Wicked Game (Imany)

Wicked Game

Tu recomptes les pièces tendues par le marchant. Hochement de tête alors que tu lui cèdes les peaux de ta dernière chasse. Tu t’empresses de ranger les quelques pièces dans une poche et de filer. Tête encapuchonnée que tu gardes baissées. Ne pas attirer l’attention. Simplement avancer silencieusement. Azracca et sa puanteur pour accueillir tes errances cette fois. T’essaies même pas de prétendre que c’est dû au hasard. C’est que tes pas son déterminés et assurés. Tu sais où tu vas, Hjørdis. Alta Mar. Sans doute le coin le plus mal fréquenté de tout Ozira. Mais la crapule est loin de t’effrayer. C’est que s’ils venaient à te chercher des emmerdes, t’en serais pas à ton premier combat. Certainement pas à ton dernier. Mais on t’fais pas chier, Hjørdis. Certains te connaissent même. C’est que c’est pas la première fois que tu mets les pieds ici. Quand bien même la raison de ta présence est bien souvent la même. Imany.

Elle t’a dis, Ayesha. Pour les docks. Pour le carranam d’Imany. Et elle t’as demandé d’essayer de dissuader sa fille de faire la connerie de s’y rendre. T’aurais pu dire non. Prétendre qu’Imany ne t’écouterait de toutes façons pas. Mais ce que t’as caché à ta camarade de Fen’Haven, c’est qu’elle a fait naître l’inquiétude en toi. Ce que tu ne lui diras jamais, ce que tu peines parfois à t’admettre à toi même, c’est que tu t’es attaché à Imany plus que de raison. La gamine te prenant par surprise, réchauffant ton palpitant sans que tu puisses l’arrêter. Et d’aussi fort que tu la repousses, tu te retrouves toujours à revenir auprès d’elle. Parce qu’il y a toujours une raison. Ou parce que tu en trouves toujours une. Mais toujours tu prétendras que t’as pas le choix. Ne serait-ce que pour entretenir le mythe de ton inaccessibilité.

T’es d’abord passé au Crâne Argenté. T’sais qu’elle y passe de long moment quand elle n’est pas en mer. Et si t’y as croisé un membre de son équipage, il n’a eu que pour utilité de te signaler son absence. Avant de te murmurer des directions un peu floues. Mais tu l’aurais sans doute trouvée même sans son aide. Après quelques minutes, tu l’aperçois un peu plus loin. Il y a un sourire qui se dessine sur tes lèvres. T’es heureuse de pouvoir le dissimuler sous ton capuchon. Tu t’approches, dans le dos de la pirate. « Oye cap’tain ». Que tu lâches dans un souffle amusé tout juste audible par l’intéressée.

(c) valruna.

Iels ont tous les mêmes syllabes dans la bouche : c'est pas une bonne idée. On lui a dit une fois, deux fois, six fois, douze fois... c'est pas une bonne idée, Kalu. Qu'est-ce que c'est censé lui faire, les sermons et les airs concernés ? et qu'est-ce qu'elle est censée en avoir à foutre, au juste ? La capitaine pirate ne compte plus le nombre de fois où quelqu'un a cru bon – en la connaissant bien ou non, par souci d'elle ou non, parce qu'on l'en croyait incapable ou non – de lui verser son petit avis. Et c'est chaque fois la même indifférence, le même mépris, parce qu'Imany, elle décide seule, parce que c'est même la première de ses libertés. Elle tient à une vie qu'elle mène de front, par elle-même, dans ce que ça a de cinglé ou d'une mauvaise idée. Peut-être même qu'aller contre le bon sens, la prudence du commun, c'est déjà vivre.

« Je demande pas si c’est faisable. Je demande si t’as quelqu’un. »

Elle a articulé, lentement, histoire de bien se faire comprendre de son interlocuteur. Lui, il a le sourire de traviole, comme s'il savait qu'elle répondrait un truc du genre. « Y'a toujours un taré pour faire n'importe quoi. » Et, haussant les épaules avec l'air d'un vieillard qu'aurait connu le début du monde, il pourrait aussi bien s'arrêter là, mais non : « Et c'est n'importe quoi. (L'autre version de c'est une mauvaise idée.) J'peux t'en trouver deux douzaines, des abrutis qui sont prêts à se faire sauter le caisson pour le plaisir de la ballade. » « J'en veux pas autant. Deux, c'est bien. Et des fiables. » Par-dessus une paire de lunettes en écaille, il la jauge un moment. « Ça vaut pas le coup, ton histoire. Vous allez tous vous faire sécher bien proprement par les écarlates et ça fera chialer personne. C'que j'en dis... Tiens, te retourne pas, mais y'a un drôle de machin qui s'avance droit sur toi... moi... nous ? Bah ! ça s'avance, en tous les cas. »

