underneath the chaos. (Seth)

Echappée du palais de Rubis, les pas s'étaient précipités, autant que la raison. Souvenirs refoulant aux premières loges d'un esprit qui aurait voulu se soustraire à une histoire méprisée, Nast'yan quittait les murs de verre et d'acier pour retrouver sa normalité. De l'instinct se retrouvait un besoin silencieux et tempétueux sous la surface.
Prémices de soirée dont la coloration prenait tout juste, la Métisse comptait sur son pire ennemi intérieur pour effacer. Ombres réconfortantes qui en appelaient à l'échappée de la raison, le détour se faisait dans les rues les moins fréquentables d'Astragan. Ici, elles faisaient bien moins légion que dans les ailleurs que la Métisse avait pu fréquenter ; Pour autant, elle savait que d'une manière ou d'une autre, elle trouverait son bonheur trompeur.

Et ça ne manquait pas. Jamais.
Mise en danger intuitive et besoin de violence qui s'arrachait à la chair, Nast'yan se laissait tenter par les provocations malhabiles et grotesques de l'Inconnu. L'instrumentalisation de son genre lui offrait sur un plateau cette échappée par la brutalité tant cherchée.
D'un échange court, il ne restait finalement que les coups qu'elle donnait, dans un glissement de la figure de victime à bourreau.

Equilibre des forces qui s'inversaient et manquaient de se briser plus d'une fois, pour autant, Nast'yan se raccrochait à sa hargne.
Après tout, si elle s'en sortait cette fois-ci, encore ; Alors, c'était que ça en valait la peine.

Lui, il était sonné ; Elle, elle était finalement salement amochée.
Mais l'esprit se retrouvait apaisé, dans une léthargie cotonneuse qui lui faisait oublier qu'au crépuscule, elle devait retrouver Seth.

Drapée de sa cape, elle dissimulait peau meurtrie et sang étranger pour regagner son domicile. Âme vagabonde ne cherchant plus le contact, elle se frayait un chemin dans les ruelles obscures jusqu'à la porte convoitée. Rapidement, tout était ouvert et la mécanique de l'après s'enclenchait dans une habitude douloureusement rôdée.
De l'entrée, elle finissait sous la douche pour se défaire du sang et constater les dégâts, bien assez pour réaliser qu'elle était en vie. Bien assez pour réaliser que ça valait le coup, encore une fois.

Ni fierté, ni remord. Tout juste l'apaisement.
Il ne restait finalement qu'un apaisement léthargique alors que le corps était parcouru du regard.
La marque résiduelle du passage de sa génitrice était observée longuement alors qu'elle y percevait le noircissement qui commençait à s'étendre. L'ironie du coup qu'on lui avait porté n'échappait pas à sa vigilance sarcastique. Pour autant, elle n'en retirait aucune satisfaction.

Le regard clair se portait finalement sur son visage. La Métisse glissait ses doigts sur la lèvre fendue et le rougissement de sa pommette avant de finalement attraper baume apaisant et cicatrisant, pour les appliquer méthodiquement.

L'esprit finalement lessivé, elle enfilait une robe simple et confortable pour se terrer dans son lit.
Une trentaine de minutes. C'est le temps qu'il fallut avant que le Soldat n'arrive.

Prise dans les brumes de son état incertain, Nast'yan se relevait pour se trainer jusqu'à l'entrée. Habitude d'une main passant dans ses cheveux brouillons, elle ouvrait la porte une fois arrivée devant.
Le regard clair se relevait lentement sur Seth alors qu'elle restait un moment interdite.

Dans un coup de fouet mental, la Lazarys réalisait son oubli, mais aussi son égarement. Pour autant, elle laissait le passage à son Amant alors qu'elle refermait la porte sur son passage.

« J'étais en train de me reposer. » Surement que ça expliquait son allure. Cheveux en vrac, ils entouraient son visage dont une marque tendait à s'effacer, alors que la lèvre demeurait fendue. Une robe rouge dont elle replaçait la ceinture l'habillait simplement. « Mais ça va. » Qu'elle concluait avant qu'il ne s'inquiète pour les quelques marques visibles.
Instinctivement, elle se rapprochait, pour venir entourer le Soldat de ses bras et l'étreindre dans une envie de mieux commencer leur soirée qu'elle n'avait terminer sa journée.

« Je suis contente de te voir. » C'était une évidence. Nast'yan ne s'en cachait pas.
« Tu vas bien ? » Qu'elle osait même demander, dans une logique qui lui appartenait.

@Seth Nielsen & @Nast'yan Lazarys

Retrouvailles tapantes. Peu après ce changement de vie. Quitter l’ombre du Soldat pour la lumière du Lieutenant. Plus de paperasse, moins de terrain. Plus d’emmerdes. Elle est arrivée au beau milieu de ce fouillis. Réanimant l’enfoui, ce qu’il ne devait être jamais déterré. L’attache. La crainte. Une ouverture sur une vie à deux. Cette vie impossible dont il s’est détaché en signant de son âme. Le contrat avec sa faction. Sa nouvelle famille. Réduisant à néant l’ancienne. Créant une nouvelle accroche. Un mode de vie ficelé et contrôlé. Il ne s’appartient plus.

Vingt-quatre heures pleines et partagées. Un tsunami sur Astragan. Une bombe nucléaire. Aussi instantanée que retardée. Le feu de leurs émotions ont laissé quelques cendres. Leu feu de leurs natures cachés brûleront tous leurs espoirs. D’un côté hybride, de l’autre côté camé. Alliance à Drachna, alliance à Hélion. L’ombre et la lumière. Dans un parfait complément qui se pourrait être salvateur. Il n’en est que destructeur.

Les jours ont passés. Rien n’a changé. Les responsabilités de son statut croulent, dans la menace d'une avalanche.  Son Amante, elle, s’évaporent dans l’ombre et revient comme un mirage. Il se demande encore si son esprit n’a pas imaginé toute cette folie. Parfois, il se pose, calé dans un coin de bureau. Papier et encre sur la table. La pointe s’y plonge dans un mécanisme hanté. Dans le creux d’une mélancolie suspendue. Leurs lettres lui manquent. Plus doué par cette manie qu’ils ont entretenu que par l’aisance des mots.

Promesse murmurée un soir de taverne. Catastrophe inoubliable l’empêchant de retourner dans le lieu coutumier de ses fins de service. Nast’yan a su balayé une vieille habitude de cinq ans, dans le fracas de l’ossature nasale de l’hôtesse. Il lui faudra pourtant un jour, affronter cette réalité. Pas maintenant.

Réveil l’esprit agité. Une idée cogite. La mise à mort de leurs secrets. Une première partie en trois actes. Homme de parole, il doit se tenir à ces mots lâchés. S’il ne le fait pas avec elle, il ne le fera jamais.

Honte lente et dévorante, la journée se déroule dans le tracas de cette pensée. Irritabilité en son sommet. Façade glaciale. Espoir de solitude. Solitude fracassée qui n’existe plus. Plus jamais.

La nuit drape le ciel d’un voile ébène. Uniforme déposé dans son armoire. Vêtements de civil couvre le Soldat. Ses pas l’amène chez Elle, à Elle.

La porte s’ouvre après une présence signalée. Portrait dessiné sous les cheveux emmêlées. Beauté indiscutable, peu importe la couture. Sa main glisse sous l’ossature de sa mâchoire, le pouce effleure la lèvre fendue.

- Tu t’es endormie dans ta salle de torture ?

Un ton sans couleur. Masque de marbre encore en place. Un reste de journée qu’il fend lentement d’un baiser sur la commissure rescapée.

- Ça va, tu m’as manqué.

Les politesses s’échangent comme le naturel d’une présentation entre chaque individu. Ils n’échappent pas à la règle simple. Mots tendres peu fréquent dans la bouche du Soldat. Au mérite d’être entendu parce qu’elle gagne à sa transparence.

@nast'yan lazarys & @seth nielsen

Deux existences bouleversées dans leurs banalités pourtant atypiques. Deux vies bousculées pour un retour à la normale presque trop brutal. La chute avait été rude pour Nast'yan qui avait vu sa bulle de confort psychologique éclater dans l'inattendue. En d'autres circonstances, elle aurait pu le voir venir, elle aurait pu ressentir cette dissonance évidente entre la volonté de ses affectes et ses choix de vie. Mais pas là, elle s’était faite avoir. Comme une débutante.. Et pourtant, elle n’en était plus une depuis longtemps.

Le premier coup dur fut porté par le travail entreprit sur sa psyché. Il lui avait fallu un temps pour se remettre des illusions encaissées.. Il lui avait fallu du temps pour se retrouver. Norme et rêverie s'étaient associées pour créer le premier décalage. Désynchronisation du son et de l'image de sa vie, la Métisse avait encaissé le coup pour finalement recevoir l'éclat de sa seconde rencontre fracassante.

Folie douce et amère qui avait fait la part belle aux souvenirs, elle était entrée en écho avec la folie d'une ombre que la Lazarys aurait aimé occulter. La chose fut impossible, purement et simplement parce qu'elle portait encore son nom. Etiquette indélébile, c'était son rappel à elle. Un rappel qui l'invitait à ne pas se laisser dégrader.
Si jadis, elle s'était assurée que son esprit supporterait tous les mots. A présent, elle n'était plus sûre de rien. Plus depuis qu'elle s'était révélée à une magie qui la consumait de l'intérieure.

Dans un éclat de violence, elle avait finalement trouvé une paix lasse. Les maux du corps soignaient l'esprit endolori alors qu'elle ressentait chaque fêlure dans sa chair. Dans sa léthargie, Nast'yan avait tout oublié, jusqu'au passage de Seth.

Face aux habitudes de violence et de douleur, l'échappée que le Soldat était lui avait semblé invraisemblable. Une illusion vécue et acceptée, mais demeurée au stade de mirage doucereux.
Pour autant, le Nielsen appartenait à son monde. Il y avait fait son entrée depuis bien longtemps, jusqu'à devenir une entité immatérielle.. Une entité créant le réconfort par sa simple existence.
Sa matérialisation avait créé un bouleversement que l'esprit de la Métisse avait rejeté pour gérer avec facilité les aléas. Alors, lorsque finalement, il se retrouvait face à elle, elle n'avait que des excuses bancales et une entrée en matière fade à lui proposer.
Un peu comme un repas en manque d’assaisonnement. Impensable.

Pour autant, le geste de son Amant, amenait Nast’yan à river son regard céruléen sur le sien. A sa question, elle plissait sensiblement le nez alors qu'un début de moue perdue trahissait les prémices d'une incompréhension qui s'avortait d'elle-même alors qu'elle percutait, au moment où il venait déposer ses lèvres à la commissure des siennes.
Ah oui. La salle de torture.
Son coin de paradis.
A elle.

