— Who are you —

Age Trente-et-un ans passés à croquer dans cette putain de pomme pourrie qu’est la vie, désireux de pouvoir en goûter la substantifique moelle. Même si pour ce faire il doit tout dévorer jusqu’au trognon, de sa chair tendre et sucrée au vers-de-terre putrescent qui la gangrène. Date et lieu de naissance Eron vint au monde sous les augures d’un ciel chargé de lueurs rouge et or, le douzième jour du mois d’occario 1041. Tandis que l’aube transperçait d’un éclat sanglant les gros cumulus marins venus assister à la naissance, l’enfant vagit son premier souffle non loin d’Oceara, entre les murs miteux d’un hôpital clandestin. Classe sociale Moyenne. « Comme ma bite ! » braillerait son comparse Zuko, dévoilant la mine d’or qui lui sert de râtelier dans un sourire carnassier. Si Eron s’intéresse à l’argent, c’est avant tout pour assurer les soins médicaux de sa vieille mère, mais aussi rembourser une vieille dette contractée auprès d'Ozai. Lui qui avait un jour rêvé d’une vie simple et désintéressée, se retrouvait aujourd'hui à courir après les ozilles comme un chien courrait derrière un vulgaire bout de jambon. Orientation & statut Au diable les saints, ceux pour lesquels le Solon serait prêt à se damner viennent par paire, et font l’apanage des créatures qu’il cherche à conquérir le temps d’une étreinte. Célibataire volage se sentant parfaitement capable d’aimer plusieurs femmes en même temps, Eron s’embrase, puis un battement de cil plus tard se lasse et disparaît. Il ment dans un sourire, souvent de paresse, jamais pour blesser. Ses tromperies sont maladroites et cousues de fil blanc, vouées à l’échec. Eron le sait mais s’en moque, se contente d’essuyer les colères assassines de ses muses dans une moue légèrement amusée. Ici une cicatrice dessinée par un coup de ciseau planté dans l’aine, là un sourcil déchiré lors de sa rencontre fracassante avec un cendrier. Autant de trophées qui continuent d’être la source de railleries chez ses compagnons d’arme. Métier Prompt à exécuter les ordres qu’on lui assigne, Eron se révèle être un excellent soldat de l’Armée Rouge. Pourtant, sous son masque d’ivoire et ses airs impassibles, hurle un loup qui aurait rêvé vivre à l’état sauvage. S’il supporte tant bien que mal son humiliante muselière, c’est uniquement afin de tenir une vieille promesse que lui et les autres Rats Gris se sont faites. Dès lors, chaque ordre vociféré par ses supérieurs l’oblige à se mordre l’intérieur de la joue et à réprimander ses envies d’aboyer, l’échine courbée, une lueur d’aurore boréale triste dans le fond des yeux. Parfois, Eron s’imagine délaisser les terres pour les flots. Habile de ses mains et avide de liberté, il se serait improvisé pêcheur, revendant le fruit de son labeur sur les marchés du pays pour mieux s’abandonner à son plaisir coupable une fois la nuit tombée. Car c’est dans la gueule de l’arène qu’il parvient vraiment à s’exprimer, lorsqu’un goût de rouille submerge son palais, le cœur battant à tout rompre et englouti par les hurlements de la foule. De la misérable carcasse du rat s’extirpe alors un gladiateur increvable, son corps tout entier se consumant dans les flammes d’une fureur insoupçonnée. On l’aime ou on le déteste, mais La Hyre ne laisse jamais de glace. Suite à la montée en grade d'Ozai, ce dernier recommanda Eron pour le remplacer en tant que lieutenant. Promotion qu'il accepta sans hésiter une seule seconde. Localisation Certains de ses supérieurs ayant des suspicions sur le fait qu’il puisse être mêlé à quelques affaires de combats clandestins, Eron fut envoyé dès la fin de sa formation sur la côte ouest de Nythsari, à mi-chemin entre Azracca et Talevir. Le Solon déteste cet endroit, qu’il considère comme étant le trou du cul de son pays natal, une lande particulièrement aride et inhospitalière, parsemée de quelques rares campements de bouseux posés tels des furoncles sur le crâne dégarni d’une vieille maquerelle. Cette mutation est généralement réservée aux plus mauvaises recrues, régiment moqué de tous ses pairs, réputé pour être une véritable ramassis de gibiers de potence et de couards analphabètes. Afin de tromper l’ennui au milieu de ces terres vides de tout intérêt, il n’est pas rare de voir les soldats se laisser aller au réchauffage de la voûte plantaire ainsi qu'à d'autres tortures barbares sur quelques faes isolés. Mais la véritable raison d’exister de ce régiment se trouve ailleurs : soutenir les autres unités en cas d’altercation avec la milice et ainsi éviter une éventuelle prise de pouvoir par les partisans de Blackwood. Récemment promu capitaine, Ozai profita de son nouveau statut pour faire rapatrier Eron au sein de sa propre garnison, située à Azracca. Faction  Son allégeance va à la bande de gamins pouilleux dont le quartier général se trouvait sur les docks d’Oceara. Aucun autre serment ne saurait remettre cette obédience en péril. C'est donc le plus naturellement du monde qu'Eron s'engagea sur les sentiers de l’Ordre des Cendres, à la poursuite d'Ozai et Zuko, sans plus se poser de question. Gang Plutôt se les couper qu’abandonner les Rats Gris. Quand bien même ces derniers disparurent dans la tombe qu’ils creusèrent pour Tomas. Croyances La vie des miséreux se joue au rythme de superstitions en tout genre. Celle d’Eron n’y fit pas exception. L’enfant des bas-quartiers s’était contenté de les suivre bêtement sans jamais y prêter une réelle attention. La Rue a son code et ses propres préceptes qu’aucun Dieu-Soleil ne saurait remplacer. Depuis, Eron continue de respecter les dogmes de l’hélionisme, mais il n’oublie pas. Non, il n’oublie pas que le Ciel se garde bien d’interférer avec toute la merde qu’ils brassent ici-bas. Caractère Rancunier – Charismatique – Secret – Téméraire – Impassible – Sportif – Pugnace – Dur au mal – Généreux – Epicurien – Sociable –  Inflexible – Solaire – Insaisissable – Protecteur – Fier

