the journey begins (s/e).

the journey begins
@siora alanis

Il y a ces paysages dont on ne se lasse pas.
Là où les crépitements animent son quotidien, c’est le chant des oiseaux qui l’accueille aux portes de Valréal. L’immensité verte n’a de limite que la forêt d’Emeraude et en son sommet le ciel cérulé. Le tableau est si différent, et elle a beau y avoir mis les pieds un bon nombre de fois que ses yeux ne semblent s’habituer à pareil spectacle. Elle n’est peut-être pas de ceux qui s’enthousiasme si facilement, pourtant les terres fleuries ne peuvent que lui inspirer un sentiment de bien être et de sérénité. Ce dont elle manque parfois, et qu’elle ne rechigne pas à recevoir de temps en temps. Seul le brasier qui émane de sa forge ne saurait lui procurer tel équilibre.

Elle regrette presque de ne pas avoir fait tout le chemin avec Embayr, son fidèle équidé. Elle aurait d’autant plus apprécié le décor mais son passage à Valréal n’étant qu’éphémère, il était plus simple pour elle d’user de transports plus dans l’air du temps. Sortie de ses pensées après avoir enrichie ses yeux de belles choses, Erzah opte malgré tout pour continuer le chemin à pieds jusqu’à destination. Un sac dans les mains, la brune se fraye un passage parmi les badauds qui paraissent bien agités. L’oreille attentive, et l’œillade curieuse, la forgeronne joue des talons et des coudes pour observer ce qui rend la circulation si difficile soudainement. A quelques mètres de là elle entend des voix s’élever et péniblement, Erzah arrive enfin à prendre note de la situation. Une calèche remplie de produits frais est renversée au beau milieu de l’artère empêchant tout trafic. Le propriétaire des biens – qui ne trouveront sans doute plus preneurs – s’emporte contre un autre homme qui agite des bras en lui répondant sur un ton désinvolte. Elle n’arrive pas tout à fait à en saisir l’échange, seuls quelques mots lui font comprendre que si personne n’intervient, ce ne sont plus les injures qui fuseront dans quelques minutes. D’un sourire brièvement amusé qu’elle esquisse du coin des lèvres, la jeune femme s’éloigne finalement en donnant quelques coups de coude pour se sortir de cet amas de racontars.

Le souffle court, elle franchit les derniers mètres en pressant le pas en direction du lieu où elle était attendue. Sous un soleil qui s’élève au plus haut, Erzah passe une petite porte qui donne sur une cour extérieure. — Excuse-moi du retard, des idiots bloquaient l’avenue un peu plus bas, qu’elle lance à l’attention de Siora qui est déjà là, évidemment. — J’espère ne pas avoir loupé un combat de rue, plaisante-t-elle en déposant son sac avant de ravaler sa légèreté. Elle ne sait jamais vraiment sur quel pied danser avec Siora, ce qui n’entache visiblement pas sa bonne humeur et son désir de passer du temps avec la rouge. — Ça fait un petit moment depuis la dernière fois, tout va bien ? les banalités n’ont pas toujours leurs places entre elles, peut-être est-ce une manœuvre pas tout à fait discrète de retarder davantage le moment où elle se ridiculisera.

THE JOURNEY BEGINS
@erzah nazaros & siora alanis

La matinée était déjà bien entamée et la brune était levée depuis les aurores. Elle s'était entraînée, comme à son habitude. Chaque matin la même routine, chaque matin des exercices différents, mais elle ne pouvait se résoudre à s'y soustraire. C'était le seul moyen qu'elle avait trouvé pour évacuer la rancoeur, l'éloigner le temps d'une journée supplémentaire. Le temps d'affronter la journée qui arrivait. Une douche et un petit déjeuner rapides suivaient cet entrainement et elle était prête. Aujourd'hui, pourtant, elle était de repos. Pas de patrouilles, pas de mission. Elle avait la journée devant elle et, bizarrement, elle avait toujours du mal à se trouver des occupations, autres que celles en rapport avec l'Armée. Elle avait parfois du mal à décrocher, parfois du mal à être elle, sans être un soldat. Il faut dire qu'être soldat prenait une grande partie de son temps, occupait une part importante de sa vie.

