle et bien là, grondante. C’est comme si certains des meubles blancs autour d’eux devenaient ternes. Il les contrôle sévèrement parce que ce serait admettre que Genya a raison et il n’a pas compris les mots. Amoureux, quelle foutaise. Alors pourquoi l’idée de la perdre le gêne tant ? Pourquoi l’afflux des mots est-il si oppressant au niveau de son thorax ? « Pourquoi ? ». Première palabre qui s’échappe de sa bouche tandis qu’il se redresse, visiblement crispé et on ne peut plus raide. On ne quitte pas Thrystan Lantsov, c’était lui qui faisait ça. Sa réputation. « Aurais-je été mauvais ? Ou la marieuse est-elle passée par là ? ». La seule idée qu’elle puisse être promise à un autre le rend intérieurement furieux, et il ne peut que se lever pour aller se servir un verre. Attitude très genyesque, il le sait bien, mais c’est surtout pour occuper ses mains. Astre vient se poser sur le bar d’un battement d’ailes mais il ne l’observe pas. Ego blessé, sûrement. Très certainement, mais pas que. Non, il y a ce petit quelque chose qui murmure au fond de sa poitrine, cette braise éteinte depuis trop longtemps qui ne demande qu’à exploser à nouveau mais Thrys s’y refuse. La volonté a été si forte il y a soixante-quinze ans qu’il ne parvient même plus à se rendre compte qu’il l’étouffe. Verre en main et gorgée de vin avalée, il se retourne alors vers Meriah, peu habitué à fuir le fae de la nuit, mais le sérieux a remplacé ses sourire. « Si je suis censé accepter, je te demande au moins pourquoi Meriah. ». Il devrait s’en fiche, complètement, voir là l’occasion de trouver d’autres courbes délicieuses mais l’envie n’est plus là et il le sait. Son âme a trouvé sa reine et il ne saurait trouver d’autre égal ailleurs. Il aurait beau chercher, il ne trouverait pas. Jamais. Amoureux. Par les Hahls quelle folie.    

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Les mots sortent et il se fige aussitôt, ton amant. Il se crispe, serre la mâchoire. Tu le connais suffisamment pour savoir, que le brun est furieux. Lui qui était toujours celui qui abandonne, cela devait lui faire un drôle de choc que de se retrouver dans l’autre siège, penses-tu amèrement. Il fait brusquement plus noir, dans la pièce, alors que la colère de ton ancien amant résonne tout autour de vous. Tu ne dis rien, tu restes simplement là à le regarder. Tu sais qu’il ne te fera jamais de mal, tu le tuerais, s’il osait. Il te demande pourquoi, questionne un potentiel mariage ou ses habiletés. Tu ne peux retenir un petit rire sec à la question. S’inquiéter de son apparence, c’était tellement lui. “Tes performances n’ont rien à voir là-dedans, je te l’assure.” que tu lui dis, d’un air tristement amusé. Au contraire, il était l’amant parfait et attentionné, dont chaque fae rêvait. “Ta réputation est sauve, Thrystan. Quand à la marieuse … Elle passera prochainement, je suppose.” ajoutes-tu doucement, le cœur au bord des lèvres à l’idée d’un prochain mariage. Mais il le fallait, il était tant que tu serves ta famille, que tu serves la cause. Plus vite tu serais mariée, plus vite tu oublierais ce brun tordant ton cœur dans ta poitrine.

Il se lève, va se chercher un verre. Le geste est tellement peu lui, que tu dois fermer les yeux, pour t’empêcher de voir. Tu as envie de vomir, envie de pleurer. Tu voulais être chez toi et oublier tout ça. Rien n’est plus douloureux que la réalité. Le silence pèse dans la pièce, alors que ton ancien amant te tourne le dos. Tu ne le coupes pas, tu n’as rien à dire de plus. Quand il se retourne enfin, il a l’air tout aussi sérieux. Il te redemande pourquoi, te demande des explications. Il en a le droit, même si ça t’arrache le cœur, que de les lui donner. “Parce que je t’aime.” chuchotes-tu doucement, aveux honteux qui fermera définitivement le cercueil de votre relation. “Parce que je suis tombée amoureuse de toi, parce que, de ton propre aveux, tu ne sais pas ce qu’est l’amour.” Tu as envie de pleurer, envie de sangloter, là, devant lui. Envie de lui hurler dessus et de l’embrasser. “Parce que j’ai des obligations envers ma famille.” continues-tu doucement, le regardant dans les yeux, restant calme et forte malgré tout. Tu ne te sentais pas forte, en cet instant, seulement fragile. “Parce que tu ne peux pas m’aimer en retour.” Un sourire triste apparaît sur ton visage. “Ne peux pas ou ne le veux pas. Est-ce suffisant comme explications, Thrystan ?”

