set fire to the rain - (elsa)

I've been told, I've been told to get you off my mind
@elsa halström

Le ton sérieux, la voix grave, Ozai terminait son rapport à son lieutenant et les soldats d'Azracca. Ce titre de capitaine, le Toshio le portait depuis maintenant quelques mois et ce, avec la plus grande des fiertés. Cela n'avait surpris personne quand le bourreau avait été désigné par son prédécesseur pour endosser ce rôle aux multiples responsabilités. En effet, loyal discipline de son maître, dés son arrivée dans la ville, Ozai avait su se démarquer de ses autres confrères. Il se souvenait encore quand on lui avait annoncé son affectation à Azracca, le brouhaha qui en avait suivi et les regards parfois désolés tantôt caustiques des autres soldats. La cité perdue n'était malheureusement pas connue pour sa grande beauté et ses vestiges de grace, au contraire. Abîmée jusqu'aux entrailles par les maux de l'océan, punie par les dieux par des vagues qui avaient tout emporté; Azracca n'était à présent qu'un vieux souvenir pestilentiel. L'odeur. Il pouvait avec grande clarté se remémorer son premier jour dans la ville, la difficulté à respirer; l'odeur infâme qui régnait dans les rues et les détritus qui flottait parmi les pas des habitants. Seul un minime morceau des terres d'Azracca avait été épargné, ce miracle n'était toutefois pas parvenu à rehausser la force de leur peuple, les natifs ayant vu leur dignité engouffrée par les abîmes. Etre soldat de cette terre torturée n'avait jamais été facile et il savait que le rôle de capitaine l'était encore moins. Après tout, bien des fois tout au long de leur formation on rappelait aux soldats de l'Armée Rouge que la fonction de capitaine se résumait à préserver la paix entre les différents peuples et faire respecter la loi. Une théorie qui était toutefois bien loin de la pratique si on venait à observer les différents détenteurs de ce titre prisé. Comment préserver la paix avec un peuple que Ozai avait toujours vu comme l'ennemi ? Dés le premier jour en tant que jeune recrue, cette animosité envers ces êtres était subtilement nourrie, préservée et renforcée. On leur rappelait les horreurs qu'avait commis les fae au fil du temps, sans filtre, sans retenue. Un discours biaisé gorgé de haine qui parvenait à motiver les troupes de l'Armée Rouge et qui était utilisé sans honte ni limite....

* * *

Ses affaires chargées dans le véhicule qui allait l'amener à Adenor, l'heure tournait rapidement et le départ s'annonçait imminent. Convoqué pour une raison inconnue, on avait demandé la présence d'Ozai à Cínnerial pour une mission qui nécessitait son intervention. Un souffle de réflexion sur cette dite requête qui amena ensuite ses yeux à lentement balayer le paysage d'Azracca avant d'embarquer. La rue qui se présentait à lui aujourd'hui semblait offrir un semblant de calme qu'il savait temporaire. Si il était difficile pour beaucoup de trouver quelconque once de beauté dans les plis brisés de la ville, Ozai trouvait que cette image de chaos étouffé pouvait quelques fois apporter un certain réconfort... Perdu dans ses pensées, il fut ramené à la réalité quand, soudain, une figure interloqua son regard; une ombre qu'il avait déjà vu à plusieurs reprises, des traits qui l'intriguaient sans cesse depuis leur dernière et furtive intéraction. Sans hésitation, il s'empressa de la suivre bien qu'elle était d'une rapidité étonnante.

— Hey ! cria-t-il tandis que la chevelure blonde s'engouffrait dans une ruelle sans fin. Ozai en était certain, c'était elle. Il ne pouvait pas la laisser la filer, pas une fois de plus. Sa présence dans son existence ces derniers temps relevait d'un mystère qu'Ozai souhaitait impérativement élucider. Hey ! Arrête-toi ! répéta-t-il d'une voix beaucoup plus autoritaire. Alors qu'il voyait l'ombre ralentir, Ozai sortit un tissu de sa sacoche. Lorsqu'il déplia celui-ci, la lumière laissait entrevoir la beauté d'un bijou qui n'était clairement pas un héritage du pays et encore moins de la région. La qualité de la boucle, la finesse et les détails du motif, l'élégance de la pierre; tous ces signes démontraient que l'ornement était d'une grande valeur et que peut-être, avait une importance personnelle.

— Ceci t'appartient n'est-ce pas? dit-il, confiant. Il y avait un mélange de calme et d'arrogance dans la voix d'Ozai dont le regard percevait distinctement la nature de la jeune femme. Une fae. Il arrivait bien des fois à Ozai de sauter sur les conclusions hâtives, sur des idées qui se formaient sans moindre objectivité si ce n'est le profond de son être qui l'animait. Le soldait savait, avec la plus grande des certitudes, que leurs chemins qui se croisaient autant de fois en si peu de temps ne pouvait aucunement n'être qu'une coïncidence. Lorsqu'elle se retourna, les fins traits et la beauté de l'inconnue frappèrent directement Ozai qui tenta tant bien que mal de dissimuler ses pensées. Tu n'es pas de la région si je ne m'abuse. une réflexion sèche et directe qu'il lâcha d'un dédain des plus humains.

I've been told, I've been told to get you off my mind
@ozai toshio

A la pénombre engagée, la clarté se fraie un chemin.
Et cela, c'est peut être le destin.

