On pourrait presque les penser mal assortis.

Le petit groupe rassemblé sous les derniers rayons de soleil de Zéhérim paraîtrait facilement disparate à un oeil non averti: les âges sont aussi différents que les Cours d'origine, patchwork de peaux et d'accents. Une seule caractéristique pour venir tous les rassembler ; les oreilles pointues fièrement dévoilées sous le couvert des arbres. La forêt aux alentours est assez vaste et dense que pour absorber le bruit de la réunion, n'en reste pas moins que le tout est relativement ordonné - une vie d'errance ayant appris la prudence à la plupart des membres rassemblés. Les récits se sont enchaînés pendant de longues minutes, les hahrens construisant souvenir par souvenir un semblant de mémoire commune. Les sages se succèdent les uns après les autres pour tisser la toile de tout ce qu'ils ont à partager, virtuoses d'un passé qu'ils n'ont que trop envie de voir renaître. La magie opère peu à peu sous leurs mots bien choisis, les réticences des uns et des autres tombant en même temps que les derniers rayons de soleil. Petit à petit, les langues se délient et des bribes de conversation sont amorcées entre voisins - première réunion de la sorte pour rassembler les fustigés idéalistes.

On pourrait presque les penser mal assortis si ce n'était pour cette flamme de rébellion au fond des yeux et des tripes, eux qui sont tous liés par la plus belle des promesses, IR AELYR FEN'HAVEN.

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Aurya connait par coeur les récits de Naida à propos de la Cour de l'Ete, peut imaginer ses terres sous Mysrathan aussi clairement que si elle les avaient connues plus de quelques années. Ca n'empêche pas l'oisillon d'écouter avec attention les histoires des autres cours, aussi discrète que frêle dans la nuit qui tombe peu à peu. La gamine reconnaît quelques visages connus dans le petit groupe ainsi rassemblé en forêt, Hyo qu'elle a salué de loin sans oser l'approcher (le coeur au fond des talons), Ehrys à qui elle a timidement souri, Elizaveta - aussi - avec qui elle a échangé un regard rempli de sous entendu, Vladan et un clin d'oeil amusé. Et bien évidemment Rehan, qu'elle a abandonné quelques instants afin de se rapprocher d'un hahren de la Cour de l'Automne. On aurait du mal à croire que l'oisillon frissonnant dans la brume du début de soirée est la fille de la grande Naida, elle qui paraît si fragile à la lumière des quelques feux allumés dans la clairière.
 

Heureusement que le fae de la nuit se trouvait à proximité de Valréal à cette date fatidique. Mais de toutes façons, il n'aurait raté cette réunion pour rien au monde. Se faufilant dans le palais des roses de par la séduction d'une prochaine victime du Dalen, il aurait pas mal de choses à raconter à ses camarades pour préparer la lutte de Fen Haven. Des informations croustillantes, des débuts de plans, tout ce qui pourrait être utile au groupe pour infiltrer ... Ou Saccager les lieux. Quoiqu'il en était, il aurait bien le temps de faire part de ses découvertes aux Harens et aux autres membres durant la soirée.

Pour le moment, il pouvait simplement profiter du calme paisible de cette nuit qui tombe et enveloppe ses sujets de ce voile sombre et protecteur. La forêt revigore les coeurs de son air frais dont Vladan inspire une grande bouffée. Les derniers récits des anciens se terminaient, il y avait un peu participer, donnant un peu de son expérience de Dalen, continuant d'apprendre par une participation orale plus active. Les regards sur les marques de son visage se faisaient moins insistant alors que ses paroles attiraient un peu plus l'attention. Jusqu'à ce qu'il fut temps de laisser la place à plus de festivités, et que les conversations commençaient à aller bon train. Peu habitué à se mêler aux autres, l'ainé de le seconde branche des Lantsov se tenait un peu à l'écart, prêt d'un feu allumé alors que son regard voguait de visages en visages, recherchant des traits familiers avec qui passer un peu de temps. Les membres de sa famille se ferait rapidement remarquer et mais ce fut le clin d'oeil d'Aurya qui le ramena parmi les vivants de cette réunion. Il le lui rendit avec amusement, ravi de voir cette fière fae prometteuse dans leurs rangs ce soir.

