PSEUDO hestia's heir personnage rôle vacant stalkage bazzart défis OUI OUI OUI mot d'adieu ready for the drama  crédits valruna (av), old money (icons).

AN 1048 COURS DU PALAIS IMPÉRIAL, ASTRAGAN
Les doigts fermement empoignés à son arme, le gamin faisait face à son instructeur. Il avait beau être âgé d’une huitaine d’années à peine, la constance des entraînements dispensés par Sieg n’avait rien à envier à celle accordé aux jeunes recrues de l’Armée Rouge. Ni d’égale, même, que leur sévérité. Une conjoncture aisément qualifiable de draconienne pour un si jeune enfant et pourtant jugé impérative par l’empereur. À son égard, l’âge n’avait que peu d’importance, il n’était même qu’une risible approche quantitative. Avant d’être un enfant, son fils était un Havilliard. Et, là où le premier pouvait prétendre à l’indulgence de ses aînés, le second n’avait nul autre choix que de s’élever au-dessus des hommes. Façonné à l’image de feu son père, Marcus n’avait jamais rechigné à briser son fils pour assurer sa malléabilité. Tout était prétexte à ce que l’enfant subisse son courroux et celui de ses auxiliaires, à la moindre peccadille et, parfois même sans raison, à l'improviste ; pour un entraînement jugé insatisfaisant, un rire estimé trop audible ou un sourire trop longtemps étiré le long de joues (déjà) rougies. C’était l’interdiction absolue de tousser quand il était malade, de laisser traîner ses petites affaires et de salir un tant soit peu ses uniformes ; le soupçon obsessionnel du moindre écart, aussitôt sanctionné, et le cortège infernal des obligations absurdes et des humiliations. Une atmosphère somme toute particulière ; la sensation effarante de les avoir toujours sur son dos, même quand ils n’étaient pas là, une vie perpétuellement aux aguets dans l’attente des blâmes et des sanctions.
Orion respira profondément, il se concentra de toute ses forces et fit un discret signe de tête à son instructeur. L’homme plissa les yeux. Le gamin prit une nouvelle respiration, et il vit l’homme bondir vers lui. D'un geste vif, il bloqua son bâton avec le sien, il échangea quelques passes, mais ne fut pas assez vif pour reculer. D'un souple mouvement du poignet, Sieg le désarma et lui plaça son bâton sous la gorge.
― You died.
Orion grogna, et attrapa son bâton. Il secoua la tête, et regarda Sieg reculer. Il respira plusieurs fois, et fit un nouveau signe de tête à son instructeur. L’homme se précipita vers lui et le combat recommença. (...) les coups continuèrent à pleuvoir, une pléiade de vagues furieuses, rapides, et brutales qui déferlèrent jusqu’à ce que ses genoux, tremblant d'épuisement, viennent l’empêcher de se relever.
― Get up. You’re a Havilliard. Not a fucking little girl, Orion.
Puisant dans ses dernières forces, le gamin s'accrocha à une des colonnes du cloître pour s'aider à se relever. Il leva son épée devant lui, opposant une garde dérisoire à celui qui promettait de le mettre en charpie et risqua une attaque. Son bâton, écartée par une riposte savante, le laissa à découvert et Sieg en profita pour venir écraser  le sien, avec violence, contre sa pommette et le projeter au sol.
― You’re wasting my time.
Incapable de se relever, le visage strié de lacérations sanglantes sur la pommette et la joue, l’enfant voulut s'essuyer les yeux, mais il fut incapable du moindre geste. Bien trop terrifié à l’idée que Sieg surprenne les larmes qui menaçaient de venir se fracasser contre sa chair meurtrie. Alors il réprima péniblement les sanglots qui lui nouaient la gorge.
Comme toujours, il réprima.
Encore et encore.

