PSEUDO Echo, dans le plus simple appareil. personnage rôle vacant. stalkage via bazzart, on partage nos coups de cœur. défis oui, pourquoi pas :) mot d'adieu luv nous les bichettes ! crédits alittlebitofrain (avatar), VOCIVUS (icons).

Paupières alourdies par la fatigue. Attention vaguement présente en cette fin de matinée. Son regard de cendre caresse avec lassitude les contours de ces courbes délicates qui se présentent devant elle. Animée par le désir de s'échapper de cette cage invisible qui la retient en ces lieux, la belle Fae sent son impatience perler dans le coin de ce rictus forcé qu'elle lui offre en guise de réponse. Oui, vous êtes ravissantes. Comme toujours, ces paroles feignent la sincérité. En réalité, l'immonde créature qu'elle tient entre ses mains la répugne. Être abjecte aux formes disproportionnées, dégoulinant de suffisance, de poudre teintée, de sueur. Un visage qui inspire le dégoût et la médiocrité. Victoire doit pourtant garder son avis pour elle. Se taire. Ce serait extrêmement mal vu d'insulter ses clientes les plus fidèles. Le silence parvient à s'imposer lorsque cette bourgeoise évoque le passé de sa race déchue de ses terres, soulignant non sans une certaine vilenie le rôle des siens dans la chute de son peuple.

Ses joues s'enflamment alors que son visage reste désespérément muré dans une totale indifférence. Lèvres retroussées pour museler ce commentaire acerbe qui menace de filer, Victoire se contente d'épingler sèchement un ourlet à sa cheville et termine de prendre les dernières mesures. Merci à vous, madame. La commande sera prête la semaine prochaine. Rentrez bien. Enfin seule. Libérée de ce carcan doré qui entrave ses pensées les plus sombres, la Fae s'échappe dans les entrailles de sa boutique et s'effondre sans attendre sur un divan matelassé. Le soleil qui traverse une fenêtre vient réchauffer sa peau de porcelaine. Le halo doux et chaud qui se diffuse sur son visage parvient à étirer ses lippes charnues dans un sourire sincère. Paupières closes, sa respiration s'apaise. Enfin. Alors que la fatigue s'empare de son enveloppe charnelle, ainsi étendue de tout son long sur ce divan, son esprit divague et se laisse aller à des pensées irréelles.  

Oziran n'appartient plus aux Fae. Mysrathan a disparu, écrasé sous le plomb et la potasse, résidu d'un monde oublié pour certains, désiré pour d'autres. Reliquat d'une existence divine, l'heure de gloire des Fae est désormais éteinte, laissant sa place à la domination des Hommes. Ceux qui autrefois étaient esclaves, retenus fermement par les chaînes des Fae, peuvent désormais vivre leur vengeance. Dans cette guerre, les Fae ont perdu leurs titres, leurs terres, leur gloire. Ils ne sont plus que des proies, de vulgaires ombres d'eux mêmes. Traîtres. Parias. L'image calcinée d'une famille noble, qui a traversé les âges. Celles d'un père, d'une mère, d'enfants. Aujourd'hui éclatés dans ce monde qui ne leur appartient plus, mais dans lequel ils doivent parvenir à s'investir pour ne pas perdre la face. Honneur. Ambition. Toujours survivre, se battre pour la famille. Famille. Ce mot qui les unis désormais dans l'adversité, seuls contre ces ennemis qui se multiplient dans les ténèbres dans l'espoir de les voir choir de leur piédestal doré.

On vous parle d'un temps, que les moins de soixante-quinze ans, ne peuvent pas connaître. Valréal en ce temps-là, accrochait ses lilas jusque sous les fenêtres. Cour du Printemps en son temps, fière et réputée, aujourd'hui brisée et vendue. Ses anciens dirigeants à la solde des envahisseurs, rêvant secrètement retrouver le faste d'antan mais contraints de devoir attendre sonner leur heure.

Les souvenirs de cette vie perdue laissent échapper un profond soupire mélancolique, ravivant des émotions douloureuses restées enfouies trop longtemps dans les tréfonds de son âme blessée. Regard perdu dans le vide, le revers de sa main retient la chute d'une perle translucide qui s'échappe de la commissure de ses yeux. Celle qui s'est rendue célèbre pour son extravagance semble soudainement s'éteindre. Sa flamme se tarit, s'estompe, perd de sa flamboyance. Ce n'est que lorsqu'un employé allume le gramophone de l'atelier, et que le son grésillant d'une musique entêtante s'échappe de son tubage et se disperse dans la pièce, que la belle Fae semble sortir de sa torpeur. Echange de sourires. De regards. Enivrée par la musique, Victoire accepte de se lever de son divan pour retourner à ses créations. Il est temps de penser à l'avenir, d'arrêter de ressasser le passé. Regarder droit devant et non derrière. Sans retenir quelques pas de danse en faisant claquer ses talons en rythme sur le vieux parquet ciré, la jeune Valois déambule en direction de sa table de couture. Crayon posé dans le creux de son oreille, perdu dans sa chevelure ébène. Mains posées à plats sur les patrons de ses futurs créations. L'avenir est là, devant ses yeux. Dans ces dessins qui illustrent la créativité et la beauté derrière l'art de la mode. Des tissus. Des broderies. Des perles et des bijoux. Dans ce monde qu'elle a fait sien, celui du luxe et du raffinement.

Les coups de crayons sont vifs. Précis. Efficaces. Elle créé toujours plus, laisse son imagination s'étaler sur la feuille immaculée comme si rien ne pouvait l'arrêter. Les tenues se dévoilent au fil de ses avancées. Une pensée lointaine distrait son tracé. Pour ces âmes perdues qui divaguent inlassablement dans les rues de la capitale. Pauvres. Abandonnés par le régime. A la recherche de quelques ozilles pour survivre. Ce monde qu'elle n'a jamais connu, et qui secrètement lui fait horriblement peur. La pauvreté. Le prolétariat. La mendicité. Pour tous ceux qu'on croise dans la rue, détournant le regard pour masquer la pitié. C'est pour toutes ces pauvres âmes qu'elle a créé son association d'aide. Pour leur offrir de l'espoir. Un avenir. A ces humains. Et plus secrètement, à ses semblables qui pourtant la haïssent pour la trahison qui a, à jamais, entaché le nom de sa famille. Les Fae.