Il se leva alors pour faire quelques pas dans la petite clairière, curieux. Cette discrétion qui lui colle à la peau, il devrait bien finir par s'en débarrasser une bonne fois pour toute s'il voulait progresser. Quelques signe se la tête, jusqu'à ce qu'il n'aborde un groupe par les paroles de ralliement de la faction :  « Ir aelyr Fen'Haven, chers frères et soeurs ... ». Histoire de se faire connaitre et d'engager une conversation ...

 

Fen'haven était semblable à un serment millénaire que le temps n'était jamais parvenu à effacer. On ne les voit pas, mais on sait qu'ils sont là et qu'ils s'accrochent. Ils sont insupportables et noires, et ils vous rongeront petit à petit, ils s'agrippent à votre système et en gangrène les fondements ineptes. Fen'haven est une promesse brandit à la face des humains. Un pacte immuable auquel ils avaient tous choisit de se soumettre.

Jin aurait pu conserver son éternelle désinvolture, se draper de son charmant culot et se prétendre étranger à chacun de leurs maux. Il aurait pu faire comme pour toutes ces choses qui l'avaient toujours étourdit, qui semblaient bien trop grandes pour lui. Il aurait pu les ignorer, fermer les yeux sur leur réalité, simplement se laisser couler dans une réalité qui de sens n'avait que l'absurdité de leur traitement. Pourtant il était là, assit à côté, percher sur l'un des rochers. Son regard embrassait la foule sans réellement accrocher un visage en particulier - il n'y avait qu'Aurya à qui il avait pu esquisser un sourire retenu, rictus de travers qui disparu sans qu'il ne cherche à le maintenir.

— Ir aelyr Fen'Haven.

Un battement de paupière et son regard se focalisa sur le visage du nouvel arrivant, songeant confusément que cette tête là lui disait quelque chose, sans qu'il ne puisse y rattacher un nom. Ou alors s'agissait-il simplement de son imagination.

— Je m'appelle Hyo Jin, mais vous pouvez simplement m'appeler Jin.

Il fallait bien entamer la valse des présentations.  

Rassemblement hétéroclite massé autour d’un feu, perdu au fond des bois de Valréal. Elle aurait pu douter qu’une telle chose fut possible si elle n’avait pas été là pour en être le témoin. Accompagnée de son cousin avec qui elle a tamisé avant de terminer la route à pieds, elle s’avance, drapée dans son assurance alors que les langues se délient. Ses iris sombre balayant la foule disparate rassemblée ici, scène auréolée d’une voile quasi onirique par les derniers rayons du soleil qui percent encore la frondaison des arbres. Elle se détache du bras de son cousin, un sourire satisfait aux lèvres. Parce qu’en voyant ces visages si différents, ces récits multiples, elle ose songer que l’espoir est de nouveau possible.

Pas qui la rapproche d’Aurya Ashaar, enfant timide de celle qui les a conviés en ces lieux. Elle s’approche d’elle et d’autres fae de l’Automne, car elle a vu le sourire timide ourler ses lèvres lorsqu’elle a vu Ehrys, et parce qu’elle est poussée en avant par une curiosité quasi maladive. Elle semble si fragile qu’elle pourrait s’évaporer dans la brume naissante, délicate innocence née d’un purgatoire sans nom. La fae de la Nuit se mêle au groupe, son menton s'inclinant gracieusement en guise de salutations.  

“Ir aelyr Fen'Haven.” Sa main qu’elle tend à la fae de l’été. “Je suis Genya.” Sourire encourageant qui vient orner sa bouche avant qu'elle ne présente sa main aux autres fae présents.

 

Brave silhouette qui s’élance dans la clairière défraichie, défile dans une élégance naturelle sans avoir à y mêler le moindre effort. Ses pupilles s’abattent sur la horde de faciès, les parcourant un à un en espérant secrètement pouvoir placer une identité sur au moins l’un d’entre eux. Il semblerait qu’il soit le seul représentant de sa fratrie pour le moment, pas l’ombre d’un autre Vaduva dans les parages. Son père a été plus que formel lorsqu’il l’a supplié de ne pas se faire remarquer au cours de cet évènement, de cette soirée réunissant toutes les âmes vengeresses d’Ozira. Alors le gosse applique, se mue dans un silence studieux afin d’éviter d’ébrécher quiconque à l’aide de sa verve foudroyante. Il contourne les différents groupes qui pullulent autour des feux en tâchant de tendre l’oreille avec la ferme intention de capturer des mots qui susciteront son insatiable intérêt et ainsi, peut-être essayer de se mêler à une conversation. Mais rien n’y fait, rien ne lui convient. Faut dire que l’offre n’est pas très alléchante. Les regards se font timides et les échanges sont ponctués d’insignifiance. Il lui est impossible de ne pas mimer l’embarras lorsqu’il surprend ce vieux sage en train de se morfondre en sanglots suite à l’évocation de ses souvenirs de l’Ancien Monde. Les larmes dégoulinantes sur son visage entaillé de rides lui provoquent un frisson d’effroi. Vision d’horreur qu’il refuse de s’infliger davantage en divaguant vers d’autres gens. Sur son chemin, il surprend les présentations de deux créatures. Vraisemblablement une de la nuit, et l’autre de l’aube. Il ne parvient pas à retenir son hilarité face à leurs introductions si protocolaires et si courtoises. Un simple rire du nez, qu’il masque naïvement du bout de ses doigts.



