Sweet lost feat. Ozai Toshio

sweet lost

Cœur qui se déchire à l'évocation de ces quelques paroles susurrées au détour d'une allée. De ces regards alourdis par un faux chagrin qui la fixent avec étrangeté. Belle du jour qui s'efface depuis cette perte terrible. Sona n'est plus que l'ombre d'elle-même depuis ce terrible incident. D'une affaire classée sans suite, étouffée à la perfection par ses supérieurs, la mort du paternel Strange a rapidement été passée sous silence. Un simple accident. Une perte regrettable. Une tragédie. Pourtant, c'est bien de la honte qui semble naître dans ce regard azuré gorgé de larmes qui traîne vaguement sur ces visages inconnus. Âme vagabonde qui balaye d'une moue grasse ces soi-disant sincères condoléances, la belle sent pourtant le soulagement naître de ce décès brutal. La vengeance d'une créature blessée sur ce monstre de chair et d'os, qui a reçu le feu de l'enfer comme rédemption fatale. Châtiment pour celui qui s'est dressé contre elle dans la lumière, mais qui a vu les ténèbres s'abattre sur lui dans une ultime riposte. Père. Soupire qui anime sa poitrine sous la veste de son uniforme mal boutonnée, son message se perd dans le tumulte d'une ruelle bondée. Autour d'elle, les regards étrangers ne portent aucune attention à sa silhouette fantomatique d'agent de l'Armée Rouge.

L'écho caverneux du bourdon s'éloigne progressivement. Cérémonie d'adieu expédiée en quelques heures, voilà que le docteur Strange se trouve envoyée dans les confins de Nythsari à la demande de ses supérieurs. Mission de soutien. Suivi de santé de ses soldats. Une habitude pour celle qui a pris ses fonctions avec honneur quelques années auparavant. Masque de gravité toujours fixé sur son doux visage, la soldate parcourt les allées sinueuses d'Azracca à la recherche des quartiers militaires de l'Armée Rouge. Docteur Sona Strange. Sa voix brisée se fait murmure lorsqu'elle tend son document d'affectation au soldat du régiment. Orbes inquisitrices qui examinent longuement la jeune femme, le soldat accepte finalement de lui rendre son papier pour la guider dans l'entre sécurisée de la garnison. Les regards se tournent naturellement sur elle lorsqu'elle pénètre dans le hall principal. Les interrogations sont visibles. Le jugement s'impose. Nombreux sont ceux qui la connaissent bien. Tous ont eu vent du décès récent de son paternel. Tous savent que la gravité de ses traits illustrent son deuil encore bien présent. Fille loyale et obéissante, héritière respectueuse et humble. Sona joue parfaitement le jeu de dupes qui la rend sensiblement touchante aux yeux de ses camarades de l'Armée Rouge.

Son veston entrebâillé laisse entrevoir une maigre parcelle de peau à la naissance de la poitrine. Buste qui se soulève faiblement à chacune de ses inspirations, Sona s'échoue dans un bureau sombre à l'écart du tumulte général, le regard perdu sur une pile de documents médicaux laissés à l'abandon depuis de nombreux mois. Concentrée sur son travail, la belle au regard céruléen ne perçoit pas immédiatement la présence de l'intrus qui s'est insinué dans la pièce. Après un long silence, elle finit par lever ses yeux dans sa direction et identifie rapidement l'identité du nouveau venu. Capitaine Toshio. L'aigreur dans le fond de sa voix résume le fond de ses pensées. Reportant son attention sur sa lecture, elle lui murmure ces quelques paroles pour tenter de s'en débarrasser poliment : Les visites médicales n'ont pas encore commencé. Vous pouvez attendre dehors.