« Quoi ? Non. Bah non. Je sais que les armes sont réconfortantes.. » Non. Pour le commun des mortels, elles ne l'étaient pas. « .. Mais je n'ai pas encore atteint ce stade-là. » Pas encore.
Parce que rien n'était impossible.

Tu m'as manqué. Des mots qui la figeaient un moment alors que son esprit cotonneux réalisait enfin.. Vraiment. Son regard se faisait vague un moment avant qu'un sourire léger ne vienne se dessiner, d'instinct, sur ses lèvres abimées. Trois mots pour un réconfort simple, Nast'yan avait la sensation que sa charge mentale s'allégeait d'elle-même, sans qu'elle n’eût à faire le moindre effort, sans qu'elle n’eût besoin de se faire violence. C’était impensable.
Remède dangereux et à double tranchant, le réconfort du Soldat, dans toute sa simplicité, était tout de même accepté alors qu'elle se rapprochait pour venir accrocher ses bras à sa nuque et se serrer contre lui.
En équilibre sur ses orteils, au contact du corps masculin et de l'étirement, elle ressentait l'éclat douloureux de ses blessures et se crispait sensiblement avant de finalement se détendre dans un bref soupir. Au-delà de la douleur, elle profitait en toute simplicité de sa présence.

« Toi aussi. » Qu'elle lui répondait enfin, dans une pudeur toute relative avant d'enchainer un peu plus bas. « Tu crois qu'on peut rester comme ça indéfiniment ? Ça serait bien. Y'aurait rien pour nous contrarier, et puis, c'est.. Bien, non ? »
L'idée était lancée sans conviction mais avec envie, tout de même. Pour autant, la Lazarys était consciente de l'impossibilité de sa requête ; Parce qu'on ne pouvait pas passer sa vie accroché à l'autre en mode koala, ou dans une grotte.
La vie, ça ne marchait pas comme ça.

« Même si ce n'est pas possible, je vais rester comme ça pour le moment. » Et il n'avait pas le choix. Vraiment. « T'es confortable. Et je n'ai pas pensé à m'apprêter. J'ai oublié. » Ses mots illustraient le désordre de ses pensées. Mais c'était léger, presque réconfortant, bien qu'aléatoire et profondément honnête.
Parce qu’elle avait vraiment oublié. Tout oublié.

Ainsi, il pouvait la trainer avec lui, de toute manière, elle ne comptait pas se décrocher. Seth avait gagné un boulet pour sa soirée.. Son seul avantage ? Elle sortait de la douche, donc, elle sentait bon.
Si, vraiment, c'était un avantage.

@Seth Nielsen & @Nast'yan Lazarys

Visage blessé. Tout ce qu’il trouve à dire, c’est une référence à la salle d’armes. Salle de fierté de l’Hybride. Ce bout d’elle qu’elle lui a partagé, confiant que ce n’est pas une chose ordinaire. Impressionné par le nombre d’armes blanches exposées et entretenues, le Soldat n’a su trouvé un équilibre dans sa réaction, optant pour l’absence de réaction.

Lèvre fendue, la pulpe de son doigt vient l’y frôler. L’Amante est vaporeuse. Quelque chose semble lui échapper. Lui-même dans un état second. L’angoisse lente mais présente de devoir se révéler. Pourtant, sous les traits féminins qui se plissent, moue affichée et nez qui remue, l’attendrissement se mêle et place le réconfort.

- Je ne vais pas te juger, ça m’est probablement déjà arrivé en début de carrière. Enfin je veux dire, de dormir dans l’armurerie.

À l’époque où sa corvée est de nettoyer et ranger l’artillerie. Tâches accordées aux nouvelles recrues. Passage chiant mais obligé. Pour tout ceux qui démarre en bas de l’échelle.

La silhouette s’étire contre son corps massif. Elle se hisse sous la danse de ses bras qui l’enlacent. Automatisme auquel il a pris goût, juste avec elle. Dans le mécanisme de leur enlacement, il perçoit la pulsation des muscles qui se brusquent.

- Qu’est ce qui t’es arrivé ?

La question sort naturellement et il s’attend à une réponse honnête. Coupure et corps qui se contorsionne, il est suffisamment expérimenté pour percevoir et reconnaître un corps blessé. À la découverte du caractère exacerbé de l’Amante, il ne doute pas en ses capacités à s’attirer des soucis. Pensée furtive qui nourrie l’inquiétude au creux de l’entraille.

Dans l’innocence enfantine, elle demande à garder cette étreinte de manière définitive. Une requête révélant la fossette de sa joue sous le sourire qui s’étend.

- Ça se serait bien ouais.

L’emprise se resserre, dans l’attention de ne pas froisser le corps qui lui paraît endolori. Menton posé sur le sommet de son crâne, dans le réconfort de leur enlacement, il se dit que c’est le moment où jamais. Un temps à se confier.

- Nast, tu te rappelles de la soirée à la taverne ?

Soir de retrouvailles niché dans un quartier près de la zone maritime. Invitation à jouer sous une habitude dans laquelle ils se sont ancrés. Repas et boisson, ce moment rien qu’à eux, écourté par le croisé de leurs jalousies. Un épisode qu’il passe sous silence pour en revenir à un autre.

- Je t’ai promis que j’allais t’expliquer.

Cet éclat de panique qui lui a traversé la rétine sous l’illusion d’apercevoir un fantôme du passé. Lui. Fae de l’automne. Condamné pour avoir agressé un membre de l’ordre. Tué probablement, dans une optique d’étouffer l’affaire sous l’influence d’un Adenor hors de contrôle. De son Cercle coincé aux abominations. Glissement de terrain qu’on se refuse à Nythsari. Là où l’Armée gère elle-même ses petites affaires.

- Il m’est arrivé un truc, pendant que j’étais au Cercle, quelques mois après notre départ.

Départ à eux, motivés par des horizons qui se dessinent, lui pour l’Armée, elle pour autre chose. Un autre chose encore obscur. Elle ne lui en a dessiné que des contours flous.

- Tu connais les Fae de l’Automne ?

À son tour, son corps se crispe sous l’énonciation de cette race et de cette cour. Le coeur se met à palpiter d’une danse lourde. On pourrait même l’entendre si l’on y prête attention. Pause marquée avant d’aller plus loin. Il en a besoin. Sans savoir si c’est une bonne idée de se couper dans son élan. Sans savoir s’il a envie d’aller vers ce chemin. Chemin le terrifie, encore, même douze ans plus tard.  

@nast'yan lazarys & @seth nielsen

Les hématomes du corps pour dissimuler ceux de l'âme, dans une superposition presque ironique, Nast'yan encaissait la douleur dans un rituel rôdé. Ses dérives lui appartenaient depuis bien longtemps, depuis trop longtemps, et jamais elle n'en avait fait part au Soldat. Énième secret qu'elle conservait sous le voile d'une confiance pourtant intacte, elle ne voulait pas l'inquiéter. Elle ne voulait pas lui montrer combien elle était endommagée. Il n'avait pas besoin de cette fatalité, pas alors qu'il avait sauvé une part d'elle. Une part qui était désormais sienne.

Pourtant, au sein des ombres, demeurait le revers. Celui qui encaissait méthodiquement, dans la douleur et la violence. C'était l'expression de son tumulte intérieur, de son malaise caché derrière la Vindicte caractérielle. De ce qu'elle présentait le mieux au regard du monde. Sa rage.

Pour autant, Seth avait l'exclusivité sur ses failles. Celles qu'elle pensait abordable, pas trop dommageables. Il avait l'exclusivité sur celle qu'elle voulait être en étant près de lui et paradoxalement, ça lui venait naturellement. Alors peut-être qu’elle avait le matériel de base, mais qu’elle ignorait comment le façonner. La Lazarys était une artiste en mal d’inspiration, lorsque cela concernait ses émotions.
Malgré tout cela, et surtout, malgré le brouillard avéré de ses émotions, à son contact, elle se retrouvait.

En partie.
Mais elle se retrouvait.

Moue affichée et partagée, elle le voyait ; Seth laissait son apparat de Soldat au placard de ses expressions. Le masque d'indifférence se déliait au profit de ces regards qu'ils partageaient, c'était un réconfort assumé pour la Métisse qui retrouvait un sourire léger, malgré sa mine défaite.

« Vraiment ? Dormir dans l'armurerie ? Non mais, un coup de pied mal placé, et tu finis en pièce. » L'image lui soutira consécutivement un sourire puis une moue. Et puis, elle enchaina. « Si je m'endormais dans ma salle, avec mes cauchemars, je risquerais de.. Faire quelques dommages. » Mots achevés sur un air pensif, elle restait silencieuse un moment avant de venir se lover contre son Amant.

Réconfort du corps endolori, Nast'yan ignorait ses douleurs, au nom du bien-être qu'il créait en elle. Pour autant, elle se trahissait et en prenait rapidement conscience lorsque la réponse du Nielsen tombait.

« J'étais au mauvais endroit, au mauvais moment. Mais il a fini bien plus mal que moi, donc tout va bien. Ce ne sont que des bleus. » C'était une certitude qu'elle s'imposait avec aplomb, comme pour effacer son besoin de violence.
Elle ne souhaitait pas le justifier, l'expliciter.
C'était une part d'elle trop complexe à révéler.

Pour autant, l'instant se plaça sous le spectre des révélations. Non pas des siennes, mais de celles de Seth.
Dans ses bras, elle accueillait le souvenir ravivé en s'accrochant à ces images. Peut-être pas à celle du nez brisé, ni à celle de la blonde insupportable, mais plutôt au moment de flottement du Soldat qui l'avait inquiété.

Oui. Elle se souvenait.
Evidemment qu’elle s’en souvenait. Le visage se hochait lentement alors qu'elle se cambrait pour porter son regard sur le sien. Le mouvement étira l'hématome en formation et elle renonça à maintenir sa position.

« Je m'en rappelle, oui. » Qu'elle soufflait pour finalement se détacher et apercevoir cette inquiétude traverser le visage de son Amant.

Attention fracassée dans la réalité, l'esprit de Nast'yan quittait les champs cotonneux de l'après-violence pour se focaliser sur le Nielsen. En une seconde, il avait réveillé son inquiétude. La Lazarys venait lui prendre les mains pour le guider jusqu'au canapé où elle l'invitait à s'installer. Pour sa part, elle venait se placer contre lui, orientée dans sa direction.