AN 1054 TRAQUE DANS LA FORÊT ÉMERAUDE, VALRÉAL
Il courait à en perdre haleine, trébuchait parfois, mais pour rien au monde il n'aurait ralenti sa course. À en juger la façon dont Nemean, le jeune mabari qu’il avait recueilli dans un piteux état l’an passé, agitait sa queue avec frénésie, la créature qu’il traquait depuis maintenant près d’une demi-heure devait se terrer tout près. Seulement quelques minutes après l’avoir détaché, le canidé extirpa, crocs plantés dans son mollet, sa proie, hurlante, du buisson duquel elle pensait avoir trouvé refuge. D’un geste de la main, Orion intima à sa bête l’ordre de la relâcher et de reculer, s’approchant avec précaution de la créature qui gisait à terre et le suppliait allègrement.
― Unless you want to be bled like a little piggy, I advise you not to use your magic.
Il l'attrapa avec violence par les cheveux, la hissa à hauteur de son visage, appuyant sa lame contre sa gorge. Il n’avait qu’à la laisser glisser nonchalamment le long de son cou, cavaler sinueusement jusqu’à sa tempe et se délecter de la terreur qui imprégnait ses prunelles à mesure que la dague chantait contre sa chair. Ensuite, il n’aurait qu’à sectionner son oreille effilée d’un geste vif. Un acte maîtrisé comme pouvait en témoigner la parure qu’il arborait fièrement autour du cou. Il lui suffisait de jouer de sa lame et il surpasserait la chasse du jour d’Elvira.
Rien qu’un geste. Un unique geste pourtant si coutumier...
Sans savoir si ce fut le visage encore trop enfantin de la créature ou le silence dans lequel elle se mue, quand bien même eût-elle la jambe mutilée, qui l’empêchèrent de passer à l’acte. Elle s’était contentée de relever la tête et lui avait adressée un regard plus parlant que toutes les plaintes qu’elle eusse pu laisser découler d’entre ses lèvres charnues. Un regard qui suffit à balayer toutes ses certitudes et réveiller une empathie qu’il ne se soupçonnait plus à leurs égards.
― … get out. Next time I won’t be so lenient.
Un bref moment d’égarement qu’il se mit irrémédiablement à maudire dès l’instant où il lui ordonna de disparaître.
― I promise.

Appuyé contre le chambranle de la porte, les bras croisés sur sa large poitrine, il patientait dans l’attente que sa mère daigne quitter ses appartements. Si il n’était pas du genre à écouter aux portes ni même à témoigner d’un quelconque intérêt pour les commérages et autres indiscrétions, qu’il laissait volontiers à ses soeurs, l’écho de son prénom au travers de l’ébène vint titiller son attention.
―  (...) he looks so much like his father, I just can't stand to look at his face.
Ça ne pouvait être qu’une blague, une plaisanterie de mauvais goût.
Peut-être même avait-il fait erreur sur la personne, peut-être même ne s’agissait-il pas d’elle.
― My own son disgusts me.
Ses lèvres s'entrouvrent, articulent ce qui semble être des mots, mais aucun son ne sort de sa bouche. Le regard plongé dans le vide, il perd pied, manque de défaillir si sa main droite n’était pas venu le soutenir de tout son long contre l'entrebâillement de la porte. Le visage de sa mère l’envahit, la distance qu’elle n’a cessé de leur imposer ces derniers temps trouvent finalement écho dans ses quelques mots, dans ce qui ne s’apparentait être que des bruits de couloirs. Bastard. Et l’envie de crier, l'envie de hurler. Toujours plus présente.
Tous ces mots restent prisonniers de sa tête, de son cœur, de son âme, de son corps tout entier. Il veut les chasser mais ils restent là, aiguisant comme des lames au creux de ses entrailles. Ils s'entremêlent, se dispersent. Les mots génèrent les maux et les maux engendrent les mots. La plainte emprisonnée dans sa gorge grossit et se libère à l'instant où Elvira le surprend.
― So, you intend to whine in mom's petticoats for coming second. One more time.
Trop aveuglé par les ressentiments qui l’assaillent, il se geste d’un bond sur son aînée et l'accule contre le mur de tout son poids. Son poing se lève, pour déverser sa rage sur elle, sur Elvira qui lui ressemble tant, sur Medea qui transparaît dans son regard, sur chaque parcelle de ce visage qui suinte la Blackwood plutôt que l’Havilliard.
Mais il reste en suspens à quelques centimètres de son visage.
― Shut your mouth qu’il vocifère en la secouant violemment contre le mur, shut your fucking mouth Elvira.
À chaque mot correspond un autre coup contre le mur, toujours plus fort. Jusqu’à ce qu’un garde finisse par les séparer et que sa mère, alertée par les cris, daigne finalement quitter ses appartements pour s’intéresser à sa folle progéniture. L’adolescent lutte, continue de s’agiter, prêt à venir fracasser le crâne de sa soeur contre le mur. Incapable de se contrôler jusqu’à ce que son regard ne rencontre celui de sa génitrice. Les pupilles s’entrechoquent et des siennes, il ne parvient qu’à entrevoir un dégoût latent, une profonde aversion, certainement trop longtemps réprimé. À ses yeux il n’était plus que le reflet de Marcus et jamais plus elle n’oserait l’enceindre de ses bras comme elle étreignait présentement Elvira, ni même caresser du bout des doigts la chair qui était sienne. Seigneur comme il l’enviait, peut-être même jusqu’à la haine.