- Désolé, ne faites pas attention à moi, glisse-t-il en s'extirpant de la scène.

« Ne pas se faire remarquer. »
« Ne pas se faire remarquer. »


En boucle dans sa tête. Il pivote légèrement en s’avançant cette fois vers l’un des hahren de son Automne, il arrive au même moment qu’une autre femme qui tend alors sa main à une sujette tout en soufflant le même genre de présentation que ces camarades. C’en est trop pour lui. Cette réunion est trop étrange, trop convenue. Il s’excuse à voix basse auprès de son père. Il regarde la patte de la fameuse Genya en soupirant grandement.

- Je m'appelle Rocco et c'est sincèrement la soirée la plus gênante de toute ma vie. Murmures ingrats qui témoignent de l'ennui dans lequel il est condamné pour la soirée entière.

« Ne pas se faire remarquer. »
« Désolé Papa. »

Spoiler:

Une dernière inspiration tremblante, la goulée se fraye à grand mal un passage dans sa poitrine enserrée d’une cosse d’anxiété. L’air vicié s’extirpe de ses lèves chevrotantes avant que la résolution de cesser de flageoler ne se forme pleinement dans son esprit. Les paupières se ferment sur des orbes brûlants et déjà elle se tamise jusque dans ces bois qui lui étaient jusqu’alors inconnus. Dans le crépuscule qui étreint la frondaison se tiennent déjà des silhouettes protéiformes, nulle à l’autre semblable. Des feux crépitent et il règne dans le sous-bois le silence pesant caractéristique de la méfiance. Des alliés rassemblés par la force des choses, voilà ce qu’ils sont. Myriade d’êtres qu’un destin funeste a réuni, faisant fi de querelles surannées, effacées par la perfidie d’un ennemi qu’ils avaient pensé avoir déjà anéanti.

Chaque pas qui la rapproche de la foule scelle un peu plus son choix, une fois que ces visages et que ces noms lui seront devenus familiers, elle sait que seule la mort pourra la délivrer de son serment.
« Ir aelyr Fen’Haven »
Des mots simplement chuchotés, comme échappés d’une âme qui s’est trop longtemps laissée embourbée dans une docilité feinte.
L’écho d’un sourire étire des lippes pâlottes alors que ses prunelles balayent la marée d’oreilles affûtées. Sur ces terres étrangères, nourrices de tant de traîtrises, il lui semble entrevoir l’éclat du monde aimé ; car c’est Mysrathan qui s’est ici amassé en cette soirée. Et pour la première fois depuis des années, voyant ainsi ces Fae rassemblés il lui semble permis d’espérer. Ses yeux se posent prudemment sur les siens, les Lantsov disséminés ici et là mais c’est à celle qui semble la plus jeune de leur étrange groupe (@Aurya Ashaar) qu’elle semble souffler : « Je suis Svetlana … Lantsov ».
Un patronyme sacrifié comme pour empêcher tout retour en arrière, un patronyme que sa mère aurait détesté voir oublié ou déguisé.

Il les reconnaissait presque tous, réunis dans une foret sombre à la nuit tombante. La plupart sont sa propre famille, qu'il a salué au loin en arrivant d'un simple mouvement de la tête. Ils n'ont pas besoin de plus, la dynastie Lantsov est trop bien connue pour qu'il en rajoute. Ehrys préfère s'éloigner d'eux, moins ils seront un seul bloc, plus ils réussiront à s'intégrer à la faction. Leur réputation n'est plus à faire, mais il faudra qu'ils s'en passent, ici où beaucoup n'ont pas vécu la fin de Mysrathan aussi bien qu'eux. Parfois ne pas se faire remarquer est signe d'humilité. Micha lui a appris beaucoup de choses. Les autres  qu'ils reconnaient sont devenus des connaissances, des amis, voir même... Il ne sait pas très bien définir, tout en réfléchissant, il se tourne automatiquement vers @Aurya Ashaar qu'il a repéré directement lors de son arrivée. La fae de l'été est au loin discutant avec sa cousine @Svetlana Lantsov, Ehrys se promet d'aller la voir pour la saluer. Mais il préférerait le faire discrètement afin d'échapper aux regards indiscrets des autres apostats de Fen'Haven.

