ZUTTER ; ZUKAI, DAHLIA

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@ozai toshio @dahlia dragomir

DES VOLUTES ENDIABLÉES D'OPIUM se mêlaient dans un tableau onirique aux corps enchevêtrés de zuko et de trois prostituées vautrés sur les coussins d'un divan en velours d'un rouge agressif et dont les bouillonnements hypnotiques qui sortaient des coquilles en porcelaine des pipes causées par les longs traits de fumée qu'ils aspiraient, glougloutaient euphoriques. Un sourire se dessina contre la peau du soldat- des lèvres en forme de cœur s'étirant paresseusement contre sa peau noire pour souffler un soupir lascif dans le creux de son cou, tandis qu'il agrippait gentiment d'une main rugueuse le cul d'une des filles du bordel étroitement enlacée à lui. Celle qu'il demandait régulièrement quand il venait dans l'établissement et ce depuis ses premières années passées à talevir alors qu'il n'était encore que simple soldat pour y rejoindre ozai déjà en poste dans la ville- talevir et ses toits plats sur lesquels les gamins de sombrerue bondissaient pour échapper à la milice, édifices taillés dans l'argile et érigés, si vertigineux, qu'ils taquinaient les dieux eux-mêmes, et ses galeries souterraines partiellement inondées qui lui rappelaient tant oceara.

Des ongles nacrés taillés en griffes effleurèrent son dos pour y retracer le contour des textes sacrés incrustés sous sa peau alors que deux yeux en amande couronnés de traits dessinés d'un fin pinceau noir tels des lames d'obsidienne étudiaient avec attention les inscriptions, certaines disparues sous des cicatrices infligées rageusement, interrogeant le soldat sur leurs significations, lovée tout contre lui, serpent aux écailles ombrageuses et aux chevilles parées de perles de jade, son kimono d'un tissu léger et sombre s'ouvrant sur des cuisses d'une blancheur marmoréenne. Les vapeurs entêtantes d'opium mêlaient à celles d'alcool étirèrent les lèvres du lieutenant dans un sourire carnassier, celles-ci s'enroulant autour de la pipe qui crachait des braises, ses doigts tatoués se glissant entre les cuisses de la pute, seule réalité dans ce plaisir artificiel aux illusions créées par des drogues purement humaines- zuko répugnant aux services proposés par les prostituées fae et leur traître magie. Pensées primitives, il écarta les questions de la jeune femme une énième fois comme il écartait encore ses cuisses.
Poudre noire écrasée de scorpion à cœur mélangée au tabac pour venir garnir les nacha, le venin s'écoulant de leur aiguillon de cette forme incurvée si particulière, créatures grouillantes pullulant dans le désert de nythsari et capturées par les apothicaires de la région qui distillaient leur venin pour en faire la drogue aujourd'hui prisée par les classes les plus modestes de la population de la région encore méconnue du reste de l'empire- une drogue qui provoquait de douces hallucinations, ajoutant une dimension extatique aux rapports sexuels dans les bordels, les inhalations opaques exacerbant les sens. Mortelle pour les non initiés, les overdoses étaient monnaie courante dans les bordels alors que des clients trop gourmands ou trop curieux en usaient jusqu’à outrance dans l'espoir d'atteindre une dernière jouissance ultime- l’expérience exquise de cette petite mort entraînant des pertes de mémoires chez ses consommateurs les plus réguliers qui ne pouvaient s'empêcher de recommencer encore et encore.
La fille se leva d'une démarche vaporeuse pour aller danser au milieu du salon tandis qu'il la détaillait, ondulant comme un serpent, son kimono où s'épanouissait des fleurs rouges glissant sur ses épaules nues, laissant entrevoir le tatouage d'une tête de dragon entre ses deux omoplates, complètement dopée, la toxine mouvant son corps comme un lubrique marionnettiste tirant sur des ficelles, le visage dodelinant encadré par de longues mèches sombres, le reste de sa chevelure striée de perles miroitantes remontée en une coiffure négligée pour dévoiler une nuque parfaite, et une bouche en forme de rose rouge qui le faisait grogner comme une bête- une beauté obscène dans laquelle il aimait se perdre- zuko la rejoignant en titubant pour entamer une valse lente qui la fit doucement rire alors qu'elle s'accrochait à lui, béate, sa favorite dont les yeux pétillaient à chaque fois qu'il franchissait les portes du bordel pour la retrouver- elle arrivait à le reconnaître encore malgré l'ombre qui voilait de plus en plus son regard pour en embrumer sa mémoire.
Les paupières closes, baigné par les lumières tamisées, ozai était seul, repoussant avec une grimace gênée les assauts des prostituées du royaume des soupirs, les traits ciselés détendus par l'alcool qu'il n'avait jamais réussi à tenir, ses frères d'âmes éprouvant un malin plaisir à le taquiner sur sa tolérance qui ne franchissait jamais plus de trois verres- zuko s'avança vers son frère pour se laisser tomber à ses côtés, ses yeux noirs rivés sur lui en une inspection intense tandis qu'il lui adressait une grimace goguenarde. Une femme. C'était ce qui le distrayait des créatures voluptueuses qui se pressaient autour d'eux, zuko n'ayant nul besoin de mots pour comprendre son frère d'une autre mère.
Son ange à lui s'imposait toujours à son esprit à chaque fois que sa vigilance baissait- il la tuait dans son esprit, répugnant à cette ultime invocation de son humanité, sa plus grande faiblesse, maléfice qui l'écorchait jusqu'à ses tripes ensanglantées.
Articulant péniblement, il poussa gentiment la fille qui s'était assise sur ses genoux et qui répétait malicieusement son nom, lui quémandant une autre danse et pour laquelle il éprouvait une affection particulière- une splendeur tragique.

