you're like red lyrium

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@VICTORIA VALOIS

Nuit cruelle. S’écoulant dans l’insomnie. Cauchemar intense écourte brusquement le repos réparateur dont il a besoin. Le lendemain ne se montre pas plus clément, ni celui d'après, ainsi va sa boucle infernale.

Son regard se teinte de marques sombres, d’un ébène bleuté qui maquille ses traits, le visage creusé par le manque d’une narcose naturelle.

Un nom passe comme une rumeur qui se propage. Valois est en ville. Chargé d’Astragan, dans le remplacement de son capitaine, il est devenu le point culminant des nouvelles locales. Malheureuse nouvelle pour la douce Victoria, sa bête noire depuis des années.

Petit matin, le jour éclaire lentement la scène citadine. L’air est frais, le parfum est au printemps naissant. Dans une minutie obsessionnelle, Seth obtient ce dont il a besoin. Une rue, une heure. Bientôt, elle sera prise dans ses filets.
Sans plus attendre, il quitte son bureau pour se rendre à Rosebank. Quartier marchand, d’ordinaire grouillant de monde, mais l’heure est trop tôt pour que l’artère commerciale s’active.

Le corps fuselé se dessine à l’horizon, beauté à couper le souffle, mais il n'est pas dupe, persuadé que sa nature de fae lance des charmes pour obtenir ce qu'elle veut et s’échapper du désagréable grâce à ce beau minois. Coeur de pierre, Seth n’est pas facile à attendrir. Reconnu pour ses méthodes bestiales et dénuées d’humanisme. À quoi bon en faire preuve pour ces créatures maléfiques ? Elles ne sont humaines que d’apparence.

Suffisamment proche de lui, dans son air nonchalant, il lui bloque la route de par sa carrure imposante. Langue claquante sur le palais. Bruit sec. Presque agaçant. Il capte son regard.

- Papiers d’identité et autorisation de territoire, s’il vous plaît.

L'impatience taquine, il tend la main dans l'attente d'une réception. Là n’est que le prétexte d’une mise en scène pour l’interpeler et il la dirige vers un passage à l’abri des regards et oreilles indiscrètes.
La haine s'anime et gronde dans ses entrailles. Elle pulsionne vivement dans ce corps qui se contient de ressentir, ou plutôt d'exploser. Ses traits sont fermés et son visage intransigeant.

- N’essaye pas de me la faire à l’envers, sinon je vais m'énerver.

Mots à demi-murmurés, il fuit son regard, fixant vaguement le vide, dans l’attente d’avoir les certificats demandés.
Seth n’est pas dans son état normal, en manque de lyrium, agissant sous la rage de la retrouver, parce qu’il le sait, elle recèle de secrets dont elle ne veut pas lever le voile et cette pensée le rend fou. Elle seule détient les informations dont il a besoin. Un besoin pénible et douloureux. Saisir toutes les nuances de la roche carmine. Pour trouver enfin, un semblant de redemption.

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@Seth Nielsen & @Victoria Valois

Souffle qui se décompose pas à pas. Cils qui battent la cadence de ses lentes enjambées. L'aura de la fae du printemps attire bien des regards à son passage dans les allées poussiéreuses d'Astragan. Les gens se tournent. Intrigués. Curieux. Fleur délicate venue de Valréal, son nom illustre semble faire trembler d'intérêt les lèvres de ses habitants, laissant les murmures se mêler aux rumeurs les plus extravagantes concernant la jeune tailleur. Belle du printemps qui s'échappe de ses terres fertiles, la tête haute, le port princier, Victoria semble tracer sa route sans porter la moindre attention à ces visages inconnus qui tentent d'accrocher ses prunelles d'encre. Démarche assurée, rythmée par le claquement régulier de ses hauts talons sur les pavés de la ville, sa silhouette gracile fend l'air avec grâce et légèreté. Danseuse improvisée dans ce théâtre vivant, Victoria ne quitte pas de vue son objectif solidement accroché à son poignet. Les minutes qui défilent à la hâte dans le cadran de sa montre. Tic tac, tic tac. L'heure tourne. Son fournisseur l'attend, toujours impatient d'accueillir dans son échoppe la jeune créatrice. Victoria presse le pas, manquant de peu de se briser une cheville sur une dalle plus haute que les autres.