Il déambule entre les personnes, cherchant quelqu'un a qui parler. Chacun semble avoir trouvé quelqu'un a qui s'adresser. Le but est de lier connaissance, mais les quelques visages qui ne lui disent strictement rien discutent déjà. Il glisse des oreilles indiscrètes dans les conversations jusqu'à trouver une qui l'intéresse. Lorsqu'il entend un certain @Rocco Vaduva qui semble faire fit des convenances instaurées ici, il bondit sur l'occasion. « — La plus gênante ?  » Ehrys laisse échapper un rire moqueur. Le jeune homme ne doit pas connaitre le monde mondain et les bonnes façons de s'adresser aux gens. Mais il se reprend, ici, ils sont tous alliés, ou du moins, pour le moment. Alors il faut faire bonne figure. « — Tu n'aurais pas supporté les bals organisés du temps de Mysrathan.  » Il sourit.

Il fallait bien admettre qu'ils formaient un curieux groupe, ainsi dissimulés dans la vaste forêt de Zeherim. Leur passé n'était plus qu'une illusion oubliée, laissée pour un futur commun qu'ils étaient en train de construire. Le crépuscule tombait au-dessus d'eux, la lune comme seul témoin, le silence comme seul son. La présence avait été requise par une matriarche au regard appuyé, le temps venu de tisser des liens entre les diverses entités du mouvement. Dahlia avait été claire, cette soirée serait primordiale et elle devra se comporter de manière exemplaire. Comme elle le lui avait enseigné. En cet instant précis, ni les alliances d'autrefois - ou les mésalliances, ni les origines ou les croyances ne comptaient. Apostats, et non-apostats, avaient leur place. Peu importait qui ils étaient, ce qu'ils représentaient était l'essentiel. Ir aelyr fen'haven, avant tout autre chose. Et la voici, toute de ténèbres vêtue, au milieu d'hahren, dalen et autres membres - comme elle. Ne quittant pas un seul instant les côtés de Rehan, le regard réprobateur de la matrone lui brûle les omoplates tandis que son regard ne quitte pas @Aurya Ashaar, sa protégée, entourée de Lantsov et d'un Vaduva. Un soupir s'échappe de ses lèvres tandis qu'elle se détache de la présence réconfortante de sa carranam pour s'avancer vers le groupe de celle qu'elle pourrait appeler son ancienne amie, @Svetlana Lantsov, des décennies ayant passées depuis leur dernière discussion.

Un sourire amusé s'étire sur ses lippes alors qu'elle approche du groupe, les écoutant échanger leurs identités de façon formelle et stricte. Son regard s'attarde sur le carranam de sa cadette, @Rocco Vaduva, la gêne transparant dans ses propos la faisant hausser un sourcil moqueur. La jeune femme arrive à leurs côtés et ne peut s'empêcher de s'immiscer dans leur discussion, avant même une quelconque introduction.
— Heureusement pour lui, les bals ont disparu en même que Mysrathan. Enfin, c'est malheureux pour d'autres, n'est-ce pas ?
Malgré l'amusement certain dans ses propos, ses prunelles bleues n'en restent pas moins froides lorsqu'elles rencontrent celles du Vaduva, l'animosité à peine cachée derrière les mots bien choisis. Ici, elle doit restreindre à la fois ses sentiments mais à la fois ses propos. Pour le bien de tous et la cohésion de groupe, chaque geste dicté par la matriarche qui ne pense pas moins qu'elle. Mais qui sait encore mieux le cacher qu'elle, se cachant derrière de belles paroles érudites et sages qui dissimulent chaos et rancœur.
— Elizaveta Dragomir. qu'elle s'introduit - finalement, un sourire aimable, qu'elle se veut convaincant, sur les lèvres. Un regard en direction de la matriarche, es-tu contente Mère ? Fière de ta fille et de ses illusions ? qu'elle détourne rapidement, préférant se concentrer sur la conversation.