— all your secrets —

12/10/1041 Naissance d’Eron, fruit d’une union éphémère entre Loretta, fille de rien, et un prétendu magnat de l’industrie originaire de Zéhérim.  

Hiver 1042 Loretta est seule, alors comme beaucoup d’autres jeunes mères célibataires du quartier, elle tapine. Les fausses-couches s’enchaînent, la catin abandonne les rares nourrissons qui respirent encore aux pieds d’églises ou d’orphelinats. Une bouche à nourrir, c’est déjà bien assez dur comme ça.

Eté 1045 Uther semble être plutôt un bon parti, avec sa paie de forgeron ce sera toujours mieux que rien. Loretta ne va pas chercher plus loin, fait abstraction des rumeurs qui entourent la mort étrange de sa première épouse.  

08/09/1045 Eron rencontre la fille d’Uther, qui vient tout juste de souffler sa première bougie. Elle est si jolie, ne cesse de lui adresser des sourires. L’enfant pâle sent son cœur se serrer sous l’effet d’un bonheur nouveau.

Printemps 1046 Pourquoi la frappe-t-il ? Sa mère n’a rien fait de mal. Eron ne comprend pas. Il voudrait que leur route n’ait jamais croisé celle d’Uther.

12/11/1046 Loretta lui répète qu’il ne peut pas comprendre, que ce n’est pas si grave que ça n’en a l’air. Elle lui fait promettre de protéger en toute circonstance sa petite sœur « ce qui unit une famille, ce sont pas les liens du sang mais ceux du cœur ». Eron serait prêt à parier qu’Uther n’en a pas lui, de cœur.  

Hiver 1047 Il ne compte plus le nombre de fois où sa mère est alitée suite à ses altercations avec son ivrogne d’époux. Eron le déteste, voudrait le voir crever. La colère assombrit peu à peu le bleu de ses yeux.

11/08/1048 Eron n’en peut plus, le désespoir comme dernier recours, il s’empare d’un couteau de cuisine, s’apprête à poignarder Uther dans le dos. Mais à l’heure de porter le coup fatal, se paralyse, foudroyé par la peur. Cette nuit-là, Eron se fait rosser si fort qu’il en perd connaissance.

12/08/1048 C’est fini. Eron se promet de ne plus jamais hésiter.  