Le vol hâtif de la belle colombe la porte dans les allées sombres et désertes du quartier marchand, tout droit dans les griffes du prédateur affamé qui rôde dans les parages, à la recherche de sang et de larmes pour étancher sa soif maladive. Gorge déployée qui se prépare à attraper la proie innocente, le soldat de l'Armée Rouge, fièrement engoncé dans son uniforme bicolore, se place devant elle et lui bloque le passage. Expression de surprise qui illumine son minois céleste, la fae du printemps retient un cris en portant une main à sa bouche béante lorsqu'elle manque de heurter ce monstre de muscles qui se présente devant elle. Lieutenant Nielsen. Quelle surprise ! Vous m'avez fait peur. Affreuse surprise que de retrouver ce soldat intrusif et antipathique. Victoria mesure ses paroles. Sa relation particulière avec ce curieux personnage ne lui a jamais laissé d'agréables souvenirs. La voix grave et pressante du soldat ne tarde pas à gronder à ses oreilles. Je ... Euh ... Bredouille-t-elle, hésitant un court instant face à la menace qui semble suinter des paroles du soldat.

La main impatiente se tend prestement vers elle, les doigts tremblant légèrement sous la pression qu'il lui impose. Stress naissant dans sa gestuelle lorsqu'elle fouille dans ses affaires à la recherche de ses papiers d'identité. Ce même bras la saisit brutalement pour l'emmener dans un passage isolé du monde, isolé des regards indiscrets, isolé des oreilles qui pourraient entendre leurs échanges. Sourcils qui se froncent au-dessus de ses iris ébènes alors qu'elle époussette machinalement le jupon de sa robe en signe de protestation silencieuse. Bien sûr, je vais vous montrer ces papiers. Son ton se gorge de sévérité alors qu'elle lui tend enfin la paperasse réclamée. Bras croisés contre sa poitrine menue, la Valois peine à maintenir son calme dans cette situation qui lui semble irréelle. Son instinct lui hurle de fuir, loin de cet homme, loin de cet esprit tordu qui fixé son intérêt morbide et malsain sur elle.

Œillade portée discrètement sur le cadran de sa montre, la fae ose interroger le lieutenant dans un murmure relativement maîtrisé. Je peux vous aider, lieutenant ? Je crois que mes papiers sont dans les règles, mon fournisseur m'attend au coin de la rue, si vous accepteriez de me laisser partir ? L'empressement se ressent. Elle sent pourtant toujours une étrange colère émaner de l'humain, une colère qui lui glace le sang et la cloue littéralement sur place, alors qu'elle tente d'apaiser les tensions en enchaînant sur ce même ton mesuré. Peut-on trouver un arrangement cordial ? Je peux vous proposer de venir avec moi, ou éventuellement je vous paye un verre à la fin de mon rendez-vous professionnel ? Toute excuse est bonne à prendre pour tenter de s'échapper des griffes de la créature.

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@VICTORIA VALOIS

Pas à pas, elle se rapproche. Matinée baignant dans la lumière d'or, l'air est au frais du printemps. La silhouette floue devient de plus en plus nette sous son approche. La Fae tombe entre les dents lacérées du lieutenant à la rage grouillante. Une innocence prête à se faire briser en éclat par l'âme empoisonnée de l'humain. Homme bercé sous la virulence d'une propagande qu'il croit dur comme fer. N'ayant jamais croisé durant ces vingt années de carrière un être magique doté de bonté. Peut-être. Un jour. Après son traumatisme. Là où son aveuglément est à son apogée. Faisant fondre comme neige, tout acte de pitié. Privé d'empathie, il n'y a que la violence où il trouve du réconfort. Une brutalité pour éradiquer tout ce mal qui ne doit d'exister.

Suffisamment proche, il l'interpelle. Dans l'attente de ses papiers. Prétexte pour la dévier de sa route, pour l'amener dans un recoin discret. Il est prêt à l'attaquer. Un combat psychologique. Persuadé qu'elle cherchera à le duper. Quoiqu'il en est, quoiqu'il arrive, plus jamais, il ne sera soumis à la magie, ni au magicien.

Les rumeurs à son encontre vont de bon-train. Le nez dans ses affaires, le Soldat a étudié le dossier avec une minutie malsaine, chercheur d'or, dans l'espoir d'y trouver la pépite à dégoter. Valois. Tout le monde le sait. Vendeuse des secrets du lyrium. Sa drogue, celle à laquelle il est lié ad vitam aeternam. De par sa faute, à elle.

Lyrium, dans ce rouge bestial, il y a ficelé son âme. Lui et ses frères d'armes. L'immunité magique contre une aliénante dépendance. Il est impensable qu'elle n'en connaît pas les effets dévastateurs, cette initiatrice du déclin de l'Armée. Elle doit avoir connaissance d'autres secrets et Seth est en quête de ce savoir vital.