-j'vais pisser mai. j'reviens, ay ?

Fuite inespérée, ozai le suivit pour échapper aux filles qui se collaient à lui, une formule de politesse bredouillée hâtivement entre ses lèvres tandis que leurs rires espiègles les poursuivaient jusqu'aux chiottes dégueulasses du bordel- antre sacré puant la pisse, jets jaunâtres tapissant les murs en arabesques artistiques, la crasse incrustée impossible à retirer- zuko défit la boucle de sa ceinture en s'appuyant difficilement contre le mur, la gueule embrumée, foirant son tir, pissant piteusement à côté.

-putain d'merde.

@zuko attah @dahlia dragomir
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Les creux de Talevir décelaient bien des arcanes, là où les âmes se perdaient quand le poids de leurs démons se voulaient trop lourd. Royaume des soupirs, antre dont les murs se tachent de la perversion et de la déchéance sans tabou ni retenue, les lieux étaient bien connus des habitants de la ville mais pas que. A peine homme fait quand ses yeux s'étaient posés sur cet établissement, le souvenir de cette première approche se voulait encore vif et grinçant. Zuko dans l'euphorie d'une âme noyée dans l'allégresse et le désir, Ozai qui, dans l'opposé, n'était qu'un amas de rogne et mépris. Si l'usure du temps avait fait son oeuvre, bien des choses n'avaient pas changé et demeuraient intactes; la vision d'Ozai de cette tanière décadente notamment.  Mais le bougre ne pouvait rien refuser à son frère, sa moitié d'âme qui, bien des fois, réclamait la visite de ces nymphes de charme, pratique et moeurs qu'il savait pourtant nullement de celles du Toshio. Mythe personnel, discrétion d'une existence qu'il souhaitait garder hors de la vue des autres, Ozai se refusait quelconque avance lorsqu'il savait qu'elle mènerait qu'à l'échange d'un moment sommaire et même payé. Mystère pour bien bien des regards, ce fantasme illusoire n'était que le reflet des traces restantes d'une éducation pourtant si lointaine et injustement effacée. Paroles d'un père qui primait l'essence des sentiments, la véracité d'un lien entre deux êtres de vie; Ozai respectait encore à ce jour ce spectre de sagesse, une curiosité pour bon nombre de ses proches...

Le regard sévère, chaque hyade aux pensées succubes qui s'approchait de trop près se voyait être éconduite par un grognement ou parfois deux mots qui suffisaient largement. Intense céphalée qui ne le laissait que peu de répit après avoir ingurgité un trop plein de liqueur, son hostilité ne faisait que grandir sous l'expression de son désintéressement total. Chaque seconde intensifiait son regret d'avoir suivi Zuko dans cette mauvaise fortune, lui qui aurait préféré à se perdre dans les bras d'une ancienne amante plutôt que dans ceux d'une inconnue. Cependant, l'heure n'était plus à se plaindre, le dogue avait fait son choix et devait à présent pâlir face à ce que celui-ci engendrait. Se laissant tenter par un énième verre, les songes se voulaient à présent flous et effrénés, le sang tournant dans un sens et puis l'autre, empêchant tout raisonnement tempéré de se créer. Entre les pilastres de la pièce, se ruèrent les courtisanes légères, danse frénétique ou valsante, elles étaient alors graciées de la présence de Zuko mais certainement pas de celle d'Ozai. Entre deux mirages enivrés, le capitaine grinça des dents en pensant que pour la énième fois, il allait encore de voir payer de sa poche pour les excès de son frère. 

J'vais pisser mai. j'reviens, ay ? Les paupières lourdes se lèvent soudainement alors que la voix de Zuko retentissait dans les orillons du bourreau. Lorsque son regard s'éclaircit, le soldat découvrit avec horreur deux tapineuses collées à ses bras, les lèvres ruisselantes et les cils battants. Nulle hésitation lorsque celui-ci se leva afin de suivre son confrère, l'occasion se présentant largement pour exprimer à Zuko son envie ardente de déguerpir des lieux. Le coeur valdinguant, ce fut une fois debout que Ozai se rendit compte que l'alcool et les drogues avaient grandement fait leur effet, laissant à l'homme de contrôle un corps qui ne suivait nullement ses pensées. Arrivé aux débectantes et dépenaillées chiottes des hommes,  Ozai laissa son frère profiter des urinoirs souillés dans la crasse et la pisse tandis qu'il se rua sur le robinet aussi salingue que l'endroit. Eau salvatrice, elle permit au Toshio d'y voir clair un instant lorsqu'il se rafraîchit le visage.

C'est.... c'est la put-ain de dernière fois que- les mots s'arrêtent quand un crétin qui se délaissait aux plaisirs dans une des cabines fermées gémit de pleine voix; coupant Ozai qui peinait déjà à formuler une phrase complète. Haine gorgée pour aucune raison si ce n'est l'égo frappé, Ozai s'empressa de défoncer la porte d'un coup de pied mal glissé, provoquant effroi et cris de la prostituée qui se rhabilla prestement. L'homme, assis comme une buse sur la chiotte le pantalon baissé jusqu'aux chevilles, regarda Ozai dans la frayeur la plus totale. Animé par un excès de zèle et d'une patience morte et étouffée, Ozai attrapa le col du martyr pour jeter le corps du pauvre persécuté qui glissa au sol telle une pierre, le sexe à l'air. C'est.... c'est la dernière fois que tu me coupes bordel ?! lâcha Ozai sur un ton grave avant de vaciller sur ses propres pas.