operation 01 : agree with each other - thalastar

19 avélie 1073, @Thalia Merysen et @Alastar Llewellyn

C'est qu'il y avait derrière ces murs de pierres, des énigmes meurtrières, des arcanes secrètes et inqualifiables. C'est que pendant longtemps, Reina avait tenté de creuser la piste des disparitions inexpliquées d'enfants de l'orphelinat de la ville. C'est que les lippes restaient scellées, que les syntagmes articulés n'étaient que vagues et inaccessibles. Il y avait derrière ces carcasses d'enfants, de fades sourires maussades, attristés. La vivacité propre à la marmaille, Reina n'en avait jamais été témoin, ici, et quand elle osait interroger les orphelins qu'elle avait pu croiser, les discours étaient décousus, parfois muets et seules les prunelles si peu flamboyantes lui parlaient. Il y avait de la peine mélangée à de la crainte, de la peur emmêlée à un pessimisme que personne ne comprenait, pas même eux. Il y avait des rumeurs qu'ils ne mentionnaient pas mais dont ils avaient pleinement conscience, préféraient ne pas les nommer, méfiants et terrifiés à l'idée qu'elles se réalisent. Les bras croisés et le dos contre la façade de l'armurerie qu'elle venait de quitter les bourgeons émerveillés, elle lorgnait curieusement la bâtisse, questions bêchant l'esprit et n'amenant réponses commodes. Elle avait la moue dépeinte sur le faciès, la réflexion dans les traits. Si ça ne tenait qu'à elle, elle se serait criminellement infiltrée dans les lieux surveillés lorsque la pénombre aurait resserré son étreinte sur le bourg. Malheureusement, ou heureusement - elle ne s'était pas encore décidée sur l'impression qu'elle devait en retirer, elle était dépendante d'autres deux lascars, compagnons de fortune aux objectifs presque équivalents d'après les intentions énoncées. Néanmoins, confiance croulante pour ces deux-là qu'elle ne connaissait que depuis trop peu pour pleinement accorder convictions et certitudes aux dires qui pouvaient être bavardages baratins. La tunique des corbeaux accrochée aux épaules, elle tira sa capuche afin de se protéger des quelques gouttes de pluie qui s'écrasaient doucement, crachin désagréable et déplaisant qui l'obligea à chercher refuge sous un toit.

Arrivée à côté de la maisonnée d'Alastar, l'intérieur semblait vide. Ni lumière, pas même de sons en provenance des quatre murs, il devait encore être à son poste à l'orphelinat et ne tarderait pas à arriver. Quant à Thalia, Reina n'avait pas la moindre idée de sa localisation et, en toute honnêteté, réservait davantage de son scepticisme pour la jeune femme que pour le surveillant. C'est qu'elle avait cette aura qu'elle ne savait déchiffrer, cette part d'obscurité, de réticences et de prudences qu'elle ne pouvait illustrer, et ça, ça l'inquiétait plus que ça ne la mettait en confiance. « Bon, il ne m'en voudra pas d'vouloir rester au chaud. » La paume se faufila dans la besogne accrochée à sa taille, en sortit furtivement quelques fins outils qu'elle approcha de la serrure. Il ne fallut qu'une poignée de secondes pour qu'un clic se fasse entendre et qu'il y ait un léger entrebâillement qui lui permit de s'introduire ni vu, ni connu, dans une demeure qui n'était pas sienne mais qui le devint qu'elle prit ses aises. Semelles essuyées sur le paillasson qui servait de serpillère pour godasses boueuses, elle garda sur le dos son caban de corbacs qu'elle ne quittait que trop peu lors de longs voyages et referma derrière elle. Les petons l'amenèrent à une chaise placée dans un coin de la pièce sur laquelle elle s'installa, elle s'étira à en faire craquer les épaules et la nuque avant de lorgner l'endroit, repérant entrées, sorties, fenêtres. Car elle n'était jamais trop prudente et que, quand bien même ils partageaient les mêmes aspirations vis-à-vis de Skorraholt, il était évident qu'elle ne pouvait savoir dans quelle situation elle s'embarquait réellement et qu'elle devrait peut-être sortir poings ou autres tranchants en cas de désaccords, ou trahisons.