Il s'expliquait, en contextualisant. Et elle se souvenait, de cette époque.
Lorsqu'elle était partie pour intégrer l'Ad Astra, dans une volonté de se trouver un chemin de vie qui lui serait propre et acceptable. Etrangement, son instinct lui murmura qu'elle allait regretter d'être partie.. Mais à l'époque, quel impact aurait pu avoir une gamine sur la vie d'un Soldat ? Elle n'en savait rien. Elle n'était pas d'humeur à se surestimer.
La Métisse souhaitait, avant tout, comprendre. Comprendre pourquoi son Amant remontait à l'époque de leur séparation.

Un truc. C'était vague. Elle fronçait sensiblement les sourcils avant qu'il n'en vienne à lui poser la question. Les faes de l'automne.
La crispation était vue, ressentie et comprise. Si elle n'avait pas la même réaction épidermique pour les faes de la nuit, elle pouvait en saisir la teneur et le sens.

« Oui, ceux qui ont un pouvoir de feu et psychique. D'horreur, de mémoire. Ils sont plutôt sinistres et, à mon sens, presque aussi redoutables que les faes de .. La nuit. » Son esprit aurait pu s'arrêter à la comparaison, mais au lieu de cela, Nast'yan se focalisait plutôt sur son Amant dont elle venait prendre une des mains, dans un besoin de contact qu'elle ne connaissait avec nul autre.

« Pourquoi tu me demandes ça ? Tu as eu un problème avec des faes de l'automne ? » Plus elle verbalisait ses questions, plus l'évidence se dessinait. Evidemment qu'il s'était passé quelque chose avec eux. Sinon, il n'aurait pas abordé le sujet sous cet angle d’attaque.

Et puis, ce malaise qu'elle lisait. Qu'elle liait avec cette impulsion furieuse qu'elle avait capté lors de leur sortie. Tout se mélangeait pour former un tout homogène et encore, pourtant, obscur.
Sa main libre glissait contre la joue du Soldat alors qu'elle accrochait son regard de ses iris céruléennes. « Qu'est-ce qu'ils t'ont fait ? »

Le calme.
Et la clarté.

La lucidité était revenue au galop alors que la vindicte veillait, prête à se déverser dans les veines de l'Hybride qui s'imaginait déjà un affrontement cruel entre le Soldat de l'Armée Rouge et ces Faes en pleine rébellion.
Ou peut-être bien qu'il était tombé sur un taré, comme elle. Enfin, elle, elle était le produit d'un taré. Ce qui n'était guère mieux.

Intérieurement au taquet, extérieurement, elle présentait un calme de circonstance, dans l’attente et l’écoute.
Il pouvait se livrer, en toute confiance.
Mais ça, il le savait déjà.

@Seth Nielsen & @Nast'yan Lazarys

Un souvenir partagé. Moins rigide, moins sérieux. Anecdote drôle sur ses débuts de Soldat. Heures passées dans la salle d’armes. À ranger, trier, nettoyer. Le type de devoir sur lequel ils aiment se charier. Instant loin de l’action. Un trop calme pour lequel les recrues cherchent la fuite. Excitées par l’action et l’adrénaline des combats. L’isolement du rangement les ennuie.

Dormir. Acte vital dont il est à présent dispensé. La cause est la même que Nast’yan. La création de leurs cauchemars. D’un cauchemar en particulier. Qui tourne en boucle, encore et encore, depuis douze ans.

Douze ans. La durée temporelle de leur séparation. 1061, leur route commune évolue sur deux branches distinctes. Son intégration au Cercle. Dans ce Nythsari qu’il déteste, peut être plus par cette rupture imposée par leur vie professionnelle. Mettant fin à leur rituel réconfortant, de se retrouver pour boire et manger à la taverne.

Mauvais endroit, mauvais moment. La tête se hoche sans conviction. Caractère sauvage qui se dessine, il doute un instant sur l’innocence de son Amante.

- Tu l’as tué ?

La retenue oubliée pour placer la spontanéité. Le timbre de sa voix reste monotone. Elle s’élève un peu plus en fin de phrase, comme pour signaler qu’il est bien sur une question posée. Dans les éclats de colère qu’elle lui a illustré, il n’en serait pas surpris de l’apprendre, mais il préfèrerait qu’elle se canalise sur ses pulsions meurtrières.

Dans le réconfort de l’étreinte qui se dure, Seth y puise la force d’avancer dans son objectif, dans ce pourquoi il est venu. Lever le voile sur un vieux secret. Alors qu’il recontextualise lentement, leurs mains viennent à se lier pour s’attirer dans le canapé. S’assoir plutôt que de rester debout. Elle brise le caractère officieux de la danse en se calant contre lui. Sa paume se pose dans la courbure de son dos. Il arrive finalement à lui demander si elle connaît les Fae de l’Automne. La réponse est affirmative. Citant simplement leurs pouvoirs. Révélant connaissance ou intérêt de ce peuple. Tout en rebondissant ensuite sur la cour de la Nuit.

Ses sourcils se froncent sous l’entente des informations. Dérangé qu’elle leur porte un intérêt, qu’il soit positif ou négatif, il la préfère loin de tout ça.

- Ah. Parce que t’en connaît ?

La crainte d’un souvenir animé se mélange à cette colère qui le protège. Ses doigts cessent d’émettre des caresses. Dans la projection de l’univers mental lié à ses souvenirs.

- Oui, il y a eu un incident.

L’hésitation ne tatillonne plus. Le coeur s’exprime dans cette rage de l’imaginer capable de les fréquenter, de près, comme de loin.

- Il y en a un qui m’a projeté des … images. Celles qui ne nous quittent jamais.

Brusquement, il se redresse et l’attrape par les épaules pour la faire pivoter. Son regard s’accroche au sien.

- Il ne faut jamais que tu les approches Nast’yan. Jamais ! Pas même pour une prime. Promet-le moi.

Elle n’a pas le choix. Il attend cette promesse. Il attend qu’elle franchisse la barrière de ses lèvres. Émotions mélangées sur son visage, il dégage pourtant une aura lourde. Il ne supporterait pas d’apprendre qu’elle côtoie des Fae. L'Automne est sur sa liste rouge. Mais finalement, toutes les cours le sont. Fae, printemps, jour. Il les hait tous.

@nast'yan lazarys & @seth nielsen

Tu l’as tué ? Coup de fouet d'une question qui laissait la Lazarys dans un entre-deux de réaction. C'était donc ainsi qu'il la voyait ? Capable de meurtre, sur l'impulsion de ses colères ? Il avait tort.

Il avait tort.
Parce que ses mises à mort étaient toujours réfléchies. Mais cela, elle ne pouvait pas lui avouer clairement, parce qu'ils appartenaient à deux mondes diamétralement opposés. Armée rouge contre armée noire. Lion contre serpent. Soleil contre lune. Leur antagonisme revenait de manière frappante alors qu'une incrédulité authentique prenait d'assaut les traits de la Métisse.
Face au marbre des réactions du Soldat, elle y opposait un livre ouvert d'abord étonné, puis sensiblement irrité.

« C'est la première question qui te vient à l'esprit quand tu penses au fait que j'ai pu me battre ? » Langue qui claquait contre son palais alors qu'elle finissait par reprendre, toujours calme. Calme avec cette pointe d’agacement qui la trahissait dans son verbe. « Je l'ai laissé assommé dans sa ruelle. Il survivra. » Et elle n'était même pas sûre que le mécréant le méritât. Peut-être, et seulement dans cette condition, parce qu'il avait servi une cause portée hors de sa conscience crapuleuse. « Qu'importe la ruelle, qu'importe la ville. Dans notre monde, être une femme n'est pas simple. » Et ça ne l'était dans aucun monde.
Cette injustice, elle n'y était pas indifférente.
Pour changer.

Le chemin du canapé était finalement trouvé, dans une installation intimiste qui reconstituait leur cocon, leur bien-être égoïste.

Là, les révélations se faisaient, dans un demi-mot, dans un tâtonnement et Nast'yan se trahissait dans la connaissance d'une race qui n'était que partiellement la sienne. Fondamentalement, cela n'avait rien d'exceptionnel selon elle. Vraiment. Leur monde dégénéré abritait l'humain et le fae depuis une éternité, et de cette réalité, elle n'avait jamais souhaité être totalement aveugle ou ignorante.

Pour autant, la réaction de Seth avait le mérite de l'étonner alors qu'elle restait silencieuse face à son mécontentement grondant.
Cette haine de l'autre l'emportait et l'enfermait dans un carcan qu'elle aurait aimé briser. Elle aurait aimé le libérer de ces chaines du mépris.. Pour lui faire accepter l'être hybride qu'elle était. Volonté égoïste qui se retrouvait mise à l'épreuve face à réaction de son Amant, Nast'yan ne se démontait pas pour autant.

« Bien sûr que j'en connais, comme chacun de nous. » Qu'elle répondait sur un ton égal.
Bien sur.. Parce que qui ne connaissait pas de faes ? C'était là, la vraie question. Peut-être quelqu'un vivant dans une grotte.

Lorsqu'il reprenait son récit tronqué, les tripes de la Métisse se nouait alors qu'une vague de vindicte la submergeait. Il avait subi les horreurs de l'automne.
Pour n'en avoir eu qu'un écho, un récit édulcoré, la Lazarys prenait la mesure du calvaire subit par le Soldat et ouvrait la bouche, prête à répondre.

Entre la colère et l'envie de le préserver.. Entre la vengeance et l'attention, elle se figeait en se retrouvant manœuvrée par son Amant.
Brusquerie qui la tendait et l'amenait à faire la résistance. Le corps parlait, sur le même ton que ses instincts de préservation. A la violence, elle ne pouvait qu'offrir une résistance et posait ses mains sur ses poignets en braquant son regard clair sur le sien.

« Non mais Seth.. Seth. Calme-toi. » Qu'elle tentât de temporiser alors que son corps vivait l'alerte où l'affecte envisageait de calmer le jeu des oppositions.

Ses mains se décrochaient alors qu'elle venait glisser ses doigts sur les joues du Soldat et lui faire face, dans son mouvement.
La douleur, elle la ressentait mais l'éludait. Son esprit était ailleurs.
Ailleurs, orienté vers Lui.

« Tu souffres encore de ce qu'il t'a fait subir ? C'est ça ? » Qu'elle demandât dans un premier temps, jusqu'à ce que son regard ne se fasse trouble. Réflexion enclenchée et lancée dans un engrenage terrible, elle comprenait.
La réaction de Seth faisait écho aux siennes. Lui aussi, il avait une ombre dans son paysage de vie, une vindicte à consommer avant qu'elle ne le dévore tout entier.