Il n'y a rien de tangible en ces temps difficiles, un temps où l'aliénation est presque synonyme de permission et où le leurre devient le plus pur des labeur. La beauté s'est façonnée dans un autre registre que celui qu'a connu ton enfance, une période où joie ne semblait qu'être un éventail à la portée de ta main. Le clair-obscur subsiste même dans les limbes les plus abyssales. Les paroles de ton paternel virevoltent dans ta mémoire, elles demeurent toujours depuis plusieurs décennies afin de t'accompagner dans les péripéties qu'est ton immortalité. L'essence de l'hiver coule dans tes veines comme un graduel ruisseau qui sommeille encore car peu sa tempérance n'est pas encore troublé. La glace est immobile, observatrice et magnifique mais son apparence est aussi trompeuse que la finesse d'une rose dont on a oublié de retirer les épines. Il n'y a rien de plus tangibles que la véracité qui se décline dans le regard de ces jeunes enfants. Une âme où le vécu diffère de la transparence alors que leurs silhouettes n'évoque que l'innocence d'un âge physique de cinq années. Ta présence à Azracca, tu ne la devais aucunement à un ordre du collectif de minuit, c'était un déplacement à titre personnel ni plus, ni moins. Les indices que tu étais parvenue à rassembler t'avait conduite au sein de ce territoire pour lequel tu ne nourrissais que méfiance et violence. Un lieu où tu ne préférais ne pas t'attarder mais les preuves du passage de ton lien fraternel dans les parages méritait que tu prennes le temps de comprendre les indices qu'il semait derrière lui. Matthias était doté d'une nature impulsive et audacieuse mais sa robustesse et son ambition se mesurait à l'objet de sa visée. Cette dernière était limpide désormais : il te cherchait autant que tu le cherchais. Les aiguilles de sa boussole s'affolent car alimentait à l'anxiété et la colère de ne pas retrouver ce qui lui est cher. Ainsi était ton frère depuis l'emblème de la l'hiver est devenue poussière, votre famille devenue des brumes de cendres. Au moment de faire demi-tour, tu avais aperçu au coin d'une ruelle sombre deux mômes prôner la mendicité pour survivre, une manière éteindre d'exister. L'innocence est la première victime de la guerre, la première conséquence de la brutalité. Ils étaient deux assis à même le sol, recouvert d'une couverture rongée par les mites, l'un était un humain, l'autre un fae – certainement issu de la cour du printemps au vue de ses attraits physiques. Deux entités que tout opposent mais qui font front commun pour s'apporter l'un l'autre. Un simple regard te suffit pour comprendre que le plus âgé des deux s'emploie à veiller sur le plus faible. Tu ne peux demeurer indifférente à leur souffrance silencieuse qui s'égalise sur la dureté du temps. Voilà pourquoi tu t'es arrêté à leur hauteur afin de leur procurer ce que tu avais sous la main soient quelques provisions que contenait ta besace en cuir et une écharpe que tu attaches autour du coup du petit garçon. Ne t'en veux pas d'exprimer des sentiments de compassion et de colère, Elsa. Cela fait de toi un être à part entière. La conscience est une compagne fidèle, fiable à l'intuition qui ne t'a jamais trompé jusque là. Rajustant la capuche de ta veste sur le sommet de ta tête, tu te redresses prête à rejoindre les bois en direction d'Adenor. Ainsi, tu redeviens l'ombre plongée dans le courant de la nuit.

La sensation est étrange alors que tu as l'impression que l'on t'observe. Un horizon à proximité, l'infime distance de quelques mètres. Tu détournes le menton juste au niveau de ton épaule pour t'apercevoir qu'il s'agit d'un soldat de l'armée rouge. De la qualité de couleur de son uniforme, aucun doute l'homme est un haut gradé. Ton attention se pose sur la gauche. Non, tu tomberais dans un cul de sac. A droite, l'ouverture vers le couloir de la nature te permettrait aisément de te tamiser … Le songe de réflexion est de courte durée pour la raison avisée alors que l'élan de la course est donné. C'est là que se divise l'agilité et la finesse d'une courant glacé alors que l'effort n'est pas une limite – pas encore. Le dédale des ruelles n'est plus que le gouffre de la bouche des Enfers tandis que la pas lourd du soldat n'est qu'un écho sur le macadam de ce territoire battu. — Hey ! Arrête-toi ! Le timbre de sa voix fait jour sur le césarisme du métier. Les sens aux aguets, tu lui donnes au mieux cinq minutes avant qu'il ne rattrape l'avance que tu as sur lui. L'idée d'user de la magie du temps se faufile à ton esprit mais ce don est une arcane dont il faut éviter d'ouvrir les portes sous peine de conséquences. Le moment ne s'y prête pas. Pas encore ma fleur de givre. Un soupire léger s'évapore entre tes lippes avant que celles-ci ne jouent une harmonie sifflée que seul l'oiseau des neiges sera capable d'entendre. Tu lèves la tête vers le plafond obscur de la lune avant de reprendre la cadence de ton pas alors que celui de l'être humain se veut plus familier. — Ceci t'appartient n'est-ce pas? L'interrogation résonne au refrain de la confiance vigoureuse et de l'impertinence toute masculine. « Ceci ». Bien évidement qu'il t'appartient et c'est ainsi qu'il capte ton attention alors que tu lui fais désormais face. Une limite tacite d'au moins dix mètres vous sépare mais cela ne gêne aucunement le capitaine de te toiser avec une curiosité oscillante entre l'avarice et l’égoïsme. Ton expression faciale est lisse comme la neige recouvre de son manteau blanc le sol terrestre. Cela fait plusieurs fois déjà que ta route croise la sienne, alors pourquoi tenait-il autant à te provoquer de nouveau ? Ses perles en amande te sondent en silence mais il peine à feindre ce qui se joue dans sa conscience. Le hululement dans les hautes airs annonce l'arrivé imminente de ton comparse, tout n'était qu'une question de timing à présent. Tu recules d'un pas en arrière, ton carquois accroché dans ton dos s'illuminant comme un soutien en cas de besoin. — Tu n'es pas de la région si je ne m'abuse. Tu hausses un sourcil face à sa réplique méprisante qui ne vole pas très haut, typique de la généralité que l'on porte à la race humaine. Cependant, tu as l'impression que ton interlocuteur se dissimule sous un brouillard épais. « C'est vrai, vous abusez. Un peu beaucoup même. ». Ta réponse est courte où le calme et la certitude se livre un combat subtile pour remporter l'ironie. Au même moment, un volatile aux plumages d'un blanc hivernal plane en direction du soldat, attrapant entre ses serres l'objet qui attirer ton attention. Le harfang lâche entre tes mains la boucle avant de se poser sur la branche d'un vieux chêne. Son regard ocre se fige cruellement sur l'homme. « Quatre fois, c'est la quatrième fois que vous me prenez en chasse. Il n'y aura pas de cinquième fois, capitaine. ». un sens aiguisé de la vision est coutumier pour toi mais son uniforme ne prête aucune erreur au grade de l'inconnu. Il était temps pour toi de tirer ta révérence.

