keeping up disappearances (léobi)

|	THE ART OF KEEPING UP DISAPPEARANCES ;

— Elle pose une main sur les bas de ses reins alors qu'elle se redresse pour la millième fois de la journée. Seulement vingt-cinq ans et déjà l'impression d'en avoir quatre-vingt dans les pattes. Son dos lui tire, suppliant presque Bambi dans une douleur muette mais lancinante de prendre une pause. Mais elle n'a pas le temps l'hybride. Le palais est sans cesse en activité avec les arrivées et départs des proches des Havilliards. Quand un bourgeois ou autre finit par concéder au départ, voilà qu'un autre alerte de son arrivée imminente. Et bien que la douce soit dame de compagnie de la princesse Cressida, il serait erroné de penser que l'on la laisse se tourner les pouces quand la princesse n'a pas besoin d'elle. Elle s'occupe de diverses tâches Bambi dans ces moments-là, pouvant aussi bien s'occuper du linge qu'aider en cuisine ou encore aller faire quelques courses dans la ville à la demande des illustres. En somme, elle fait ce qu'on lui ordonne. Surtout qu'en huit ans de service dans cette maison, elle commence à bien connaître les rouages des petites mains qui se cachent la plupart du temps des propriétaires de la demeure.
L'horloge sonne, enfin, le moment de la libération, la journée est finie pour la jeune femme. Tapotant ses mains pour en enlever la farine qui s'est répandue sur chaque parcelle de son épiderme, elle défait son tablier d'aide en cuisine, qu'elle range sans un mot, avant de prendre la direction de ses quartiers. Elle n'est pas très appréciée par les autres domestiques Bambi. A vrai dire, elle ne fait rien pour l'être. Elle est un peu le chat sauvage de la maison. La bête qu'on croise dans les couloirs sans jamais pouvoir l'approcher. C'est elle qui instaure cette distance, qui lui vaut le surnom de mégère. Elle préfère la solitude que les personnes trop proches qui pourraient découvrir sa véritable nature. Nature qui devient de plus en plus nuisible pour la jeune femme. Voilà quelques mois que Bambi est envahie de terreurs nocturnes. Elle ne dort plus vraiment l'indomptable, alors que son pouvoir d'illusion grandit en elle. Plus le temps passe, plus sa peau sous ses yeux est marquée de teintes noires ou violacées selon les jours. Elle en a les nerfs à vif, de manquer ainsi de sommeil, ce qui la rend encore plus désagréable qu'à l'accoutume.
Arrivée dans les quartiers réservés au personnel, elle file à la douche afin de se défaire de la poussière blanche qui a recouvert jusqu'à ses cheveux. L'eau chaude coule sur ses muscles endoloris, trop peu suffisamment pour les remettre totalement en parfait fonctionnement. Elle ne tarde pas trop Bambi, sous la chaleur réconfortante, et part enfile des vêtements propres en s'attachant par la suite les cheveux dans une demi-queue qui lui permet de garder sa longueur tout en ayant le visage dégagé. L'hybride finit par retourner rapidement dans sa chambre afin de profiter de quelques minutes de calme avant de ne devoir redescendre dans les cuisines pour se restaurer avec le reste des domestiques.
Bambi a à peine le temps de s'allonger sur le lit, de fermer ses yeux, qu'un discret mais vif coup résonne contre la porte. Elle serait bien tentée d'ignorer les coups qui se mettent à pleuvoir, pensant que cela vient d'une collègue qui souhaite un service de la blonde. C'est ce qu'elle décide de faire d'ailleurs, ignorer, mais la voix qui accompagne les coups fait éclater la bulle de l'hybride.
La ténébreuse se lève prestement et va ouvrir la porte de sa chambre. « Madame... » Dit-elle en s'inclinant rapidement alors qu'elle tombe face au joli minois de Léonie. « Je pense que vous vous êtes égaré... Cette endroit n'est pas digne pour quelqu'un de votre rang... » Commence par dire la jeune femme avant de se remémorer les paroles de la fae. « Vous me cherchiez ? » Cette fois-ci, Bambi fronce les sourcils. Léonie est une gamine, car c'est exactement l'image qu'en a la fausse humaine, qui pour une raison échappant totalement à l'hybride, s'entête à vouloir passer du temps avec elle. Et de ce fait, malgré toute l'envie qu’éprouve la domestique de décoller cette sangsue d'elle, la jeune femme est obligée de se montrer respectueuse et à disposition de toutes envies de la gamine à cause de son nom, Valois. « Que puis-je faire pour vous ? » Reprend t-elle. « Laissez-moi d'abord vous raccompagner dans les parties appropriées du palais, il serait malvenue qu'un garde vous trouve ici... » « Et je risque surtout d'avoir des problèmes si Léonie me désigne comme l'objet de sa visite dans ces couloirs. » Pense l'hybride alors qu'elle s'apprête à quitter sa chambre pour rejoindre la rouquine.