discord amongst strangers

@reina & @thalia & @alastar

La journée passe lentement, comme si le temps était figé. Peut-être ton esprit te dicte-t-il le temps comme arrêté alors que ce n’est pas le cas. Ton cerveau est rempli de million de choses et au fur et à mesure que les heures passent les idées se bousculent dans ta tête. Ta mission est claire. Tu devras, dans un court moment, d’ici quelques jours, te débarrasser d’orphelins. Tu es habitué à la besogne. En revanche, se débarrasser d’orphelins est au-dessus de tes forces. Alors un plan s’est fomenté pour sauver ces malheureux. Et à trois vous êtes désormais prêts à agir, pour le bien de ces enfants qui méritent autre chose que de la souffrance. La journée est presque terminée, pour toi. Les orphelins eux resteront dans cet endroit sinistre, accrochés à leurs couvertures, au fond de leurs lits. Toi tu peux rentrer chez toi et vivre une vie sommaire mais plaisante. Et au moment de partir tu sens ce pincement au cœur qui t’anime à chaque fin de journée. Tu n’aimes pas réellement quitter ces enfants. Malgré certains moments difficiles, ils sont, pour la plupart, innocents et fragiles. Tu te sens comme investi d’une mission de protection envers ces enfants qui n’ont pas demandé à se retrouver dan cet endroit. Pourtant ta mission t’a été donnée et il est certain qu’on veut se débarrasser de certains d’entre eux. Tu n’as pas demandé les spécificités. Par choix mais aussi probablement parce que l’on ne t’aurait pas indiqué quoi que ce soit.
Au moment de partir, un dernier orphelin te regarde avec un sourire et tu lui renvoies son sourire. Comme un au revoir, jusqu’au lendemain. Tu te décides à tourner la tête et ne plus regarder derrière toi. Le chemin vers ton logis est rapide et tu ne mets pas plus de quelques minutes à arriver devant ta porte. Pendant un instant, tu ne remarques pas de problème. Puis tes sens sont aux aguets. La porte ne semble plus verrouillée. Tu dois retrouver tes deux acolytes devant ta parte, pas à l’intérieur. Il est possible qu’une personne mal intentionnée se soit introduite à l’intérieur. Tu ouvres la porte doucement, comme pour ne pas déranger un fantôme. Ton premier réflexe est de faire agir tes lames fantômes, qui apparaissent rapidement au bout de chacun de tes bras. Tu rentres doucement, tes pas silencieux, comme tu en as l’habitude. Le mur séparant l’entrée du reste du logis te cache désormais. Puis tu te tentes à voir ce qui se trame. Elle se trouve là, seule, sur une chaise, et ton anxiété se relâche.
‘- Tu sais, rentrer chez quelqu’un sans prévenir est très malpoli’, commences-tu, avec un sourire, afin qu’elle te repère. Tu t’avances rapidement. Tes lames fantômes reprennent leur place originelle. ‘- La prochaine fois évite de trafiquer ma porte.’ Ta voix est beaucoup moins chaleureuse désormais. Les surprises de ce genre ne sont pas à ton goût. Elle est entrée dans ton domaine et désormais elle est assise, comme si elle se trouvait chez elle. Un soupçon d’agacement doit se lire dans tes yeux.
‘- Notre complice n’est pas encore arrivée ?’, demandes-tu, impatient. Il semble évident qu’elle ne se trouve pas là. Mais où est-elle ? L’heure de rendez-vous semble dépassée. Tu avais presque l’impression d’être en retard. Tu te diriges sans un mot vers le petit comptoir à gauche de la pièce. Une bouteille d’eau se trouve à ta gauche. Tu l’empoignes et l’ouvre avant de boire son contenu très rapidement. ‘- Peut-être as-tu soif ? Je dois bien avoir quelque chose à te proposer si tu le souhaites.’ Tu n’as pas réellement d’intérêt à le faire se sentir comme chez elle, mais tes manières reprennent le dessus très rapidement. Vous êtes ici pour un moment. Autant rendre la chose agréable.

