“ Gee, boss, you really know how
to put the 'fun' in funeral. ”

« Va t’faire enculer, Kalu.
- Qu’est-ce qu’on t’a fait au cul pour qu’tu penses que c’est une punition ? »

Ça a dégénéré à une vitesse incroyable dans le fond de la taverne. C'est souvent le cas. Risrah, le capitaine du Caleuche, le verre de trop à la fois dans la gorge et dans la pogne, se met à cracher contre sa malchance, ses poches vides, l'inertie de son équipage, la platitude d'Alta Mar, les Temps Anciens, la bonne vieille piraterie, les arrivistes... jusqu'à ce que la liste en arrive irrémédiablement au Jack o' Spade et à Imany Kalu dès qu'elle a l'impudence de se trouver dans la même salle que lui. Bien sûr, elle pourrait ne pas rétorquer – mais où serait le plaisir ? À cela s'ajoutent une très ancienne rivalité (dont, dans l'ensemble, toutes les parties ont oublié les origines) et une vraie propension à trouver la castagne divertissante. « Je propose que toi et ton équipage de chiennes crevées vous alliez voir dans la baie si j'y suis... » « Contre-proposition ! elle s'exclame en grimpant sur une chaise. Tu te rassois le cul gentiment et tu bois à ma santé ! À tes frais. Il a dit à ses frais, elle répète, un peu plus fort mais cette fois en direction du comptoir sans vraiment y regarder. » C'est à peu près là qu'il s'est cru charger de la faire descendre. Les mains dans le repli des vêtements, Risrah la tire vers lui d'un coup sec. Manquant de basculer, Imany se dégage et, dès ses semelles sur le sol, elle tire son scimitar à hauteur de nez de monsieur le capitaine du Caleuche. « Mauvaise idée. » Son expression s'est un peu ternie. Elle parait considérer l'opportunité de lui trancher la gorge sur-le-champ. Au dernier moment, et alors que la lueur aux pupilles de Risrah avait basculé, elle aussi, Imany rengaine et délace gentiment son harnais. Il n'est pas vraiment besoin qu'elle se remonte les manches pour esquisser la suite. « Qui a gagné déjà, la dernière fois ? demande-t-elle avec indifférence, et même une vraie légèreté. » Quelque part dans son dos, un membre de son équipage gueule que c'est eux. En face, naturellement, quelqu'un de l'autre camp rétorque que c'était le sien. « Allez,  dit-elle comme d'un mal nécessaire. Tu devrais répéter le truc à propos de tout' nos mères pour s'échauffer un peu... »

PNJ présents Risrah Maragall, 140 ans, fae du Printemps, capitaine du Caleuche (niveau 2 en corps à corps, niveau 3 en défense) + trois membres d'équipage (lancer de dés) du Caleuche (tous 2 en corps à corps, 2 en défense)
règles On utilise que les compétences de corps à corps et de défense.

☾☾☾☾

“ Oh sinnerman, I know all that roams must come home
But why am I still feeding on the serpents that you bear ”

Et voilà qu’une pause bien méritée s’offre à toi à Alta Mar, en compagnie de ces charmantes crapules qui constituent l’équipage du Jack O’Spade. Concentré sur l’entretien du fusil de recrue d’Halloran, tu lui confies que tu les rejoindras un peu plus tard au Crâne Argenté. C’est sans trop te presser que tu t’y rends et ton premier réflexe est de te faufiler jusqu’au comptoir pour y réclamer une chope. Inutile de faire fonctionner ta vision d’aigle pour repérer tes compagnons dans la taverne, il y a de l’animation au fond du bar. Risrah Maragall, déjà bien attaqué par la gnole, cherche une tête de Fae pour passer ses nerfs. Pourtant, tu t’étonnes encore que l’ivrogne puisse encore tenir sur ses jambes compte tenu du nombre de branlées qu’il s’est ramassé jusque-là. Tirant un tabouret du dessous de la table, tu arrives au moment où le capitaine s’enflamme à la suite d’une défaite écrasante face à Imany. Tout en t’installant entre Devah et Halloran, tu ne peux réprimer quelques mots. « P’tain, ça r’commence. » Tu portes la céramique à tes lèvres et descends son contenu de quelques gorgées en observant la scène qui se déroule droit devant toi. La capitaine du Jack a dépouillé son rival et forcément, il n’est pas de la meilleure humeur. L’insulte que celui-ci ose proférer te fait hausser les sourcils alors que ta chope regagne une nouvelle fois la table. Imany ne se laisse pas faire et propose grosso modo qu'il ronge son frein en silence. Ça sent la baston, tu oses seulement le penser, mais il ne faut pas plus de quelques secondes pour que la tension monte de plusieurs crans d’un coup. La Fae de l’Été demande à rappeler à qui la victoire est revenue la dernière fois. Tu croises les bras et appuies ton dos au mur, ton regard se déplace discrètement vers les membres de l’équipage adverse, attentif au moindre geste. Les deux camps clament haut et fort que la précédente victoire leur revient. Eh ben. ‘Va falloir départager tout ça…. Tu fronces les sourcils, voyant que l’un des leurs commence à se détacher de sa table furtivement. Tes mains se posent sur les épaules d’Halloran et de Devah pour qu’elles suivent ton regard. Il te faut seulement quelques secondes pour comprendre dans quoi le lâche souhaite s’aventurer. Tu te lèves d’un bond. « Imany ! Tourne-toi ! » Tu n’as pas le temps de chasser le fauteur de troubles que d’autres s’en mêlent, attirant ainsi ton attention ailleurs. D’un grand coup de botte, tu repousses la table pour vous permettre de gagner plus d’espace en la faisant violemment glisser en direction de vos fourbes assaillants.

