— Who are you —

Âge 144 ans qu'il aurait dû vivre au sommet, 36 ans d'apparence pour ces ignorants d'être humains. Longévité dissimulée à la vue de tous, pour éviter d'en révéler plus et de s'attirer des ennuis malvenus. Date et lieu de naissance Naissance le 4 Janvar de l'an 929, enfant de l'hiver dès le tout premier jour, il se souvient de ses parents lui racontant le véritable blizzard qui s'était déclenché alors que sa mère tentait tant bien que mal de lui donner naissance, à ce bébé récalcitrant. C'est dans le Palais des Glaces de Morhenor qu'il a vu le jour, souvenirs bien lointains d'une amère grandeur passée et perdue, fondue avec le reste de la glace de leur royaume de neige.Peuple fae de l'hiver, fils de la rudesse et du grand froid, l'intransigeance jusqu'au bout des doigts. Peuple de soldats déchu, peuple massacré, peuple monté au sommet puis détrônés dont il ne reste aujourd'hui que des fantômes qui hantent chacune de ses nuits, lui qui est bien trop fier pour l'avouer. Classe sociale Prince de sang, aujourd'hui prince de rien du tout, prince des morts de l'hiver qui ne survivent que dans les souvenirs d la poignée de survivants qui subsistent et survivent comme ils le peuvent. Le prince est devenu vagabond et anonyme, la lie de la lie, le paria aux yeux de ces maudits humains, fantôme errant au milieu des autres oubliés de ce monde. Orientation & statut homme à femmes qui se réclame comme tel et conquiert lits et coeurs comme, autrefois, sa cour conquérait les terres, pauvre réminiscence d'un passé glorieux qui ne se retrouve plus nulle part. Il ne s'attache pas, ne s'attache plus, il prend puis il part, conquête féminine indispensable pour se sentir un tant soit peu en contrôle dans cette vie délétère qu'est devenue la sienne. Et, quelque part sous les draps froissés, un secret très bien gardé. De la curiosité, rien que de la curiosité. Métier il fut guerrier un jour, jeune soldat prometteur et redoutable, et puis la dégringolade totale, le prince de sang devenu vulgaire voleur sous couvert de tenir un service de livraison. Oui, mais quel fabuleux voleur il fait, à titre de revanche. De jour, il officie comme coursier à travers tout Rajdah, se fait messager patibulaire des uns et des autres à travers ses services de livraison, discret et efficace, qui se charge aussi parfois du transport de marchandises entre Zeherim et Adenor ; c'est lorsque la nuit tombe que les choses deviennent intéressantes, que le loup sort de sa tanière, et que les réserves de marchandises se voient entamées comme par magie, pour son propre profit et celui des autres. Mercenaire, coupe-gorge, il vend ses talents de guerrier autrement honorable à ceux qui veulent bien le payer, un point c'est tout.   Localisation vagabond opportuniste, c'est surtout à Rajdah qu'il pose ses valises pour gagner son pain, mais le vent l'emmène un peu partout dans Ozira, entre Zeherim et Adenor. Au gré des contrats, au gré des opportunités qui se présentent pour amasser fortune et prendre une piètre revanche sur le destin, il ne passe inaperçu en terre ennemie, à Zeherim, que parce qu'il bénéficie d'une fausse identité. Proie au milieu des prédateurs qui ne se doutent de rien, il a beau vivre parmi eux, il serre toujours autant les dents lorsqu'il entend ces ignares bafouer la cour d'hiver d'antan, rumine sa rancoeur quand il voit les siens se faire maltraiter, et surtout, n'oublie ni ne pardonne, jamais.  