Aujourd'hui pourtant, elle avait trouvé une autre activité.. Presque. Erzah passait en ville et devait la rejoindre pour une petite séance d'entrainement. Bon, d'accord, elle allait s'entrainer, encore. Mais surtout entrainer Erzah.. C'était légèrement différent, non ? Un sourire triste passa sur le visage de la jeune femme. La voie qu'elle avait emprunté aurait dû être libératrice, mais elle ne l'était pas, finalement, enfermée dans cette vie dont elle ne pourrait certainement jamais se défaire, même si elle le voulait. Un soupir et elle se leva du muret sur lequel elle avait prit place. La porte venait de s'ouvrir et elle découvrit son.. Amie ? Il était toujours difficile pour elle de considérer quelqu'un comme tel, et à part Elvira, peu de personnes pouvaient se targuer d'être son ami. Pourtant, elle appréciait réellement Erzah, depuis deux ans qu'elles se connaissaient, elle n'avait jamais décelé une once de traitrise ou de fourberie de sa part.. Pourtant, elle avait du mal à la qualifier d'amie. Elle le souhaitait, mais comment savoir ? Comment être sûre ?

Le coeur enserré par ce sentiment de solitude, elle s'avança vers Erzah, laissant un sourire fugace passer sur son visage, brisant le masque quelques instants, comme salut. Elle était douée pour ça. Pour les masques. « Excuse-moi du retard, des idiots bloquaient l’avenue un peu plus bas.. » Elle n'était pas en retard, pas vraiment. Cela faisait à peine quelques minutes qu'elle l'attendait. « J’espère ne pas avoir loupé un combat de rue. » Le ton était léger, détendu. Siora n'aurait pas parié sur elle lors d'un combat de rue ! Et c'était justement le but de sa visite à Valréal. « Je n'aurais pas parié sur toi ! » Le ton se voulait léger, il était un peu dur encore. Elle était rouillée, ce n'était pas un ton qu'elle employait si souvent. Elle se racla la gorge, comme pour se redonner contenance. « Ça fait un petit moment depuis la dernière fois, tout va bien ? » Ces banalités lui offrirent une échappatoire qu'elle saisit avec soulagement. C'était vrai, elles ne s'étaient pas vues depuis de longues semaines. « La routine, rien de particulier à signaler. » Elle parlait comme un soldat, elle s'en rendit compte dès sa phrase achevée. « Ça va, dans l'ensemble.. Et toi ? La forge marche toujours aussi bien ? » Plus le temps passait, et plus elle se surprenait à se laisser aller à ce genre de banalités avec la jeune femme. Pourtant, elle savait faire. Mettez la dans l'une des soirées données à la demeure Alanis et elle vous proposera une parfaite conversation, avec ce masque d'amabilité parfaite sur le visage.. Mais elle ne voulait plus de ça. Elle ne voulait pas être fausse avec Erzah, même si parfois elle pouvait se montrer maladroite.

« Tu es prête à commencer ? On va s'échauffer rapidement pour que tu ne te blesses pas et on y va. » Elle lui montra quelques geste rapides et simples pour l'échauffement. Quelques minutes plus tard, elle se plaça face à la forgeronne. Elle se souvenait encore des circonstances de leur rencontre et saluait les efforts de la jeune femme pour apprendre à se défendre seule. « Tu vas m'attaquer et je vais te montrer comment utiliser le poids de l'autre contre lui.. Vas-y, et surtout n'hésite pas ! » Le visage de Siora était concentré, aucune émotions de ne se lisaient sur son visage. Elle savait qu'elle n'aurait pas de grandes difficultés à gérer l'attaque qui se préparait, mais c'était plus fort qu'elle.

the journey begins
@siora alanis

Elle apparait confiante Erzah, perchée sur ses longues jambes, son dos bien droit, prête à en découdre. Seul son sourire veut bien trahir sa légèreté face à la situation qui ne tardera pas à poindre. — Outch, la main posée sur le cœur comme si elle venait de recevoir le coup de grâce tant redouté, tu sais motiver les troupes, les mots glissés sur ses lippes étirées. Elle taquine un peu, de son naturel avenant. Consciente qu’elle doit alors beaucoup à Siora, qui prend de son temps libre pour le lui consacrer sans forcément demander quoique ce soit en retour. C’est rare, contrairement à ce que l’on pourrait croire. Nouer une amitié dans ce monde où tout n’est qu’ombre et jeu, accorder sa confiance n’est pas mince affaire à moins d’aimer prendre des risques ou de faire encore partie de ces âmes idéalistes. Dans quel camp la forgeronne s’associe-t-elle le plus ? Sans perdre de vue les enjeux, elle ne peut s’empêcher de se laisser aller à quelques espoirs. Tout n’est pas que corruption, pas vrai ? Qu’importe, Erzah ne veut pas finir comme son oncle, dont les affinités ne servent que ses propres intérêts. Un marionnettiste qui s’amuse de ses pantins. — C’est une bonne nouvelle, la vie semble y être plus paisible par ici, qu’elle fait remarquer (en dehors de l’altercation dont elle a été témoin plus tôt évidemment). Elle n’est jamais restée à Valréal assez longtemps pour bien s’imprégner des lieux et de son atmosphère. Seule sa première impression semble lui laisser un arrière-goût agréable. Et lorsque l’on vient d’Ashmeria, on note très facilement les différences. — La forge tourne tous les jours en ce moment, et je fais tout pour que ça continue, visage qui s’illumine, la seule et unique chose qui la rend réellement heureuse ; impossible de le cacher. Au-delà d’être une activité qui lui permet de vivre, c’est avant tout une passion, un objectif de vie. Les années l’ont rendu plus déterminée, plus sûre d’elle malgré les doutes qui persistent. Elle ne lâchera rien.

