Your knife, my back. My Gun, your head. (Imany)

Your knife, my back.
My gun, your head.

Quand tu pousses la porte du Crâne Argenté, c’est dans le simple but de t’boire une bonne pinte. Ça fait longtemps qu’t’as pas mis les pieds ici. C’est que ça fait, aussi, longtemps qu’t’as pas eu suffisamment d’Ozilles pour t’le permettre. Mais il t’restes quelques pièces de ton dernier boulot pour Matthew et t’as l’intention d’en profiter. T’avais pas forcément prévu ça, à la base. La volonté de garder ton ozille pour acheter de la peinture s’est envolée après ta dernière rencontre avec Aska. Tes questions sont restées sans réponse et t’as abdiqué, Lysander. Qu’elle garde ses secrets, Aska. Tu feras comme si ça te ronge pas. Tu feras comme si t’en avais plus rien à faire. Mais c’est faux, pourtant. Et c’est bien parce que c’est faut que t’as envie de boire. Pas pour oublier. Juste pour anesthésier la douleur.

Tu t’installes au bar. Commande une bière au barman, plutôt beau gosse. Ta pinte servie et payée, tu t’en vas t’installer à une table, en retrait. Ton regard balais l’endroit. Il y a les habitués. Ceux qu’on reconnaît rapidement par leur taux d’alcoolisation qui ne semble jamais redescendre. Et y a ceux de la piraterie. Ceux-là, tu préfères les éviter autant que possible. A dire vrai, s’est sans doute préférable pour ta poire d’éviter tous autres clients. T’as un peu trop cette mauvaise manie de t’mettre les gens à dos. Pas au Crâne Argenté. T’sais faire profil bas. Mais dans la rue, t’as un peu moins ta langue dans ta poche. Et t’as l’utilisation des points assez facile. T’as appris le langage de la rue, Lysander. Et même si t’as le cœur un peu trop sur la main pour ce monde, t’sais aussi défendre ton bout de gras.

Ton regard fini par se poser sur quelqu’un que t’attendais de revoir depuis un moment. Beauté aux couleurs de l’été qui t’as laissé un cadeau dont tu t’serais passé. Silencieux, tu l’observes. L’temps de boire ta bière. Mécaniquement, tes doigts caressent la cicatrice qu’elle t’a laissé à l’arcade. Encore un de ces jours où tu t’étais retrouvé au mauvais endroit, au mauvais moment. L’altercation qui fini mal. Pour toi. T’sais même plus pourquoi. Ni comment. T’sais juste que ta perdu et que ça t’as mis un goût amer au fond de la gorge. Pourtant, t’en as perdu des bagarres, Lysander. Mais y a qu’elle qui t’as laissé ce besoin d’une revanche.

T’as attendu, Lysander. Beaucoup. Trop con pour mettre au point quelconque plan de vengeance. T’as juste attendu l’jour où vos routes se recroiseraient. Et il est arrivé, ce jour. Tu termines ta bière, d’une traite. Et tu te lèves, te diriges vers la pirate. Tu t’plantes face à elle. Regard déterminé. C’est presqu’une aubaine, Lysander, ça t’enlèvera Aska de la tête. Du moins pour un temps. « Toi et moi on a quelque chose à régler. ». Pas de salutation. Droit au but. T’sens des regards sur toi. T’vois le personnel se tendre un peu. « Pas ici. Dehors. ». C’est craché comme un ordre. T’attends pas sa réponse. Tu tournes l’dos. Et tu t’en vas l’attendre dehors.

(c) valruna.

Iels font toujours un peu plus de tapage que le restant de la faune locale. Ce ramassis de gaillards et de drilles, encore tout encrassé·es d’embruns et des rixes en haute-mer, s’esclaffent, piaffent et picolent comme si le monde d’Alta Mar était leur. Leur capitaine, spécialement attifée pour l’occasion de leur sortie par les pontons branlants et ce petit tour des tavernes, ricane encore plus fort que les cinq autres. Iels occupent un carré du Crâne Argenté qu’on dirait un bastion, un de ces endroits dont on ne s’approche pas à moins de vouloir se faire séparer la main du bras. En témoignent crânement les sabres, les couteaux et les flingues, en évidence à la ceinture, au baudrier, quand ce n’est pas carrément sur la table. À tour de rôle, les joyeux pirates du Jack o’ Spade jettent six dés entre les chopes jamais à vide et les restes d’une boustifaille monstre. Sans qu’on puisse bien déterminer les règles où qu’on se trouve en dehors de leur cercle, iels se congratulent régulièrement à coup de lampées et de tapes sur une épaule ou dans le dos.