Par chance, le Tempête voguait non loin des anciennes de la cour du printemps. Saera n’avait pas eu le choix de quitter le navire quelques jours plus tôt, sachant pertinemment qu’elle le retrouverait. Elle se souvenait avoir eu une conversation houleuse avec son capitaine, celui-ci lui signifiant qu’elle était requise au plus vite à son poste. Elle n’avait que rarement failli à sa tâche de seconde, et avait toujours été proche du bâtiment à chaque fois qu’ils avaient posés pied à terre. Elle ne s’était jamais éloignée aussi loin de lui et de son équipage, depuis qu’elle était entrée sous le drapeau pirate du Tempête. Encore moins de Megara, depuis qu’elle avait adoptée la jeune fae. C’était s’éloigner d’elle qui avait été le plus difficile. Elle avait quitté le navire en pleine nuit, alors que le ciel était éclairé de nombreuses étoiles et constellations, profitant du sommeil de la gamine pour s’enfuir.

Drapée d’un tissu aux couleurs bordeaux, recouvrant sa tenue pirate, elle foulait désormais la végétation de la forêt bordant Valréal. Ses bottines, loin des chausses qu’elle avait pu porter durant la guerre, s’enfonçaient doucement dans l’herbe humidifiée par la levée de la nuit. Elle arrive enfin au lieu de rendez-vous, gardant son tissu sur la tête. Cachée dans l’ombre, elle écoute avec attention les Harhens et peint un sourire sur son visage lorsqu’ils mentionnent des anecdotes sur Mysrathan. Elle observe ensuite les faes se présenter les uns aux autres, observant les silhouettes se mouvoir les unes envers les autres, comme si elle regardait une danse. Elle ferme les yeux un instant, restant cachée dans l’ombre, accoudée à un tronc d’arbre. Elle peut ressentir la vie émaner de lui, le cœur de la nature palpitant à travers son bois. Elle pourrait presque sentir sa connexion avec la terre entière, comme des veines lumineuses qui le traversait pour venir s’étendre sous leurs pieds. Elle rouvre les yeux, puis décide à son tour de se présenter. Mais avant ça, elle se devait de faire quelque chose d’important. Saera s’approche d’un socle rocheux, posé au milieu de la clairière et vient s’y agenouiller. Elle sort de sa poche deux offrandes, qu’elle vient déposer à même la pierre. Peut-être les autres avaient-ils oubliés, peut-être ne se souvenaient-ils pas ? Ou peut-être ne le savaient-ils même pas, se doutant que beaucoup avaient embrassés la religion des Aevhens sans en connaître les nuances, les rites. Mais il avait toujours été coutume de leur faire des offrandes, en plus de leur susurrer prières. « Je vous remercie, Elknir et Hertalia, pour nous permettre de nous réunir ici, sur vos terres. Apportez nous votre protection et votre bénédiction, durant le temps que nous passerons ici. » fini-t-elle par ajouter en Aevhallan. Elle se redresse enfin, découvrant son front de son tissu, qui vient désormais épouser parfaitement ses épaules. Se tournant vers les membres présents, elle les observe un à un. La guerrière en elle, vibrait à nouveau. « Se battre pour la gloire des faes est quelque chose de louable, peut-être devrions nous nous mettre à réitérer nos coutumes dans le même temps ? » dit-elle en tendant sa main vers la pierre. « Saera Okeanos. » rajoute-elle, lorsqu’elle voit les mines interrogatives de certains. S’ils ne la connaissaient pas pour ces « exploits » en tant que pirate, peut-être certains avaient-ils entendus son nom, comme étant celui d'une vétéran de la chute de Mysrathan.

Ni les efforts combinés de Jin, d’abord, puis de Sung quand elle l’a retrouvé, n’auront suffi à effacer complètement la mémoire des coups et leurs traces bleues de sa peau avant qu'elle ne s'échappe de leurs mains qui soignent, et elle porte encore sous l’œil les restes d’un coquard.
Ils sont là depuis quelques jours, et elle a eu le temps d’errer dans l’ombre des rues les moins fréquentées, d’aller s’allonger dans l’herbe d’un champ quand personne ne regarde, de tourner entre les arbres des forêts inconnues mais que porteuses de souvenirs d’autres forêts, ailleurs, pendant un autre temps. Elle a fait des réserves de printemps et d’air frais des grands espaces, loin des villes, pour les emporter avec elle en rentrant.