Ses prunelles océanes se rivaient sur les siennes alors que son regard se plissait.
Ses mains, elles ne quittaient pas ses joues, comme pour le garder avec elle, dans une métaphore de la perte de soi saisit et assimilée.

« Il est où ? » Sa demande tombait. Brutalement, presque. « C'est lui, ou elle, que tu as pensé voir dans la taverne, c'est ça ? Il n'est pas mort ? Si tu as besoin que je te le retrouve, je le ferais. » Elle en était persuadée, elle était la plus à même de le faire. C'était sa place, son rôle dans ce monde discordant. « S'il le faut, je le tuerais pour toi. »

Echo fait au début de leur conversation, à la suspicion du Soldat, Nast'yan trahissait sa capacité à se tâcher les mains de carmin. Depuis longtemps, elle n'était plus immaculée, son âme s'était baignée dans un rouge mortel qu'elle assumait pleinement.
Après tout, pour survivre, elle avait dû éliminer ses concurrents. Pour s'accomplir, elle avait dû réduire à néant des vies.

Pour le Nielsen, elle était capable de le faire. De faire pire. Non pas par devoir, mais plus par besoin.
Pour lui, elle était capable du meilleur comme du pire ; Au nom de leur relation, au nom de leurs sentiments, au nom de l'autre. C'était aussi brutal que poignant et à bien y regarder, ça leur ressemblait terriblement.

Quant à la promesse qu'elle aurait dû lui faire, elle préférait la passer sous silence. Parce qu'elle ne pouvait la formuler sous peine de cracher un mensonge qui lui coutait.
Des faes, elle en avait côtoyé par le passé, ils occupaient une place dans son chemin de vie. Parce qu'elle était à moitié comme eux. Leur sang coulait dans ses veines.

@Seth Nielsen & @Nast'yan Lazarys

Agir de sang froid ou de sang chaud pour couper la vie à un être vivant, il la pense tout à fait capable, dans cette version nouvelle qu’il a découvert d’elle même. Il n’en contient pas sa demande. Sans réfléchir aux conséquences d’une possible affirmation. Il ne pousse pas sa justification face à la mine irritée de l’Amante. Croyant pourtant à la véracité de ses preuves. Inutile de l’accabler. Elle a raison. Vivre dans ce monde en tant que femme n’est pas une chose aisée. Une affirmation qui appuie sa pensée. Celle qu’il doit définitivement la protéger.

Pourtant le schéma s’inverse lentement. Assis sur le canapé et mains qui se parcourent tendrement, il se révèle peu à peu. Le sujet des Fae est un terrain glissant puisqu’il réanime aussitôt sa colère. Son corps en appelle à une prise de Lyrium. Prise systématique quand sa crainte de la magie se fait de plus en plus forte. Ainsi il fonctionne depuis une décennie.

Quand d’un ton égal, Nast’yan acquiesce sur le fait d'en connaître. La vrille commence. Injustifiée car l’Histoire des Hommes est intimement liée à celle des Fae. Comment peut-il croire qu’elle n’en connaît pas ? Parce que dans son monde à lui, on ne sympathise pas avec l’ennemi. Sympathie qu’il a pourtant accordé dans ces années jeunes. À Aurya comme à Raj. Avant que sa folie ne le consume lentement.

- Non je ne me calme pas ! Tu ne te rends pas compte de la menace qu’ils représentent. Rien n’est sincère avec eux, Tout est basé sur le mensonge, La manipulation de l’esprit. Ils se croient supérieur à notre race. Ils nous traitent comme des bêtes. C’est bien pour ça que nos ancêtres ont souffert de l’esclavage.

Les doigts solidement enfoncés dans la chair mince des biceps féminins. Il devient toute cette rancoeur cumulée, ces déceptions qui se sont entassées.

- Moi aussi j’y ai cru. À une cohabitation possible. J’ai même eu de la sympathie pour certains.

L’ombre de la passion furieuse teinte ses iris. Sa voix est puissante. Il la gronde d’inquiétude. Il ne veut pas qu’elle passe par ce qu’il a vécu. Dans la peur que ça la détruise. Elle aussi.

Main doucereuse vient s’échouer contre sa joue. Stoppe l’avancée grandissante de l’émotion. Il stagne mais ne redescend pas.

- C’est d’ailleurs pour ça qu’il m’a pris pour cible. Parce que j’étais naïf. Il s’est infiltré avec ses images. Il a fouillé mon esprit. Il ne se serait jamais arrêté si mes collègues n’étaient pas intervenus. Ces choses-là ne se guérissent pas. Elles ne guérissent jamais.

Les cauchemars. Les hallucinations visuelles et auditives. Ce bourdonnement incessant. Cette sensation constante d’étouffement. Ces bouffés de chaleur. Ces migraines. Ces insomnies. Tous les effets secondaires au lyrium qu’il transpose avec certitude à cet incident.

La voix frappe brutalement dans ce quasi monologue dans lequel il s’est lancé. Il est où ? Son emprise sur ses bras se desserrant jusqu’à la relâcher. Sa paume frappe contre son front dans un frottement nerveux, fouillant avec violence son esprit embrouillé.

- Je ne sais pas. Tout est trop flou. Je pense qu’il est mort.

Probablement une sentence assignée par l’Armée elle-même pour étouffer l’affaire, donner l’exemple et stopper d’autres révoltes. Du moins, c’est ce qu’il aime à croire.

Alors le bourreau est déjà mort, il n’a pas besoin de le tuer ? Dans le tumulte de ses sentiments, Seth ne relève pas la promesse échappée. Celle que Nast'yan vient de fuir.

- Non, tu n’as pas besoin de tuer pour moi.

Un grognement en guise de réponse, Dans cette sensation insupportable d’être pris en pitié. Capable de gérer lui même ses propres problèmes.

@nast'yan lazarys & @seth nielsen

De sang chaud à sang froid, la tendance s'inversait sous le coup d'une Nast'yan qui découvrait un Amant haineux. Consciente que le temps pouvait faire des ravages, elle était portant forcée de constater que Seth avait accumulé des déboires qui pavaient son chemin de vie d'un mépris colérique.
Il haïssait une part d'elle, une part qu'elle n'avait pas demandé. Et pour autant, la Métisse en avait conscience, elle l'avait rapidement compris : Ça, ça ne rentrerait pas dans la balance de ses considérations. Seth ne prendrait jamais en compte toute la fatalité de sa naissance, ni même de son éveil.

Se portant momentanément hors de sa culpabilité, la Lazarys se focalisait sur cette colère grondante qui hurlait à son oreille par des mots lourds de sens. Les faes n'étaient que mensonge.. Mensonge et manipulation. Voilà ce qu'il en pensait. Et malgré elle, Nast'yan ne pouvait que ressentir un profond malaise alors que le souvenir de leur première nuit partagée lui revenait en tête. Elle n'avait pas fait mieux que ce que son sang attendait d'elle.. Elle n'avait pas fait mieux que les autres. Le Nielsen ne l'accepterait pas. Il la mépriserait avec autant de force, c'était une certitude qui se forgeait à mesure qu'elle observait ses traits.

Cette colère grondante, elle la ressentait au dedans. Puis au dehors, par ces mains qui la maintenaient fermement, presque douloureusement alors qu'elle s'attendait à ce qu'il la secoue pour lui faire comprendre son opinion. Echo de violence lointaine qui refluait et la glaçait de l'intérieur, la folie d'une autre se rappelait à son bon souvenir.

Merde. Sa vie n'était qu'un enchainement de démence et de haine.
Pourtant, elle ne pouvait et ne voulait lui échapper, à Lui. Elle avait envie de lui faire comprendre, de le guérir de son mal. De lui faire accepter l'inacceptable.. Peut-être pas pour tous. Peut-être juste pour elle.

« Tu me fais mal. » Qu'elle osait souffler en se dégageant d'un coup. Comme pour s'arracher à ses propres souvenirs, à son propre tumulte. Si elle reprenait pieds, elle pourrait l'aider à faire de même. Du moins, Nast'yan l'espérait.
Et oui, c'était un espoir fou.
Mais il semblait que c’était le thème du jour.. La folie.

« Le mensonge est partout Seth. Tout comme le mépris et le dégout de l'autre. Nos.. Ancêtres ont souffert et aujourd'hui, les faes le paient, comme un retour de bâton. » Ses ancêtres.. Ces mots lui faisaient mal. Parce qu'ils suintaient la supercherie. Pour autant, elle levait une main pour empêcher toute protestation. « Je ne défends personne, parce que dans le fond, je ne fais confiance à personne. J'ai vu de la cruauté dans chaque.. Camps. » Cette dichotomie lui semblait simpliste alors qu'elle secouait le visage négativement avant de reprendre. « Contrairement à ce que tu peux penser, je me rends compte, je suis consciente du potentiel des faes. Pour autant, est-ce que la peur évite le mal ? En les connaissant, on apprend à les tenir en respect. Et pour moi, c'est là, la seule approche viable. »
Vraiment ? Après tout, elle ne l’avait pas empêché, lui, son bâtard de frère, de la brutaliser jusqu’à la laisser sur le pavé.
Ce souvenir lui revenait. Elle le chassait. Ce n’était pas le moment.

Les mains finissaient par monter aux joues du Soldat alors qu'elle venait capter son attention avec une volonté furieuse de l'apaiser.

Son mal en sommeil, son mal éveillé, il la faisait tout autant souffrir. Parce qu'elle ne voulait pas le voir aussi plein de haine. Parce qu'elle le savait, la haine abritait les plus grandes peurs.
Face à l'aveu de son Amant, Nast'yan restait un moment silencieuse. Ni pitié, ni compassion exagérée, elle l'observait longuement et finissait par se relever pour venir s'installer sur ses genoux.

Installation faite et audacieuse, dans un besoin de se rapprocher, elle espérait qu'il ne l'envoie pas voler sous le coup de la colère. Parce que malgré ses réflexes, elle n'en demeurait pas moins un poids plume.
Les mains venaient se poser sur les épaules de Seth alors qu'elle lui faisait convenablement face en se posant sur ses cuisses.

« Je t'aiderais à guérir. » Qu'elle lui promettait, en remontant ses mains. « Rien n'est impossible. Je te le jure, rien n'est impossible. »

La promesse se scellait dans l'esprit de l'Hybride alors qu'elle scrutait longuement les traits du Soldat. Elle aurait aimé lui révéler sa nature, lui expliquer qu'elle pouvait peut-être utiliser le mal pour réparer le mal.
Jusqu'à là incertaine quant à son envie d'exploiter sa magie, elle trouvait en la révélation de Seth un leit motiv exceptionnel.
Pour lui, elle voulait maitriser ses illusions, ses rêves et ses cauchemars, dans l'expectative de le sortir de son tumulte intérieur.