"nothing breaks like a heart” & @meriah vanserra ☆ Il y a ces airs desquels il ne peut se détacher, quoi qu’il fasse et quoi qu’il dise, des habitudes prises au fil du temps qui dorénavant ont la peau dure. S’inquiéter d’avoir été mauvais est néanmoins une interrogation sincère car il aime à plaire mais aussi car il respecte bien trop la gente féminine pour ne pas vouloir leur offrir le meilleur. Le voilà donc rassuré sur ses compétences même si cela n’enlève strictement rien sur sa contrariété, bien au contraire. Cela ne lui explique pas pourquoi elle souhaite rompre leur entente ici et maintenant. Pourquoi ce soir et pas avant. Ta réputation est sauve, Thrystan. Quant à la marieuse … Elle passera prochainement, je suppose. La réponse lui déplait, vin glissant lentement le long de sa gorge. Il n’a pas pour habitude de se saouler, à dire vrai il déteste même les effets néfastes de l’alcool. Il aime beaucoup trop avoir le plein pouvoir de ses capacités pour aimer se perdre dans un monde euphorique où il ne contrôle rien. Et en cet instant, malgré l’absence d’euphorie, il ne contrôle plus rien du tout si ce n’est lui-même. Difficilement. Le myocarde n’a de cesse de s’agiter. Boom Boom dans sa cage thoracique. Tout ceci ressemble à une blague d’un mauvais genre et il ne parvient pas à sourire, oser offrir ses sempiternels sourires en coin, pas même un rictus, de ceux qu’il adresse aux méprisables. Aucune trace de sourire, rien de plus que de l’agacement et de l’incompréhension. Alors le verre se repose sur le bar, non loin d’Astre qui demeure aux côtés du fae comme s’il ne craignait qu’il ne s’effondre. Il fixe enfin Meriah à nouveau, réitérant sa question, attendant de pied ferme de connaître les raisons, peu sûr de ce qu’il ferait des informations néanmoins. S’il était plus ouvert aux émotions comme à une époque reculée, il saurait. Il devinerait avant ce qui allait lui tomber dessus tant c’en était évident. Le murmure inaudible serait clair et précis, lui donnant un temps d’avance. Ici, maintenant, Thrystan n’en a aucun et ça l’énerve. La pièce pourrait sombrer dans les ténèbres s’il n’avait pas la maîtrise de ses capacités. S’il ne l’avait pas, ses ombres virevolteraient déjà de manière vivace autour de lui, mais parce qu’il est piqué dans son orgueil, Thrys refuse de la laisser le voir. Les ténèbres pourraient s’abattre, mais il n’en est rien. Parce que… Parce que je t’aime..