Un frisson parcourt l'échine d'Imany et lui tend les muscles. Elle se demande quel·le enfoiré·e va encore trouver le moyen de lui faire perdre son temps ; est-ce que, cette fois, il va falloir se battre, négocier, supplier ? Comme prédit l'autre, ce n'est peut-être pas pour elle, après tout, mais le sale pressentiment s'accroche à ces tripes car, ces temps-ci, le destin a une tendance très déplaisante à s'acharner sur sa carcasse. Bientôt, le timbre – très familier – la traverse et un rictus lui grimpe aussitôt sur la bouche. Tout son être s'en relâche. « Attends qu'je cherche quel grand méchant j'ai contrarié récemment pour me valoir une prime... elle lâche, narquoise, en pivotant sur ses talons. » Même sous son capuchon, celle qu'on vient d'appeler capitaine reconnaîtrait Hjørdis Østberg d'un coup d'œil. « Parce que t'es là pour ça, hein ? » « Tu nous présentes pas... ? commence à dire le bonhomme désormais dans son dos. » « Ta gueule. »

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@Imany Kalu & @Hjørdis Østberg

Tu relèves un peu ton capuchon. Suffisamment pour révéler ton visage. Mais pas trop. Pour ne pas trahir ta nature. Pour ne pas que les vallaslins ornant ta nuque ne soient aperçus. Il est loin le temps où tu pouvais te balader à visage découvert sans craindre pour ta vie. Alors tu ne le retires jamais vraiment. Du moins, jamais dans un lieu public. Et si tu as confiance en Imany, on ne peut pas en dire autant des autres badauds qui traînent à Alta Mar. Ou, même, de l’homme avec qui la pirate discutait avant ton arrivée. Mais tu ne t’intéresses pas vraiment à lui. Si tu lui adresses un regard, tu ne t’attardes pas sur lui. Tes prunelles glacées préférant plutôt s’attarder sur le visage d’Imany. « Attends qu'je cherche quel grand méchant j'ai contrarié récemment pour me valoir une prime... » Tu penches très légèrement la tête. C’est arrivé bien trop souvent à ton goût de voir une prime mise sur la tête d’Imany. Et avec le caractère de la pirate, t’oserais presque dire que ça aurait pu être pire. Mais cette fois, c’est pas ce qui t’amène. Tu ne lui diras pas les réelles raisons de ta venue. Pas vraiment. Et, quelque part, tu t’en voudrais presque de lui mentir. Mais tu te dis que c’est mieux comme ça. Qu’il est des vérités qu’il vaut mieux taire. Et t’as un paquet de raison de n’pas lui dire pourquoi t’es là. Pourquoi y a toujours un truc qui te ramène vers elle. Alors tu prends l’excuses qu’elle t’offre sans le savoir.

Quand l’homme ouvre la bouche, tu poses sur lui un regard froid et presque menaçant. Tu le scrute de la tête aux pieds. A tes yeux, il ne dégage rien de bien veillant. On pourrait accuser ta nature méfiante. Mais à Alta Mar il y a bien trop de vermine pour ne pas se méfier. Tu portes de nouveau ton attention sur Imany. « J’ai pas le nom du client. C’est que la moitié du contrat était souillé par le sang de celui sur qui je l’ai pris. ». T’entretiens le mensonge. Te caches derrière une pseudo prime pour donner une explication à ta présence. En rajoute, même, comme un avertissement donné au bonhomme. Tu te veux froide, presque sévère, même. Guidée par ta méfiance, t’as effacé ton sourire et enfilé ton masque de glace. Celui qui a tendance, pourtant, à s’effacer en présence d’Imany. D’un geste de la tête, tu désignes celui avec qui la pirate semblait faire affaire quelques instant plus tôt. « C’est qui lui ? ». Tu t’efforces de rester neutre. Tu ne voudrais pas qu’elle soupçonne que tu en sais plus que tu ne le laisses voir, Hjørdis. Aptitude que t’as été obligée de développer. Constant tiraillement entre ton affection pour Imany, ton implication avec Ayesha et les conséquences que la vérité aurait si elle devait éclater. Jeu presque dangereux dans lequel tu ne cesses de t’enliser.

(c) valruna.