Coin de rue attitré comme leur terrain de bataille, la main tremblante lui tend ce qu'il lui a demandé. Brutalement, dans une impatience inexistante, il lui arrache, parcourant les lignes officielles dans un silence de plomb.

- Les documents seront conservés au poste.

Privée injustement de ses justificatifs, il se garde bien de maintenir en sa possession la paperasse offrant la liberté de mouvement de la belle brune.

- Je suis dans le regret de vous annoncer qu'ils ne sont pas en règle.

Doléance hypocrite. Impossible de savoir si Nielsen est pris d'une vague de paranoïa, lisant ce qu'il souhaite ou si la Fae a fait une erreur dans son inscription. Une vérification inapplicable tant le Soldat a soigneusement replié et ranger le papier à l'intérieur de sa veste brodée.

- Je vais vous demander d'être coopérative, si vous souhaitez rejoindre au plus vite votre rendez-vous.

L'homme s'approche un peu plus d'elle, absorbant de son espace vital pour la surplomber de son regard azur. Son pouce frotte le bas de sa lèvre, à lui, dans le mécanisme de sa réflexion.

- Quels sont les véritables raisons de votre venue, Mademoiselle Valois ? Les mensonges ne prennent pas avec moi.

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@Seth Nielsen & @Victoria Valois

Perles de cendres qui s'assombrissent peu-à-peu et perdent leur éclat habituel, à l'écoute de la sentence fatale. Impossible. La jeune Valois fixe avec une lueur de perplexité les traits sévères du soldat humain. Lèvres brisées dans une grimace inhabituelle, elle le toise avec insistance, visiblement en attente d'une explication face à cet examen douteux de ses papiers d'identité. Mensonge. Machination. Manipulation. Fourberie qui suinte de cette carcasse massive, la belle passe une main dans sa nuque pour tenter de réduire la tension déjà fermement installée dans ses muscles. Le doute s'empare d'elle et l'immobilise le temps d'un instant. Pensées qui se succèdent dans son esprit. L'idée d'une fuite se met à germer progressivement dans le terreau fertile de son imagination. Corps svelte et léger qui pourrait en quelques enjambées distancer la carrure musclée et pesante du militaire, jusqu'à ce que la possibilité d'un coup mortel porté entre ses omoplates ne rattrape ses rêveries.

Minois délicat qui se pince d'une frustration à peine perceptible. Lèvres carmines subtilement retroussées sous son nez. Poitrine gonflée d'arrogance sous son chandail, la fae du printemps porte une main sur le haut de son crane pour se saisir du béret sombre perché avec fierté sur sa coupe garçonne. Accessoire serré fermement entre ses doigts fins, Victoria semble museler avec force son impulsivité naturelle qui menace de s'écraser avec force sur le plat de la joue du soldat de l'Armée Rouge. C'est sans doute une erreur ... Miaule-t-elle en voyant rapidement disparaître le précieux sésame dans l'intérieur de l'uniforme du lieutenant. Respiration qui se bloque brusquement dans sa cage, lorsqu'elle se rend compte enfin du piège dans lequel elle est tombée. Ses perles luisant de pitié remontent soudainement pour tenter d'accrocher une once de sensibilité dans le cœur de son interlocuteur. En vain.

Porte documents collé à sa poitrine en maigre protection face à la menace grandissante, la belle se ratatine sur elle-même au moment où la silhouette imposante du soldat se rapproche d'elle. Vous aurez mon entière coopération, mon lieutenant. Sa voix claire et chantante s'éteint peu-à-peu, transformée en murmure à peine audible à travers le frémissement de ses lippes. Elle le sent si proche d'elle. Beaucoup trop proche. Terrible tremblement de ses mains qu'elle essaye de retenir par son emprise sur son porte-document. Son regard dévie, ne parvenant pas à toiser le feu de ces orbes qui l'examinent avec colère. Je vous l'ai dit. Je suis là pour affaire. L'explication est sincère, mais peu crédible aux yeux du soldat perdu dans les méandres de ses propres délires.

Isolée du monde, Victoria Valois ne parvient pas à trouver l'aide tant attendue. Personne pour s'inquiéter de la présence d'une femme seule dans cette rue, ni de la proximité alarmante de ce soldat sur sa frêle silhouette. La belle a peur. Elle craint pour sa vie, pour son intégrité physique. Je ne vous mens pas. J'ai rendez-vous chez mon fournisseur de tissu à Astragan. Metlev & sons. Vous pouvez y aller et vérifier que vous avons rendez-vous ce jour. Le stoïcisme du soldat l'interpelle. Du coin de l’œil, elle sent bien qu'il ne croit pas un mot de ses paroles. Peu importe ce qu'elle lui dira, Victoria sent déjà sa journée s'allonger suite à cette rencontre inopportune. Je ... Commence-t-elle à bredouiller, pour finalement reprendre de son aplomb naturel. Bon, dites-moi clairement ce que vous voulez ? Ce n'est pas la première fois que vous m'arrêtez de la sorte. Je suis une citoyenne honnête. Je travaille pour vous, pour vos semblables. Je n'ai aucune raison de vous mentir à la fin.