Faction neutre, heureux cependant de voir les autres s'entretuer, qu'ils sachent eux aussi ce que ça fait de tout perdre en un instant. Lui n'a plus rien à défendre, tout ce qui comptait n'est plus que ruines et poussière, la résistance arrive, à ses yeux, beaucoup trop tard. Alors qu'ils se démerdent sans lui, parce que Thorgen, il ne se bat plus que pour lui-même, et pour sa propre survie. Enfin, ça, c'est ce dont il se convainc la plupart du temps, même en mettant en sourdine ces élans de révolte lorsqu'on bafoue l'honneur des siens. Gangles corbeaux, pour lesquels il officie comme rubis de Rajdah; étrange bande de brigands à laquelle il se jure de ne pas s'attacher plus que de raison, tout pour son peuple, rien pour lui-même se jure-t-il en sentant, parfois, sa résolution pourtant flancher. Croyances Les aevhen d'antan, Thorgen les a reniés, divinités qui ont abandonné leurs protégés - comment expliquer autrement la déchéance de la cour d'hiver ? Athéisme revanchard, pour le prince qui pourtant garde un souvenir précieux des célébrations et rituels de son enfance, lui qui, à l'époque, était si attaché à Akmera et Vyrr, et refuse aujourd'hui de prononcer leurs noms. Dieux reniés, croyances bafouées, god is dead et lui ne croit plus qu'en lui-même. Caractère capricieux ; destructeur ; auto-destructeur en particulier ; insolent ; arrogant ; observateur ; loyal jusqu'à la moelle ; pourtant chroniquement incapable de le manifester correctement ; manipulateur ; voyou ; malhonnête ; égocentrique ; très très très fier ; malin ; rusé ; débrouillard ; impulsif ; volcanique ; opportuniste ; charismatique ; badin ; attentif ; malhonnête ; revanchard ; introverti ; réservé ; lâche ; combatif pourtant quand le besoin s'en fait sentir ; fracassé ; intenable ; constamment tiraillé entre l'escroc qu'il est devenu et le prince qu'il aurait dû être ; incarnation vivante de ce qu'on appelle un foutu potentiel gâché.

— all your secrets —

One-eyed jack Thorgen est borgne. Petit cadeau que lui ont fait les humains lors de la prise de Djerhölm, réminiscence de la défaite cuisante et de l'humiliation implacable. Une blessure grave qui lui aurait coûté la vie sans l'intervention salvatrice des frères Sølvarsson, et dont les séquelles se font encore ressentir aujourd'hui. Refusant le port du cache-oeil qu'il juge trop voyant, il affiche son oeil abîmé en public, mais même avec cette discrétion, aucun observateur un peu attentif ne peut ne pas remarquer l'oeil vitreux, bien trop pâle comparée à son autre iris d'un bleu plus vif, ni la fine cicatrice qui barre l'oeil en diagonale. Oeil complètement mort et aveugle, Thorgen a appris à se débrouiller avec un seul, s'accomodant d'un champ de vision perturbé et approximatif, compensant surtout avec son ouïe et sa perception aigue du temps pour compenser son handicap. Il déteste qu'on remarque son oeil, il déteste qu'on le prenne en pitié, il déteste qu'on lui en parle, et il déteste en parler, lui, parce que les aveux de faiblesse, il refuse et refusera toujours de les faire. Comme il refusera toujours d'avouer les douleurs fantômes qui vrillent parfois dans son oeil abîmé, et les migraines qui lui scindent régulièrement le crâne en deux. Le seul avantage qu'il lui ait trouvé ? La gueule de truand qu'il lui confère. Dans son métier, et quand on est rubis des Corbeaux, le charisme hérité de la royauté couplé à un regard menaçant sont des atouts non-négligeables, alors autant jouer le jeu jusqu'au bout.