Rapidement en place, Erzah acquiesce du chef et imite Siora dans ses gestes comme si elle n’était qu’un reflet dans un miroir. Les échanges amicaux laissent place à deux visages placides. L’aura qui se dégage de Siora est telle que la forgeronne éprouve une certaine admiration. — Très bien, souffle-t-elle, les pieds ancrés dans le sol poussiéreux. L’œillade se fait insistante sur certaines parties du corps de la rouge, les yeux froncés et le regard dénué d’émotion. Erzah finit par se lancer, mettant en pratique une des prises déjà maitrisées pour se jouer de Siora et retourner contre elle l’avantage qu’elle pensait avoir en utilisant ses jambes. Jouant de son poids pour déstabiliser sa cible, c’est pourtant avec aisance que Siora inverse la situation. La brune se débat et réussit tant bien que mal à s’en libérer mais au lieu d’attendre que son adversaire puisse profiter des quelques secondes de répit, Erzah en profite pour déséquilibrer la rouge et la faire basculer. — J’ai bien cru que t’allais m’avoir encore une fois, qu’elle lance en se détachant de Siora. Légèrement essoufflée par cet échange, les mains posées sur ses hanches. — Tu t’entraines depuis longtemps ? Deux ans qu’elles se connaissent et pourtant Erzah ne connait presque rien de la jeune femme. Elle n’est pas sans avoir remarqué que ce n’est pas du genre de Siora de se laisser tenter par des conversations futiles et la forgeronne n’y a jamais vu là un souci mais il lui parait naturel d’être curieuse après tant de temps. — J’ignore comment on fait les choses dans l’armée rouge mais je compte sur toi pour ne pas me ménager, elle n’a certainement pas besoin de le lui rappeler mais elle éprouve le besoin de le mentionner, je veux pouvoir affronter n’importe quelle situation. Son regard sombre animé d’une flamme propre à ceux qui ont dû surmonter des obstacles, et qui n’attendent qu’une chose : rendre les coups.

THE JOURNEY BEGINS
@erzah nazaros & siora alanis

« C’est une bonne nouvelle, la vie semble y être plus paisible par ici. » Oui et non. La ville est reposante, calme de prime abord. L'abondance de la verdure y fait pour beaucoup. Peut-être est-ce ce qui apaise les esprits ? Siora ne saurait le dire. Elle sait que Valréal a cet effet sur elle, en tout cas, un effet reposant, paisible. Mais ce n'est qu'une illusion, finalement.. Car, en ces temps incertains, les esprits s'échauffent vite, le ton monte, les altercations sont plus courantes qu'on ne le voudrait. Et puis la ville n'est pas exempte des tentions entre les humains et les fae. C'est la réalité d'aujourd'hui, un quotidien que l'on ne peut que subir. Même si Siora, elle, ne le subit pas.. Elle l'applique. Tous les jours. Chaque patrouille, chaque fois qu'elle porte cet uniforme, elle alimente ces tensions. « La forge tourne tous les jours en ce moment, et je fais tout pour que ça continue. » Les paroles de la forgeronne la ramènent au moment présent. La soldate remarque le sourire qui illumine les traits de la demoiselle, presque envieuse que son activité lui apporte autant de joie. Elle, elle ne sait plus quoi penser de ce qu'elle fait.