À l’annonce qu’on a préservé son sang au détriment de celui d’un autre, la capitaine pirate ne cille pas. À l’intérieur, en revanche, c’est plein d’une inquiétude compliquée. Le poison sinue à l'envi, enlace les viscères et il souffle sur les braises de l'imagination. C'est qu'Imany n'a pas le temps – pas le luxe – de se payer de nouveaux ennemis qui vont vouloir lui faire la peau. Dans le même temps, elle a bel et bien contrarié plusieurs personnes assez importantes dans leur genre ces derniers jours. Mais ça ne leur ressemble pas vraiment. Alors, qui ? « Ç'aurait été aimable de poser la question avant d'lui ouvrir un sourire dans la gorge, réplique pour tout remerciement la fae de l'Été. » Reconnaissante, Imany l'est en fait extrêmement. Elle sait que Hjørdis veille sur elle. Ce n'est pas exactement la première fois que la chasseuse de primes la libère d'un autre chasseur. Naturellement, ce n'est jamais qu'un sursis et, néanmoins, par les temps qui taquinent son mauvais karma, c'est déjà plus qu'il n'en faut à la métisse.

« C’est qui lui ? finit par demander Hjørdis. » Il faut dire qu'il n'est pas discret, à se balancer d'une jambe sur l'autre, sans dépenser aucun effort pour se faire oublier d'elles ou se sortir de la conversation. L'homme en profite même pour sortir un peu mieux la tête du sol : « Qui le demande ? » « Personne le demande, intervient Imany en se décalant un peu, pour être sûre de faire obstacle entre deux sphères qui n'ont aucun besoin de se rencontrer. Et c'est pas tes affaires, elle continue exclusivement à l'adresse de la blonde. » Imany le dit gentiment – plus gentiment qu'elle ne cause à beaucoup d'ailleurs. En tous les cas, lui le remarque. « Je rigole pas, dit-elle quand même. » Mais tout le monde sent à la ronde qu'il n'y a pas une once de la violence nécessaire à la dissuader de creuser. Alors, et pour meilleur mesure, elle se tourne vers l'homme : « Je repasserai ce soir et on causera du prix. » Puis vers Hjørdis : « Tu viens avec moi ? Au Duc, on sera plus tranquilles. » Imany n'attend nullement qu'on acquiesce. Elle s'éloigne. Elle ne veut pas vraiment que Hjørdis soit mêlée à ses manigances. Elle ne veut pas en rajouter à la pile c'est une idée de merde, Kalu.

En chemin vers l'épave qui accueille l'équipage du Jack o' Spade lorsqu'il est à terre – le Duc –, Imany prend soin de marcher près de la fae de l'Hiver. Proche de Hjørdis Østberg, elle se sent plus puissante, plus forte, plus résiliente, même plus belle. Proche de Hjørdis, et tant pis si c'est faux, Imany se sent protégée. « Tu es venue jusqu'à Alta Mar pour me dire que je vais bientôt mourir ? » Parce qu'elle le savait déjà, bien que le motif en soit différent. « Ou c'est le tourisme dans une charmante et pittoresque petite station balnéaire de Nythsari qui te faisait envie ? » Les planches sous ses talons grincent à mesure qu'elles progressent dans les îlots, parfois côte à côte et parfois l'une devant l'autre. Dans le non-dit, bien sûr, il y a une troisième possibilité : la véritable raison de cette rencontre, ce qu'Imany veut réellement savoir.

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@Imany Kalu & @Hjørdis Østberg

Bien sûr que si le bougre n’avait pas été fictif, tu aurais pris le soin d’en savoir plus sur le commanditaire du contrat. Mais il est fictif et ajouter un nom lambda à la liste des ennemies d’Imany n’aurait pas d’utilité. Tu ne fais qu’acquiescer à ses propos. Parce qu’elle a raison. Parce que dans ce scénario, tu peux pas nier que t’as merdé. Tu pourrais lui dire qu’il ne t’as pas laissé choix. Mais tu n’en fais rien. C’est que ce n’est pas si rare que tu penses à poser les questions une foi qu’il est trop tard. Avec l’âge, tu t’es calmée. Beaucoup. C’est que t’as pas vraiment le choix. Obligée d’écouter ton instinct stratège plutôt que la rage qui brûle en toi. Mais ça arrive encore. Rendant ton mensonge plausible. Tu lui offres un léger sourire désolée. Comme la promesse silencieuse de t’assurer que tu trouverais l’idiot qui a mis sa tête à prix.