« Six ! » « T’trompes de jeu, crétin. Six, c’est navrant. » Tout le monde rit en même temps. Quelques injures sont versées en surplus – pour le plaisir de la poésie entre camarades. À son tour, Imany lâche le genou dénudé de la fille assise son côté, s’empare des dés et les secoue un peu, pour la superstition. Elle déplie les phalanges lorsqu’un homme se plante là, à faire de l’ombre aux lanternes faiblardes de l’endroit. Ça la fait cligner des yeux, comme ses comparses. « Qu’est-ce qu’il v– commence à dire le fae le plus proche de l’intrus. » Avec une habilité inouïe pour quelqu’un qui paraissait ivre à crever une seconde avant, il a glissé la main à la garde de son épée. Mais il n’a pas le temps de finir. Le type s’explique. Faut dire que ça reste assez lapidaire et, l’esprit rouillé par l’alcool, il faut quelques temps à Imany pour le remettre. « T’as baisé sa femme, ou quoi ? demande une humaine, la lippe éclatée par un sourire narquois. » « Sa sœur ? Sa mère ? renchérit le fae à côté. » « C’est toujours la sœur ou la mère de quelqu’un… paraît se lamenter Imany en plongeant les lèvres dans sa chope. Je vais le laisser mariner un peu, puis on va lui envoyer Adey. » Ça, ça les ferait marrer.

Lysander, il aura attendu. Peut-être une demi heure. Peut-être une heure. Peut-être plus. Au bout d’un moment, Imany se dresse parmi ses acolytes rieurs et elle décrète : « Bon ! C’est parti. » Toute la petite troupe comprend qu’il s’agit de cette heure, incroyablement imprécise mais délicieusement redondante, où les alcools ne suffisent plus à étrangler les bas instincts ; on cherche après une arcade qui voudrait bien vous abîmer les phalanges jusqu’au sang. Sans mot dire, ça la regarde cheminer vers la porte. À sa démarche, elle ne paraît même pas ivre – c’est le mérite de l’habitude. « Alors, quoi ? la capitaine balance en piétinant le seuil du Crâne Argenté. Tu m’en veux encore pour ce petit truc… ? » Pendant qu’elle frotte négligemment sa propre arcade, sa bouche s’arrange en un sourire qui dit son absence de remord et qu'elle a pitié de son orgueil.

(c) valruna.

Your knife, my back.
My gun, your head.

@Imany Kalu & @Lysander Erskine

T’sais encaisser une défaite, Lysander. T’as pas vraiment l’choix, c’est que t’en as connu plus que tu n’le voudrais. Mais ça t’as jamais empêcher d’être en quête de revanche. Comme pour te prouver que t’es capable de battre ceux qui t’ont vaincu. Comme pour chercher un signe de ton amélioration au combat. Sans jamais les prévoir, toujours au hasard de chemin qui se recroisent. Comme aujourd’hui. Et si tu sais pas si la pirate va t’suivre, t’sais que tu vas l’attendre. T’as rien de bien plus intéressant à faire, de toutes façons. Et un bon combat ça coûte toujours moins cher que de l’alcool. Alors t’attends.

Et elle n’est pas vraiment pressée de t’rejoindre. Tu restes adossé contre le mur pendant un long moment. A ruminer. T’es pas en colère, Lysander. Pas vraiment. Ou si tu l’es, c’est pas tout à fait contre elle. T’as besoin d’évacuer quand même. Ça te fera du bien de taper sur la gueule de quelqu’un. Elle ou quelqu’un d’autre, c’est du pareil au même, de toutes façons. Non. Elle, c’est mieux. T’as un score à équilibrer. Des cicatrices, t’en as d’autre, Lysander. Et t’sais pas trop pourquoi celle-ci te dérange plus qu’une autre. Tu sais juste qu’aujourd’hui, t’as l’intention lui rendre la pareil. Ou d’essayer, en tous cas.

Enfin, elle daigne se montrer. Tu t’dis que c’est dommage, quand même, d’abîmer sa tronche. Parce qu’elle est jolie. Mais elle a abîmer la tienne. Oeil pour œil. Dent pour dent. « Alors, quoi ? Tu m’en veux encore pour ce petit truc… ? » Si t’avais quelconque hésitation, sa remarque les fait s’envoler. Tu t’redresses, Lysander. L’regard dur. Du moins, autant qu’t’en est capable. Aidé par tes prunelles sombres. « T’as eu d’la chance ce jour là. T’en auras peut-être pas deux fois. ». T’es peut-être un brin prétentieux, Lysander. C’est qu’tu sais bien qu’elle n’est pas mauvaise. T’en a payé les frais toi même.