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@VICTORIA VALOIS

Dans l'aurore de la journée, les rues fourmillent de peu de passants, encore bien trop accrochés au sommeil extirpé pour se rendre compte d'une quelconque anomalie. Regard extérieur posé sur la scène, un soldat contrôle un individu qui n'a que d'humain, son apparence. Une mise en place rassurante de façade, pour clamer le maintient de la sécurité et le travail minutieux de l'Armée.

Documents officiels pris en otage dans le creux de sa veste feutrée, il n'accorde aucune attention aux cils battants de la biche. Combien de regards implorants a-t-il rencontré depuis le début de sa carrière ? Trop. Beaucoup trop. Toute l'imagination est bonne à prendre pour se sortir d'une mauvaise passe. L'Armée Rouge, cauchemar d'une population de faes et d'hybrides. Ces victimes ont tout essayé pour le faire flancher. Armoire de glace, colosse de pierre, rien ne lui a fait plié le genou.

Frêle protestation sur une possible erreur de sa part. Sourcil arqué dans un air contrarié, ose-t-elle insinuer qu'il n'est pas fiable ?

- Pardon ? Vous êtes en train de me dire que je ne sais pas faire mon travail.

Tant sa haine pour son espèce est si forte, que le Soldat prend matière sur tout ce qui est tendu pour l'alimenter et la faire gronder.

- Non. Aucune erreur est possible.

La voix claque de sa fermeté, presque craché au visage de la douce. La pitié teinte ses prunelles ébènes, sans pour autant, briser le masque de l'intransigeance du militaire, ce robot alimenté au fluide du lyrium.

Sans une autorisation, aucune, son index et majeur se joignent à son pouce pour pincer le porte-document qu'elle tient fermement contre sa poitrine. Un bouclier de papier pour se protéger de l'injustice qui prend vie pendant qu'elle annonce les armes rendues et son entière coopération.

- Merveilleux, je suis ravi de vous l'entendre dire.

Il quitte son regard pour parcourir les archives, tout en la retenant captive de sa présence menaçante. Les devis croisent quelques dessins et photos, tout est savamment en accords avec son activité. Un grognement de mécontentement se bloque dans sa gorge, il n'y a rien d'intéressant. Alors qu'il s'apprête à le lui rendre, un morceau déchiré détonne. Dans l'avortement de son geste, il attrape l'élément pour le déplier avec un enthousiasme maladif. Feuillet déchiré dans un matériel de qualité, typographié d'une plume élégante, l'indice en question ne sonne pas comme une futilité perdue dans les affaires de Valois, mais plutôt comme un brillant chef d'accusation.

- Hmm.

Seth retient l'enthousiasme éveillé face à la pépite fermement maintenue entre ses doigts.

- Rendez-vous ce soir lorsque toutes les lumières seront éteintes.

La lecture tombe comme un orage en approche. Un document loin d'être officiel, lourd de sous-entendus, en parfaite harmonie avec toutes les rumeurs qu'il a entendu sur la Fae.

- Un citoyenne honnête ?

Sous l'affirmation énoncée, le Soldat manque de s'étouffer dans son propre rire, illustrant pour la première fois un visage porteur d'expression.

- Il va falloir redéfinir la définition du terme.

Alors qu'il continue de la surplomber de sa présence réduisant cruellement l'espace entre eux, il agite sous le nez féminin, le papier accusateur, élément déclencheur d'un jugement improvisé contre elle.

- Vous êtes suspecté d'être dans le trafic de lyrium. Pensez=vous vraiment que je vais croire en votre couverture d'entretien chez votre "fournisseur" ? Je vous épargne également votre réputation peut reluisante qui vous porte défaut bien plus qu'elle ne vous donne crédit. Je vous donne cinq minutes pour vous expliquer, sans quoi, vous emmène au poste.

Chrono lancé, les hostilités prennent un tournant bien plus glissant et dangereux pour la Fae du Printemps.