@elsa halström

D'un destin qui semblait leur échapper, le chemin d'Ozai ne cessait de croiser celui de la fae. Des regards perdus, prunelles inconnues qui l'intriguaient à chacune de leurs rencontres, Ozai n'avait jamais été aussi intrigué par une des leurs; eux qui lui inspiraient normalement que du mépris. Si à ses jeunes années son animosité à leur égard était tempérée, cela n'était qu'un bien lointain souvenir à présent. Dédain envenimé au fil du temps par les pleurs de ses semblables, Ozai n'éprouvait que rancoeur envers ceux qui lui avaient tant pris. Durant un temps où la sagesse et l'harmonie auraient du lui être prêchées, Ozai avait trouvé dans sa douleur un réconfort trompeur dans l'essence de l'Ordre. Enfant désabusé, l'affliction destructrice qu'avait causé la mort de Tomas et de ses parents avait laissé en Ozai une vulnérabilité sans pareille. Une fragilité transcendante qu'il dissimulait tant bien que mal mais que la vie et l'usure étaient parvenues à exploiter. Gisant dans la violence et le désir de vengeance, l'esprit d'Ozai s'imprégna que très vite de ces préceptes bien rustres. A ce jour véritable bourreau, le cours de son existence s'était tournée sans regret vers une route de guerre que le Toshio ne semblait pouvoir éviter. Collision frénétique, le résultat de ces événements avait donné l'homme qu'il était aujourd'hui, l'humain et ses principes que représentaient la moelle de sa présence sur ces terres. Alors qu'il était persuadé que cela serait sa finalité, il ignorait que l'univers lui réservaient bien des surprises.

— C'est vrai, vous abusez. Un peu beaucoup même. avança-t-elle d'une politesse contrastée. Les yeux de la fae ne présentaient aucune crainte ni couardise; un regard de conviction auquel Ozai n'était que très peu habitué. Le calme mais l'assertion par la jeune femme en arrivait même à amuser le dogue, surpris par la promptitude de l'inconnue. Si il ne l'exprimait aucunement, le soldat se posait bien des questions sur ce visage qu'il n'avait jamais vu sur Azracca avant leurs précédents accrochages. Curieux de ce fatum que leur réservait ces aléas bien étranges, il était bien déterminé à en savoir plus sur la magicienne. S'apprêtant à lui répondre, ses lèvres à peine décollées qu'un strigidé apparut sans crier gare et s'empara de la boucle que Ozai détenait pourtant fermement entre ses doigts. Acte de surprise qui ne manqua pas de tirer un nerf du capitaine, peu habitué à ce que lui joue ce genre de tour. Quatre fois, c'est la quatrième fois que vous me prenez en chasse. Il n'y aura pas de cinquième fois, capitaine. Les yeux d'Ozai s'écarquillent légèrement tandis que le ton de la fae perçait les traits sévères du bougre.

— Un harfang des neiges? Ici? à Azracca? que sous attendait la question. Sourire d'une malice silencieuse, Ozai ne se mina nullement de la perte de l'objet mais se satisfit amplement de cette nouvelle information. Une fae de l'hiver, donc. Une simple observation qu'il fit à lui-même mais qui pouvait aisément se faire entendre de la jeune femme. Pas de cinquième fois? Ce n'est pas vraiment à toi d'en décider sais-tu. reprit-il en continuant sans quelconque marque de respect. Annonce prononcée pour marquer une arrogante dominance qui était propre aux soldats de l'Ordre. Mais après tout, cela n'était qu'à moitié faux. La minute même où l'identité de la fae lui sera révélée, cela était pleinement dans les mesures d'un gradé comme lui de la convoquer que cela pour une raison ou une autre. Si la menace était dite, cela ne voulait toutefois pas dire qu'il allait l'appliquer; lui dont les troubles d'Azracca occupaient déjà bien trop l'esprit.

S'avançant d'un pas latent, la lumière révélait à vue d'oeil l'apparence de la muse. Alors qu'il nota la présence d'un carquois derrière son dos, ce n'était pas la présence d'un arc qui secoua ses pensées. Non, c'était... Cette dague. dit-il crûment tandis que ses sourcils se froncèrent dans un sérieux bien démontré. Du bout de son doigt, il pointa cet objet qu'elle avait accroché à sa ceinture. Son visage se pétrifia en un instant, exacerbant l'émoi dans lequel il était. Où l'as-tu eue?! cria-t-il presque. Son ton jusqu'ici d'une espièglerie simple s'était effacé pour l'écho d'une âme meurtrie, d'un coeur qui criait à l'inconnu, une douleur cristalline qui se sentait presque dans sa voix portante.

@ozai toshio

Les coïncidences sèment le brouillard. Impétueuse brume dont l'épaisseur dissimule assidûment la grâce. L'être vivant ne voit que ce qu'il veut entrevoir, ni plus ni moins. Et cela est valable pour l'ensemble des races qui foulent le pays aujourd'hui divisé en trois régions. Aucune ne te rappelle l'univers sauvage et glacial qu'était le berceau de ton enfance, tout comme celui qu'a connu ton adversaire diverge du monde actuel. Il n'y a pas de destin, encore de moins coïncidences, juste un mouvement dû au souffle d'un hasard joueur. Ce dernier semble guère narquois pour remettre le visage de l'humain à la croisée de ton chemin. Tes émeraudes le sondent avec un calme discret et la déclinaison de sa rage intérieure n'explique que le supplice de son affliction passé. Une période ayant marquée bien des âmes, ayant consumé bien des cœurs. Le brun ne déroge aucunement à la règle, il n'est pas une exception non plus pour refouler sa fureur dans la violence et l'injustice. Le hasard s'exprime par bien des détours, mais vos rencontres consécutives ne sont elles pas une évidence ? Non, car la seule preuve tangible reste le fait qu'il cherche à te trouver. Il te traque sur un parcours qui n'est pas le sien, qui n'obéit à aucun ordre si ce n'est sa curiosité toute individuelle. Il ne le dit pas à haute voix mais ses pupilles d'un noir de jais expressif dialoguent pour lui. Le soldat plane sur l'interrogatif, un flot condensé de questions qu'il ne dégainera que lorsque que le moment sera venue. Effronterie est une surprise à laquelle le jeune homme n'était guère habitué et au vue du titre qui l'honore, tu devines aisément qu'il n'est pas de coutume à se laisser marcher sur les pieds ou à se faire surprendre – encore moins par un animal nocturne de surcroît. Sur sa haute branche, Tian toise ouvertement l'ennemi tel le protecteur des airs qu'il a toujours été. Ton attention se pose une fraction de secondes sur la boucle au creux de ta paume alors que tu la ranges dans ta besace en cuir.