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it will never be the same
@sona strange

Planté dans le creux de son siège, les quatre murs du bureau d'Ozai semblaient lentement former les façades d'une fastidieuse prison. Les rapports et les comptes rendus étaient depuis toujours l'une des responsabilités principales d'un capitaine de l'Armée Rouge, soldat titré qui se devait de régenter les demandes du terrain mais également de l'ordre supérieur, de ceux qui se voulaient plus ancrés dans les données et les écrits. Devoir sempiternel qui ne lui inspirait depuis toujours que l'agacement, le Toshio remplissait toutefois avec assiduité et précision chacune de ces demandes administratives. Maître de l'acte, Ozai se démontrait sous son meilleur jour en mission ou durant l'application de ses connaissances pratiques et non pas théoriques. Si il savait faire preuve du ténacité bureaucratique, le dogue restait tout de même un enfant du terrain, lui qui préférait largement se salir les mains plutôt que de se cacher derrière son office. Les nombreuses cicatrices qui s'étaient logées sur sa peau en étant d'ailleurs la preuve, quelques uns datant toutefois d'un passé plus lointain; celui de son enfance dans les rues d'Oceara. Souvenirs éloignés qui subsistaient toutefois dans son esprit, ceux-ci restaient le témoignage personnel du bougre dont la vie antérieure avait grandement forgé l'homme mais surtout le soldat qu'il était aujourd'hui. A ce jour, bien des choses le séparaient du candide garçon qu'il fut autrefois, une chose demeurant cependant le tronc commun de son existence : l'hardiesse de son âme.

Envoie ces rapports au quartier rouge. ordonna-t-il à son subalterne d'une voix grave. Il poussa alors la pile qui se trouvait devant lui vers la nouvelle recrue de son régiment, un jeune garçon à peine adulte. Connu pour sa discipline et son inclémence immuable envers l'inefficacité, il était rare que les jeunes bleus qui lui été attribués ne soient directement à l'aise face au tortionnaire qui leur servait de supérieur. Image de cerbère que Ozai nourrissait de son plein gré, lui qui désirait inspirer crainte et respect. Qui est en charge de remplacer le Dr. Kane au dispensaire aujourd'hui? demanda-t-il lorsqu'il remarqua la notice d'absence du praticien usuel d'Azracca. Ne décelant aucune réponse dans les secondes qui suivirent, Ozai s'arrêta dans sa lecture et leva les yeux vers le néophyte qui ne semblait pas avoir entendu la question. Soudainement, pris par le regard noir d'Ozai, celui-ci se reprit et balbutia quelques mots. C'est- c'est le Docteur Sona Strange, Capitaine. A ces dires, le traits d'Ozai se creusèrent soudainement tandis qu'il adressa un air sceptique à son interlocuteur. De toutes les personnes faisant parti du corps médical de l'Armée Rouge, jamais n'aurait-il pensé que cela serait Sona que l'on affecterait aujourd'hui à Azracca. Perdu dans sa réflexion, il remarqua que le jeune soldat s'impatientait par le tapotement de son pied. Très bien, tu peux disposer. dit-il tandis qu'il se leva de sa chaise...

Les épaules droites, l'allure soutenue, les pas lourds d'Ozai retentissaient dans l'écho du couloir, tandis q'il se dirigeait avec empressement vers l'aile médicale du bâtiment. Arrivé devant la porte entre ouverte, il se permit sans crainte ni retenue de se loger dans la pièce tandis que la brune remarquait à peine sa présence. Lorsque leurs regards se croisèrent enfin, l'hostilité se voulut à son comble dans cette pièce qui ne comptait qu'Ozai et la jeune femme. Les paroles de Sona décelaient une aigreur qui parsemait leurs discussions depuis leur rupture, timbre qui toutefois animait déjà leurs interactions quand ils partageaient encore un chemin commun. Debout devant son bureau, Ozai croisa alors les bras tandis que son expression se dessinait dans la rigidité. Tu n'es pas obligée d'être autant sur la défensive. dit-il alors qu'il brisait la distance formelle qu'elle avait tenté d'instaurer. On se croisera forcément si tu es encore sur Azracca dans les prochains jours, pas la peine d'être déjà aussi hostile. annonça-t-il en lui contant une fatalité auquel elle devrait faire face. Préférant annoncer la couleur, il jugea bon de la prévenir de suite; lui qui ne souhaitait pas subir les regards électriques de la jeune femme chaque fois qu'ils se croiseraient. Je viens juste prendre de tes nouvelles Sona. avoua-t-il finalement d'une voix moins sévère tandis que l'écho de la récente annonce de la mort de son paternel retentissait dans le coin de son esprit.