T’es plutôt intéressée de savoir qui est le type avec qui elle est, Imany. Parce que tu sais qu’elle prévoit quelque chose de dangereux. Parce que tu voudrais pouvoir l’empêcher d’aller se jeter dans la gueule du loup. Pas parce que Ayesha t’as demandée de la dissuader, mais bien parce que t’aimerais qu’elle reste en vie, Imany. Mais si Ayesha te croit capable de convaincre sa fille, toi, t’en est beaucoup moins sûre. Regard rapide à l’homme quand s’adresse à toi. Mais tu ne le calcules pas vraiment. Et quand bien même, Imany ne te laisse pas vraiment le temps de lui répondre. « Et c'est pas tes affaires ». Tu lèves un sourcil, Hjørdis, moyennement convaincue par la jeune femme. Mais elle a raison, pourtant. C’est pas vraiment tes affaires. Pourtant, tu n’peux t’empêcher de te dire que, si, un peu. Même si elle incite. C’est que tu sais qu’elle perd un peu de son mordant face à toi. T’insistes pas. Pas tout de suite.

Tu lui emboîtes le pas sans poser plus de question. Et plus vous laissez l’homme derrière vous, plus tu te détends, Hjørdis. C’est que si lui représentait une menace, Imany n’en est pas une. Et plus les badauds se font rare, plus t’exposes ton vrai visage à la pirate. Et dans ton silence, il y a l’inquiétude. T’essaies de la gommer du mieux que tu peux. « Tu es venue jusqu'à Alta Mar pour me dire que je vais bientôt mourir ? Ou c'est le tourisme dans une charmante et pittoresque petite station balnéaire de Nythsari qui te faisait envie ? ». Il y a un léger rire qui s’échappe de ta gorge, Hjørdis. Il y a bien mieux qu’Alta Mar pour faire du tourisme. Et vous le savez toute les deux. « Il y a mieux comme destination de vacances. Mais c’est pas si mal. A part peut-être l’odeur. Mais la vue n’est pas si mal. ». Trouver des qualités à Alta Mar, c’est pas si facile, mais t’essaies. C’est pour gagner du temps. Pour peser le pour et le contre d’avouer cette vérité que tu gardes pour toi. Pour trouver les mots pour lui dire que c’est pour elle que t’es venue jusque là. « J’voulais m’assurer que tu respirais encore. Qu’il n’y avait pas un idiot qui t’aurais trouvé avant moi. ». Soupçon d’inquiétude dans ta voix. Tu détesterais presque cette affection que t’as pour elle. Parce que chaque fois que tu sens sa vie en danger, y a cette boule au fond de ton estomac. Tu sais qu’elle peut se défendre, Imany, mais t’arrives pas à te défaire de ce goût désagréable que ça laisse au fond de ta gorge. « Et tu me vois ravie de voir que t’es encore entière. ». Le ton est à l’amusement. Comme si tes mots n’étaient rien. Qu’ils n’en disaient pas plus que tu ne le voudrais. « Du moins, pour l’instant. ». Regard furtif vers Imany. Comme pour lui faire savoir que tu la soupçonnes de prévoir quelque chose de dangereux. D’idiot, peut-être. Si tu ne chercheras pas à en savoir plus là où les oreilles peuvent traîner, c’est comme un avertissement que tu chercheras à en savoir plus une fois arrivée au Duc.

(c) valruna.

« La vue n'est pas si mal, convient Imany avec la moitié d'un sourire connivent. » En dépits de ses airs de cloaque à ciel ouvert et de trou à dysenterie, les îlots loqueteux d'Alta Mar sont sa maison – beaucoup plus qu'Azracca toute entière – et la pirate ne laisserait personne médire devant elle à leur sujet. Quand elle n'avait plus rien, ni possession ni endroit où se réfugier, il y avait Alta Mar. Quand sa mère et elle se sont séparées, il y avait Alta Mar. Quand elle a les feux de tout Ozira au cul, il y a toujours Alta Mar. Ce repaire est rempli à ras-bord de brigands, de salopards et de canailles, mais elle en est une. Pas la pire, d'accord, mais elle n'a pas les mains propres. Et elles ont ça en commun, Hjørdis et elle, à la différence qu'Imany n'a aucun besoin de se cacher parmi ses pairs immondes et assassins.