Le déplaisir n'est que de courte durée dans l'amertume d'un timbre qui grappille une information – soit disant. — Un harfang des neiges? Une fae de l'hiver, donc. Des paroles à peine audible mais tu les entends sans le moindre problème. Tu penches quelque peu la tête sur le coté, le bout de ton nez se plissant sous une grimace qui t'accorde davantage un attrait juvénile. « Pour un capitaine, vous manquez d'observation, un train de retard sans doute. ». ta réplique est aussi calme que la tombée des flocons aux abords de la saison automnale. Cette dernière étant particulièrement méticuleuse et délicate pour son mutisme en pleine nature. Jusqu'à présent, discerner les fae des sept cours étaient une aisance mais l'armée rouge semblait avoir pas mal de lacunes à combler dans ses rangs. — Pas de cinquième fois? Ce n'est pas vraiment à toi d'en décider sais-tu. L'intonation est courte mais emplit de vérité où sa fierté propre est prompte de tous les caprices possibles. Ton intuition ne c'était pas trompée, l'étranger se fourvoie au travers de l'apparence mais son aura est facile berné vraisemblablement. Tu secoues la tête d'un mouvement négatif mais avec lenteur fine. « L'empreinte toute masculine vous colle à la peau. Parce que cela serait à vous d'en décider peut être ? Ne l'espérez pas le moins du monde. ». la dernière partie de ta phrase tonne comme avertissement solennel. Ta tempérance laisse paraître la douceur avisée mais la morsure du froid est aussi cavalière qu'un combat à main nue. Tu ne supportais pas la suffisance de la gent masculine, encore moins le regard d'infériorité que glanait les hommes – tout comme les fae masculin d'ailleurs. L'être humain s'avance d'un pas puis se fige lorsque son attention s'attarde sur l'arme blanche accroché à ta ceinture. — Cette dague. C'est d'abord un murmure draconien affûté à une sévérité âpre, puis l'index qui vise l'objet en question. Il ne t'en faut pas plus pour comprendre que le soldat a déjà eu à faire à cette arme, si ce n'est peut être qu'il l'a connaît. Instinctivement, tes sourcils se froncent à leur tour, les prunelles toujours figées sur ton interlocuteur dont les traits d'expression se dénaturent pour n'être plus qu'agressivité à l'état pure. — Où l'as-tu eue?! La détresse de son feu se clame, la blessure érige ses flammes pour n'être qu'un brasier prêt à surgir pour obtenir un simple gain – celui de la vérité. Le masque de l'homme s'est fissuré pour être sous l'emprise de ses émotions. Ces dernières l'accablent, le consument, le rendant presque plus dangereux qu'il ne pouvait l'être au départ. Les sens en alerte, tu demeures sur tes gardes tout en conservant le silence plusieurs minutes qui pour un humain peut paraître tout une éternité. Tes iris pétillent d'une couleur encore plus sombre qu'à l'accoutumée, il en allait ainsi lorsque le temps voguait à ses caprices, lorsque tes ressentis intérieurs étaient de la partie. « Laissez-moi deviner, ton histoire est liée à cette arme. ». un raisonnement logique plus qu'une demande mais cela semble capter le regard de l'étranger dont les deux amandes une couleur profonde digne sans doute de laisser libre cours à l'inspiration de la musicienne qui sommeille en toi. « Je ne pourrais t'en dire plus que si tu te maîtrise et que tu surveilles ta langue et tes gestes. Son propriétaire n'a pas besoin d'avoir l'armée rouge sur les fesses. ». Lui dis-tu avec un sérieux acérée. Sincérité n'étant que véracité entre tes lèvres. La fille a qui tu étais venue en aide était une âme audacieuse espiègle mais elle n’était pas à l'abri du danger, au delà de son insouciance coriace. Tu la défendais alors que vous étiez de nature opposé et alors ? Reina avait souhaité te retourner la faveur quand même tu lui avais dit que cela était inutile, mais son obstination demeurait.

@elsa halström

Outre le tourment qui avait pris Ozai de plein fouet, il y avait également une affliction rongeante qui dominait son esprit. Cette dague n'était pas qu'une simple lame, qu'une arme sans histoire et d'utilisation vulgaire. Reflet d'un héritage qu'il chérissait sans limite, elle était également le dernier souvenir qu'il avait d'un foyer autrefois sien. La fleur d'oxalis gravée sur la manche était l'armorial de son clan qui fut jadis de grand honneur et réputation. Si venu à la génération de son père le patrimoine martial des Toshio s'était effacée, les descendants de leur lignée n'avaient pas moins oublié le passé de ces armoiries. Les souvenirs de sa famille étaient livides mais douloureuses, des éclats d'une vie qui n'était à présent que trop lointaine. Vague réminiscence d'un bonheur détruit, la mort de ses parents et de sa cadette était un poids qui demeurait toujours sur le corps brisé d'Ozai. Sans cesse hanté par le dernier soupir de ses proches, la douce mélodie de leurs voix et de leurs moments de joie avait fini par se muter en l'écho d'une tragédie étouffée. Avec le temps, repenser aux siens sans qu'un sentiment d'agonie ne le paralyse était devenu impossible, poussant peu à peu le soldat à reclure ses souvenirs dans l'obscurité.

Lorsque Kimiko et lui avaient été évincés de chez eux, Ozai avait gardé comme seul emblème de leur vie passée la dague de leur ancêtre, un poignard dont la lame avait été forgée avec le plus grand soin. Sur sa manche et son fourreau d'une valeur inégalable, fut gravé le blason de la famille Toshio; une marque distinctive qui rendait les deux objets uniques et singulières. Celle-ci avait alors accompagné les deux orphelins tout au long de leurs vies dans les rues macabres d'Oceara, une protection certaine qui les sauva plusieurs fois de situations périlleuses. A son départ pour Zéhérim, Ozai légua la dague à sa soeur tandis que le fourreau resta en sa possession, un acte symbolique, édifice d'une promesse de retrouvailles. Promesse qui fut toutefois brisée à l'annonce de la mort de Kimiko, le capitaine avait depuis lors perdu tout espoir de retrouver la dernière trace de son clan à présent décimé. Bien des fois des inconnus mais également des confrères l'avaient questionné sur ce fourreau vide qu'il portait constamment sur lui, un questionnement qui n'attirait qu'un silence et un regard hostile de la part du bougre.