Time is of the essence Depuis qu'il s'est mis à développer sa magie du temps, Thorgen est particulièrement attentif à tout ce qui a trait à la temporalité - stratégie de survie quand on manipule une magie qui mène si aisément à la folie, si l'on n'est pas prudent. Et prudent, il l'est au moins dans ce domaine-là. Thorgen a toujours une montre à gousset sur lui, porte une attention maladive à l'heure qu'il est à toute heure de la journée, et a l'habitude d'effectuer des décomptes à tout instant, sans aucune autre raison que d'exercer son esprit à conserver sa poigne de fer sur le temps et la réalité - il sait, à la seconde près, combien de temps il lui faut pour aller de chez lui au tripot au bout de la rue, ou à son lieu de travail, combien de temps il lui faut pour effectuer n'importe quel geste rituel du quotidien... un décompte obsessionnel mais fonctionnel, qui lui permet de ne jamais perdre sa route lorsque la magie l'emmène se balader entre passé, présent et futur. Thorgen se veut virtuose du temps, et il sait que c'est un apprentissage long, fastidieux, et dangereux, qui requiert des sacrifices. Et si parfois il peut passer pour un déséquilibré, à parler tout seul ou soudainement fixer quelque chose qui n'est visible qu'à ses yeux, pour lui, ça en vaut largement la peine, pour tous les avantages qu'il en tire.  
Hey brother Thorgen sait qu'il a perdu sa famille lors du bombardement du Palais des Glaces - terrible événement aucun il n'a assisté que par l'oreille, alors qu'Eirik et Ebsen le traînaient dans la neige, et que l'explosion des canons résonnait au loin dans les montagnes. Son père Elias, sa mère Anna, et ses deux petits frères, Finn et Oskar. Pourtant, s'il a depuis eu confirmation de témoins qui ont vu de leurs propres yeux les dépouilles de son père et de Finn, personne n'a pu témoigner de la mort de sa mère ; et plus fou encore, d'autres survivants lui ont affirmé avoir vu Oskar s'enfuir avec deux autres personnes pendant le massacre. Oskar, pour qui il a tellement tenté d'être un grand frère digne de ce nom, sans toujours y arriver, est peut-être encore en vie quelque part, et Thorgen alterne entre se laisser bercer par cet espoir fou et le renoncement, parce que l'espoir reste terriblement douloureux. Au fond, il n'aimerait rien tant que retrouver son cadet, retrouver ce petit bout de famille qu'il n'a pas su protéger, tout en redoutant terriblement ce qu'il aurait à lui dire Aurait-il l'impression qu'il l'a abandonné ? L'accuserait-il d'avoir failli à leur famille, lui l'aîné qui aurait dû repousser l'ennemi et assurer leur sécurité ? Alors Thorgen espère, puis n'espère plus, se surprend parfois à chercher les traits de son cadet dans les foules anonymes sitôt qu'une tignasse blonde se détache du lot, se torture quand il pense le reconnaître pour au final voir son élan d'espoir déçu.  
Court of owls Il a beau avoir rejoint une organisation se réclamant du plumage des corbeaux, il y a un autre oiseau qui a toujours eu son affection : le hibou. D'aussi loin qu'il se souvienne, Thorgen a toujours voué une véritable fascination pour ces rapaces, là où ses camarades préféraient la férocité et l'élégance du faucon ou de l'aigle. Lors de ses rares moments de loisirs, Thorgen aimait partir des heures dans les forêts enneigées autour du Palais des Glaces pour observer ces oiseaux en pleine nature ; et bien entendu, se forma lui-même à l'art de la fauconnerie, adoptant un hibou qui répondait au nom de Dufa, qu'il entraîna principalement pour la chasse. Evidemment, Thorgen a perdu Dufa le jour de la prise du Palais des Glaces, mais il conserve un souvenir affectueux, et un peu douloureux, pour ce fidèle compagnon qui lui a si souvent changé les idées lorsque la pression des attentes familiales se faisait trop forte. Aujourd'hui encore, Thorgen trouve un certain plaisir dans l'observation des oiseaux, et considère le hibou comme une sorte d'animal totem personnel, un porte-bonheur du passé, un bon signe à guetter, en particulier quand il retourne s'aventurer en Adenor. Oiseau symbole de l'hiver, Thorgen le grave comme un sigle sur les murs de bois de sa misérable chambre à Rajdah, unique acte de résistance pour lui qui s'est juré neutralité dans ces nouvelles guerres de pouvoir.  