« J’voulais m’assurer que tu respirais encore.
- Je suis touchée.
- Qu’il n’y avait pas un idiot qui t’aurait trouvé avant moi.
- De toute évidence, t'as été plus rapide. »

Comme Imany devance Hjørdis sur un ponceau fragile jeté entre deux cabanons de la même qualité, elle lui jette un sourire caustique par-dessus son épaule. À vrai dire, la capitaine pirate est loin de se détendre mais, pour le moment, elle pourrait difficilement être mieux escortée. On ne risque pas de l'assassiner tout de suite. Quant à la prime, si Hjørdis la voulait pour elle-même, elle aurait déjà eu mille fois l'occasion d'exécuter la première mention de l'expression consacrée morte ou vive. « Entière et désinvolte, lui confirme Imany en se plantant au milieu d'une passerelle au bois à demi moisi. Parce que je sais me défendre, prend-elle la peine de rappeler à la fae de l'Hiver. » Elles n'avancent plus du tout, à présent. Imany n'est pas très sûre. Elle croit avoir perçu quelque chose, mais c'était fugace. Est-ce que c'est cette prime qui inquiète tellement la blonde ? Avec la vie qu'elle mène, Imany peut difficilement s'épargner le trouble, le chahut et le meurtre (au reste, elle aime assez ça). Tôt ou tard, inexorablement, les emmerdes remontent à elle comme les déjections au caniveau et elle finit par patauger dans la merde. « Mais t'as pas l'air de le croire, fait-elle avec un coup d'œil soupçonneux. »

Hjørdis l'a toujours défendue, depuis des années et presque dès le moment de leur rencontre. Pourquoi ? Imany penche pour la version qui raconte que la blonde a un faible pour elle.

« Tu me connais, finit-elle par tourner les talons et reprendre le fil du chemin parmi les pilotis, je suis prudente, sage, encore prudente et j'adore me soucier des conséquences. » L'ironie cogne dans son ton comme le ressac de la mer sur les rochers à la base des îlots. Sous leurs pattes, le mauvais temps se lève et les vagues grossissent au point qu'on le sente jusqu'au cœur des constructions les plus solides à la ronde. « Qu'est-ce qui pourrait bien m'arriver... »

Imany glisse sur un tronçon mouillé et, par chance, Hjørdis est là pour la rattraper.
~~Imany glisse sur un tronçon mouillé et, comble de malchance, elle tombe à la flotte.~~

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@Imany Kalu & @Hjørdis Østberg

Il y a de la prudence dans chacun de tes pas, Hjørdis. S’il n’y a pas de risque de voir un autre chasseur de prime débarquer, du moins à ta connaissance, les planches sous tes pieds ont connu des jours meilleurs. Si tu connais le chemin jusqu’au Duc, tu as abandonné l’idée de mémoriser l’endroit où se situent les planches les plus fragiles. Parce que t’as l’impression qu’elles changent à chacune de tes visites. Peut-être parce que tu ne viens pas aussi souvent que tu le voudrais. Peut-être parce que la mer ronge tous les jours un peu plus le bois. Peut-être parce que c’est volontaire. Tu ne sais pas. Malgré ta prudence, tu l’écoutes Imany. Léger sourire sur les lèvres quand elle se dit touchée. Puis tu te renfrognes un peu. C’est qu’il n’est pas difficile d’être la plus rapide quand il n’y a pas de concurrence. « Entière et désinvolte. Parce que je sais me défendre. » Arrêtée, tu plonges ton regard dans le sien. T’as jamais douté de ses capacités à se défendre. Tu l’as déjà vu se battre. Tu sais qu’elle est bien plus capable que d’autres. Mais c’est de sa faute si t’es comme ça. Si t’as envie de t’assurer qu’elle est en vie chaque fois que tu vois sa tête mise à prix. Fallait pas qu’elle t’attendrisse. Ou, plutôt, fallait pas que tu t’attaches, Hjørdis. Mais c’est plus facile de se dire que c’est sa faute à elle. Plutôt que de t’avouer que, avec Imany, t’arrives pas à totalement rester la femme froide et inaccessible que tu prétends être. Et, tu sais que ce qui se trame au fond toi, c’est sans doute le vrai danger qui pèse sur la vie d’Imany. « Mais t'as pas l'air de le croire. ». Tu détournes le regard. Tu la sais capable de se défendre, mais pas contre un regroupement de soldat de l’armée rouge. Pas contre leurs armes. Pas contre le Lyrium. Et si elle se rend sur les docks, t’imagines le pire. Et ça devrait ne rien te faire. Tu devrais ne pas t’en soucier. Et tu voudrais vraiment que ça soit le cas. Ne pas te soucier de son sort. Auprès d’Ayesha, tu pourrais toujours prétendre que ça serait dommage de perdre une éventuelle recrue pour Fen’Haven. Mais tu n’sais pas qu’elle excuse justifierait ton inquiétude auprès d’Imany. Tu sais juste que la vérité elle t’effraie.