— Laissez-moi deviner, ton histoire est liée à cette arme. remarqua-t-elle d'un calme bénin. Si la certitude de la jeune femme était inébranlable et constante, elle n'en demeurait pas moins surprenante chaque fois qu'elle lui rétorquait au visage. Ozai grogna face à cette réflexion, honteux d'avoir été percé à jour. Cependant, être d'honnêteté, il n'allait nullement nier cette observation. Tu ne manques pas d'observation aussi, pour une fae. cracha-t-il, d'un dédain injustifié qui pourtant était d'un naturel humain. Il y avait tant de questions qu'il souhaitait partager, une interrogation si facile qu'il retint cependant pour ne pas trahir ses profondes pensées. La confusion était la plus grande faiblesse d'Ozai, incapable de gérer ce qui se trouve hors de son contrôle. Le soldat détestait les doutes et l'incertitude, comme si l'ignorance était un affront direct à son égo surplombé. Il ne supportait pas quand une situation avait le dessus sur lui, surtout quand cela impliquait les fae.

— Je ne pourrais t'en dire plus que si tu te maîtrise et que tu surveilles ta langue et tes gestes. Son propriétaire n'a pas besoin d'avoir l'armée rouge sur les fesses. Son propriétaire. Le coeur d'Ozai se fissura à l'instant même où ces mots avaient été prononcés. Le visage du soldat se figea d'autant plus, incapable à présent de préserver quelconque neutralité. Je ne peux rien promettre, surtout quand je sais que cette dague a été volée. Pour lui, il n'y avait que cette explication. Kimiko aurait gardé et protégé la dague jusqu'à la mort, elle savait ce que celle-ci représentait et sa valeur allait au delà de tout trésor. Pillée, volée, peu importe qui avait commis cet acte impardonnable, Ozai allait retrouver ce vaurien. Sans attendre, le Toshio attrapa son fourreau et le mit sous les yeux de la fae, indiquant avec clarté le blason commun qui était engravé sur les deux moitiés. Cette arme appartient à mon clan. affirma-t-il ensuite en montrant l'encre sur son poignée, incrustée à l'image de la fleur d'oxalis. Il y avait une férocité dans son regard, une gravité dans ses traits qui démontraient que tout ceci était une affaire bel et bien personnelle. Toujours de son ton sec mais sérieux, Ozai continua dans sa lancée. Alors je me pose la question, quand tu parles de son 'propriétaire'... de qui parles-tu ? demanda-t-il tandis qu'il rangea le fourreau.

@ozai toshio

Les objets sont parfois l'emblème de bien des conquêtes, berceau de bien des maux qu'il nous ait parfois difficile de perdre, de se détacher. La clairvoyance de chacun d'entre eux conte des trames dont le fil est brodé au maelstrom de sentiments qui nous assaillent du bon comme du mauvais coté. Il révélerait presque la source où l'on puise à la fois notre atout et notre faiblesse primaire. La dague de l'homme à la tignasse d'un noir de jais n'était pas si éloigné. Elle était à la fois le lien entre son antérieur et le l'actualité de sa réalité. Une écran de tangibilité qui pourrait aisément partir en fumée si tu désirais user du leurre pour dorer davantage le mensonge. Le ferais-tu Elsa, pour procurer une armure à celle que tu as procuré ton aide ? Le pêché d'orgueil pourrait se complaire dans l'arabesque sardonique du tourment mais l'être vivant souffre plus qu'à son tour des déboires du passé. La haine n'engendre que le feu brûlant des souffrances accordées aux victimes comme un chant vainqueur d'une gloire qui n'a rien de luminescent, bien au contraire ainsi la race humaine – comme fae – plonge vers sa déchéance. — Tu ne manques pas d'observation aussi, pour une fae. Une déclaration éructée avec la condescendance mesurée d'avoir été perçue au delà des barrières qu'il a érigé. Décidément, il n'avait guère pour habitude qu'on lui tienne le cran d'obstination, avec toi le guerrier était tombé sur un os. Son regard piétine l'insolence de l'impact de tes propres prunelles à lire entre ses interlignes d'une façon tout à fait linéaire bien qu'intense. Une liaison sans le moindre bruit qui sème à la fois la discorde de son esprit et le combat pour maintenir la lutte. Tu demeures une énigme, ma fleur de givre, mais il semblerait que parmi les humains ce capitaine l'est aussi. Ta conscience veille à la réflexion, la raison n'étant jamais bien loin lorsque tu prends des décisions.

L'avertissement donné, le soldat demeure stoïque lorsque tu mentionnes le porteur de l'arme blanche. Le terme reste suspendu à ses lèvres, son esprit et son attention également. Son calme apparent disparaît aussi aisément que les effluves de la nicotine. Le jeune homme est une brise impulsive lorsqu'il s'agit des sentiments personnels. L'ennemi est imprévisible, sa crainte et sa douleur le dominent de concert pour une équation qui ne trouvera sa résolution que dans le sang et la vérité. — Je ne peux rien promettre, surtout quand je sais que cette dague a été volée. Rétorque-t-il comme si la véracité des mots pouvait le convaincre, gratifier sa colère déjà exposé en cette nuit sombre. L'astre lunaire est le seule rayon de lumière qui le permet d'acquérir une vision correcte tandis que tes sens naturels tu permettent clairement de le voir. « Je crois que vous allez un peu vite en besogne. Vous manquez de discernement alors je vous conseille de tempérer votre colère. ». une intonation clamant le vent glaciale des terres du nord, ta sagesse se pare de stalactites témoins implicite de ton ire irrité par l'attitude quelque peu phallocrate et impatiente de ton interlocuteur. — Cette arme appartient à mon clan. Son timbre rauque se tamise dans les murs du ressentiment alors qu'il expose l'un de ses poignets où la fleur d'oxalis peint sa peau hâlée. L'encre sous sa chair véhicule l'information sur l’intérêt que porte le capitaine à cette dague. Cette dernière était ornée de la même gravure sur son manche. Reina était donc lié à cette homme ceci était une certitude. Tu sens la dureté de son regard sauvage sur toi mais tu la feins sans le moindre problème alors que tu raisonnes intérieurement. — Alors je me pose la question, quand tu parles de son 'propriétaire'... de qui parles-tu ? Une interrogation impérieuse qu'il tente de contenir, que sa patience est mise à rude épreuve. Tu l'observes ranger le fourreau dont le matériau à été forgé avec une finesse habile. « Je parle de la personne à qui j'ai sauvé les fesses des troupes armées. Je vous laisse comprendre tout seul de qui vienne les ordres. ». Ta voix est l'écho même de la pénombre obscure qui habitent les aspirations de l'armée rouge depuis la fin de la guerre. « Elle n'a donc pas été volée, et si tu connais son propriétaire alors tu n'auras pas besoin de moi pour comprendre pourquoi il est en ma possession pour l'instant. ». l'assurance de ton intonation est un défi, une remise en question – ou presque. Tu connaissais ton frère par cœur, tu aurais été capable de savoir pourquoi il aurait confié ses chakrams. Ta réplique te permettrait de savoir quel lien reliait Reina a ce rustre combattant.