Rubis de Rajdah Le prince déchu a longtemps erré dans le dénuement le plus complet, mais en Zeherim, c'est au sein des Corbeaux qu'il a fini par retrouver un peu de cette fierté et de cette niaque qui lui ont si longtemps fait défaut. Repéré par un autre, introduit dans le cercle fermé de ces criminels de bas étage mais plus étendus que l'Armée Rouge elle-même, Thorgen n'avait plus rien à perdre, et s'est jeté corps et âme dans cet appel d'un genre nouveau. Et il y a drôlement bien réussi, s'accomplissant dans le crime plus que n'importe où ailleurs depuis la chute de la Cour de l'Hiver, la hargne et la rage en bandoulière, renonçant à tous les principes de la noblesse pour se jeter dans une vie de crime et de butins bien choisis. Les Corbeaux l'ont tiré d'une misère crasse et lui ont offert un exutoire, une nouvelle conquête à mener. D'exploit en exploit, un Saphir a fini par le juger assez fiable pour lui confier la responsabilité de Rajdah. Fait Rubis, il y voit là la première véritable étape, jubilatoire, vers sa revanche, sa reconstruction. C'est là qu'il se forgera son propre royaume, qu'il reprendra le contrôle de sa vie délétère, qu'il renaîtra de ses cendres. Au milieu des criminels, qui sont maintenant les siens, presque au même titre que le peuple de l'hiver, même s'il s'en défend. Dans son rôle de Rubis, Thorgen se montre minutieux, sérieux, implacable, recycle ce que lui ont enseigné ses années formatrices de jeune prince et meneur d'hommes, et on le remarque, qu'il a un potentiel fou, qu'il se réinvente avec une efficacité effarante au milieu des pires malfrats du continent. De noble à criminel, il s'est remarquablement adapté à sa nouvelle condition, et l'embrasse maintenant entièrement. Prince de l'hiver ou prince des rats, il s'en fout - tout ce qui compte, c'est de leur montrer, à tous, qu'il s'est relevé du pire, et qu'il n'hésitera pas à écraser ceux qui tenteront de lui remettre la tête sous l'eau. Rubis il est, Rubis il restera, jusqu'à gravir les échelons pour s'élever encore plus chez les Corbeaux, ou ailleurs.

04/01/929 Naissance au coeur du Palais de l'Hiver. Fils d'Anna et Elias Halström, premier né d'une fratrie de garçons, Thorgen est le petit prince sur lequel l'on fonde tous les espoirs. Issus de la branche secondaire de la famille, moins de pressions pèsent sur leurs épaules, mais suffisamment pour forcer le garçon, puis jeune homme, à redresser le dos et la tête sitôt les regards tourner vers lui, à exceller dans chaque activité entreprise, à refuser la perspective de l'échec ou du refus. Fils de l'hiver au caractère pourtant volcanique et entier, il s'épanouit parfaitement dans la rudesse de l'hiver et des soldats, petit macho qui aime lui aussi s'imposer par la force ou sa force de caractère. L'aîné correspond à toutes les attentes de ses parents bien aimés, montre l'exemple à ses deux cadets tout en leur menant parfois la vie dure, comme tout bon grand frère se doit de le faire. Aîné souvent maladroit, sans doute, mais jamais mal intentionné, pas avec eux. Elle est belle, la vie au Palais des Glaces, elle est douce, la vie au sommet du monde, quand on possède tout et qu'on ne manque de rien. Le blizzard peut bien souffler, le jeune Thorgen, lui, est aussi inamovible que les montagnes qui caractérisent les souvenirs de son enfance idéalisée.