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@Seth Nielsen & @Victoria Valois

Une ultime expiration vient s'échouer au bord de ses lèvres tremblantes lorsque le glas de la menace se met à sonner dans le creux de ses oreilles en pointes. Timbre rauque qui fait vibrer sa cage de chair. Coup fatal qui vient sectionner les dernières parcelles d'espoir, quand la main du soldat ose s'emparer de sa protection de fortune. La belle suit de son regard perçant le porte-document qui disparaît entre ses griffes, objet de convoitise retenant le travail de toute une vie. Perle translucide naissant le long de sa tempe. Gorge nouée d'angoisse alors que le mâle alpha déballe une à une les pièces à conviction de l'accusée. Photos de ses modèles. Croquis de futures créations. Multiples factures et devis. L'attente se fait interminable à mesure que le soldat de l'Armée Rouge poursuit l'exploration de la pochette. Je n'ai absolument rien à vous cacher, mon lieutenant. Commence-t-elle à bredouiller durant l'examen. Son cœur marque un arrêt dans sa poitrine au moment où le vague souvenir d'un mot laissé entre deux factures peine à faire sa place dans son esprit malmené. Le mot. Preuve irréfutable d'une potentielle trahison apparaissant rapidement sous le regard satisfait du persécuteur.

Objet de convoitise tenu avec fierté du bout de ses doigts. Ses prunelles s'écarquillent nerveusement lorsqu'elle semble susurrer du bout de ses lèvres un vague ce n'est pas ce que vous croyez, avant d'essayer de reprendre le contenu de sa pochette des mains du soldat. Frétillant d'arrogance face à cette petite victoire, le lieutenant de l'Armée Rouge ne tarde pas à lire le contenu de ce morceau de papier soigneusement calligraphié. Son cœur marque un arrêt brutal dans sa poitrine. Ce n'est pas ce que vous croyez, je vous le jure. Répète-t-elle à nouveau pour tenter de convaincre son bourreau de la bienveillance derrière ses intentions. Vestiges d'un rendez-vous romantique. Ce morceau de papier rédigé de la main d'un fae de la nuit a été rédigé il y a quelques semaines auparavant et a été gardé en souvenir de la nuit inoubliable qu'ils avaient partagé. Fébrile, ses lèvres se tordent sous les orbes enflammées de l'humain. L'explication peine à passer la barrière de son souffle retenu prisonnier dans sa maigre poitrine. Et pourtant, elle se doit de mettre les choses au clair avant que le château de cartes de dégringole et la fasse tomber dans l'obscurité d'une prison de l'Armée Rouge.

Dans un mouvement furtif sa main délicate vient fendre l'air pour arracher le papier des mains de son accusateur. Ses sourcils froncés au-dessus de ses yeux de biche illustrent parfaitement son état d'énervement avancé. Qu'est-ce que c'est que ces sornettes, soldat. Sa retenue s'éloigne progressivement lorsque son impulsivité tend à prendre le dessus sur ses réactions. Ceci n'est pas une preuve de ma trahison. Ma famille et moi-même avons toujours été de loyaux serviteurs de l'Ordre des Cendres. Fine observatrice, Victoria sent cette tension latente qui fait se gonfler un à un les muscles du soldat. Peu importe ce qu'elle lui dira, jamais il ne la croira. Pourtant, elle ne lâche pas la bride invisible qu'elle a entouré autour de la gorge de l'humain et continue son plaidoyer. Ça ... Crache-t-elle en lui approchant le papier si près de son regard que ses cils pouvaient frôler la surface granuleuse du papier. C'est la trace d'un rendez-vous avec un homme. Tout simplement. Oui monsieur. Nous aussi, les faes, nous baisons dans l'ombre. Inutile de préciser que certaines relations ne sont pas bonnes à montrer en plein jour. Son venin s'écoule lentement à chacune de ses paroles, stimulé par son cœur tambourinant sauvagement sous son chandail.

Insolence née de cette bouille angélique. La belle du printemps n'hésite pas, dans un geste maîtrisé gorgé de suffisance, à lui balancer ce modeste morceau de papier au visage en lui soufflant : Je peux aisément comprendre que vous soyez ignorant à ce genre de pratiques, mon lieutenant. Ses perles sombres se perdent dans l'examen silencieux de cette silhouette qui se présente devant elle. Après tout, vous ne semblez inspirer ni le romantisme, ni la luxure. Ce n'est pas une preuve de trahison, mais bien une preuve que les faes peuvent inspirer le désir et que nous aussi nous faisons l'amour. Arrêtez-moi si vous voulez, mais mon châtiment sera celui d'avoir écarté les cuisses à l'abri des regards indiscrets. Sur ses mots, la belle du printemps reprend ses affaires et quitte le soldat de l'armée rouge.

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