@elsa halström

Si les mots de la jeune femme sonnaient la cloche du sérieux et de la prudence, Ozai ne décelait toutefois pas de haine ni d'animosité exacerbée. De l'hostilité trimait dans l'air mais cela n'était pas quelque chose de surprenant pour une interaction de la sorte. Quelque chose qui sortait plus de l'ordinaire était le calme apparent de la fae, surtout devant un capitaine de l'Armée Rouge montrant agitation et rogne. Il était d'usage que les fae ne tiennent nullement longtemps face à l'intimidation du Toshio : bougre mécréant jurant par le langage de la violence, sa réputation sur les confins de Nythsari et tout particulièrement Azracca le rangeait dans le tiroir des bourreaux sans clémence ni empathie envers les êtres de magie. Dés son plus jeune âge, ses mentors lui avaient tous appris à nourrir sa fierté avec sa force et sa force avec sa fierté; une relation bilatérale qui était devenue une règle d'or pour celui dont la confiance se voulait à l'apogée. Ne leur montrez aucune faiblesse. La voix de son instructeur retentissait chaque jour dans l'esprit d'Ozai qui avait pris cet apprentissage au pied de la lettre, appliquant cette règle dans une rigueur immuable. Ses faiblesses, il les refoulait, les noyait sous un contrôle de plomb, une censure qui pour était est d'une importance primordiale pour mener à bien chaque mission et son existence de dogue militaire. Cependant, lui qui était un enfant de la nature oubliait paradoxalement son essence humaine; omettant que comme tous ses confrères, il était capable d'angoisse et d'inquiétude.

— Je crois que vous allez un peu vite en besogne. Vous manquez de discernement alors je vous conseille de tempérer votre colère. remarque critique et directe qui fit grogner Ozai à la seconde même. Si l'envie d'exprimer sa frustration était bien présente, Ozai avoua en son être que la jeune femme n'était pas dans le faux non plus. Pris d'assaut par l'émoi provoqué par la pensée même de sa famille, le soldat avait manqué de discernement et avait laissé le feu de son âme prendre le dessus. Se raclant la gorge, le visage tiré d'Ozai ose alors s'adoucir sous la remarque de la fae. Je parle de la personne à qui j'ai sauvé les fesses des troupes armées. Je vous laisse comprendre tout seul de qui vienne les ordres. Les yeux du nythsarien s'écarquillèrent sans se cacher, montrant outre façade son étonnamment qui s'entremêlait à une perplexité bien démontrée. Qui était cette personne dans le collimateur de l'armée qui avait autrefois possédé la dague? L'idée même que celle-ci soit recherchée par les siens prouvait à Ozai que cet individu n'était pas sans passif criminel. La question brûlait les lèvres du Toshio qui préféra toutefois remettre ses idées aux claires avant d'aller trop loin dans son interrogatoire. Et si... l'idée même que cela soit Kimiko glaça le sang fiévreux du capitaine. Sa théorie du vol étant toutefois beaucoup plus crédible, Ozai refusant de laisser des hypothèses aussi fantasques et dérisoires submerger ses pensées déjà bien embrouillées. Elle n'a donc pas été volée, et si tu connais son propriétaire alors tu n'auras pas besoin de moi pour comprendre pourquoi il est en ma possession pour l'instant. déclara la jeune femme d'un ton assuré. Cependant, c'était bien sur ce point qu'elle se méprenait. Alors que Ozai aurait pu interpréter ces propos comme une provocation, une pique à son sens de la réflexion, il n'en fut rien. La colère se dissipa alors pour laisser place à une soudaine tristesse, un spleen ayant pris la forme d'un ton morose faisant écho au long et douloureux deuil qu'il avait traversé après la mort de Kimiko.

— La dague appartenait à ma soeur cadette. dit-t-il solennellement, s'ouvrant étrangement à l'inconnue qui se trouvait devant lui. Ma soeur. Cela faisait bien une éternité qu'il n'avait plus dit ces mots à voix haute; sans grande surprise, cela lui fit un mal fou. Alors qu'il n'était nullement dans l'obligation de se justifier, Ozai continua dans sa lancée. Elle a disparu il y a plusieurs années déjà... sa voix se crispe, se tord sous le poids de l'affliction. Il marque une pause tandis que ses yeux perdent de leur clarté, brumant une noirceur écrasante dans le fond de sa pensée. Ce n'est une simple arme, elle représente énormément que cela pour elle ou pour moi et elle ne l'aurait jamais cédé à quiconque à part si- "la personne à qui j'ai sauvé les fesses des troupes armées" l'esprit d'Ozai se délogea de la confusion, reliant certains points qui se trouvaient pourtant depuis le début sous ses yeux. Cette déclaration n'était pas sans importance, au contraire. La songe de son père le prit de plein fouet, le souvenir de ses nombreux contes et leçons de pensée dont celle qui mentionnait l'échange d'honneur. Il avait expliqué à ses enfants quand ceux-ci étaient encore à l'âge d'innocence que si un jour ils venaient à être redevables pour leur vie, ils se devaient de confier un objet de valeur à leur bienfaiteur jusqu'au soulèvement de leur dette.... Kimiko... souffla-t-il avant de reprendre avec un souffle d'espoir; Est-ce que le prénom de la personne qui t'a confiée cette dague est Kimiko? la question se voulait ardente mais fondée, reflet complet de l'espérance et de la crainte, le coeur anticipant la réponse de la fae dans une attente insoutenable.