30/07/998 La guerre fait des ravages, les cours fae s'effondrent les unes après les autres. Finalement vient le tour de la Nuit, fugitifs, rescapés qui viennent chercher refuge et protection chez leurs alliés de l'Hiver. Thorgen renoue avec son ami Thrystan, le prend sous son aile dans le rude climat de l'Hiver et de la guerre à leurs portes. Deux jeunes gens si diamétralement opposés, et pourtant tellement complémentaires, inséparables dans la joie comme dans l'adversité qui maintenant frappe si proche d'eux. Thorgen a la rage, pour tout ce que son ami a perdu, se veut l'épaule inébranlable sur laquelle Thrystan pourra s'appuyer, loyauté sans faille qui se veut survivre à tout ce que leurs ennemis pourront leur jeter à la figure. Lien indestructible, officialisé le jour où les fils de l'Hiver et de la Nuit deviennent carranams, désormais inséparables pour de bon, à travers toutes les distances possibles et imaginables.
12/998 L'envahisseur est là. L'envahisseur est là, et la bataille fait rage à Djerhölm. Au milieu des soldats, un jeune Thorgen se bat avec la férocité d'un loup des montagnes, malgré son inexpérience, même s'il n'a commencé sa formation militaire que depuis quelques mois, génération sacrificielle envoyée à l'abattoir contre une humanité en pleine révolution. La résistance de l'hiver chavire, les forteresses s'écroules, la glace vole en éclats, le lyrium fait des dégâts monstrueux dans leurs rangs ; ce n'est pas une défaite, c'est une débâcle qui s'inscrit dans le psyché du jeune homme pour n'en plus jamais repartir, jeté au coeur de la fournaise, témoin et victime du massacre. Il se bat bien, Thorgen, il gueule, il frappe, il tue, il lutte, il encourage ses camarades comme tout foutu prince digne de ce nom devrait le faire. Et soudain il s'effondre, le sang brûlant et poisseux jaillissant de son oeil meurtri, noyant ses hurlements désespérés alors qu'au-dessus de lui, les siens se faisaient massacrés. Thorgen Halström est mort ce jour-là, enterré sous les cadavres de ses frères, même alors que deux jeunes seigneurs rescapés du massacre l'ont tiré des décombres. Le début de la fuite, le début de l'errance de plusieurs mois, dont Thorgen ne garde aucun souvenir, si ce n'est une douleur insupportable, et, dans le lointain, les canons assourdissants qui crachaient leur furie sur le Palais des Glaces, sur ses parents, sur ses frères, sur sa famille toute entière et sur son enfance et son avenir.
12/998 à 04/999 Pendant des mois, Thorgen oscille entre la vie et la mort. Mutilé, trop affaibli pour avancer par lui-même, c'est sur Esben et Eirik que sa vie repose, compagnons de voyage à la loyauté plus tenace qu le plus solide des minéraux, sans que Thorgen ne comprenne pourquoi, trop de questions l'assaillant dans ses délires fiévreux que les deux frères tentaient tant bien que mal d'apaiser, bienveillance et dévotion que Thorgen ne comprend pas, puisqu'ils ont perdu la guerre, puisque les Halström sont ceux qui n'ont pas su reconnaître le danger au bon moment. Mais ils continuent d'avancer, tous les trois, Thorgen à peine conscient des dissentions qui commencent à apparaître entre ses deux protecteurs, témoin à moitié inconscient de cette magie du sang proscrite et taboue qui pourtant lui sauve la vie, le maintient conscient pendant ces longs et difficiles mois d'errance dans les pires conditions possibles. Le froid, la faim, la fatigue les usent, entament leurs corps autant que leurs esprits, manquent de les tuer à un nombre incalculable de reprises. De cette période, Thorgen ne garde qu'un souvenir flou, fiévreux, douloureux, peu d'images précises à part les visages des deux frères et le spectacle terrifiant mais fascinant de la magie du sang à l'oeuvre ; mais c'est surtout la mémoire de la chair qui parle, le souvenir de la faim, de la douleur, de son corps qui s'effondre et qu'Esben doit porter à bout de bras pour ne pas qu'il s'effrite tout à fait. Petit à petit, sous les soins désespérés des deux frères, Thorgen commence à reprendre conscience, s'accroche à ses deux sauveurs, alors qu'ils fuient la cruauté revancharde des hommes lancés à leur poursuite. Animaux traqués, qui se terrent dans la neige pour échapper à leurs poursuivantes.