Eté 1050 Il erre sans but à travers les rues, juste pour ne plus avoir à supporter le triste spectacle qui se joue chez lui. Sa jolie petite gueule ne revient pas aux caïds du quartier, qui en font leur bouc émissaire et le passent régulièrement à tabac. La frustration le dévore de l’intérieur, Eron en pleure de rage. Pourquoi est-il si faible ?

Automne 1051 Le mental brisé, il n’est plus que l’ombre de lui-même. Si Eron fait encore l’effort de se lever, c’est uniquement pour s’occuper de sa petite sœur. Elle est sa bouée de sauvetage au milieu de toute cette mer pleine de merde. Elle continue de lui sourire, encore et toujours, comme s’il était le centre du monde.  

05/12/1051 Un inconnu frappe à la porte. Il fait nuit noire au dehors, Eron ne parvient pas à distinguer le visage encapuchonné auquel Uther fait face. Les deux hommes échangent un temps, puis le forgeron finit par se retourner, posant son regard mauvais et vitreux sur ses frêles épaules. Cette nuit-là, malgré les protestations de sa mère en larmes, Eron est utilisé comme monnaie d’échange et envoyé à un bordel clandestin pour jeune garçon.

05/12/1051, un peu plus tard « Cours !!! Cours par Hélion !!! » Le beau diable qui hurle en enfonçant la capuche sur les yeux de son tortionnaire, c’est Tomas. Au même moment, une main vient s’emparer de la sienne pour mieux l’attirer à sa suite dans un dédale de ruelles sombres et sinueuses. « Je comprends pas. » parvient simplement à lâcher Eron, l’air ahuri. L’enfant aux yeux en forme d’amande se retourne alors et, dans un sourire vorace, lui crie « On vient d’te sauver la vie, pauv’ gland ! A compter d’maintenant, tu s’ras notre serviteur jusqu’à la fin des temps ! Bienv’nue chez les Rats Gris ! AHAHAHA !! »

Printemps 1052 Tel un phénix au pelage terne et crasseux, Eron renaît de ses cendres. Il se fait volontiers le larbin de Tomas, Zuko et Ozai. Tous ont plus ou moins son âge, mais le charisme qu’ils dégagent leur confère des allures de titans. Ces derniers se prennent d’affection à son égard, le surnomment « Küçük », le petit. Tomas fait figure de grand-frère parmi cette tribu d'enfants sauvages, il lui apprend les fondamentaux afin de survivre face au monde de la Rue. Eron se révèle être un élève appliqué, buvant les paroles de son enseignant avec avidité et parvenant aussitôt à les mettre en application. Mais ses leçons préférées, ce sont celles données par Ozai et Zuko. Les mandales dont les deux autres ne cessent de l’avoiner sont toujours suivies d’un «Debout» agressif et puissant, semblant trouver écho jusque dans les tréfonds de son âme. Aussitôt deux mains se tendent, leurs paumes rêches enlaçant ses pognes squelettiques et l'aidant à se relever. En leur présence, Eron sent son coeur se gonfler d’une motivation nouvelle.

Automne 1052 Son esprit s’est durci, à l’image de son corps. Le petit vaurien passe le clair de son temps à s’entraîner sur les docks, transforme absolument tout ce qui lui tombe sous la main en sac de frappe improvisé. Ses poings saignent, ses os se brisent, mais plus aucune larme ne semble pouvoir couler le long de ses joues sales.

Eté 1053 Il sent le cartilage du visage qu’il écrabouille céder sous la fureur incandescente de ses coups. Cet idiot avait osé s’en prendre aux Rats Gris. Ensemble, ils sont invincibles, règnent en maître sur les docks d’Oceara. Pourtant, Eron n’est jamais rassasié. A peine sorti d’un combat, la trogne encore barbouillée de sang séché et de crasse, qu’il retourne s’entraîner.

25/12/1053 Tomas, Ozai et Zuko décident de le conduire à la Pointe du Diamant. Là-bas, protégés par le souffle tumultueux des vents, ils se révèlent tous leurs secrets et s’entaillent le pouce profondément. Les mains se chevauchent tandis qu’un serment est proféré à voix haute. Le sang perle sur le mont rocailleux, leur regard se croisent une dernière fois puis les pieds quittent la terre ferme, plongent comme un seul homme dans les fonds traîtres et dangereux de l’océan venant se fracasser en contrebas.