AN 1073 QUARTIER DE L'ARMÉE ROUGE, OCEARA
Ce n’était plus dans ses habitudes de fumer mais, les récents événements qui agitaient Oceara avait eu raison de ses bonnes résolutions. À y songer, c’était peut-être même de lui que la cité avait finit par avoir raison. Les journées s'enchaînaient et se ressemblaient toutes, s’articulaient entre interogatoires musclés et sollicitations aussi diverses que variés. Il fallait être partout présent et attentif. Vers la fin de la journée, si il avait le malheur de s'asseoir sur une chaise pour trois minutes de pause, il ne s'en relevait plus. Jamais il n’aurait pu envisager qu’un jour, briser les phalanges de ces abominations finirait par perdre de sa superbe. Jamais même, le palais impérial ne lui eût tant manqué.
― Sorry to intrude your Grace… er, captain, you have received a letter from Miss Donati.

Mon cher geôlier,
Est-ce ainsi que je dois vous appeler ? Après tout le terme vous sied à merveille. N’êtes vous pas la personne dont la tâche est d'assurer le confinement et la sécurité de la prisonnière que je suis ? Il serait bien étrange de nommer une telle personne fiancé, vous en conviendrez. J’ai appris nos fiançailles ce matin, entre deux bouchées, un petit-déjeuner bien amer. Jamais croissants ne furent aussi infects.
À mon goût comme à celui de ma mère.
Pauvre femme, elle qui rêvait d’un mariage d’amour pour au moins l’une de ses filles.
Il faut croire qu’une décennie à refuser les prétendants que l’on me proposait, au gré de prétextes plus fantasques les uns que les autres, eut don d'agacer mon père. Après tout, je dois bien admettre qu’une jeune femme de mon âge, loin d’être fiancée, était une tare plus qu’autre chose. Triste monde.
C’est donc avec regret et désamour que j’accepte votre proposition.
Je vous saurais gré de prendre les mesures nécessaires à mon emménagement au sein de notre bagne conjugal. À moins que vous ne souhaitiez subir le courroux d’une Donati ? Quand bien même la réputation qui me précède vous laisse à penser qu’une louve puisse être domestiqué, je reste tout aussi sauvage que n’importe lequel de mes frères. Si ce n’est plus.
Dans l’attente de ne pas partager la même couche, je vous présente mes sincères condoléances,

Lucrezia

Il acheva sa lecture et mit la lettre dans sa poche, les lèvres étirés d’un sourire satisfait.
― Answer her. I want her to know how I treat the wolf qu’il lâche en adressant un regard au tapis sur lequel se tenait l’émissaire.