sweet lost

@Ozai Toshio & @Sona Strange

L'ombre du deuil épouse soigneusement ses traits, tandis que ses paupières alourdies par la fatigue osent toiser celles du soldat. L'échange est sec, cassant, bien loin de l'image parfaitement maîtrisée que le docteur Sona Strange aime présenter. Son indélicatesse contraste férocement avec ce murmure qu'elle lui offre pour clore sa venue, ton sous-pesé pour éviter de blesser l'ego du soldat. Mâle alpha qui protège ses positions, ses bras se croisent devant son torse et son regard sombre vient toiser le sien avec sévérité. Sa voix roque tonne dans le modeste bureau, à la manière d'un jeune soldat qu'on réprimande pour ses mauvaises actions. Lèvres scellées, son sourcil s'arque de surprise tandis qu'elle aussi se redresse dans son fauteuil pour faire faire à son ancien amant. Avant-bras posés de part-et-d'autre de sa pile de dossiers, mains posées à plat sur le bureau, la belle se contente de l'écouter en silence sans le couper dans son monologue moralisateur. Discours terminé, un rictus à peine exagéré courbe ses lippes gourmandes. Voyez-vous ça. dit-elle en s'enfonçant un peu plus dans son siège. Lettres qui se détachent une-à-une comme pour souligner avec arrogance le soudain intérêt de son ex compagnon pour sa propre personne. Tu ne cesseras jamais de me surprendre Ozai. Exit le vouvoiement protocolaire, place à la simplicité de leur relation explosive et destructrice.

Ils se sont aimés, fut un temps. D'une passion éphémère. Sauvage. Dévastatrice. Couple de l'ombre qui n'a su se protéger avec les années, leur union a fini par imploser violemment et par les séparer. Ozai. Fier lieutenant de l'armée. Populaire. Efficace. Envahissant. Face à la petite fleur délicate, désireuse d'un amour passionnel, de tendresse, et de romantisme. Loin de s'imaginer que ce somptueux étalon était incapable d'assouvir sa soif d'affection, Sona a souffert de cet échec cuisant. L'épreuve sentimentale de sa courte existence. Un échec. Des mois de remise en question. De doutes. D'espérance. Jusqu'à ce que l'implication malsaine de cet homme dans sa vie ne lui rappelle qu'elle n'a pas besoin d'un second tuteur dans son existence de femme. Cœur qui se serre malgré tout dans sa poitrine lorsque de lointains souvenirs remontent à la surface, l'humaine tourne rapidement cette page d'une vie oubliée pour se concentrer sur le présent. La mort. Le deuil. Mots qui gênent dans une société très pudique. Mon père nous a quitté il y a quelques jours. Sa gorge se serre involontairement tandis qu'elle détourne son regard du sien pour trouver un intérêt soudain dans l'admiration de son stylo.

Objet de collection richement ouvragé. Cadeau d'un paternel absent. Elle le tourne entre ses doigts fins, dans un geste machinal presque apaisant, pour lui faire oublier la terrible perte que ce décès aurait dû être pour elle. Sentiment mitigé qu'elle ne peut partager avec Ozai, Sona sent le fardeau de ce décès alourdir un peu plus la pression sur ses frêles épaules.

Je ... Commence-t-elle, hésitante, avant de refermer ses lèvres. Ses orbes céruléennes se redressent finalement pour croiser les perles d'ébènes de son interlocuteur. Je ne peux rien te cacher, son décès nous a tous énormément choqué. Donc je pense que tu ne me vois pas sous mon meilleur jour. Enfin cela n'a pas d'importance, au final. Soupire las qui vient détendre sa poitrine sous son uniforme, l'humaine joue à merveille le rôle de l'enfant endeuillé, celui qu'elle se doit de tenir pour masquer la vérité. Des années de dévalorisation au profil de ses frères cadets, voilà que la revanche d'une fille aînée semble poindre au loin. Petite peine quand même sincère, pour cet homme droit et ambitieux qui s'est toujours battu pour défendre l'honneur de sa famille. Peut-être est-ce cette lointaine pensée qui parvient à faire éclore une perle translucide du coin de son œil, discrètement effacée d'un revers de manche. Ce n'est pas l'endroit pour parler de ça. Si quelqu'un rentre, je serai gênée qu'on me voit comme ça. En plus, j'imagine que tu as d'autres choses à faire que de t’apitoyer sur mon sort.

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