Ils sont là depuis quelques jours mais ça ne l’empêche pas d’être en retard, sans trop savoir si elle l’est vraiment, en retard. Elle a oublié l’heure, celle qu’il est et celle qu’on lui a dit, si seulement on lui en a dit une. Elle s’est souvenue du lieu et du jour et maintenant elle marche entre des arbres qu’elle ne sait plus reconnaître dans leur habit de nuit. Elle marche vite, mais pas pour se presser, fait glisser ses doigts sur l’écorce des troncs qu’elle dépasse jusque ce que des voix lui parviennent étouffées, et alors seulement elle marche vite pour se presser, le cœur battant de croiser les visages qui partagent le même idéal. Elle plisse les yeux pour mieux voir les silhouettes qui se dessinent derrière les arbres, tente d’en reconnaître certaines, pose un premier pied dans la lumière alors qu’une fae inconnue est agenouillée et récite des prières. Iseul reste en suspens, le visage encore caché par l’ombre des feuillages alors qu’elle sent son cœur se serrer d’une colère sourde à ne surtout pas montrer, pas à eux, parce qu’ils croient là où elle n’est pas capable de le faire. Elle pince les lèvres tant qu’on ne peut pas la voir, inspire, soupire, inspire encore pour achever de chasser l’agacement qui est né, s’avance enfin dans la clairière alors que l’autre achève de se présenter. Elle a le regard qui saute de groupe en groupe, attrape les visages au vol, en reconnaît certains, s’arrête au milieu de tous, près de là où la fae-prieuse se dresse. Elle gonfle le torse en posant les poings sur ses hanches, habille ses lèvres d’un sourire fier tandis qu’elle dit un peu trop fort :
— Iseul Soo-Hyun, enchantée.

Quelques groupes se forment ci et là, les uns après les autres sous les étoiles qui n'ont de cesse de venir éclairer le ciel. Bientôt, c'est autour de l'oisillon de l'été que quelques personnes se rassemblent, la gamine calquant son plus beau sourire sur ses traits timides. Aurya reconnaît les Lantsov qui se présentent les uns après les autres des lettres d'Ehrys, Genya, Svetlana et Thrystan. Des visages mis sur des noms qu'elle n'a que trop souvent entendu dans les rangs de Fen'Haven ou dans la bouche d'Ehrys. Le sourire s'élargit avec que les étoiles du ciel semblent descendre droit entre ses lèvres. "Oh, vous devez être de la famille d'Ehrys!" Chantante, un enthousiasme nouveau lancé du fond des yeux. "Enchantée de vous rencontrer, je suis Aurya. Aurya Ashaar." Le sourire qui suit perd un peu de sa superbe lorsqu'il s'agit de balancer son patronyme à la face du mouvement - l'oisillon a bien conscience de ne pas être à la hauteur de l'héritage de sa mère. Ne reste que les apparences pour sauver ce qu'elle a réussi à construire jusqu'ici. Son regard flotte sur les autres membres du groupe, un jeune homme blond qui fait naître un sourire amusé sur le visage de l'enfant de l'été (qu'elle aimerait lui dire qu'il a raison), Elizaveta, Ehrys. "Elizaveta, Ehrys - je suis si contente de vous voir!" Les prénoms, familiers, roulent entre ses lippes alors qu'elle s'accroche aux figures connues comme des bouées de sauvetage. Ne reste que Rocco à qui elle adresse un sourire désolé - "Je suis désolée que la soirée ne soit pas à votre goût..." et il n'y a ni moquerie ni pique dans le ton de sa voix, juste les intonations enfantines d'une gamine qui ne voudrait que faire plaisir.

Et alors qu'Aurya pose à nouveau les yeux sur Genya, visiblement mal à l'aise dans le petit groupe qui s'est formé autour du feu mais s'apprêtant à engager une conversation plus poussée avec la Lantsov - la voix d'un des hahren de l'été s'élève au dessus de toutes les autres. "Chers amis, quel plaisir de vous voir tous ensemble aujourd'hui. Rassemblez-vous -" Et il intime les groupes à se rassembler à l'aide larges gestes de la main, les différents petits groupes convergeant en un seul sous l'impulsion du sage. "- Discutez, apprenez à vous connaître. Ce soir est une occasion unique non seulement de partager vos souvenirs de Mysrathan et vos rêves pour le monde que nous bâtirons ensemble." Il sourit. Une pause. "C'est en nous connaissant l'un l'autre, en nous faisant confiance que nous réussirons à triompher des obstacles." Le voilà qui se rassied, les conversations reprenant peu à peu leur cour.