Juste le temps d'un soupir et le vacarme devient chaos. Rien de bien étonnant à ce que le Crâne Argenté n'implose, encore une fois, une autre, ni la première, et certainement pas la dernière. Rien de bien savant, au fond, que de comprendre que deux équipages ne peuvent y cohabiter, qui plus est lorsque les deux troupes concernées sont celles du Jack et du Caleuche. Maragall est un idiot, c'est indéniable, un idiot doublé d'une brute dont on se demande parfois, ici, dans le coin, ce qui lui vaut  encore d'avoir un bateau, un équipage et une tête, amochée certes, mais une tête encore en état de babiller entre deux rasades d'alcool fort et, malheureusement, de proférer toutes les insanités que ses lèvres baveuses s'impatientaient de cracher. Tout était réuni pour que ça dégénère, tout était trop jouissif, comme toujours, pour qu'Imany ne loupe l'occasion de lui refaire le portrait, alors la surprise n'en était une pour personne, raison pour laquelle, peut-être, certains clients avaient déjà déguerpi, et ce bien avant que le tout ne s'envenime. Les lèvres encore nappées de cette bière atrocement trop amère qu'on lui avait servie, Devah n'eut pas vraiment à glisser ses pupilles là où le regard de @Merwan Ait Alyy l'y guidait, alertée, déjà, par la poésie chantée à ses oreilles et leurs conséquences plus qu'évidentes. Ils allaient devoir y mettre du leur, et prouver aux Caleuche, encore une fois, que provoquer @Imany Kalu n'était sensiblement pas la meilleure idée du siècle. Alors que Merwan prend finalement les devants en envoyant valser la table – et la bière infâme, au passage – sur les benêts décidés à en découvre, Devah attrape sur l'un des buffets adjacents une bouteille à trois quarts vide, bien décidée à la fracasser sur la tête du premier arrivé. Le problème, c'est qu'à peine le mouvement entamé, l'homme qui vient à sa rencontre stoppe net son geste, le gaillard ayant l'avantage de faire deux têtes, et trois cuisses de plus qu'elle. Ni une ni deux, la voilà jetée au sol, sa main se fracassant sur le parquet en même temps que la bouteille dont les débris s'enfoncent lentement et douloureusement dans sa chair quand ses lèvres, elles, susurrent dans la vide d'une rage réveillée. « Espèce de sale petite enflure... »

“ you guys want to fight ? ”

Encore une fois, Halloran songe qu’elle aurait dû rester à bord du Jack, ou du moins en solitaire dans la coque éventrée du Duc. Pas qu’elle n’aime pas la compagnie des autres (ou enfin, de certains autres), ou qu’elle ne se sente pas en sécurité – toute relative – à Alta Mar, mais…

Imany a le chic pour trouver la merde.

Elle la cherche, il faut dire, à toute heure du jour ou de la nuit, par beau ou mauvais temps, à terre ou en mer. Et ce n’est pas qu’Halloran soit particulièrement contre le fait de régler ses comptes par les poings… sauf que ça lui fait beaucoup de boulot, à la fois pendant, et après. Et donc, à la remarque de Merwan, Hale répond d’un soupir résigné, buvant le reste de sa bière d’une traite – ce serait dommage de la gaspiller lorsque les hostilités seront lancées. C'est pas la peine d'espérer que les choses se déroulent autrement, elle l'a bien appris, depuis le temps. Les esprits s'échauffent, et Halloran retrousse ses manches, sans se presser, juste au-dessous des coudes.

Elle n’a le temps que de récupérer sa propre choppe et celle de Merwan avant que ce dernier ne pousse la table d’un coup de pied, arrêtant effectivement certains matelots du Caleuche dans leur élan. Pas pour bien longtemps, alors que l’un d’eux y grimpe d’un bond souple. Halloran soupèse la chope dans sa main, et la lance vers sa tête. L’autre l’évite, mais, concentré sur la première, ne voit pas arriver la deuxième, qui lui éclate en pleine tête. « Headshot ! » Haha, dans sa gueule. (Bon d’accord, elle se laisse peut-être un peu trop emporter… mais quelle précision dans ce lancer, tout de même !) Sourire moqueur aux lèvres, elle dédie à son adversaire un geste incroyablement vulgaire, avant de lui faire signe d’approcher, s’il l’ose.

Reste plus qu’à espérer qu’elle soit en forme.