L'échauffement terminé, Siora attend fermement qu'Erzah se jette sur elle.. Elle n'attend pas longtemps car la brune attaque directement. La soldate parvient assez facilement à retourner la prise de son amie contre elle. Elle la maintient quelques secondes à peine et la relâche pour se détourner et se remettre en position.. Seulement, Erzah ne semble pas l'entendre de cette oreille et la fauche par surprise. Lorsqu'elle se retrouve à son tour à terre, elle sait que son adversaire peut lire la surprise sur ses traits d'habitude si maitrisés. « J’ai bien cru que t’allais m’avoir encore une fois. » Oui. Erzah est devenue son adversaire le temps de cet entrainement, c'est désormais indéniable. La rouge est assez surprise, positivement surprise, par la détermination de celle qu'elle pensait si douce.

Se remettant rapidement sur ses pieds, elle répond à la question que vient de lui poser la demoiselle. « Plusieurs fois par semaine.. Souvent le matin, très tôt, quand la ville est encore calme.. » Elle reste pensive une seconde. Elle adore ces moments, quand elle n'entend pas un bruit à par les coups qu'elle donne. Lorsque le silence est roi et qu'elle peut purger cette colère qu'elle ressent au plus profond d'elle. Ce sont les seuls moments où elle peut presque se sentir paisible. « J’ignore comment on fait les choses dans l’armée rouge mais je compte sur toi pour ne pas me ménager, je veux pouvoir affronter n’importe quelle situation. » La rouge hoche la tête. Après le coup qu'elle lui avait fait, c'était bel et bien ce qui était prévu ! A peine Erzah s'est-elle replacée que Siora attaque : elle balance son pied pour tenter de toucher ses côtes pour ensuite se rapprocher rapidement et enchainer avec un crochet du droit. Au fond, elle est curieuse de voir comment la forgeronne va gérer cet entrainement.

Echec des deux actions.

the journey begins
@siora alanis

Petite fille frêle un brin naïve avant que la douceur du monde ne lui échappe, et qu’elle ne soit rattrapée par la dureté de cette vie. Sa jeunesse est le point de départ de toute cette hargne qu’elle a longtemps cherché à enfouir au plus profond d’elle-même. Elle s’est persuadée que rien ne pourrait changer, qu’à elle seule la bataille était perdue d’avance. Ce manque cruel de confiance en elle l’a aveuglé des années durant, soumise aux actions de son oncle. Jusqu’à ce que, progressivement, elle ne l’a plus supporté. Ce reflet qui projetait tout ce qu’elle se refusait d’être, et qui à force n’attisait que du mépris. Du dédain envers sa propre personne, pour avoir été celle qui a laissé faire les choses. Complice du malheur des autres pour ne pas avoir à subir les mêmes horreurs, à différents niveaux.

Le changement ne s’est pas opéré du jour au lendemain, il a été long et fastidieux mais enfin, aujourd’hui, Erzah sent qu’elle évolue dans le bon sens. Les raisons sont variées, et si elle le doit à certaines personnes, c’est avant tout envers elle-même qu’elle désire ressentir de la gratitude.
Siora a son rôle à jouer dans cette quête qu’Erzah s’est lancée. Une promesse susurrée à ses propres oreilles, une détermination qui sera difficile à ébranler à mesure qu’elle progresse. Et cela passe par se sentir capable d’assurer ses arrières. Elle veut, à terme, être l’alliée dont elle a toujours eu besoin.
Au-delà des brigands, des lourds et autres parasites qui croisent et croiseront son chemin ; être à l’aise avec ses poings et en ces capacités représentent bien plus pour la forgeronne qu’un peu de technique afin de ne plus être emmerdée. C’est pourquoi, malgré un sourire et l’humour, Erzah prend le service que lui rend Siora avec beaucoup de sérieux. Et elle ne veut pas la décevoir, elle ne veut pas lui donner l’impression de perdre son temps.

Alors elle met en pratique ce que la rouge lui a appris jusqu’à présent, sans se soucier du reste. Résolue cette fois à ne pas flancher, elle fait un pas en arrière en voyant Siora foncer sur elle et en veillant à ne pas perdre l’équilibre dans son élan, elle esquive le second coup. Si d’ordinaire un rictus se serait affiché, le visage d’Erzah demeure impassible, concentré. Sans perdre une seconde et ainsi garder l’avantage, elle en profite pour contre-attaquer en lui donnant un coup de poing dans le ventre. La poussière vole sous leurs pas, la sueur perle sur son visage quand finalement elle attrape le bras de Siora qu’elle cherche à plaquer dans son dos dans le but de la maitriser. Gourmande, peut-être un peu trop, et dans la précipitation de son geste, Erzah n’arrive pas à la maintenir en place et sent son emprise lui faire défaut.

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