« Je le ferais. » Qu'elle répétait, du bout des lèvres.
La certitude était là. Autant que l'assurance.

A l'ultime demande de savoir où était le bourreau, Nast'yan attendait presque d'avoir les informations nécessaires pour établir les plans d'une traque à venir. Mais face au flou des réponses du Nielsen, elle fronçait les sourcils.

« Tu penses ? Il faut que tu sois sûr. Tu as besoin d'être sûr. » C'était une affirmation teintée de dureté. Presque un ordre donné.
Pour elle, il ne pouvait rester dans ce flou de surface, cette incertitude. D'ailleurs, elle se demandait comment il avait pu faire, pendant douze années, à ignorer le sort qu'avait été réservé à son bourreau.
Parce qu'elle, au bout de deux ans, sa vindicte lui brulait déjà les veines.

Les doigts glissant finalement contre la joue masculine, Nast'yan fronçait les sourcils pendant un bref instant avant de finalement encourager le regard partagé.
Ses mots sonnaient comme une ineptie tout droit sorti d'un orgueil mal placé. Alors, elle se rapprochait, encore, glissant sur ses cuisses pour capturer son attention.

« Tu tuerais pour moi, non ? » Qu'elle lui demandait dans un murmure doux. Tout en contraste avec la folie de sa demande. « Eh bien, moi aussi. Je le ferais, sans hésiter. Parce qu'on est une équipe. C'est toi et moi contre le reste du monde. »
Promesse réitérée dans l'écho d'un sentimentalisme qui se faisait presque noir. Si la Lazarys se refusait à lui être nocive, elle acceptait néanmoins d'instrumentaliser ses ténèbres intérieures pour lui.
Même si ça devait la bouffer, la consumer à petit feu. Ça n'importait que trop peu.

@Seth Nielsen & @Nast'yan Lazarys

La haine. Une nature dans laquelle il n’a pas bercé. Elle l’a suivi puis s’est fixée. Attachée à lui comme un virus qui grossit. Qui s’alimente de mauvaises expériences pour prendre de l’ampleur et l’effacer. Réinitialisant l’être tolérant d’un passé oublié.

Dans l'inconscient complet, il heurte l’Amante. Un discours qu’il lui renvoie en pleine face. Dans l’ignorance de sa nature et de cette moitié-fae qu’elle abrite. Gênes légués où personne n’a eu son mot à dire. Il la condamne de ses mots. Là où il se bat pour la protéger. Il ne fait que de détruire les bases solides qu'ils se sont construites.

Tu me fais mal. En plus d’alimenter les blessures verbales, son emprise est en perte de contrôle sous les nerfs qui se tendent. Les doigts s’enfoncent dans la chair d’un corps déjà endolori, mais il ne l’entend pas, il ne la relâchera qu’au bout de quelques minutes.

Un discours sourd prend forme. Il s’articule autour d’une vision étroite à une autre plus ouverte. Le mensonge anime toutes créatures. L’origine n’est pas une explication. La personnalité l’est un peu plus. Après tout, pouvait-il se féliciter de ne s’y être jamais prêter, au mensonge ? Pour lui, ce n’est pas comparable. Il y a des tromperies qui protègent, d’autres qui sont nuisibles. Un tout qu’il dissocie alors qu’elles ont toujours fait partie d'un ensemble. Un mensonge ne peut qu’indéniablement faire du mal. Dans le présent comme dans le futur. Parce qu’il se couple à ce sentiment de trahison.

- Tu es naïve.

Ainsi justifie-t-il les réponses de Nast’yan de par son jeune âge. Il ne peut y avoir de la cruauté chez les deux clans. Le conflit démarre forcément avec l’un et celui-ci vient de l’esclavagisme installé par les Fae. Ils payent un juste retour des choses. Tout est une question d’équilibre. Ils souffriront autant que leurs ancêtres.

- T’as du respect pour ça ?

La déception lui fait cracher ses mots. Comment peut-elle avoir de l’empathie pour ces êtres si barbares ? Son regard l’interroge, trahit par ses propos, comme si elle valide les atrocités qu’eux, soldats, subissent au nom de leur sécurité.

Prêt à se lever sous l’impulsion de la colère blessée, Nast’yan coupe l’élan en s’installant sur ses genoux. Une proximité qui s’apaise en surface mais qui ne coupe pas ses divagations à venir, ton d’un murmure à lui-même.

- Si ça se trouve, rien de tout ça n’est réel. Si ça se trouve, toi aussi tu es comme eux, à user de ta magie sur moi.

Dans un geste de panique, il vient glisser sa main dans ses cheveux, pour toucher sous la pulpe de ses doigts, l’arrondi de ses oreilles. Il soupire de soulagement. L’étreint avec force, son visage s’enfouit dans le cou féminin. La position dure avant qu’elle ne le redresse face à lui. Je t'aiderais à guérir. La puissance de ses mots s’infiltrent. La cavale de sa determination lui offre un bref flottement d’espoir, celui d'un calvaire qui se termine.

- J’ai appris à vivre en le pensant mort. L’Armée a forcément fait quelque chose. On ne peut pas laisser passer une agression volontaire sur un Soldat. Ne me demande pas de me rappeler, je ne me souviens pas. C’est comme si toute cette période est passée sous silence. Un flou qui me file la migraine et qui me revient en plein fouet avec ses images.

Sa dureté en écho à la sienne. Elle ne peut le forcer à fouiller plus qu’il ne l’a déjà fait. Malgré une réaction légitime. Il a besoin de croire qu’il est mort et que sa faction l’a protégé. Si tout cela s’avère faux, il s’enfoncerait un peu plus dans sa folie. Folie déjà bien trop entamée.

Sous l’interdiction de tuer pour lui, parce qu’il veut la préserver d’une chose dont il a clairement échoué, à la constatation d’un mode de vie qu’elle a embrassé.

- Je suis soldat Nast’yan. Mon rôle est de tuer pour protéger, de défense pour ce qui a été construit.

Si elle lui fait un parallèle avec sa carrière de mercenaire, il risque très fortement de grincer des dents, parce qu'encore une fois, ces deux professions n’ont rien à voir. Elle, elle tue pour l’argent. Lui, il tue parce qu’on lui donne l’ordre de protéger. On ne lui laisse pas le choix. Elle, elle a le choix. Le choix de préserver son âme. C'est ainsi qu'il voit les choses.

@nast'yan lazarys & @seth nielsen

Douleur morale. La douleur morale se conjuguait au pluriel durant cette soirée. D'abord avec le souvenir de la génitrice et de sa folie, ensuite avec l'écho trouble de l'Amant blessé. Le rejet frontal de l'autre exprimé par le Soldat ramenait sur le devant de la scène mentale de l'hybride les évidences qu'elle s'évertuait à laisser de côté. A ignorer.
Le déni n'était définitivement plus son alliée depuis ces deux dernières années. Il était un monstre qui en fuyait un autre. Une réalité altérée qui refusait de s'accrocher aux rétines lessivées de la Lazarys. Mais était-ce trop demandé que d'avoir un peu de déni contre un soupçon d'espoir ?

Oui.
C'était trop demandé.
Parce que son monde était désenchanté, et ça, elle ne pouvait l'oublier.

Douleur physique qui s'ajoutait aux nerfs déjà enflammés par l'affrontement passé. Sa chair renvoyait à Nast'yan le signal d'une souffrance moindre mais tout de même refusée. Elle ne voulait pas encaisser la moindre douleur de sa part. Ni de personne d'autre. Elle avait déjà assez donné par le passé et s'était jurée, que même par amour, elle ne laisserait plus personne marquer son corps.

Pour autant, Seth bafouait cette règle dans l'inconscience de son emportement.
Libérée de son emprise, elle avisait ses bras pendant un instant avant d'accuser le nouveau coup.
D'une autre attaque, toute aussi brutale.

La naïveté. La naïveté présumée de la Lazarys était mise en lumière dans une pulsion colérique du Soldat. En cet instant, ce n'était pas la cruauté des autres, qu'elle accusait, mais celle de son Amant qui s'acharnait sur une partie de son sang. La mine de Nast'yan se renfrognait, lui donnait cet air sauvage, prêt à répliquer. Pour autant, les mots restaient prisonniers de cette gorge nouée alors qu'elle préférait canaliser son emportement venimeux.
Ils ne pouvaient être deux à s'emporter. Pas ainsi.
Pas maintenant.

Diable que ça lui coutait de rester silencieuse. Son regard céruléen condamnait Seth à un jugement sans appel : Il avait tort.
Lui qui la connaissait si bien sans pour autant saisir le fond de ses traumatismes, il savait.. Il savait qu'elle n'avait rien de la Naïve jeune femme. Ce monde, il l'avait déjà bouffé, recraché et piétiné.
Pourtant, il osait. Il osait jouer cette carte. Malgré tout.

« Qu'est-ce que ça peut te faire ? » Qu'elle crachait sur la défensive. Il n'aurait jamais sa réponse, de savoir si elle avait du respect pour les faes. Pourtant, elle lui avait dit, elle lui avait répété.
A ce monde, elle ne lui accordait que peu de crédit.

Finalement installée sur les genoux de son Amant en plein tumulte, elle prenait sur elle pour le canaliser.
La douleur mentale, encore. Pour autant, celle-là, elle revenait au-devant de la scène. Parce que les mots du Nielsen lui lacéraient l'essence.

Rien n'était réel.
Elle avait usé de magie sur lui.
Oui, c'était vrai.
Et peut-être que finalement, tout était faux.
Peut-être qu'il avait raison.
Peut-être.

Un sursaut la prit au corps alors qu'elle ressenti les doigts masculins dessiner l'arrondi de son oreille. Frisson remontant le long de son échine devant l'horreur de la comparaison presque trop vrai. La révélation s'accrochait à ses lèvres dans une envie de frapper l'air, d'avouer l'inavouable.
Mais Nast'yan le savait ; si elle le faisait à cet instant, ils se feraient du mal. Au-delà de la raison, au-delà de leurs sentiments partagés.

A son étreinte, la pulpe des doigts féminins serpentait jusqu'à se nicher à sa nuque, à lui, alors qu'elle le gardait contre elle. Envie de tout oublier, de s'oublier, face à la cruauté d'un avenir devenu plus clair, Nast'yan prenait conscience qu'elle allait le perdre prochainement.
C’était irrémédiable.

Se battre. Pour autant, elle allait se battre, encore et toujours. Pour essayer, une fois encore de sauver ce qu'ils étaient, ce qu'ils pouvaient devenir. Elle ne voyait aucune autre voie à emprunter, aucun autre chemin à fouler.