« Tu me connais, je suis prudente, sage, encore prudente et j'adore me soucier des conséquences. » Tu laisses un léger et succin rire s’échapper de ta gorge. Des qualités, Imany elle en a plusieurs, prudence et sagesse n’en font pas partie. Et quand elle continue, tu secoues légèrement la tête. Mais comme si Akhmera elle même voulait prouver à la pirate qu’elle a tort, tu la vois glisser. Intérieurement, tu remercies les Aehven alors que t’arrives à la rattraper. « Tu disais? » T’es légèrement moqueuse alors que tu l’aides à se redresser, tes mains s’attardant sur ses hanches . « T’as presque manqué d’être vaincue par une planche humide. Comment je pourrais ne pas m’inquiéter de te voir affronter quelqu’un payé pour te tuer. ». Le ton est à l’amusement et à la moquerie. Et tu devrais sans doute retirer tes mains d’elle, mais tu ne le fais pas. A la place, tu te fais un peu plus sérieuse. « Ou pire. ». Tu ne veux pas qu’elle se braque, mais le sujet devra être abordé, tôt ou tard. Pour Ayesha, t’es officiellement là pour la convaincre de n’pas se rendre sur les docks, après tout. Tu sais que tu n’en feras sans doute rien. Mais tu pourras toujours prétendre avoir essayé. T’es presque soulagée d’être dans son dos. « C’est que ça m’attristerait s’il devait t’arriver quelque chose, Imany. ». Que tu lui souffles presque à l’oreille. Sans doute que t’aurais pas su l’avouer comme ça si t’avais dû affronter son regard. Déjà, tu regrettes un peu ton aveu. C’est qu’il est trop sincère.

(c) valruna.

Devant tant d'impudence de la part de la jeune capitaine pirate, c'est une espèce de punition divine, ce qu'on appelle l'ironie du sort ou une superstition de ce genre-là. N'empêche, ses semelles abîmées par des milles et des milles de navigation dérapent sur le bord d'une vieille planche et aucun moulinet de ses bras, qui seraient autrement plus à leur aise à bord d'un rafiot décrépit, ne parvient à lui rendre son équilibre sur la terre ferme (si l'on peut dire). Imany, elle s'imagine déjà le museau dans l'eau salée, à boire un peu la tasse en essayant de ne pas s'esquinter le coin du crâne sur l'arête d'un rocher et de mélanger, une bonne fois pour toutes, son sang à l'océan. Heureusement, Hjørdis est là et, heureusement encore, elle a la sale manie de tendre les mains pour lui sauver la mise. Deux fois en une seule et même journée, c'est presque trop ; presque suspect. « Tu disais ? » La fae de l'Hiver se moque mais sa cadette de l'Été est trop occupée à sentir les paumes qui ne la relâchent pas. Elle s'y attend, une, deux, trois secondes, mais le temps file et on ne la libère jamais tout à fait. Imany sent la présence de Hjørdis dans son dos et, bien qu'elles ne se touchent pas vraiment, ce manque de distance est bavard. « Pire, c'est mon domaine. » Assombrie, elle se contente de maugréer, et d'ailleurs plutôt pour elle-même. En fait, elle est sûre que le pire est à venir et, pour l'instant, elle n'a aucune raison de penser que Hjørdis le sait aussi. Non, c'est à propos d'autre chose et un rictus sarcastique se découpe bientôt dans la lèvre : « Est-ce que... t'es en train de flirter avec moi ? » Lentement, sur le même carré de bois pourri, Imany pivote vers la blonde. Nécessairement, les doigts se détachent de ses hanches et elle lève un peu le menton pour parvenir à une sorte de hauteur qui vaut bien celle de son interlocutrice. Le sourire a viré de nuance, de l'ironie vers une moquerie plus ambiguë. « Je dis pas que ça me dérange, fait-elle remarquer. » Imany pourrait monter l'embrasser (car Hjørdis est nettement plus grande qu'elle). C'est déjà arrivé, une seule et unique fois. Imany s'était enhardie. Hjørdis ne l'avait ni accueillie ni repoussée et elles avaient convenu de ne pas en discuter. Elle sait bien que c'est une sale idée et, frôlée par la certitude qu'on va la repousser, Imany l'abandonne. « Il arrive toujours quelque chose... finit-elle par commenter. De bonnes personnes ont des emmerdes. Les pires salopards ont des emmerdes. Si la vie se payait en emmerdes, crois-moi que tout le monde aurait de quoi raquer. » Avec un geste évasif, la métisse invite Hjørdis à la suivre de nouveau. Elles enjambent d'autres pontons, toujours plus ou moins identiques en termes d'hospitalité et d'état général.