Aurya détaille les nouveaux arrivants, constate entre deux battements de coeur que les têtes sont connues - pires, aimées. Vladan, Jin, Saera, Iseul. La gamine Ashaar est encore plus mal à l'aise qu'auparavant tant la plupart des nouveaux venus viennent avec leur lot de souvenirs. Iseul qui l'a abandonnée, Jin qui s'éloigne de jour en jour. Alors, Aurya se contente d'inspirer une bonne fois avant de se lever. La fierté de Naida pour son rejeton commence maintenant. "La plupart d'entre vous me connaissent déjà et se doutent de ce que j'espère pour le Nouveau Monde. Je veux retrouver ma Cour -" Elle s'arrête quelques instants, la voix légèrement tremblante sous les sanglots qui se pressent au fond de sa gorge. "- Je rêve également de venger la mort de mes cousins, de mon oncle et de ma tante, ainsi que de mon frère. Je ne veux pas qu'ils soient morts en vain." Aurya se rassied aussi sec qu'elle s'est levée, cache ses paumes légèrement tremblantes entre ses genoux. Les motivations d'Aurya ne sont pas vraiment un secret mais il est rare que l'oisillon admette à la partie noire de son coeur un peu de publicité.

Résumé:

Les fae arrivent et se rapprochent, créant des groupes se regroupant autour des flammes. Des visages qu’elle détaille, certains connus, d’autres non. Elle est heureuse de voir sa famille venir en force ce soir. Et puis il y a ces noms qu’elle peut enfin relier à des traits, un visage. Aurya, elle l’aurait imaginée plus petite, plus chétive peut-être. Son corps ne laissant rien transparaître de cette fragilité qu’elle a devinée suite aux descriptions de son cousin. Elle lui sourit alors que la fae de l’Eté se présente. Oubliant presque la sortie incongrue du fae de l’Automne. Rocco Elle ne sait pas ce qu’il attendait d’une pareille réunion. Des fourches ? Des appels aux meurtres ? une apologie scandée pour obtenir le sang de l’humanité qui n’a pas assez coulé ?  Ce n’est pas comme s’ils en étaient là. Ils se connaissent à peine, voire pas pour la plupart. Une bande d’inconnus appelés à travailler ensemble. Et quel groupe hétéroclite ils formaient. La brune repose un regard rassurant sur Aurya, devinant son souhait de parler lorsqu’un hahren prend la parole, les exhortant à parler, à se connaître. Comme si cela était si simple. Parce qu’elle le voit, silencieux, restant à l’écart. Il vient de l’Hiver, il n’y a aucun doute sur la question, et même si elle sait que la plupart ne sont que peu causant, le fait qu’il reste avec son ami, seuls, l’interpelle. Foutue curiosité qui voudrait savoir pourquoi ils restent si loin du feu tous les deux. Être apostat ne doit pas être simple, elle en a conscience, il lui suffit de penser à son carranam pour en être persuadée, mais ils doivent travailler ensemble. Simple question de survie. Car à quoi bon venir ici, espoir fou de voir renaître leurs cours au cœur, si c’était pour rester perpétuellement sur ses gardes. Elle écoute Aurya d’une oreille attentive, devinant ses espoirs et ses pertes derrières ces quelques phrases prononcées. Et pourtant ses prunelles d’onyx ne quittent que rarement les deux fae qui restent en retrait. Sa main se pose doucement sur l’épaule d’Aurya alors que cette dernière se rassoie brusquement. Comme si le simple fait de s’exposer de la sorte l’avait vidée de ses forces. « Genya Lantsov. La plupart d’entre vous connaissez ma famille. Que cela soit d’avant la fin de la guerre ou après. » Elle ne s’est pas levée la brune, restant aux côtés de la jeune Ashaar. Sa voix est ferme alors qu’elle laisse en suspens tous les non-dits qui courent sur sa famille. Leur montée au pouvoir, les Morozova, la disparition de leur Cour, la chute de l’Hiver qui les avait recueillis. « Je pense qu’il n’est pas nécessaire de dire que je souhaite le retour de nos cours. » Elle lance un regard appuyé sur Derys. « Toutes nos Cours. » Son regard se reporte sur les flammes, songeur. « De revoir le ciel étoilé au-dessus Nizhalyan ou le Palais des Glaces de Morhenor… Personne ici n’a échappé aux humains et à ce qu’ils nous ont fait. Nous avons tous perdu quelque chose ou quelqu’un. » Souffle qu’elle laisse passer entre ses lèvres avant de reporter ses yeux sur l’hahren de la cour d’été. C’est douloureux de se remémorer tout ce qu’ils ont perdu, tout ce qu’il leur reste à faire pour retrouver un murmure de ce qui a été balayé. « Nous avons passé trop de temps à tolérer leur présence. »

