PSEUDO ysold personnage inventé stalkage traînée de force défis avec grand plaisir mot d'adieu ne m'en voulez pas si j'ai pas tout capté aux annexes svpppp crédits sky walkers.

Dernier bain de mer. Seraphiel, assise sur la plage, les pieds caressés par l’écume, les mèches mouillées collées au crâne, les bras et les jambes couverts de sable, fait ses adieux à son univers.
L’été, Océania est écrasée par le Soleil. Il brûle ses épaules dorées, tape insensiblement sur sa tête, rempli ses yeux de larmes. Tout à l’heure, elle a offert son corps aux vagues, elle s’est laissé dériver une dernière fois, la tête gorgée de Soleil et de mer, les cils et les lèvres engourdis de sel. Rêvant d’être engloutie par l’eau, que les vagues se referment sur elle, l’aspirant dans les profondeurs, pour ne faire plus qu’un avec l’écume. Essoufflée, épuisée, les jambes tremblantes et le goût de l’eau saumâtre dans la bouche, elle s’est traînée jusqu’au rivage.

Au commencement, il y avait la guerre.

Les batailles au loin. Les frères, les cousins, les oncles, les tantes décimés. La peur. La chute. La fuite. Traumatisée, l’enfant s’est murée dans un silence sinistre, contemplant les horreurs de la guerre de loin, depuis un autre monde.

Puis il y eût le renouveau.

Une renaissance. Le retour à Océania. L’insouciance qui n’a pas fui, restée cachée entre les vieilles tentures des palais, sous les tapis des manoirs des fae de l’été, qui rampe insidieusement dans toutes les têtes. La vie reprend. Les fêtes, aussi, dans la grande villa Mazyar, au bord de la mer. Seraphiel reste silencieuse, les yeux rivés sur la mer et le Soleil, y cherchant sa vérité, engoncée dans ses robes colorées, les cheveux soigneusement peignés, observant les soirées mondaines le regard vide, les pupilles vitreuses, pendant que défilent les images de la guerre dans son cerveau. Les traits toujours calmes, le visage imperturbable, l’esprit en ébullition, à vivre mécaniquement, jour après jour, tout son être tourné vers une seule obsession : plus jamais la guerre. Chaparder les journaux de son père, les lire en cachette, recroquevillée dans son armoire ou terrée au fond du jardin, avalant avidement les lignes et les mots, tremblant à l’idée que la paix soit menacée.

Le Cercle. Le cerveau lavé à mi-temps par le gouvernement et à mi-temps par sa famille. Les heures passées à s’entraîner à maîtriser son don et celles passées à l’amplifier, sous les cyprès, le Soleil dans les yeux, le Soleil dans le crâne, les oreilles qui bourdonnent de Soleil, le sang qui bat aux tempes, tandis que la persuasion s’immisce lentement dans l’esprit de ceux qui lui font face. L’eau n’a jamais vraiment bougé, paresseuse entre ses doigts, récalcitrante face à l’esprit de Seraphiel qui n’a jamais réussi à ne faire qu’un avec elle. Endurer les migraines les dents serrées alors que la douleur lacère son cerveau et brouille sa vision après s’être trop entraînée. Seraphiel veut la persuasion. Le don l’appelle, plus fort que tout, suspendu au-dessus d’elle comme le Soleil qui la nargue, qui l’observe s’entêter, bousculer son esprit à se faire mal.

Puis c’est l’explosion. La migraine bat déjà ses tempes. Le Soleil est à son zénith, il l’empêche de penser, l’empêche de réfléchir, paralyse son esprit de sa force. Seraphiel résiste, lui oppose un combat muet pour investir le cerveau de sa mère, assise dans la terre ocre d’Océania, les mains crispées sur les aiguilles de pin qui piquent sa peau, chaque muscle tendu dans un effort douloureux. Le barrage cède. Un océan bouillonnant de pouvoir se libère, traverse les yeux de Seraphiel dardés dans ceux de sa mère. Lit sa réussite dans son regard vide. Un long rire secoue le corps maigre de Seraphiel, casse sa gorge, ses cordes vocales enrouées, peu habituées à être utilisées. Elle hurle de rire, de bonheur, tombe allongée, remerciant la terre et le ciel.