04/999 à 07/999 Hélas, rien ne dure éternellement, et l'ennemi finit par rattraper les trois fugitifs. Une rencontre avec des humains, bien déterminés à achever les trois faes de l'Hiver à bout de force. Epuisés par les changements climatiques brutaux, la faim, la fièvre, leurs blessures, ils n'ont aucune chance. Impuissant,  Thorgen assiste à la chute d'Eirik. Puis, c'est Esben qui lui ordonne de s'enfuir. Ils sont trop nombreux. Il est trop faible. Il n'a pas le choix. L'esprit en auto-pilote, n'obéissant qu'à son seul instinct de survie, Thorgen s'enfuit, la mort dans l'âme, abandonne derrière lui l'homme qui a tout donné pour que lui ait une chance, aussi minuscule soit-elle, de s'en sortir. Grâce au sacrifice d'Esben, Thorgen arrive à échapper aux humains, et se retrouve désormais à errer et survivre seul sur les terres désolées de l'hiver. Les enseignements d'Esben et son frère ne sont pas perdus, et Thorgen les applique à la lettre, se raccrochant à leur souvenir pour faire un pas supplémentaire, pour tenir un jour de plus. Et surtout, tout ce temps, il sent au plus profond de son âme, son carranam se démener pour partager avec lui toute la force vitale dont il est capable, pour l'aider à tenir, pour guider ses pas jusqu'à lui. Pendant trois mois, il avance contre vents et marées, avant d'enfin, à bout de forces, aux portes de la mort, arriver sur les terres des Lantsov. Leurs alliés, toujours debout, la famille de son carranam, qui le ramasse, pauvre carcasse échoué, et le prend sous son aile, mettant ainsi fin à son calvaire.
03/1020 Il faut toute une année à Thorgen pour se remettre des blessures qui lui ont été infligées, une année pendant laquelle il alterne entre semi-coma et moments d'éveil fiévreux, son corps trop malmené pour se remettre de ses sévices. Mais le temps passe, et Thorgen vit toujours. A personne il ne parle de la magie du sang à laquelle il doit sans doute la vie, mais peu à peu, sous les bons soins des Lantsov, il commence à reprendre pied, profondément marqué, traumatisé par ces mois de cavale et les horreurs qu'il a vécu, mais hé. Toujours en vie, au moins. Les mois s'égrènent, le fils de l'Hiver peut enfin sortir de sa chambre et reprendre pied dans le monde des vivants, même si ce dernier n'a plus rien à lui offrir - alors pourquoi ne pas rester là ? Un an, cinq ans, dix ans s'écoulent, pendant lesquels Thorgen reste fidèlement aux côtés de son carranam, à qui il doit aussi la vie, qui constitue son unique et dernier repère dans un monde qu'il ne reconnaît plus. Au fil des années, leur amitié se consolide encore, Thorgen s'improvise maître d'armes et garde du corps, soutient Thrystan qui lui aussi lutte encore avec ses propres fantômes et la perte terrible de son père. Une amitié terriblement salvatrice, seul salut en ces temps difficile, et nul en saura jamais quels secrets les deux carranams échangent sous le couvert de la solitude ou de la nuit. Avec lui, grâce à lui, Thorgen retrouve un semblant fragile d'équilibre - et sa cousine, Genya, constitue elle aussi une bouffée d'oxygène, avec son joli sourire et ses charmantes taquineries, quand les ténèbres se font trop ressentir. Au total, c'est une vingtaine d'années que Thorgen passe chez les Lantsov, à tenter de se reconstruire. Mais plus le temps passe, plus Thorgen sent l'agitation le gagner, coincé entre ces quatre murs au sein desquels il n'arrive pas à se sentir complètement chez lui, en compagnie de ces gens qui ne lui ont jamais rien reproché, mais au milieu desquels il ne peut s'empêcher de se sentir responsable, coupable, déshonoré, malédiction de l'hiver et de leur arrogance qui leur a tout coûté. Alors, après vingt ans, Thorgen n'y tient plus, et, malgré les protestations de Thrystan qui respecte malgré tout son choix, Thorgen décide de quitter les terres des Lantsov, et de quitter Adenor. Pour laisser derrière lui tout ce qui peut lui rappeler la cour et le peuple qu'il a perdu, pour essayer de se reconstruire en repartant vraiment de zéro.