Alors tu mises sur l’effet de surprise. Comme un gamin impatient. L’poing serré depuis qu’elle est apparue dans ton champ de vision. Tu balances ton poing dans l’air, dans la direction de sa tronche. Mais t’sais pas si c’est toi qui a mal visé, elle qui t’as vu venir et t’as esquivé. T’sais juste que ton poing n’trouve pas sa cible. T’perds l’équilibre, Lysander. Te retrouves au sol, réussissant à amortir ta chute de tes mains. Tu grognes. Plus pour toi même qu’autre chose. L’égo franchement bien abîmé. Tu t’relèves rapidement, mais les dégats sont fait et t’as perdu de ton assurance.

(c) valruna.

La capitaine du Jack o’ Spade lui concède une certaine assurance. Et il en faut dans l’écrin d’Alta Mar, jusque sur le seuil de la taverne du Crâne, quand on n’est pas le moins du monde pirate. Or, ce gaillard, aussi solidement bâti et renfrogné qu’il soit, ne l’est guère, sans quoi Imany le reconnaîtrait à coup sûr. (Sans compter qu’il n’a pas cet éclat dans le regard, cette saloperie de mauvaise nature qu’on ne peut pas longtemps dissimuler à son pareil). Imany ne s’intéresse pas assez à lui pour enquêter. Peu importe qui il est, ce qu’il est, d’où il vient ou même comme on a cru bon de le baptiser au moment de sa naissance. Puisqu’il souhaite se battre – et qu’elle aime toujours ça passés deux verres –, ils vont régler toute l’affaire ici-même, dès ce soir. « C’est tout... ? » Lui, il a jeté son poing, de toutes ses forces. Et, elle, elle s’est contentée d’une esquive à peu près souple. L’alcool lui remue les sens mais, comme il a beaucoup tendances à le faire, Imany ne sent presque pas son étreinte sur son temps de réaction. Néanmoins, elle ne tient pas tout à fait droite. Elle oscille. Elle hésite. Il serait sensé de dégainer, tout de suite, et d’opérer une découpe nette dans le capital santé de son inconnu. Alors, bien sûr, et contre la logique, Imany prend le temps de délacer le harnais qui l’encombre et d’abandonner ses armes à l’un de ses hommes, sur le pas-de-porte. « J’te reconnais que le coup était traître, du joli dans la fils-de-puterie… » Si elle sourit, elle n’en prépare pas moins ses phalanges, roulées en poing. Elle frappe au hasard. Mollement. Si ça fend l’air, ça ne fait pas plus de dégâts qu’une caresse et, surtout, ils sont proches, à présent. Proches à se toucher. Proches à ce qu’Imany ait son sourire contre les lèvres de Lysander.

(c) valruna.

Your knife, my back.
My gun, your head.

@Imany Kalu & @Lysander Erskine

T’as l’égo meurtri par l’échec cuisant de ta première attaque, Lysander. Tu sers les dents, la rancœur ne s’en fait que plus forte. T’as jamais envie de perdre, mais là, t’as vraiment, vraiment pas envie de perdre. Pas encore. Tu l’observes se débarrasser de ses armes, rassuré. C’est que t’as pas trop réfléchi, Lysander, mais elle aurait pu choisir de simplement mettre fin à ta pitoyable existence. Là. Dans la crasse d’Alta Mar. Sans prévenir. Mais, tu te dois de l’accorder, elle est fair-play. « J’te reconnais que le coup était traître, du joli dans la fils-de-puterie… » Tu penches légèrement la tête. Elle n’a pas tort. Mais c’est qu’tu la sais capable, t’as voulu mettre toutes les chances de ton côté. Ça n’a pas marché. Tant pis. T’attends qu’elle réplique. Attentif. Alerte. Suffisamment pour esquiver de justesse son attaque. Et ça flatte un peu ton égo, tu vas pas mentir. Zéro partout, on recommence. Sa proximité ne t’dérange même pas. Tu devines son sourire plus que tu ne le vois. C’est surtout que tu l’sens tout contre tes lèvres. Elle te cherche. Quelque part, c’est peut-être cette arrogance qui t’dérange chez elle. « C’était bien essayé. Sûr que ça aurait fait mal… Si tu savais viser. ». C’est peut-être pas la chose la plus intelligente à faire que de te la ramener, Lysander. C’est que si ça tourne vraiment mal, t’es tout seul et elle a son équipage. T’fais un pas en arrière, sourire aux lèvres, regard déterminé. De ta jambe droite, tu balaies les siennes. Tapes juste au dessus de sa cheville. T’l’attrape par son haut, histoire d’accompagner le mouvement, de la faire pivoter. D’la mettre à terre. Et t’as l’air fière de toi en plus. « Bah alors, on tient pas debout? ». Comme si t’avais oublié que quelques temps plus tôt c’était toi qu’avait la gueule par terre, Lysander. Sans doute que si tu n’craignais pas de te retrouver avec son équipage sur l’dos, t’aurais enchaîné. Tes poings sur sa belle gueule. A la place, tu t’montrerais presque joueur. La regardant avec un sourire presque charmeur.