Je t’aime. Des mots qu’il n’est pas habitué à recevoir car il n’a jamais laissé le temps à ses compagnies de le lui dire, ne récoltant que des esclandres avant qu’elles n’aient eu le temps de le dire. Il déglutit bruyamment le fae de la Nuit. Tu ne vois donc pas que tu l’aimes ? Un genre de palabres que Genya elle-même a prononcé quelques jours plus tôt et qu’il a réfuté net. Cela ne voulait néanmoins pas dire qu’il n’y avait pas un tantinet réfléchi. Oui, il avait sondé son cœur Thrystan, avait tenté de le faire mais la vérité est qu’il n’a pas su comment le faire. Il n’avait fait face qu’au vide là où intérieurement il aurait souhaité trouver quelque chose, un signe personnel pour confirmer les dires de sa cousine. Mais il a perdu patience et a préféré dénier l’apparition des effluves émotionnelles, préférant jouer le rôle de la mer qui reflue les vagues plutôt que les faire s’échouer sur le large. C’était plus facile. Moins dangereux. L’entendre de la voix de Meriah le perturbe, ses réflexes élémentaires et construits mis à mal. Il n’avait déjà pas de contrôle sur la situation, il en a d’autant plus moins à présent. Rien que pour cela, Thrystan l’aime et la déteste en même temps. Parce que je suis tombée amoureuse de toi, parce que, de ton propre aveux, tu ne sais pas ce qu’est l’amour. Ses propres paroles retournées contre lui, c’est comme ça qu’intérieurement il le vit et sans doute le montre-t-il d’ailleurs, billes sombres qu’il détourne quelques secondes à peine avant de décider d’agir autrement, comme il le fait à chaque fois. Car tout est une question d’image en bas monde. Pourtant les Hahls savent combien les mots peuvent être doux à ses oreilles même s’il ne les comprend pas, même s’il ne peut en comprendre l’impact réel. Ils font battre son cœur d’une toute nouvelle mélodie qu’il refoule. Une mélodie qui fait d’autant plus mal car son cœur sait que l’esprit ne l’accepte pas. Parce que j’ai des obligations envers ma famille. Les billes sombres se reposent sur elle qu’il observe en silence, prenant le temps d’essayer vainement de se reconstruire un masque. Chose qui est plus difficile avec Meriah. Des obligations envers le famille, ils en ont tous.

Parce que tu ne peux pas m’aimer en retour. Ce sont probablement les paroles qui le heurtent le plus, mis droit devant le fait accompli de qui il est. De l’image qu’il a su renvoyer. Des si maigres explications qu’il a pu un soir donner. Les choses sont en réalité tellement compliquées. Elle sourit l’automnale, celle qu’il chérit autant que le ciel étoilé, d’un sourire triste qu’il ne peut que reconnaître et cette fois les Aevhen savent combien ça lui coûte. Mais le déni est plus facile. Agir comme à l’accoutumée est si simple. Ne peux pas ou ne le veux pas. Est-ce suffisant comme explications, Thrystan ? Il ne peut pas revenir en arrière, continuer de rester dans son mutisme d’analyste, il le sait. De toute manière il n’a pas foncièrement analysé, trop perturbé dans son ensemble pour réellement comprendre les tenants et les aboutissants. Tout ce qu’il sait, c’est qu’il est en train de la perdre mais son esprit refuse d’écouter son cœur. Il l’étouffe et l’étreint encore plus pour le faire taire. « Non c’est vrai je ne sais pas ce qu’est l’amour. ». La voix tombe, douce mais claire, de ce fin sourire qu’il s’efforce d’offrir mais qui n’a jamais été aussi faux. Le pire qu’il pourrait lui offrir et qui ne la trompera pas de toute évidence. Mais il le fait quand même, parce que c’est ce qu’il doit faire. Et la voix de Genya résonne en sourdine dans sa boîte crânienne alors qu’il fait tout l’inverse de ce qu’elle voudrait qu’il fasse. « C’est suffisant. ». Il rattrape le verre, boit une nouvelle gorgée avant de le reposer à nouveau d’une main légèrement tremblante tant il lutte avec lui-même. Flot de colère et de tristesse qu’il ne comprend pas qui s’accumulent en son sein. Comme un traumatisme d’il y a soixante quinze ans. Thrys se râcle la gorge, détourne temporairement les yeux à mesure que ses traits se ferment. « De toute évidence, notre entente est compromise. ». Il voudrait avoir l’air réellement détaché mais cela sonne incroyablement faux pour une fois, seulement il n’est pas prêt à voir. Blessé sur bien des points, il ne peut pas réfléchir convenablement en l’état. Il doit se poser, et a priori rien de ce qu’il pourrait lui dire maintenant ne la ferait changer d’avis. « Et tu as l’air… décidée. ».

Il ne suffisait que de certains mots de lui. Il ne suffisait que d’une attitude à avoir, celle de lâcher prise et d’admettre qu’il ne pouvait plus se passer d’elle, de sa présence. Il ne suffisait que de cela et d’un geste, mais Thrystan Lantsov reste parfaitement immobile, car tel un idiot il la regarderait partir.      