09/1020 à 1040 Thorgen regretta-t-il u jour d'avoir quitté les Lantsov ? Probablement. Surtout au début. Renouer avec la solitude et l'errance sans plus personne pour le guider est difficile, et à nouveau, Thorgen se retrouve avec une cible sur le dos. Fugitif, apostat, les gens comme lui se font arrêter, battre et abattre, et il se fait violence pour apprendre lui aussi à survivre dans ce nouveau monde qu'il déteste, parce qu'il en déteste les règles. Comme par pure provocation envers le destin, c'est en Zeherim qu'il se rend, pour se mêler aux humains et aux autres faes qui ont choisi la cohabitation. Thorgen passe quelques années à vivre comme un paria, à éviter les autorités, à faire usage de sa magie du temps pour échapper à poursuivants et tortionnaires. Il s'endurcit, ils e fait impitoyable, il se fait égoïste et égocentrique, il apprend à la dure à survivre par lui-même et pour lui-même. Elle est dure, cette vie, et Thorgen accepte et endure bien des échecs et bien des sévices dont il ne parle pas, ne parlera jamais à personne, pour la simple raison qu'il devait survivre, obsession qui dicte chacune de ses décisions désormais. Les années passent, et enfin, le Collectif de Minuit émerge et lui offre un peu de répit. Une fausse identité, Finnian Dahl, dissipe les doutes quand à son véritable rang, le rabaisse au statut de simple rebut de l'hiver plutôt que prince, une fausse vie lui est inventée, et le statut d'apostat disparaît. Toujours paria, il peut néanmoins vivre sans une cible sur le dos. Finnian est une petite frappe, un criminel de bas étage aux talents pourtant variés qui commence à se tailler une réputation à Rajdah, où il s'est établi. Les années passent, et il finit par attirer l'attention des bonnes personnes. Les Corbeaux, ces brigands sans peur et sans reproche qui ne vivent que pour eux-même et pour la richesse, idéaux similaires aux siens, il se retrouve dans leurs priorités. Alors il les rejoint, sans hésiter, voyant en eux l'occasion d'enfin s'extirper de cette pauvreté crasse qui lui rappelle tout ce qu'ila perdu, pour se construire un nouvel empire de ses propres mains Vols, cambriolages, extorsions, arnaques, assassinats, nulle tâche ne le rebute assez pour qu'il la refuse. Sa nouvelle vie, il l'accepte sans plus rechigner. Thorgen Halström est mort aux yeux du monde, Finnian Dahl, lui, a encore tout à prouver.
1040 à 1067 Les années s'écoulent et se ressemblent sans se ressembler. Thorgen, ou plutôt, Finnian, s'établit au sein des Corbeaux, se taille une réputation, confirme encore et encore ses talents et finit par s'installer pour de bon à Rajdah, y ouvrant son commerce de livraisons pour se garantir une couverture en béton pour ses autres activités. Les années s'écoulent sans qu'il ne fasse plus de remous que nécessaire, le criminel s'affirme toujours un peu plus chaque jour, avec subtilité et discrétion, recyclant les talents développés lors de sa formation de soldat. Il renoue avec Adenor, retournant régulièrement là-bas pour effectuer ses livraisons et transports de marchandise, et ne perdant évidemment jamais une occasion de rende visite aux Lantsov et passer du temps avec son carranam, qui essaye inlassablement de le faire revenir de façon permanente, sans jamais y arriver. Thorgen a un royaume à bâtir, et ça n'est qu'en Zeherim qu'il pourra y arriver. Au sein des Corbeaux, on l'apprécie, on le respecte, lui essaye de ne pas trop s'attacher à ces camarades qui ne sont, qui ne devraient être que des marches sur lesquelles s'appuyer pour compléter ses propres ambitions. Il se lie également aux divers équipages pirates qui frayent en ville et dans le royaume, notamment avec une pirate particulièrement retorse. terrible Zahra, insupportable Zahra, avec laquelle il doit pourtant bien traiter, bataille incessante d'egos et de fierté qu'il perd un peu plus souvent qu'à son tour, l'égocentrique fils de l'hiver.
15/03/1067 Et la rivalité culmine, le jour où Thorgen tombe dans le piège ultime. Provocations, piques et démonstrations de rivalité ne l'ont pas empêchée de réussir à l'entraîner dans ses filets, idiot qu'il est, incapable visiblement de résister à un joli minois ou à la flatterie - à moins que ce ne soit l'idée que ce soit elle, comme l'on brise un tabou interdit. Mais le plan était parfait, et Thorgen s'est fait avoir comme un débutant, précieux grimoire disparu, et Zahra envolé avec lui. Thorgen fulmine, furieux, tempête et jure vengeance contre cette ennemie désormais déclarée qui le fout dans des ennuis noirs avec les Corbeaux, ruinant des années d'efforts en un seul larcins. Oh oui, elle paiera, la garce, et lorsqu'il trouvera la faille à exploiter, elle regrettera d'avoir mis le doigt dans les rouages de sa fureur.
27/12/1068 Et elle se présente, l'occasion parfaite. Zahra vit pour sa propre gloire, vit pour son équipage, alors c'est de son piédestal qu'il faut la faire tomber. Avec sa seconde, Nezha, il complote dans l'ombre, fomente une de ces intrigue qui aurait fait rougir les cours royales, et après des semaines de planification prudente, ils passent à l'action. Zahra, elle perd tout, son navire, son équipage, sa liberté. La victoire est jouissive, nourrie par la haine rancunière du prince bafoué, et cette impression, ténue mais tenace, de s'être salie les mains, encore plus que d'habitude, en la voyant de loin à la Criée rabattue au rang d'esclave, de marchandise à vendre et dont on dispose ? Il l'étouffe, la fait taire, satisfait de sa revanche éclatante, se raccrochant à ce triomphe pour noyer la moindre possibilité de remord. Chez les Corbeaux, on applaudit ce juste retour de bâton, et quelques mois plus tard, un des deux Saphirs de Zeherim lui offre la position de Rubis à Rajdah pour récompenser ses efforts et sa détermination. Pour Thorgen, enfin, les bases de sa réussite commencent à prendre forme.
04/1073 Et enfin, l'impensable. Pendant un combat de fae auquel il était venu assister par pure curiosité, un peu malsaine, certes, il le reconnaît, parmi les combattants. Esben, ce petit seigneur perdu de vue plus de sept décennies auparavant, qu'il avait cru mort, sacrifié à la cruauté des humains qui les avaient poursuivis. Mais non, il était toujours en vie, son sauveur, et Esben le reconnaît aussi, malgré les années qui ont passé, et pour la première fois depuis des années le Halström est à nouveau un peu le prince qu'il a si longtemps cessé d'être. Elles le perturbent, ces retrouvailles, et surtout la loyauté indéfectible d'Esben qu'il ne comprend pas, qui l'agace autant qu'il ne la flatte, et dont il ne sait pas quoi faire parce qu'au fond, il n'était pas préparé, et il est complètement démuni face à lui. Mais peut-être y a-t-il quelque chose à tirer, à défaut d'autre chose, songe-t-il pour se persuader lui-même qu'il n'a pas besoin de lui, que renouer avec cette période si douloureuse de son passé ne remue pas plus de choses en lui qu'il ne l'aurait souhaité, et pour se convaincre lui-même qu'il n'a besoin de personne. Même pas maintenant que le destin lui a rendu l'unique personne, en dehors de son carranam, à constituer une lueur d'espoir et de répit dans les ténèbres crasses de son quotidien belliqueux et sanguinaire.