(c) valruna.

À chaque petite provocation, le vieil ennemi répond et, ça, ça n'est pas de nature à la décourager. Imany aime – même, elle adore – ce genre de conneries. Ça lui fait pulser le sang dans les artères, ça dérouille ses vilaines habitudes et puis ça lui passe bien le temps et l'ennui. Et loin de la mer, elle n’a que cela. Parce qu’il n’y a rien de pire que de la quitter et rien de meilleur que de la retrouver. Entre les deux, ça n’est qu’un mal de vivre qu’on tue ; le mal du pays, un peu. Pourtant, il prend vite le dessus. Il la fout par terre sans aucune difficulté et, quand elle s’essaie à se redresser, l'incroyablement casse-couille d'inconnu la maintient là, sous la rigueur de sa semelle. Imany se balafre d'un sourire, mais d’une nuance très différente de celle de Lysander. « Ça marchera pas ce genre de trucs avec moi… » Celle qui faisait pourtant comme flirter avec lui il y a encore quelques secondes reste néanmoins insensible au charme de ce rictus imprimé dans les lippes. « Tu me laisses me relever ou tu me tabasses au sol ? C'est peut-être ton truc, après tout. Ou c’est quoi, les gars à moi qui te font peur ? » Bien qu’elle n’essaie pas vraiment de se dégager, Imany considère sérieusement l’idée de le faire basculer dans la poussière, à son tour. L’ennui, c’est qu’il est beaucoup plus grand et beaucoup plus fort qu’elle. « Un grand garçon comme toi… elle ricane. » Quitte à demeurer les fesses, les reins et la nuque dans la pisse et dans la merde d’Alta Mar, Imany aime autant se marrer aux dépens du colosse.

(c) valruna.

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@Imany Kalu & @Lysander Erskine

T’pourrais profiter de la situation pour régler tes comptes avec la pirate. T’acharner sur elle, profitant de l’avoir mise au sol pour lui infliger la même marque qu’elle t’a laissée. Mais, outre le fait que t’es pas idiot au point de prendre le risque de te retrouver avec son équipage sur le dos, t’es pas ce genre de personne, Lysander. Beaucoup dirait que t’es un connard. Probablement elle la première. Et dans l’fond, tu sais que tu l’es un peu. Pourtant, la vérité, c’est que t’es plus idiot que méchant. Même si tu t’assures de la garder au sol, au moins un peu, t’as pas l’intention de conclure ce combat sans lui laisser une vraie chance. T’es pas comme ça. « Tu me laisses me relever ou tu me tabasses au sol ? C'est peut-être ton truc, après tout. Ou c’est quoi, les gars à moi qui te font peur ? » Tu penches légèrement la tête avant de regarder du coin de l’œil ses gars, attentifs à ce qu’il se passe. T’as déjà calculée tes chances de t’en sortir s’ils décident que t’abuses. Et tu sais qu’elles ne sont pas bien élevée. Tu pourrais t’agacer de son ricanement. De sa façon de te chercher malgré sa position d’infériorité. Et, pour dire vrai, ça t’agace un peu. Mais tu sais qu’elle a raison, aussi. Lui répondre ne ferait que confirmer ses dires. A la place, tu la libères. Tu vas même jusqu’à lui tendre la main, pour l’aider à se relever. « Quel honneur il y aurait à ne pas t’accorder un vrai combat, hein? ». T’sais pas trop dans quelle mesure les pirates sont capable de faire preuve de fair-play, mais tu n’vas pas mettre tes principes de côté juste à cause de l’hypothèse qu’ils n’en ont peut-être pas. Alors tu restes juste là, le bras tendu vers elle, preuve de ta bonne foi.

(c) valruna.

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