Une soirée. Toutes les soirées se ressemblaient, finalement, lorsqu'il était question de se faire paraitre sous son meilleur jour. Elles se ressemblaient toutes et le temps ne leur avait que partiellement rendu justice. Edan'ea était nostalgique d'une époque où les siens faisaient preuve de grandeur sans avoir à se mêler à une populace fragile.
La charité offerte sur un plateau par les Donatelli, la Matriarche O'Mordha s'était promit d'y assister, au nom des amitiés. D'une matriarche à l'autre, elle avait assuré son concours, pour autant, juste avant la soirée, elle se retrouvait face à son miroir, l'humeur ombrageuse et le regard affable.

Elle n'aimait pas ce qu'elle voyait. La robe qu'elle avait fait préparer n'était qu'une pâle copie de ce qu'elle revêtait d'ordinaire. Sa superbe baignée d'arrogance se sentait bafouée, autant que son tempérament de feu qui s'échauffait déjà tandis que les mains se posaient sur les hanches.

Près d'elle, une jeune femme s'attelait à revoir l'ourler de la Fae et cette dernière l'observait avec une certaine impatience.

Ça n'allait pas assez vite.
Ça ne marchait pas comme elle le voulait.
Ça n'était pas assez bien pour elle.

Talon se donnant dans l'épaule de la couturière qui titubait et tombait sur son derrière, Edan'ea la toisait longuement.

« Où est-ce que tu as appris à coudre ? Dans une cave ? Tu mériterais que je te couse les doigts pour te donner une bonne raison d'être gauche. » Qu'elle soufflait, le timbre sombre, l'humeur caractérielle. Déjà, dans la pièce, la chaleur montait d'un cran et la couturière se ramassait en avisant la Haute-Céleste.
Consécutivement au silence, elle finissait par balbutier des excuses qui consommait l'agacement de l'Automnale.

« Je me fous de tes excuses. Je n'aime pas les excuses ! » Qu'elle interrompît finalement en descendant de son piédestal alors qu'une vague de chaleur s'échappait de sa chair. « A cause de toi, je ne serais jamais prête à temps. Arriver en retard à ce genre de soirée, c'est cliché. »  Le regard mordoré se rivait sur celui de l'employée alors qu'elle se rapprochait de quelques pas, lentement. Menace silencieuse s'alliant à la chaleur dégagée, la robe de la Fae commençait à se consumer lentement alors qu'elle grondait un.. « Tu vas me le payer. »

L'odeur de bruler lui venait aux narines alors qu'elle pestait en défaisant l'attache de la robe pour la balancer sur la couturière qui étouffait un cri face à la manœuvre. « Hors de ma vue. »

Bustier auréolé de tâches noires et jambes à nues, Edan'ea regardait la couturière se démener pour éteindre le feu qui se propageait sur le vêtement aux multiples tissus volatiles. Etrangement, c'était divertissant pour la O'Mordha qui calmait sa rage dans la contemplation d'une flamme taquine et vorace.
« Tu vois.. Si ça avait été un bon tissu, il n’aurait pas brulé de la sorte. » Qu’elle balançait, à la fois moqueuse et irritée par cette réalité.

C'était enfin, à cet instant, qu'elle captait du coin de l'œil, la présence de Madeira. Depuis combien de temps était-elle là ? Bonne question. La colère rendait aveugle, tout autant que l'humeur capricieuse de l'Automnale. Ainsi, elle adressait une moue à la jumelle Blackwood. « Ma Chérie, je ne t'avais pas vue. »

Quelques pas étaient faits afin de récupérer un kimono de soie et ainsi s'en recouvrir. Pudeur préservée à retardement, et n'impactant aucunement la fierté d’Edan’ea, elle s'avançait plutôt vers sa protégée pour déposer un baiser contre sa joue avant d'en revenir irrémédiablement à la couturière qui n'en avait pas fini avec son combat. « Ma soirée est fichue, je crois.. »

@Madeira Blackwood & @Edan'ea O'Mordha

sometimes the only thing we can do is burn whole fucking place to the ground and restart from the ashes of the glorious. @edan'ea o'mordha

Tu te préparais pour une autre soirée mondaine, un événement de plus organiser par les élites d’Ozira, s’applaudissant eux-mêmes pour leurs propres prospérités. Chaque réception, peut-importe la raison, n’était qu’un stratagème politique à tes yeux, qu’un outil pour démontrer qui dans ce monde gouverner par les tiens étaient les plus puissants, les plus influents. Bal de charité, célébration hélioniste, il n’y avait aucune différence : ce n’était qu’une compétition, qu’un jeu d’illusion méticuleusement orchestrer pour renforcer ce mirage qui était leur autorité. Le prétexte de ce soir, cette célébration qui nourrissait l’égo l’humain, venait de ces Donatellis qui proclamaient haut et fort leur support envers la population en commémorant les orphelins et veufs d’Adenor. Tu ne les blâmais pas loin de là : tu avais succombé mainte fois à cet artifice, utilisant ton argent et pouvoir pour démontrer une fausse bienfaisance envers une populace naïve. Non, tu savais ce que ces bals représentaient réellement, cette hypocrisie qui dissimulait les vraies intentions de ces événements réserver aux membres de la haute société : le tout était un concours entre nobles, un moment pour renforcer d’ancienne rivalité tout en analysant ceux au potentiel problématique. Tu adorais ces jeux politiques et tu avais l’intention de gagner à tout coup.

Tu t'examines dans la glace, regardant ta réflexion pendant un moment : tu étais l'illusion parfaite de l'innocence et de la douceur, reflet de ce mirage que tu avais cultivé au travers des années. Robe d'un doux rose presque blanc, celle-ci était brodée d'une multitude de petites fleures le long de la jupe, remontant partiellement pour recouvrir ta taille et ton corset. Tes cheveux tombaient légèrement sur tes épaules, ta tête portant une petite couronne de perles et de fleurs. Tu étais un mirage soigneusement manucuré et tu en étais satisfaite. Qui pourrait croire que sous toute cette fausse naïveté se cachait une femme telle que toi, dissimulant ses pouvoirs sous toute cette fourberie ? Tu souris à toi-même dans le miroir : personne n'avait jamais vu la vraie toi, celle qui était avide de pouvoir et de prestige. Tu avais compris à un jeune âge que ceux qui exposaient leur pouvoir devant tous en avaient le moins, que les apparences étaient toujours trompeuses. Et tu aimais voir l'incertitude dans les yeux de ceux qui se croyaient plus puissant de toi, de voir ces êtres si simple d'esprit oublier qui tu étais réellement : Madeira Blackwood, troisième fille de Félicia Blackwood. Ne jamais douter le pouvoir et l'ambition des femmes de ta ligné, voilà comment certain tomberont.

Replaçant doucement une mèche de cheveux, tu sors de tes chambres privées pour te diriger vers ceux de la seule femme qui pouvait rendre ces festivités plus distrayantes : ta marraine très chère. Marchant le long du corridor luxueux, tu trouves ces quartiers temporaires avec aise. Tu entends sa voix à peine dissimuler par la porte qui vous séparait : « Où est-ce que tu as appris à coudre ? Dans une cave ? Tu mériterais que je te couse les doigts pour te donner une bonne raison d'être gauche. » Tu lâches un sourire : il n'y avait qu'elle qui pouvait menacer une couturière avec autant d'ardeur et de sarcasme. Tu adorais ses allusions comme tu adorais son ton autoritaire. Sans plus, tu rentres doucement dans sa chambre, refermant la porte derrière toi sans faire aucun bruit. C'est tes années en tant que Lunaire qui t'avais appris à te déplacer tel un fantôme, d'absorber le son de tes pas. Tout doucement, tu te déplaces dans la pièce regardant le spectacle devant toi : tu vois cette pauvre femme terrifier par les élans d'Eda, sortant excuse après excuse pour la condition de la robe qui était plutôt banale. Et ta marraine était loin d'être une fae banale. Silencieusement, tu approches une table, te remplissant une coupe de champagne : tu refusais de regarder ce petit spectacle sans aucun rafraîchissement. Sirotant le liquide dorée, une odeur de brûler te monte aux narines, dirigeant ton regard vers la robe que ta marraine portait toujours : tu vois de petites flammèches apparaitre sur le tissu, illuminant les plis soyeux de la jupe. Tu admirais la colère de la fae s'accentuer, enflammant de plus en plus cette pauvre excuse pour une robe avant d'être englouti par une multitude de trous.Ce qui reste de la robe n'était qu'un tas de tissus, trop abimer pour être quoi que soit désormais. Ah comme tu aimerais être capable de brûler toutes ces choses qui t'irritaient... Le coup de la colère partiellement dissipé, ta marraine sens finalement ta présence, se retournant avec une moue au visage : « Ma Chérie, je ne t'avais pas vue. » Tu lui lances un sourire en coin avant de pointer avec ta coupe la scène devant toi. « Je ne voulais pas te distraire marraine. Tu semblais... occupé. » Ta voix cachait à peine le ton amusé qui entourait chacun de tes mots. Toi, tu avais été diverti par cette performance unique : tu étais aucunement offensée ou terrifier par ce que tu avais pu voir. Comment pouvais-tu l'être quand vous étiez si similaire ? C'est d'un oeil distrait que tu regardes Eda se recouvrir d'un somptueux kimono de soie, lui remplissant une coupe de champagne avant d'en remettre un peu plus dans la tienne. Il n'y avait aucune raison de refuser les simples plaisirs de la vie. Tu acceptes ce doux baiser maternel sur ta joue de porcelaine avant de lui tendre sa coupe. Tu l'observes, la voyant déposer son regard remplis d'insatisfaction sur la pauvre femme qui, tu croyais, était maintenant sous le choc. « Ma soirée est fichue, je crois.. » Tu sens le ton désenchanté de ta marraine, intonation qui semblait faire trembler la couturière qui tenait dans ses pauvres mains les vestiges d'une robe partiellement carbonisée. D'un signe de la tête, tu congédies cette humaine, la regardant presque courir vers la porte. « C'était la couleur marraine. Le noir était trop ordinaire pour toi : tu aurais été formidable en rouge. » Tu prends une gorgée de ta coupe de cristal avant de lui lancer un sourire des plus charmants. « Et tu es loin d'être banale Edan'ea »