Car sans lui, elle s’ auto-détruirait.
Peut-être même qu'avec lui, la situation ne serait guère plus glorieuse.
Mais au moins, elle serait avec lui.

Destruction programmée et échappatoire façonnée tel un château de cartes en pleine tempête, Nast'yan gardait le cap, au mieux.
Elle lui promettait même de le guérir, de lui offrir une solution à son mal. Elle était prête à laisser sa magie la consumer, si ça pouvait le libérer. Acte d'amour sans commune mesure dont il ne prendrait jamais conscience, elle se jurait de s'aventurer sur les chemins sinueux de la nuit pour le libérer.

Le tumulte. Pour autant, son tumulte intérieur, sa vindicte, était là. Menaçante et guettant la moindre occasion. Celle-ci était finalement offerte par la réponse du Soldat alors que la Métisse se tendait considérablement face à un aveu tronqué. Il faisait la sourde oreille, se voilait le regard et ne pensait pas à demander ce qu'était devenu son bourreau.

Non.
Ce n'était pas acceptable.
Vindicte qui criait en écho, dans une réminiscence de sa propre quête tenue au secret, Nast'yan n'y tenait plus.
Alors, elle explosait.

« Et c'est moi la naïve ?! Au lieu de croire aveuglement en ta maudite armée, tu aurais pu poser la question. Je ne te demande pas de replonger dans tes traumatismes, de t'aventurer dans tes cauchemars, mais de demander à qui de droit ce qui est advenu de ton bourreau. » Elle se relevait, brisant leur contact dans une explosion de leur bulle intimiste. « Forcement, FORCEMENT. Que ça te revient, que ça te hante. Tu lui laisses une porte ouverte, une voie royale. » Les cents pas, elle les faisait avec une rage qu'elle tentait de contenir avant de braquer un regard furieux de clarté sur le sien. « C'est ton premier traumatisme ? Pas moi. Tu te rends compte que tu vis depuis une décennie dans le flou ? Dans l'ignorance ? Fermer les yeux ne chassera pas l'ombre à ton tableau. Haïr à l'aveugle non plus, d'ailleurs ! » L'impulsion était donnée. Finalement, son silence n'aura pas duré si longtemps. « Toi qui voues un culte à Hélion, tu devrais le savoir. La tolérance est la clé de tout. La tolérance et l'équilibre ! Tu crois vraiment que c'est moi la naïve de nous deux ? Oh non, Seth. Ce n'est pas moi qui passe ma vie à me mettre des œillères. Justifier ta peur intérieure et ton traumatisme par l'Histoire, ça ne t’aidera pas avancer. A vivre en adéquation avec toi-même. » Pour conclure ses mots, elle se retenait de frapper dans la première chose venue.

Parce que ses nerfs se tendaient considérablement. Parce qu'elle était furieuse.
Contre son Amant, contre elle-même.
Contre le monde.

D'un mouvement, elle revenait sur ses pas afin de se poster devant le Nielsen. Elle le fixait longuement lorsque ses dernières paroles tombaient.

Un soldat. Encore et toujours un soldat.
Elle le savait, qu'il était un soldat.
Mais ça lui était égal.

« Et alors ? Je ne te parle pas de ce que tu es aux yeux du monde. Mais de ce que tu es pour moi. » Balançant une main dans les airs, le geste malheureux réveillait la douleur imprimée dans ses côtes, tandis qu’elle venait glisser ses doigts à l'emplacement de sa cicatrice. « Bordel, tu es vraiment bouché. » Qu'elle jurait, dans sa fureur.  

@Seth Nielsen & @Nast'yan Lazarys

Coups et blessures. Affligés sans consentement. Dans la bienveillance de défense ses valeurs et de la protéger. Il poursuit la destruction de ce qui les unit. Creusant le fossé existant. Alimente la distance. Deux contenants séparés par un océan. Ainsi la métaphore de leur relation s’illustre. Deux mondes différents. Opposés par un tout. Peu importe leur bonne volonté. Si leur différence n’est pas acceptée, alors leur avenir s’annonce bien sombre.

Nast’yan détient entre ses mains toutes les cartes. Toutes les informations. Elle plonge dans une Vérité étouffante. Elle connaît sa haine, celle qui se dessine présentement sous ses yeux. Elle connaît sa nature, son patrimoine, ses croyances. Elle connaît aussi ce qu'il cache. L'âme charitable, offrant une seconde chance à ceux qui en ont besoin. Seth est capable du meilleur comme du pire.

Lui, qui ignore tout, ou trop. Persuadé que l’Amante est une humaine. Enfant perdue dans la géante Oceara. Fille au chemin trouble et douloureux. Nast’yan a toujours été secrète. Il ne sait rien de sa famille. Juste un simple, c’est compliqué. Seules les révélations récentes lui ont donné de la matière sur le décès de sa génitrice. Il connaît aussi, sa dévotion pour son travail dans un reflet parfait du sien.

Le sujet des Fae est enclenché. Erreur fatale. Départ des éclats de voix et des colères enfouies. Pourtant, l’Amante cherche à le canaliser de sa perte de contrôle, pendant que son corps à lui, réclame la dose d’un lyrium protecteur.

Oui, elle les respecte. La réponse ne tombe pas mais elle est teintée de férocité. Ils sont clairement dans cette opposition qu’ils se cachent depuis le début. Une partie du voile se lève. Les monstres sous le lit s’échappent enfin.

Il lui fait du mal sans s’en rendre compte. Une projection à se qu’il s’inflige tous les jours. Lui aussi, il se fait du mal. En intégrant le Rouge dans ses veines. En continuant de nourrir dans une haine qui ne justifie rien. S’il se rend compte, qu’il est en train de la blesser, peu importe la forme, il chuterait de mille étages. Une chute mortelle.

Une visite qui se veut sous le signe de la confidence, dérive progressivement sur le champ de bataille des Amants. Leur handicap à manier les mots devient leur plus grand ennemi. Parce qu’il creuse, cette distance entre eux. Mot de trop, Nast’yan explose. Dans cette retenue tortueuse qui a commencé lors de leurs retrouvailles.

Naiveté. Un combat à désigner lequel d’entre eux l’est le plus. Lui, aveugle par sa dévotion à l’Armée Rouge. Dans un endoctrinement bien ficelé auquel il est rattaché. Mettre en doute ce système, c’est s’exposer à une potentielle trahison. Les traitres n’ont pas leur place au sein de l’Ordre. On les poursuit pour les supprimer. Dans un pragmatisme simple et efficace. Dans l’écho de ce corps qui se révolte, il se relève, lui aussi. Regard meurtrier.

- J’ai foi en l’Armée et ce n’est pas ma faute si toi, tu n’as foi en rien.

Ouch. Petit et méchant et pourtant, criant de spontanéité. La langue a fourché dans l’agitation de sa colère. La censure, à temporiser ses mots, a sauté.

- À quoi ça me servirait de remettre en question tout ça ? À part devenir un traître et perdre ce que j’ai de plus cher ?

Et elle ? N’est-elle pas un bien précieux qu’il vient de retrouver ? Celle qui l’a toujours ancré à ses idéaux alors quand il était au plus bas ?

- ÇA N’A RIEN À VOIR !

Ah non. Pour les mots d’amour, on y repassera. Aveuglé par cette partie sombre qui veille en lui depuis des années. La voix montante de Nast’yan provoque en lui un raz-de-marré. Il n’est pas prêt à baisser les armes sur ce terrain, où il estime, qu’elle ne sait rien.

- T’es en train de projeter tes conneries sur moi et ça n’a rien à voir. Toi et moi, on n’a rien en commun. T’es fière là à tuer pour quelques ozilles. Tu parles de traumatismes. Tu veux faire un concours ? Voir lequel de nous deux est le plus défaillant ?

Son poing vient frapper dans un fracas brutal, la table du bar. Rage non contenue. À se demander si c’est le meuble ou le Soldat qui en subit le plus de dégât. Le coup final vient à le secouer quand elle pointe du doigt, sa foi en Hélion. Une remarque qu’il intercepte dans un angle mort, déviant la bienveillance de l’Aimée.

- Tu parles mais tu ne sais rien. Depuis quand une gamine des bas quartiers d’Oceara, qui a passé douze ans dans l’ombre, prétend savoir qui je suis ? Tu ne sais rien, alors ne parle pas.

Il redonne un coup dans le bar, avant de partir récupérer sa veste, mâchoire serrée contenant à moitié ses jurons. Je ne te parle pas de ce que tu es aux yeux du monde. Mais de ce que tu es pour moi. Les mots l’arrêtent. Comme dans la prise soudaine d’une violente bourrasque. Une partie du brouillard se lève. Il se rend compte des atrocités qu’il vient de lui dire. Son regard l’esquive, perdu dans le vide de l’horreur, un moment de lucidité claque finalement dans les airs. Dans le contrôle d’une voix tremblante.

- J’étais simplement venu pour te confier ce que je n’ai fait avec aucun autre. Parce que… Tu comptes.

Est-ce que cet aveu à encore de la valeur après cet incendie ? Non. Rien n'excuse son comportement qui pourtant, fait partie de ce qu'il est vraiment. Un homme coincé dans sa haine. Un homme capable du meilleur, comme du pire. Il souffle. Soupir douloureux qui lui arrache les tripes. Il n’ose à peine regarder derrière lui. Les traces sanglantes d’un combat passé.

@nast'yan lazarys & @seth nielsen

Coups et blessures portés dans une volonté de protection. Et les protections qui sautaient au nom de l'Autre, du besoin d'aider. Du besoin d'apaiser. Nast'yan se faisait avoir à son propre jeu, alors qu'elle ne s'était pas préparée à jouer. Pas avec lui, et surtout, pas contre lui. Pour autant, les coups tombaient et s'en était déjà trop.

Trop parce que la journée avait été diablement longue. Trop parce qu'ils ne devaient pas se faire de mal. La Lazarys connaissait toute la portée de son potentiel, elle se savait toxique, venimeuse dans ses pires heures.. Et pour cela, elle s'était toujours attelée à contrôler son verbe. Pour autant, ses mesures ne suffisaient pas à freiner l'ouragan qui menaçait outrageusement leur relation. Radeau proche de la coulée, tanguant sur les prémices d'un raz de marée, leur histoire prenait l'eau, à une vitesse hallucinante.