Résumé:

Le groupe se fait de plus en plus fourni à mesure que le temps passe. Cette petite réunion prenait de l'ampleur, probablement plus que ne le pensait le jeune Lantsov. Pas forcément à l'aise avec le public, l'héritier devait se faire violence. Si cela se trouvait son père se trouvait peut-être dans l'assistance ... Pour le moment, il n'en voyait pas trace et fut heureux quand même de rencontrer de nouveaux visages. Surtout que ceux-ci ne semblaient pas s'émouvoir de la marque sur le sien. Un sourire léger mais sincère vers les fae de l'aube qui l'abordèrent. Mais alors qu'ils allaient commencer à bavarder, un Hahren prit la parole pour tous les réunir. Tous autour de l'ancien qui les invitait à prendre la parole, le Lantsov ne put que remarquer les deux fae qui se tenait légèrement à l'écart. Des ombres, tout comme celle qui flottait sur le visage de l'un d'eux, le fils de l'Hiver. Vladan ne connaissait que trop bien cet isolement que l'on s'impose à soit. Ou du moins, dans lequel on se cache par méfiance. Mais surtout par peur. Aurya prit alors la parole et elle fut suivie par sa cousine. Le brun les écoutait attentivement alors que ses pas le menait doucement vers les deux fae méfiant. Un mince sourire, dénué de toute forme de malice pourtant propre à sa famille. Il ne cachait pas la marque de son ancienne maladie, espérant démontrer que tous étaient acceptés en ces lieux et alors que Genya finissait de parler, il tenta une approche en parlant bas à destination du blond : « Nous sommes peut-être tous différents, mais s'il y a bien une chose qui prime ici, c'est la tolérance. Suffit de voir qu'une Lantsov puisse prendre la parole sans se faire railler. ». Petite boutade lancée pour détendre légèrement l'atmosphère. Il en profita pour tendre une main et tenter d'approfondir son approche amicale.

Mais celle-ci resta dans le vent. Il la laissa alors retombé, même si la compréhension se teintait de déception. Les dernières paroles de Genya résonnèrent alors en lui. Il leva vers yeux vers elle et fit en sorte que sa voix porte plus loin : « Tu ne sais pas si bien dire, Cousine ... ». Son coeur se serrait déjà aux souvenirs de tout ce qu'il avait pu perdre. Et ce qu'il avait pu traverser. Peut-être que cela se sentait à l'émotion dans sa voix quand il reprit la parole pour l'assemblée : « Vladan Lantsov. Oui, on pourrait presque se croire à une réunion de famille. Mais ... Finalement, n'est-ce pas cela que nous essayons de construire ? ». Au fond, presque naïvement, il y croyait quand même un peu. Il voulait y croire. « En quoi ne pas suivre leurs règles stupides et ne pas être allée dans ce qu'ils osent appeler une école seraient des méfaits ? Je connais la fourberie des humains. Leur traque de tout ce qui ne rentre pas dans leur petite case. Jusqu'à ... Jusqu'à la morsure du lyrium au plus profond de sa chaire. ». La gorge de plus en plus serrée, la voix se voulait plus tenue. Ce n'était le genre de mésaventure qu'il racontait à tout va. Il haïssait ce souvenir plus que tous les autres. L'impuissance. L'abandon. Mais il devait en parler, il fallait que ceux qui hésitaient comprennent l'importance de tout ce qu'il pouvait se jouer ici-bas. Même s'il fallait paraitre "faible" aux yeux des autres. Apostat. « L'un des seuls souhaits qui m'habite serait de faire sauter toutes ces mines. De détruire ces chaines qu'ils ont crées pour nous. ». La colère et la haine mêlée. Mais le plan qui se dessine et le secret qu'il ne tarderait pas à lancer à l'assemblée. Le serpent qui se faufile à la cour du printemps alors que cette réunion même se tenait sur ses terres. Patience.

Résumé de cet épisode: