Proposition anodine. Une vie alternative. Plus douce et moins dangereuse. Il rêve pour elle d’une vie meilleure. Parfaite. Perfection qu’il projette sur ses idéaux à lui. Tendance sourde à laquelle elle lui a déjà soufflé que son métier la rend heureuse. Dans un entêtement féroce, il ne l’écoute pas. Préférant se fixer à ce qu’il décide. Protecteur paternaliste. Un rôle qu’il porte depuis douze ans.
Douzième année et tout bascule. L’adolescente n’est plus. La carapace féminine s’est forgée. Une vie à la dure. Plongeant peut-être dans tout ce dont il voulait la protéger et pourtant, il n’a connaissance que d’un dixième de sa réalité.
Médecin. Infirmière. Prendre soin des autres en songeant à une association possible avec Elhara. Femme du capitaine. Dans la douleur depuis que la distance s’est creusé avec lui, devoir patriotique auquel tout Soldat est forcé. Si Seth est capable de s’entendre avec elle, alors Nast’yan le peut probablement. Hormis l’exception de la serveuse. Une exception à la règle. Comme pour tout. Tragiquement.
Réaction vive en opposition. Un soupir s’extirpe d’entre ses lippes. Il se sent comme un père à qui on refuse l’autorité. Père qu’il ne sera jamais et finalement, c’est peut être pour le mieux, quand il voit la complication de leur relation. Lui, il aime l’ordre. Dans un sens général. Les choses structurés et rangés. Nast’yan semble son Yin. Dans un parfait opposé qui l’équilibre mais dont tout lui échappe.
Ils naviguent sur le chemin de la visite pour s’arrêter à cette salle de torture. Erreur. Salle de collection. Impressionné par le soin apporté à la pièce, dans opposé brutal au reste du lieu de vie. La fierté brille dans ses yeux. Gamine fière. Mutisme qui lui arrache un sourire. Malgré l’étrangeté de la situation.
Entre ses mains, Seth saisit deux éléments en dissonance dans cette réunion d’armes blanches. Liens et menottes. Il la fixe, sourcil arqué. Avant que le visage ne se décompose à une idée plus dérangeante.
Ça sert à attacher lorsque j'ai affaire à des primes réfractaires. De par sa profession, il devrait être le premier à comprendre. Saluant même l’initiative du Chasseur. Mais le flou plane, reste et s’installe, jusqu’à ce qu’elle met des mots sur son inachevé.
Plaisir personnel. Perche tendue par sa naïveté. Elle fait jouer l’accessoire autour de son doigt. L’air malicieux. Il se sent, déboussolé par l’entreprenariat féminin, là où d’autres auraient sauté sur l’occasion. Il faut dire, que la liste des choses à assimiler se fait de plus en plus longue. Elle va trop vite pour lui.
À peine cherche-t-il quelque chose à répondre qu’une anecdote sonne. Un son disgracieux à l’oreille d’un Soldat attaché, aux sentiments et non aux menottes, à cette Amante unique.
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Non mais tu vois que ce métier n’est pas fait pour toi. La voix monte. Plus forte et plus révoltée. Il s’approche d’elle, dépose tous ces accessoires qu’ils leur encombrent les mains. L’espace entre eux est réduit à son minimum.
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Nast’yan juste … Arrête de me dire ça ? Des sujets qui remuent les émotions dont il ne parvient à peine à comprendre. Leur relation a toujours été particulière, mais encore une fois, tout va trop vite. Il a envie de savourer un peu de simplicité, surtout après la poisse accumulée ces dernières heures.
Le soupir interrompt sa phrase. Il lui dépose un baiser sur le front. L’observation longue. Oui, elle a une place importante. Il ne veut plus qu’elle s’échappe. Incapable de la laisser partir. Il leur faut juste un peu de temps, à se réapprendre l’un à l’autre.
Alors que ses doigts glissent entre les siens, il l’emmène à rejoindre la salle de vie. Dans l’optique de commencer par la base. Des choses simples. Apprendre à faire un repas ensemble. Se coucher. Entamer le lendemain. Cycle d’une nouvelle routine qui les concerne.
FIN DU SUJET.
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