Un an pour s'apprivoiser. Douze ans pour s'aimer. Quelques minutes pour se déchirer. Le constat se faisait dans l'esprit de Nast'yan qui regrettait, pendant une fraction de seconde, d'avoir noué ce lien, cette relation qui se retournait contre eux avec une violence sans commune mesure. Personne n'aurait pu l'atteindre comme il le faisait, car même s'il n'avait pas toutes les cartes en main pour la terrasser, il trouvait les mots pour la blesser.

Fissure déjà crée lors d'une soirée mémorable auprès de l'Impératrice, la faille se creusait dans l'esprit furieux de la Métisse. Elle luttait pour ne pas exploser. Elle luttait pour ne pas tout envoyer voler dans un éclat rageur. Mais finalement, les mots de Seth provoquaient le trop plein.

L'Hybride n'était plus que vindicte personnifiée alors qu'elle dardait d'un regard d'eau son Amant. Et tandis que les coups tombaient un à un, elle tenait bon.
Sa résilience à la souffrance s'éveillait, comme un besoin de survie qu'elle n'aurait jamais cru nécessaire face au Nielsen.
Et pourtant.
Pourtant.

Toi, tu n'as foi en rien.
Soit, Nast'yan vivait dans un désenchantement constant, elle en avait conscience. Mais tout avait sa raison. Elle aurait pu se justifier, mais à quoi bon ? Elle connaissait ces mots-là, ceux qui étaient fait pour blesser. Pour toucher. Pour couler.
Alors, au lieu de lui laisser l'occasion de l'abattre, elle rétorquait.

« J'avais foi en une chose jusqu'à là. » S'il n'avait pas été si aveuglé, surement aurait-il pu prédire la suite de son propos. « En toi. »
Oui, parce qu'il avait toujours été son pilier, la base de sa raison. Leur rencontre avait été providentielle selon elle. Pourtant.. Il brisait tout. Il souillait tout. Et dans le fond, ils le faisaient tous, à un moment ou à un autre. Même elle, surtout elle.

« Ne me donne pas tort. Ne donne pas raison à ma désillusion. »
Qu'elle lui demandât finalement, entre la rage et un soupçon de désespoir qui se balayait brutalement dans le souffle de leur affrontement.

Parce qu'eux, ils ne se disputaient pas.
Ils s'affrontaient.

..Et perdre ce que j’ai de plus cher ?
L'amertume succédait au désespoir, s'imprimant dans le regard céruléen de la Métisse qui observait longuement le Soldat. Le .. Soldat. Peut-être que finalement, il n'était plus que cela. Elle, elle s'évertuait à vouloir retrouver l'homme sous le costume rouge, mais peut-être qu'il n'était plus. Qu'il n'existait plus.

De l'amertume au doute, il n'y avait finalement qu'un pas alors qu'elle secouait le visage négativement. Comme pour chasser les ombres à leur tableau, comme pour retarder l'évidence d'une prise de conscience qui s'imposait d'elle-même. « .. Ce que tu as de plus cher ? Vraiment ? » Qu'elle lui demandait en étouffant cette mise en garde cynique qui lui brûlait les lèvres.
Il y avait autre chose qu'il risquait de perdre. Mais peut-être que finalement, ça ne lui était pas aussi cher.
Dans le fond, si elle ne lui crachait pas ces mots-là au visage, c'était pour se préserver, elle, d'une réponse douloureuse.
C'était pour préserver cet espoir vain devenu assassin.

Le premier éclat de voix se faisait consécutivement entendre et Nast'yan y répondait avec la même hargne, en n'hésitant pas à faire face à son Amant. « CA A TOUT A VOIR ! AU CONTRAIRE ! »

Là où la rage demeurait en maitre, il n'y avait plus qu'un amour à l'agonie, finalement. Quelque chose qui se terrait dans les ombres de cette colère qui continuait de gronder, de s'éveiller pour s'étendre majestueusement sur le tempérament de l'Hybride.

L'accusation de projection. C'était un nouveau couteau dans le dos, ou dans le cœur. Nast’yan ne savait plus. Le corps étaient engourdit par le venin colérique qui parcourait ses veines alors qu'elle fulminait face aux paroles crachées qui remettaient en cause son métier, ce qu'elle était et ce qu'elle hésitait à lui dévoiler d'elle.
Son cynisme se félicitait presque de cette réserve alors que la Craintive encaissait coup par coup ce que l'Assumée rêvait de rendre dans un affrontement plus équitable.
Partage des tâches qui déchirait un peu plus la psyché déjà mise à mal de la Lazarys, elle faisait le choix de ne plus retenir ses mots.
Parce que ça ne servait à.. Rien.

« Mais qu'est-ce que t'en sais, Seth ? Après tout, tu ne sais de moi que ce que je veux bien te montrer. Mes conneries, comme tu les appels, tu ne les assumerais pas. Ça foutrait en l'air tes belles petites œillères, et ça, ça ne le ferait pas. » Sarcastique, noire, elle ne retirait pourtant aucune satisfaction de sa verve acide. « Moi au moins, je me suis accomplie par moi-même. Je ne me dévoue pas à une institution qui me bouffe de l'intérieur, qui me change en quelque chose que je ne suis pas. » Elle le pointait de l'index, accusatrice, en continuant sur sa lancée. « Je t'ai connu autrement, Seth. Ta si chère armée t'as bouffé de l'intérieur, je le sais, je le vois. Je ne te demande pas de devenir un traitre, mais de faire preuve d'un minimum de lucidité et de te retrouver. EN QUOI C'EST MAL ?! » Le timbre augmentait brutalement alors qu'elle soufflait sa fureur.

Depuis quand une gamine des bas quartiers d’Oceara, qui a passé douze ans dans l’ombre, prétend savoir qui je suis ?
Une fureur qui explosait alors qu'elle quittait ses godasses pour les prendre en main et balancer l'une d'elle sur le Soldat. Sans ménagement.
Ça n'apaisait pas la rage, ça l'exprimait.
Et c'était déjà ça.

« UNE GAMINE DES BAS QUARTIERS D'OCEARA ?! » C'était trop. L'impulsion prenait le dessus. « Je suis une fille de Haute-Céleste et de LUNARIS.. PAUVRE CON. » La seconde chaussure partait avec ses paroles. « Elle s'est peut-être flinguée mais c'était quand même une putain de Haute-Céleste, alors ne t'avises plus JAMAIS de me traiter de gamine des Bas Quartiers. » .. Ou elle le dégommait. L'idée était là.

La colère ne parvenait pas à s'apaiser alors que son jet de godasses réveillait à retardement les douleurs cumulées.
Ou alors, c'était les souvenirs qui la flinguaient un peu plus, dans un symptôme psychosomatique qu'elle refusait d'assumer. Main qui s'accrochait à l'emplacement de sa blessure devenue fantôme. Elle pestait.

« Je sais que tu es un crétin. » Qu'elle marmonnait irritée, pour contre-carrer sa supposée ignorance.

Parce que… Tu comptes.
Finalement, les armes se baissaient mais les ravages étaient faits. Ils s'imprimaient dans l'esprit de la Lazarys qui ne parvenait pas à s'exalter pour ces mots qu’elle aurait aimé entendre plus tôt. Là, ils lui crevaient le cœur alors qu'elle retenait ce malaise qui la prenait au corps. Ça lui était bien plus insupportable que des blessures physiques et elle détestait cela.

« T'es sûr de ça ? » Qu'elle balançait, finalement à bout de souffle, à bout de tout. Son esprit s'épuisait et n'avait plus envie de batailler alors qu'elle coulait un regard en biais vers la silhouette du Nielsen qui l'évitait soigneusement. Ce réflexe aussi, il ne lui était pas étranger. Il y avait une récurrence dans ses relations, une récurrence dont elle ne parvenait pas à se défaire et qui la brisait de plus en plus. Qui la consumait.
Pourtant, jusqu’à là, elle y avait cru. Elle avait cru que Seth ferait la différence. Que lui, ça ne serait pas que souffrance.  « On m'a dit que quand l'autre comptait, on ne lui faisait pas de mal. C'est un mensonge ? »

L'ultime question tombait.
Comme une maudite main tendue.
Alors qu'elle aurait dû abandonner.

@Seth Nielsen & @Nast'yan Lazarys

Se déchirer. Jamais, au grand jamais, le Soldat et l’Hybride ne se sont enfoncés dans les méandres d'une colère meurtrière. L’homme en rouge a toujours su garder sa maitrise de soi, dans une conscience parfaite du caractère volcanique de l’adolescente prise sous son aile.

Les cruautés s’échappent les unes après les autres, de ses lèvres fines habituées à dessiner ses rares sourires. Cette faiseuse de plaisir est à présent évaporée, sous le simple constat, qu’elle n’est pas d’accord et qu’elle n’embrasse pas la même vision que lui. Vision d’un peuple dangereux, de son point de vue unique. Cloîtré dans ses expériences mauvaises. Il veut l’en épargner car il ne veut pas qu’elle souffre, comme il en souffre toujours.

Nast’yan a toujours eu l’âme rebelle et la perte de son sang froid s’y heurte. Une première déchéance. Si rare auprès d’un Soldat capable de tenir sa patience en laisse. Sauf quand il s’agit des Fae. Sujet au déraillement immédiat.

Elle n’a foi en rien. Une première lancée dans un début de tumulte douloureux. Une erreur grossière. Sa foi, elle ne la place dans aucune divinité. Elle l’a simplement placé en lui. Héros. Ainsi désigné lors de leur rencontre inattendu sur les quais. Un héros, présentement, il n’en a rien. Devenu bourreau malgré lui. Se fondant dans la masse de ceux que l’Amante a cherché à fuir. Il se rabaisse à se tout, en se montrant imparfait et humain.

- Quelle désillusion ?

Parle-t-elle de l’Armée ? De cette vocation qui les sépare tant ? Il ne sait pas et ces affirmations ne lui font aucun sens.

- Pourquoi détestes-tu tant ce que je suis et cette Armée ? C’est parce que je suis un maillon de cette Armée que j’ai pu t'aider douze ans plus tôt.

Là où elle se doit de voir bienveillance et reconnaissante, il n’en saisit qu’un dégoût voilé. Un truc informe qu'il ne se justifie pas.

- Tu parles comme ces Fae qui se font pseudo-persécuter.

Ce regard, ses expressions, son attitude. Elle porte sur elle tout ce mépris qu’ont ces êtres de magie, pour cette faction qu’il représente. Soupir brûlant, exaspération à son summum, elle en revient sur ses mots, sur ce qu’il définit comme étant son bien précieux. Si elle rejette l’Armée, alors elle le rejette lui, et cette pensée le rend fou.

Alors qu’une porte s’ouvre à ce qu’il se corrige, ce tournant crucial pour lui dire qu’elle lui est précieuse et qu’il se refuse à la perdre, il préfère lui crier dessus, en se montrant sous son pire appareil.