(c) valruna.

Agree with each other

@Reina Kozura & @Alastar Llewellyn & @Thalia Merysen

Elle n’avait pas vu l’heure passée. Encore. Thalia se sentait un peu plus fatiguée en ce moment. Peut-être était-ce cette importante commande de gâteaux pour un mariage qui en était la fautive ? Ou bien ces derniers entraînements de magie. Elle n’en savait rien mais la notion du temps lui faisait à nouveau défaut, comme lorsqu’elle ne maîtrisait que très peu ses pouvoirs. Elle devait se reprendre, et vite. Elle n’avait pas le luxe de pouvoir se laisser aller au regard de la montagne de boulot qui l’attendait. Mais au fond, une vie à cent à l’heure lui allait très bien. La jeune femme avait besoin de se sentir utile. C’était même plus qu’un besoin, c’était viscérale chez elle. Le besoin de justice se manifestait intensément chez elle, peut être un héritage de son père. Elle n’en savait rien.

L’heure du rendez-vous était passée d’une dizaine de minutes lorsqu’elle parvint dans la rue d’Alastar. Elle avait récolté des informations à droite et à gauche sur lui avant de l’approcher et de lui proposer un marché. Elle savait qu’il ne lui faisait pas confiance et la réciproque était vraie. Mais elle avait besoin de lui pour sauver les enfants de l’orphelinat. Ils ne seraient pas nombreux à échapper au sort funeste que l’orphelinat leur réservait, mais le peu qu’ils pourraient sauver, serait une victoire. Puis Reina s’était greffée à leur groupe. Thalia ne cachait pas son agacement de voir la Corbac intégrer le groupe de sauvetage qu’ils formaient. Elle craignait que cette dernière ne fouille sur elle, découvre qu’elle faisait partie du Collectif, ou pire qu’elle était une hybride. Pour autant, elle était pragmatique. Les compétences de celle-ci pourraient s’avérer utile dans le cas où tout cela tournait mal. A moins qu’elle ne se révèlent être l’auteur du carnage. Ses intentions restaient encore à éclaircir et Thalia comptait bien rester sur ses gardes. Sa main vint se placer discrètement à sa ceinture, sous l’épaisse couche de vêtement qu’elle avait revêtu, vérifiant qu’elle n’avait pas oublié sa lame. Rassurée par sa présence, elle s’approcha de la maison d’Alastar et elle put distinguer un léger mouvement à travers l’une des fenêtres de la bâtisse. Thalia jeta un dernier regard autour d’elle, vérifiant pour la énième fois qu’elle n’était pas suivie, réflexe inculqué lors de son entrée dans le Collectif.

Elle se présenta face à la porte et donna quelques coups discrets. La porte s’ouvrit finalement au bout de quelques secondes et Thalia ne se fit pas prier pour rentrer. « Désolée pour le retard. », fit-elle simplement, sans se justifier sur ce dernier. Son regard analysa rapidement l’antre du jeune homme, mémorisant notamment l’emplacement des fenêtres. Les réflexes d’une hybride en fuite lui collaient à la peau et elle n’était jamais parvenue à se défaire de ces derniers depuis ces quelques mois passés dans la rue. Ses yeux se posèrent sur Reina. Elle lui adressa un léger sourire, poli et réservé. Elle n’était pas du genre hypocrite, simplement, lorsqu’elle était en mission, Thalia savait donner le change. Du moins, tant que Reina ne la provoquait pas. Posant son épais manteau dans un coin de la pièce, elle se tourna devant ses deux compagnons de galère. « On commence ? », demanda-t-elle en regardant Alastar puis Reina. Elle n’aimait pas que les choses trainent en longueur.

(c) valruna.