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Tu avoues. Tu avoues ton crime, tu avoues ton pêché à ton bourreau. Tu lui donne cette explication et cette vérité qu'il a demandé. Tu en meurs, cœur se tordant toujours un peu plus face aux mots. Mais rien n'est aussi terrible que son silence. Tu prendrais les cris et les insultes, au silence. Mais il ne dit pourtant rien, ton ancien amant. Il ne dit rien, alors que tu ouvres une dernière fois ton cœur pour lui. Non, il préfère se renfermer dans ce masque d'indifférence que tu connais si bien. Thrystan ne voulait pas que tu vois ce qu'il ressentait. Tu te rendais faible, partageais ouvertement tes sentiments avec lui et il refusait d'en faire de même. C'était comme tourner le couteau dans la plaie. Et lorsqu'il te répond, tu aurais plutôt souhaité qu'il se taise. Il confirme, le brun, confirme son ignorance des affres amoureuses, semble même s'en satisfaire. Il te jette de l'alcool sur ta plaie ouverte.

Il te sourit, mais c'est bien plus une grimace que les expressions chaleureuses auxquelles il t'a habituées. Pourquoi ne doit-il rien ? Pourquoi ne proteste-il pas ? Il n'essaie même pas, accepte sans poser de résistance. Ces quinze années ne valaient que ça ? Il te parle de votre engagement et tu ne peux que hocher la tête silencieusement, craignant que tu te mettes à hurler si tu ouvrais la bouche. Hurler ou, pire, pleurer.

"Je le suis, maintenant…" chuchotes-tu doucement. Tu l'étais. N'y avait plus rien à ajouter, Thrystan t'avait tout dit de part son silence. Tu rassembles tes affaires, tu te lèves. Tes yeux se portent sur ton ancien amant, pleurant silencieusement ce qui ne serait plus. "Au revoir, Thrystan." Lui dis-tu doucement, le regardant simplement. Une fois encore, tu souhaiterais qu'il dise quelque chose, qu'il t'arrête. Il ne le fait pas. "Merci pour tout." Tu te tournes. Tu sors. Tu ne reviendras pas.

"nothing breaks like a heart” & @meriah vanserra ☆ Il devrait l’arrêter, l’en empêcher car il ne veut pas que ça s’arrête. Il devrait lui dire que sa présence lui est dorénavant vitale mais il ne sait pas comment faire. Le doigt serait mis quelques heures plus tard sur la raison du pourquoi il ne le lui dit pas. Il serait à nouveau mis sur le tapis lors de sa discussion avec son carranam, mais à l’instant présent il ne fait que la regarder partir quand il meurt d’envie de hurler. Et il se déteste lui-même pour ça Thrystan, rattrapé net par la raison première qui l’a poussé à ne plus rien ressentir. Le jeu est plus facile que le reste. Je le suis, maintenant… Bien sûr qu’elle l’était et il hoche la tête, langue passant sur ses dents pour s’occuper alors que les billes sombres se détournent temporairement pour ne pas flancher. Refus de voir l’évidence juste sous son nez. Il n’en trouverait aucune autre comme elle. Ce n’était pas pour rien que les Aevhen les avaient poussé l’un vers l’autre il en était certain, mais ce soir il demeurait muet, inerte, bloqué dans un combat avec lui-même. Elle se détourne et avance mais il ne bouge pas, crève d’envie de la rattraper et de l’attirer dans ses bras. Son myocarde peine, battements qu’il voudrait aussi étouffer pour ne pas subir cette afflux de colère et de douleur qui le prend subitement au corps. Au revoir, Thrystan. Il pourrait parler, dire quelque chose mais le fae de la nuit reste irrémédiablement muet face à cette vue qui s’offre à lui. Elle part. Elle est en train de partir. Tu es amoureux Thrys. Non. Il ne sait pas ce que c’est. L’amour est dangereux. Nocturne bat des ailes et vient se poser sur le meuble d’entrée au moment où Meriah s’approche de la porte mais Thrystan refuse encore à voir. Il souffle lentement par le nez pour se contenir mais ça bouillonne tellement en lui, le ramène si loin en arrière qu’il peste de se dire qu’il n’a visiblement rien appris en tant d’années. Merci pour tout. Elle franchit le seuil de la porte et il garde la mâchoire serrée, souffrant en silence. Ce n’est que lorsque la porte se referme derrière la fae de l’automne qu’il explose et que les ténèbres emportent la totalité de son appartement dans un souffle de brouillard épais.

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