La montée virulente de sa voix n’apaise en rien, au contraire, Nast’yan suit le coche. Les esprits échauffés font monter la température de la pièce. Son visage s’exprime sa virulence. Ses traits se durcissent et il se voile d’une ombre monstrueuse.

La rage. Maîtresse de l’agonie d’un amour ? Ou alors, pointe-t-elle du doigt à l'intensité de ce qu'ils se vouent ? Une souffrance qui n’est que la face cachée de sentiments qui les dépassent. Une force dans la destruction comme dans la construction. Il suffit de l’observer, sous le bon angle, et de l’user avec sagesse. Âmes trop jeunes et trop vives, ils s’agitent comme des enfants perdant pied.

- Je ne sais rien de toi, ça c’est clair ! Tu ne veux pas mieux que ces Fae d’Automnes et leurs illusions ou ces Fae d’Été et leurs persuasions. Vos vices sous les doigts.

Et finalement, c’est lui qui projette. De son agresseur à cette amie dont il s’est soudainement retourné. Du jour au lendemain, parce qu’elle est Fae, parce qu’il en a pris peur, peur qu’elle se joue de lui, comme tous ces autres. Un cauchemar si seulement Nast’yan se joue aussi de lui. Si toutes ces années n’ont été basé que sur une manipulation subtile. Mais dans quel but ? L’esprit embrouillé, il mélange tout. L’heure n’est pas à la lucidité.

- Ouais c’est ça ouais. On la connaît tous la carte du : tu as changé, tu n’es plus celui que j’ai connu. J’en ai tellement rien à foutre Nast’yan. Trouve moi, une personne sur cette terre qui n’a pas changé ? Le monde nous forme sous l’expérience. Toi aussi t’as changé. En essayant de te prouver je ne sais quoi.

Discussion sourde, il ne parvient pas à la comprendre. Volonté avortée de tout effort. Il n’y a que sa parole à lui qui compte. Ainsi il fait tomber l’ultime réplique, celle qu’il aurait du taire, réveillant un volcan de révélations. Fille d’une Haute-Celeste. Le puzzle prend forme. Dans l’évocation passée de cette personne. Elle prend enfin les traits de sa mère.

Le choc le court-circuite pendant qu’il se fait assaillir de chaussures. Une, puis deux. Heureusement qu’elle n’a que deux pieds, et qu’ils ne sont pas dans son placard ou … dans sa salle d’armes.

Les injures se lâchent sous les mâchoires plus ou moins serrés de l’un et de l’autre. Un crétin. Voilà à quoi elle le réduit. À son statut d’homme de guerre qui n’est pas un homme de lettres, ni un homme de la haute société. Et elle ? Qu’est-elle à se traîner dans les rues ? À se tapir dans l’ombre pour ôter des vies ? Il se retient. Le bout des lèvres le démange à poursuivre sur le chemin des atrocités.

Non, en réalité il part dans le sens inverse, par un simple électrochoc, qui lui rappelle ce qu’ils sont vraiment. Elle compte. Elle a toujours compté. T'es sûr de ça ? Question légitime. Ses paupières se plissent et il se décide à croiser son regard. L’océan lui brûle les entrailles, bien plus que toutes ces saloperies qu’ils se sont dites. Il a merdé. Royalement.

- C’est la seule chose dont je suis sûr.

L'importance de Nast'yan dans la vie du Soldat est une chose dont il est certain. Malgré toutes les incertitudes environnantes. Les peurs, les craintes, les doutes. Il se serait bien justifier, que si toute cette discussion a pris cette ampleur, c’est par inquiétude démesurée. Mais ce complément ne sert plus à rien. Les faits sont là. Les pots cassés jonchent le sol d’un invisible. L’âme brisée. Les égos les ont dévorés.

- Je n’en sais rien Nast’yan. Tu l’as dis toi même tout à l’heure, le mensonge est partout.

Descente de ce piédestal sur lequel elle l’a injustement placé. Trop de pression à tenir sur ce podium immaculée des défauts des hommes. Perdu, il ne sait pas s’il doit partir ou s’excuser.

@nast'yan lazarys & @seth nielsen

Quelle désillusion ?
Il osait demander. Seth s'arrêtait sur cette idée-là, plutôt que sur le reste, qui semblait infiniment plus important selon la Métisse. Pourtant, il le savait mieux que quiconque, il lui avait balancé au visage avec hargne quelques minutes plus tôt ; Elle ne croyait en rien. Surtout pas en son monde et à ceux qui l'occupaient. Rares étaient les personnes à ne pas l'avoir déçue, à ne pas avoir alimenté sa vision désenchantée de l'existence.
Et dans le malheureux tumulte de leur dispute, Seth ne faisait qu'ajouter un peu plus d'amertume à son existence. Un peu plus de sel à son dépit intérieur.

L'esprit divisé face à la rage qui refluait, le corps endolori par la tension croissante ; La Métisse tenait bon alors que la thérapie par le choc ne laissait finalement que des cendres sur son passage. Du coton dont elle avait été arrachée, elle avait la sensation de se retrouver sur ce pavé qu'elle avait déjà encaissé, deux ans plus tôt.
C'était autrement violent.
Bien assez pour provoquer le désaccord au sein de sa psyché.

L'Assumée se faisait furie en quête d'une vengeance, d'un besoin de faire payer, comme dans un juste retour des choses. La Craintive, elle, s'accrochait à ce qu'ils avaient été jusqu'à là. Sadisme et masochisme qui se rencontraient pour créer une collision sur les nerfs endolori de l'Hybride, elle soufflait alors que son teint commençait sensiblement à perdre sa coloration.

« Rien, laisse tomber. Tu ne comprendrais pas. » Qu'elle lançait, dans un ras le bol agacé. Il ne pouvait comprendre sa désillusion, parce qu'il s'habillait d'œillères qui l'en empêchaient.

« Je ne déteste rien. Je t'apporte une autre vision des choses que tu n'es pas capable d'accepter, nuance. » Les sourcils se fronçaient alors qu'elle reprenait, sur sa lancée. « Je t'ai laissé m'aider pour l'homme que tu étais, pas pour le soldat que tu incarnais. Tu te planques derrière un costume, c'est réducteur. »
Dans la colère, il y avait une infinie lassitude alors qu'elle soupirait en sentant ses forces se délier peu à peu. Pour autant, elle tenait la distance avec une résilience remarquable. « Si seulement tu te voyais comme je t'ai toujours vu.. » Qu'elle soufflait, l'amertume au bord des lèvres.

Nast'yan le savait ; Les mots du Soldat lui faisaient mal et pour autant, elle ne pouvait s'empêcher de l'aimer. Ça la désespérait alors qu'elle tentait de s'échapper à cette fatalité, éprise d'un pessimisme qui se sublimait en entendant l'accusation tout en mépris de son Amant.

Tu parles comme ces Fae qui se font pseudo-persécuter.
Son regard lessivé se reportait sur le sien tandis qu'elle accusait le coup au profit d'un silence blessé.
Pour la moitié qu'elle était, elle appartenait à la caste peu prisée des persécutés. Elle le savait, elle en avait conscience. Et l'armée qu'aimait tant le Nielsen, participait à sa traque silencieuse.
Combien de personnes avait-elle tué pour préserver son secret ? Combien de fois avait-elle eu peur que ses ténèbres ne dérapent et ne la trahissent ? Il ne le savait pas, lui. Il ne savait rien.
Il ignorait qu'elle s'était toujours assurée de ne jamais partager une nuit complète avec un amant pour ne pas avoir à se réveiller dans ses illusions le matin.
Il ne savait rien d'elle.. C’était un fait avéré. Il ignorait tout de celle qu’elle était devenue en deux ans de temps. Et Seth était en accord avec cette idée.
Involontairement, il abondait dans le sens de ses pensées.

..Vos vices sous les doigts.
Pendant quelques cruelles secondes, la Lazarys avait la sensation qu'il savait. Consciemment ou inconsciemment. Il avait compris, à force de parallèle, à force d'allusion, à force de déroute.

Dans la folie de l'instant, elle n'avait pas envie de démentir. Parce qu'elle n'avait pas envie de mentir.
Parce que ça ne leur ressemblait pas.. Ce n’était pas eux.
Du moins, elle aimait à le croire.

Une part de la Métisse avait besoin, également, qu'il la comprenne ; Peut-être pour l'accepter, peut-être pour partager. Pour autant, la peur du rejet lui revenait en plein visage face à l'amer racisme du Soldat.

Entre deux idées, deux volontés contraire, deux Elle ; la Lazarys s'éprouvait un peu plus. Elle n'avait plus envie de se battre, pas contre lui.
C'était surement la pire chose qui pouvait lui arriver, une fois la journée passée.

« .. Si tu n'en as rien à foutre, qu'est-ce que je peux y faire ? » Elle s'écartait, reculait de quelques pas avec une lenteur calculée, comme pour creuser la distance alors que son visage signait à la négative. Par leurs colères, ils s’étaient éloignés ; Par les corps, elle l’illustrait. « Il y a une nuance entre changer et évoluer. »

Ses mots réajustaient sans conviction sa pensée, leur échange alors que tout ça, faisait suite à ses sordides révélations.
L'électrochoc arrivait trop tard, ou de manière malheureuse alors qu'elle voyait Seth baisser les armes.
En d'autres circonstances, elle serait peut-être allée dans la surenchère, mais en cet instant, elle n'y arrivait pas. Son regard posé sur le sien trahissait les dégâts métaphoriques de leurs éclats de voix.

Elle doutait. De tout.
Et surtout de cet attachement qu'il clamait.
Pourtant, il en était sûr. Et elle ne lui répondait rien.
Elle n’y arrivait pas.

Teint devenu définitivement pâle, à la limite du livide, sa main s'accrochait à l'épicentre de sa douleur. Nast’yan hésitait un instant, incertaine, embrouillée par ses sensations qui prenaient le dessus, au détriment de sa pensée.

« Normalement.. Pas nous. » Qu'elle bafouillait finalement avec une difficulté qu'elle identifiait, qui lui échappait. Alors, la Lazarys se détournait en direction de sa chambre en trainant un peu. Quelques mots s’échappaient, vaguement, pas franchement compréhensibles, au sujet de mensonges, de protection, d’eux et puis.. Finalement, elle achevait le tout avec un.. « ..Soirée, Seth. »
Oui, oui, bonne soirée.
C'était une certitude, là, il allait passer une bonne soirée. Une excellente soirée.
Ou pas.

@Seth Nielsen & @Nast'yan Lazarys