Après cinq minutes de ce cheminement sinueux par les îlots, elles débouchent sur la carcasse du Duc. Plusieurs membres de l'équipage sont affairés à des futilités bien méritées après leur quart de surveillance à bord. Imany jette tout de suite un œil au Jack, bien en vue à moins de cinq cents mètres. Elle est tout de suite réconfortée dans son être. « Qu'est-ce que tu vas vouloir pour te remercier ? » De ce chasseur de primes – qu'elle ignore fictif – dont on l'a débarrassée, elle entend. Plutôt que de s'enfoncer parmi ses congénères comme elle le ferait d'ordinaire, Imany tire une échelle de corde qui les mènera au premier pont. « Ça te remboursera un peu de ton inquiétude, dit-elle avec un sourire en coin, comme si les sentiments d'Hjørdis n'étaient rien pour elle. » Et c'est faux.

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@Imany Kalu & @Hjørdis Østberg

Tu ne t’en es pas vraiment rendu compte, de votre proximité, de tes mains qui s’attardent sur elle. Comme une familiarité que tu accordes malgré toi. Motivée par une inquiétude bien réelle. Guidée par un sentiment que tu te forces à nier, à étouffer. Et peut-être qu’elle a raison, Imany. Peut-être que le pire c’est son domaine, mais ça n’aide pas à te rassurer. Pourtant, tu le sais. Imany, elle n’est jamais vraiment en sécurité. Pas avec la vie qu’elle mène. C’est que si elle est libre, la pirate, le danger est presque constamment autour d’elle. Et tu sais que même la mer pourrait l’emporter si elle le décidait. Et contre ça, tu ne pourras rien. Tu peux lui éviter les chasseurs de primes, mais pas les colères de l’océan. Et tu choisis de ne pas te soucier de ce que tu ne peux pas contrôler. Préférant avoir foi dans les compétences de navigation d’Imany et de son équipage. « Est-ce que... t'es en train de flirter avec moi ? » Et c’est là que tu t’en rends compte. Quand il est trop tard. Quand tu n’as, de toutes façons, pas le choix de retirer tes mains alors qu’elle se retourne vers toi. Non. Que t’as envie de lui répondre. Et si t’ouvres la bouche pour le faire, il n’y a rien qui sort. C’est que si ce n’était pas volontaire, elle n’a pas tort. Ton attitude peut laisser place à un tel questionnement. « Je dis pas que ça me dérange. » Sans doute que tu devrais en être flattée. Et tu te demandes si elle va oser t’embrasser une seconde fois, Imany. Et tu te demandes comment tu vas réagir, cette fois. Et tu ne sais pas, Hjørdis. Parce que si une partie de toi en aurait envie, tu sais que ce serait une terriblement mauvaise idée. Mais tu ne saura pas. Parce qu’elle n’ose pas, Imany. Et tu caches la légère déception qui passe dans ton regard. Lui préférant un soulagement bien moins sincère. Et si tu l’écoutes, tu ne lui réponds que par un léger hochement de tête. C’est que ta la gorge sèche et le besoin de ne pas trahir ta réaction à ce qu’il vient de se passer.

Tu restes silencieuse durant le reste du chemin menant au duc. Tu vas même jusqu’à t’assurer de ne pas rester trop proche d’elle. Préférant rester légèrement en retrait même dans les endroits où tu pourrais être à ses côtés. Tu ne veux pas qu’elle se fasse des idées, Imany. Parce que tu ne peux pas te permettre qu’elle entretienne l’idée que tu lui es accessible. Quand vous arrivez, tu jettes un coup d’œil à son équipage. Rapidement. « Qu'est-ce que tu vas vouloir pour te remercier ? » T’as bien une idée. Une qui ne va sans doute pas lui plaire. « Ça te remboursera un peu de ton inquiétude. ». T’as pas besoin d’un remboursement, Hjørdis. Et sans doute qu’elle le sait, au fond, Imany. Ou, tu l’espères. Un peu. Quand bien même l’idée qu’elle ignore la sincérité de tes sentiments est quelque peu réconfortante. D’une main, tu prends l’échelle de corde et te penches un peu vers la pirate. « Tu pourrais commencer par me dire ce que tu faisais avec le type de tout à l’heure. ». Tu lui offres un sourire. Comme si cela permettrait d’éviter qu’elle ronchonne. Comme si ça te permettrait de la convaincre de t’en dire plus. « Je veux dire, savoir me permettrait sans doute de ne pas m’faire de soucis pour rien... ». Tu surenchéris ton regard océan plongé dans le sien. Comme si tu cherchais à l’attendrir pour la faire la parler. « Ou tu peux garder ton secret et me supporter dans tes pattes jusqu’à ce que je sois totalement rassurée. ». Nouveau sourire. Mais tu n’lui laisses qu’à peine le temps de rétorquer. Choisissant plutôt de monter à l’échelle et de l’attendre sur le premier pont.