Libérer ce don, c’est un peu comme plonger dans le Soleil. C’est se donner entière à l’été. C’est recevoir les dons de tous les fae de sa cour avant elle.

Les fiançailles. La terrasse de la villa Mazyar blanche de lumière. Le Soleil, toujours présent, veillant sur elle, éclairant de ses rayons brûlants chaque étape de sa vie. La lumière n’est pas bienveillante, elle est agressive, met à nu chaque coin d’ombre, brûle tous ceux qui s’y exposent. La sueur perle sur les visages, la chaleur crispe les sourires, la peau est moite sous les riches vêtements et les parures. On lui présente son promis, charmant fae de l’hiver. Seraphiel reste stoïque tandis qu’on lie leurs destins. Pas de cris. Pas de rébellion. Pas un mot. Une carte secrète dans sa manche. Une lettre qui bouleverse son avenir. Elle prendra ses fonctions de juge à Astragan la semaine prochaine. Elle s’apprête à s’enfuir, à rejoindre un destin fait de codes et de lois. D’articles et de décrets. À tenter à son échelle de maintenir la paix par la justice, à éviter la guerre. Il n’y a que cela qui compte. Pas elle. Pas sa famille. Pas ce fae qui lui tend la main, dans laquelle elle glisse ses doigts froids malgré la chaleur, récitant une fausse promesse. Il n’y a que la paix qui l’obsède en ce bas monde.

Plus tard, alors que sa fête de fiançailles bat son plein, le Soleil doré d’Océania, encore vif malgré la fin d’après-midi, caresse les bras nus de Seraphiel, enveloppe les arbres de sa chaleur, écrase les ombres. La propriété de sa famille est immense, ses talons lui meurtrissent les pieds, la moiteur ambiante fait perler des gouttes de sueur dans sa nuque. Elle crie le nom de son cousin. Le silence. Seulement le vent qui agite les feuilles. Il s’est volatilisé.

Tout à coup, au détour d’un chemin poussiéreux, des bruits de voix. Le timbre aigu d’Esmaeel, et un autre, plus grave. Seraphiel se précipite. Et découvre l’enfant recroquevillé au sol, tremblant de peur face à un inconnu. Le canon d’une arme pointée entre les deux yeux. Déstabilisé par son arrivée, l’homme hésite quelques secondes. Pas Seraphiel, qui se jette sur lui par reflexe, tentant désespérément de lui arracher l’arme, agrippant le canon d’acier à pleines mains pour le dévier de la petite silhouette en pleurs à qui elle hurle de s’en aller. Peine perdue. Seraphiel est projetée au sol, roule dans la poussière, cherche à tâtons l’enfant qu’elle entoure de ses bras. Le Soleil dans les yeux, le Soleil qui la trahit et l’abandonne, l’empêche de glisser ses yeux dans les siens pour utiliser son pouvoir.

Prostrée dans la terre, berçant son cousin et lui murmurant toutes les paroles d’apaisement qui lui viennent à l’esprit, elle attend son heure. La brise se lève, mettant agréablement fin à la chaleur. Les pins projettent leurs ombres bienfaisantes sur eux. Là-bas, au loin, leur famille est rassemblée sur la terrasse blanche de la grande maison, riant et plaisantant. Elle va mourir au beau milieu de ce paradis, cette clairière aux azalées gorgées de couleurs sera le lieu de son dernier repos. L’homme finit par tourner les talons. Ce ne sera pas pour aujourd’hui.


Le Soleil décline sur l’horizon, s’unit à la mer et projette son ombre autour de Seraphiel. Les adieux sont douloureux. Elle ne reverra plus cette lumière crue, qui dévore avidement tout ce qui se trouve sur son chemin. Astragan l’attend.