@ozai toshio

La colère est un brasier flamboyant dont l'âcre parfum de la fumée est une enveloppe de carne et de brume, pour n'être que terreur enflammée et désolation. L'ire est si aisément agacé qu'il lui en faut peu pour franchir les barrières que l'on refuse si coutumièrement de sauter. Un pas en avant puis deux en arrière, la folie est une douce rengaine au refrain troublant du mensonge. La frénésie s'empourpre alors de ce velours noir qui nous tend si tendrement les bras puis nous berce de belles et charmantes illusions devenant ainsi les amantes, les amours passagers d'une soirée sans la moindre lueur à l'autre bout du tunnel. A l'autre bout du tunnel, la promesse d'une main tendue, d'une luminescence opale qui n'est que la conséquence de chemin que l'on a décidé de suivre. Haine pour haine, souvenir pour souvenir, la dualité des émotions et des gestes, tu as su les apprivoiser pour n'écouter que la raison entiché d'un brin de battement de ce myocarde auquel l'être vivant tient tant. Les affres de l'existence n'ont épargnés personne ni les fae, ni les humains, encore moins les innocents qui tentent de survivre au delà de cette deux rives qui se livrent bataille par la domination, par la destruction. Où demeure donc l'absolution ? Lorsque tes premiers dires s'élèvent, ses yeux en amande s'élargissent laissant ainsi l'aiglon de l'hypothèse fait son petit bonhomme de chemin. Il laisse au loin la déraison pour s'étendre davantage sur le terrain de la probabilité et cela le soldat y accorde une importance – même moindre. L'expression de son visage se détendent, se lissent d'une parure où les idées noires ornent la mélancolie d'un artifice qui n'a pas encore fait son deuil, qui refuse de le faire car la conviction est une véracité intuitive conduite par l'esprit. Cette sensation, ne t'est nullement étrangère ma fleur de givre, elle est même une compagne depuis de nombreuses années. Un laps de temps immensément court pour un immortel, une durée considérablement longue pour un humain. — La dague appartenait à ma soeur cadette. Une intonation auguste, presque cérémoniale mais qui n'enlève en rien la sincérité implicite qui vibre dans le reflet de ses iris mouchetées de minces filaments bleu de minuit. Deux fenêtres sur son âme qui te permettent sur la certitude de l'intuition de ne pas éveiller la boussole qui te serre de repaire. Le capitaine abreuve sa rage à coup de fouet orageux pour mieux occulter la douleur, celle de la perte. La vague du passé, il la creuse pour conter des explications sur l'arme blanche toujours accrochée à ta ceinture. — Elle a disparu il y a plusieurs années déjà... La réalité fugace mais intense s'échappe de sa bouche, une écorchure à l'âme, une plaie béante au cœur, et la mémoire des instants joyeux qui ravivent une flamme. Aurait-il oublié ce que tu venais de lui dire un peu plus tot ? Pourtant, tu as lui énoncé que la dague avait une raison d'être en ta possession. L'art des mots n'est guère étranger pour toi, ils ont une signification bien plus fine et révélatrice que les actes – si ce n'est plus.

Reina t'avait confié cette arme dans l'unique but de rembourser sa dette quand bien même tu avais refusé toute faveur. Une attitude qui avait d'abord rendu la corneille dubitative mais qui a cadencé sa vision sur ce que tu lui avais inspiré. Il n'est pas aisé d'accorder sa confiance encore moins d'abaisser ses défenses de méfiance. — Ce n'est une simple arme, elle représente énormément que cela pour elle ou pour moi et elle ne l'aurait jamais cédé à quiconque à part si- … Et bien voilà, la réflexion commençait enfin à ressurgir, trouvant la source de l'essentiel dans l'évocation des vestiges antérieurs. Dans le silence de cette obscurité où seuls les rayons lunaires vous confèrent une légère clarté, tu le toises avec une attention particulière et lointaine à la fois. Ta conscience fredonne sur la ligne de la logique et de la déduction finement menée, adroitement avisée. Cette fameuse dague est le sommet qui relie sa propriétaire à ton interlocuteur. Et puis tu réfléchies plus la dextérité de l'hypothèse se veut tangible. Tu l'entends soupirer un prénom, un murmure de conviction. Kumiko … sans le moindre doute l'appellation de sa sœur. Tu prends le pas sur l'aspect du temps, feintant celui ci ainsi que l'homme situé à quelques mètres de toi. Tes lèvres se plissent une énième, laissant siffloter les accords d'une mélodie courte qui s’insère dans la nuit. Un bruissement d'ailes et quelques secondes plus tard, le harfang des neiges subtilise en toute adresse le fourreau qui était il y a quelques temps encore accroché au ceinturon du jeune homme. Tian te le dépose précautionneusement dans la main avant de retourner sur les hauteurs de son perchoir non sans considéré l'étranger d'un hululement digne d'un avertissement de chasseur nocturne. Cette tonalité de la part de son volatile t'arrache un maigre sourire narquois au coin de la bouche, tu reconnaissais bien là l'attitude possessive et prudente de ton compagnon ailé. Tu décroches l'arme de ta ceinture afin de rassembler les deux pièces ensemble. L'emblème de la fleur d'oxalis est bien présente, définie avec la rigueur d'un artiste et le dévouement de l'héritage qui lui appartient. Cet homme pourrait être le frère de Reina ? Il n'y a pas de place au doute, Elsa, surtout lorsque le hasard a décidé de mettre ce combattant sur ta route? Oui, tu étais peu fervente des coïncidences, encore moins des sottises du destin. — Est-ce que le prénom de la personne qui t'a confiée cette dague est Kimiko? Son interrogation interrompt la bulle cartésienne de tes songes alors que tu relèves lentement tes émeraudes sur le guerrier. Un brin mutique, tu l'observes avec le stoïcisme tolérant qui coud la déchirure. Lentement, tu secoues la tête en guise d'une réponse négative, toujours silencieuse. Les minutes ne sont pour toi que des mesures digne de l'alto, la patience étant la conjointe de prédilection de ta persévérance. « Elle ne portait pas ce nom là mais tout laisse à croire qu'il s'agit bien de la même personne. ». Ton timbre est assuré, la certitude étant un rive conquise comme disait si bien autrefois la guerrière de glace qu'était ta défunte figure maternelle. Tu sors la lame de son fourreau, la raccroche à ta ceinture avant de t'avancer prudemment en direction de ton voisin. « Je ne peux pas te la donner, pas maintenant mais cela je pense que tu l'as compris. Elle viendra la chercher, elle semble fort à cheval sur la fierté de rendre une faveur quand bien même je n'en avais pas besoin. ». Lui dis-tu tout lui tendant le fourreau avant de lever les yeux au ciel où souvenir de l'insistance de Reina. Tu la comprenais en un sens elle ne voulait rien devoir à personne, encore moins à un fae. Tu sors de ton petit sac en cuir la boucle d'oreille. Tu la regardes avant de saisir la main du soldat pour ensuite y glisser le bijou. « Lorsque ta sœur reviendra prendre sa dague, je reviendrais prendre ce qui m'appartient. Ainsi, tu auras de quoi me retenir le temps de la retrouver. ». Un pas en arrière, puis deux, tu vogues sur les étangs ténébreux de ses prunelles bien trop évidente à la raison qu'il cache. Celle entre autre, que cet homme t'a chassé pour une raison bien précise au delà de la haine qu'il à envers les gens de ton espèce.