(c) valruna.

Imany ne croit pas une seconde que Hjørdis soit à sa portée. Au contraire, elle les sait vivre aussi à l'opposée qu'il est possible, la blonde quelque part dans la cime et elle, beaucoup plus en bas, dans l'humus. Ça ne l'empêche pas de jeter des regards curieux, tintés de gourmandise et de provocation, à la face de la fae de l'Hiver. La pirate ne s'en excuse pas ; elle ne s'excuse jamais de pupilles trop cavalières puisqu'après tout cela ne fait aucun mal. En revanche, elle tient ce silence religieux jusqu'au Duc et, une fois à bord (si l'on peut dire), Imany observe Hjørdis par le dessous avec l'espoir qu'on ne lui demandera rien qu'elle ne souhaite partager. C'est peine perdue, bien entendu, car l'autre est une insupportable fouille-merde – très à sa mesure – quand elle s'y met. Aussitôt, la métisse va rétorquer qu'elle ne dira rien (d'abord, elle n'en a pas envie, et puis elle n'est pas sûre de pouvoir supporter un autre de ces sermons qui sait tellement mieux qu'elle) et, encore une fois, que ça ne sont pas ses affaires. Elle manque de temps. Hjørdis mène son petit jeu, à moitié penchée sur elle, les lippes ourlées d'un sourire de gamine impossible. Une fraction de seconde, c'est à se reconnaître dans ce minois. Mais Imany secoue le crâne, un peu renfrognée. « Tu - » Elle ne finit pas. La chasseuse de primes s'envole par l'échelle alors, et pour revanche, sa cadette ne se prive pas de la vue en levant le museau. « Tu sais que tu fais chier ? lance-t-elle depuis le sol. » Moitié à grogner et moitié à ricaner. Avant d'escalader à son tour, elle rajuste ses bagues et ses bracelets de sorte qu'ils ne l'encombrent pas durant son ascension. Un instant plus tard, elle émerge sur le vieux pont foutraque du Duc, une vue splendide sur les îlots d'Alta Mar pour horizon. Ce n'est pas une vue dont on se lasse, jamais. Spécialement quand on a l'habitude de la quitter et d'y revenir tout au long de sa vie. Ici encore plus qu'en bas, la végétation étreint langoureusement le bois. Ils fondent l'un dans l'autre et menacent d'exister pour toute l'éternité comme de s'éparpiller à la moindre brise. Surtout, on sent particulièrement bien la mer, qu'Imany inspire à pleins poumons.

  « J'essaie simplement d'acheter un truc. » Après qu'elle a eu quelques secondes pour y réfléchir, Imany se décide pour un mensonge caché derrière un tronçon de vérité choisi. Ce sont les meilleurs mensonges, les plus vicieux et les plus efficaces, et elle espère qu'Hjørdis se contentera de ça. Parce qu'elle refuse de discuter le reste. « Tu sais bien comment ça marche... un ami d'un ami qui connaît un ami... » Imany pourrait en parler à la blonde et, honnêtement, elle en a assez envie. Toutes ces années et sans rien attendre d'elle, Hjørdis s'est montrée compréhensive et protectrice avec elle et, contrairement aux humains et aux hybrides de son entourage, elle pourrait comprendre ce que ça fait d'être liée à quelqu'un d'autre par la moitié de son âme. Personne ne veut comprendre qu'elle est forcée de le faire. Elle doit le faire. Elle ne la laissera pas mourir sur les docks. « Nan maman, fait-elle d'une voix moqueuse. C'est pas légal. » Et Imany lorgne après la fae de l'Hiver avec un éclat dans le regard qui suggère tout ce qu'il n'y a pas de filial dans la chose qui les lie.

» S1E1 Adénor : Wicked Eyes & Wicked Hearts
» Your knife, my back. My Gun, your head. (Imany)
» fantôme du passé /imany&siora.
» Wicked hearts ☆ Elizaveta
» promenade nocturne (imany)