13/01/1054 Uther disparaît mystérieusement sans laisser de trace, tandis qu’Eron fait finalement son retour auprès de sa mère et de sa petite sœur. « Plus personne ne vous fera aucun mal. Je vous le promets. » Assure-t-il du haut de ses douze printemps.

15/05/1054 Il n’est pas là lorsque Tomas s’effondre, trop occupé à mettre sa famille en sécurité. La nouvelle le terrasse. La culpabilité l’asphyxie. Le monde pour lequel il s’est tant battu vient de partir en fumée, détruit par les flammes de la rébellion fae. Eron se revoit plus jeune, les poings frappant le sol et le corps sanglotant de rage. Faible. Il est trop faible. Toujours trop faible.      

Automne 1056 Son chemin croise celui d’Odoacre, un ancien gladiateur. Le vieil homme l’initie aux pratiques de ce sport illégal qui consiste à faire combattre un homme et un fae, tous deux sous l’emprise du Lyrium. Malgré les risques qu’implique l’injection liquide de cette drogue, Odoacre finit par le convaincre, promettant un beau paquet d’ozilles à la clé. Eron y voit une chance unique de mettre sa famille à l’abri du besoin.

14/10/1057 Sa première consommation de Lyrium se passe sans trop de problème. Odoacre le surveille, est présent lorsque les effets secondaires surviennent. Le vieil homme devient son mentor et entraîneur personnel.

Hiver 1058 Eron s’entraîne dur, sans relâche, gagne ses premiers combats après plus d'an passé dans l'arène. Les gains qu’il empoche permettent d’acheter des médicaments pour sa mère, alors gravement malade.

02/02/1059 Une dispute éclate entre Eron et sa sœur. Le Solon ne la comprend pas, refuse d’écouter. Cette dernière quitte le foyer sans un regard en arrière.

Automne 1059 La foule lui a donné le surnom de La Hyre, parce qu’il semble toujours déborder de colère. Eron mentirait s’il prétendait ne faire ça que pour l’argent. Le Lyrium n’est pas l’unique drogue dont il s’est rendu esclave.

28/01/1060 Ozai reprend contact, ne cache pas les inquiétudes qu’il nourrit à son égard. Il demande à Eron de rejoindre au plus tôt les rangs de l’Armée Rouge, joue sur les cordes sensibles en rappelant les paroles formulées sur la tombe de Tomas. Mais Eron refuse d’abandonner sa mère. Pas tant que son état ne se sera amélioré. Ozai use alors de ses relations, allant jusqu’à puiser dans ses économies personnelles pour permettre à Loretta d’obtenir des soins supérieurs.  

04/09/1060 Sa mère est enfin sortie d’affaire. Eron entame comme promis son année de probation pour devenir soldat. Cap sur Rajdah et la fameuse Zéhérim.

07/11/1062 La formation ne fut qu’une banalité, la plus grande difficulté ayant été de parvenir à masquer son addiction au Lyrium jusqu’à sa première injection officielle. Mais grâce à quelques relations bien placées, Eron parvint à trouver son bonheur parmi les étales du marché noir de la vieille ville.

Eté 1063 Comme le temps peut être long lorsqu’on se fait chier. La poitrine récemment décorée de l’oriflamme de l’Armée Rouge, Eron est alors envoyé sur la côte ouest de Nythsari. Pour tuer les heures, le Solon participe aux combats de rue qu’organise certains soldats, tient les jambes lors de séances de torture improvisées sur quelques malchanceux faes. Son seul plaisir se résume à ses permissions, qu’il passe soit dans les faubourgs d'Oceara auprès de sa mère, soit sur Azracca à se beurrer la couenne avec Ozai. Parfois Zuko se joint aux festivités, mais le trajet s’avère beaucoup plus pénible pour le troisième larron, alors en poste dans la région d’Izegard.

Eté 1073 Sa mutation sur Azracca ? Ozai. Sa promotion ? Ozai ! Encore Ozai. Toujours Ozai. Il lui doit tant. Il lui doit tout. Eron le sait. Il y pense, souvent. Avant que sa dernière heure ne soit arrivée, Küçük remboursera le montant de ses dettes, les intérêts en prime. Alors seulement, il pourra se présenter auprès de Tomas, le cœur léger et l’âme en paix.