@elsa halström

Les prunelles de la fae étincelaient entre les ombres qui tombaient sur la ruelle, des yeux vifs dont Ozai ignorait encore beaucoup. Se croyant éternellement seul dans son marasme, persuadé que nul autre ne pouvait comprendre la léthargie qu'avait provoqué le deuil sur lui, Ozai ne pouvait pas encore savoir que l'être devant lui était également une victime de la mort. Une âme damnée par la perte de ses proches et l'espoir de retrouver un jour celle qui partageait son sang. Il y avait cette douceur entremêlée à une hardiesse bien familière dans le regard de la jeune femme, une volonté et contraste de sentiments qui pouvaient se lire à travers ses traits si on prenait le temps de les contempler. Le Toshio ne parvenait nullement à mettre le doigt sur ce qui l'intriguait tant chez elle et le noeud qui se mêlait en lui chaque fois leurs iris se croisaient. Quelque chose avait poussé le capitaine à s'intéresser à leurs précédentes rencontres pourtant si furtives, à cultiver ce questionnement concernant la jeune fae, l'amenant à ce jour à cette discussion décisive.

— Elle ne portait pas ce nom là mais tout laisse à croire qu'il s'agit bien de la même personne. la remarque de celle-ci est assurée, pesée avec une réflexion qu'il n'arrivait pas à douter. Que cette personne soit Kimiko ou non, Ozai se devait de la retrouver. Il ne pouvait lâcher ce lien si étroit qui le reliait bel et bien à son passé, à celle qu'il pensait pourtant à jamais perdue. Une culpabilité soudaine piqua le capitaine de plein fouet, serrant le coeur martelé de celui qui ne s'était jamais pardonné de ne pas avoir pu protéger son être cher. Bien que les éléments étaient vagues et sujets d'un mystère qui ne demandait qu'à être élucider, Ozai se raccrocha à ce signe comme si le moindre instant et éclat de son existence en dépendait. A présent, la jeune femme était son seul lien avec l'ombre de Kimiko et le dogue savait parfaitement qu'il était hors de question qu'il ne la perde de vue. Je ne peux pas te la donner, pas maintenant mais cela je pense que tu l'as compris. Elle viendra la chercher, elle semble fort à cheval sur la fierté de rendre une faveur quand bien même je n'en avais pas besoin. déclara-t-elle en s'avançant sans crainte. Surpris, Ozai n'était nullement habitué à ce que un être de sa trempe agisse envers lui avec une telle aisance, une assurance qui n'était toutefois pas immergée d'animosité ou de rage. Choix des mots judicieux qui relâchèrent les traits tiraillés d'Ozai, lui qui avait l'impression d'avoir reconnu sa cadette et son caractère de plomb dans les mots de la jeune femme, une brise d'allégresse se déposant ainsi sur la myocarde du dogue. Le soldat acquiesça sans un mot, d'un regard qui en disait long.

Au plus profond de lui, Ozai savait que les images de son passé l'avaient mis à découvert, l'exposant sans armure à une inconnue qu'on lui avait appris de sceller comme une ennemie. Cependant, il y avait une songe étrange cette fois-ci, quelque chose qui emprisonnait cette rogne qui pourtant était si d'usage pour lui. A quelques pas de lui, la muse hivernale ressortit soudainement sa sacoche, révélant à nouveau délicatement cet objet dont la valeur semblait peser en son être. Saisissant subitement la main d'Ozai, elle déposa avec précaution le bijou tandis qu'il ne trouvait nul mot à prononcer. — Lorsque ta sœur reviendra prendre sa dague, je reviendrais prendre ce qui m'appartient. Ainsi, tu auras de quoi me retenir le temps de la retrouver. annonça-t-elle sur un ton travaillé par la sagesse. Une décision qui ne manqua pas de provoquer un étonnement certain chez le bougre qui ne s'attendait aucunement à cette approche. Derrière ces paroles, Ozai ne parvenait pas à déceler une once de malice, juste une sincérité qui semblait toucher au loin la corde de la compréhension. — Faisons ainsi alors. répondit-il simplement, droit dans ses propos. Nos chemins se recroiseront rapidement, j'ai encore beaucoup de questions qui demandent réponses. annonça ensuite Ozai tandis qu'il rangea avec soin et protection la boucle qu'elle venait de lui céder. Sa voix s'était adoucie mais présentait toujours une sévérité digne de sa personne. Ses yeux se posèrent alors dans le bleu de l'inconnue, lui qui ne pouvait étouffer cette attirance qu'il éprouvait envers la jeune femme.

— Capitaine Toshio ! son regard se lève soudainement tandis qu'il se retourna vers la voix portante, celle de son subalterne. Capitaine Toshio nous devons partir rapidement. plaida-t-il tandis qu'il rejoignait son supérieur à mi-ruelle. Ozai répondit hâtivement à celui-ci mais ce court laps de temps avait suffit pour la fae, elle qui s'était envolée le temps de cette interaction. Lâchant un léger soupir, le capitaine rejoignait alors le jeune soldat tandis que les souvenirs de cette rencontre se rejouaient dans son esprit...

[ SUJET TERMINE ]

» familiar fire (sona)
» no rain, no flowers (léonie)
» holding onto a hurricane - (elsa)
» sixty eight years in the making - ELSA
» with fire and blood (vanserra)