PSEUDO Sionnach, 32 ans. Ma vie se résume à écrire, lire et chiller devant Netflix. personnage Inventé stalkage C’est un petit Seth qui m’a soufflé de belles choses à propos de vous (et pour l’instant, il a raison sur tout!) défis Soyons fous ! Oui ! mot d'adieu Contexte de folie par ici, superbe design, que demande le peuple ? Je ne donnerai pas la couleur de ma culotte, on se connaît pas encore assez tsss ! Par contre les boxers de Lazarus sont tous hyper moulants et noirs #classeabsolue crédits @étangsnoirs.

La chaleur est suffocante dans cette chambre. Je tire le draps à l’aspect douteux et me lève pour me servir un verre d’alcool. Dans le lit, le corps d’une femme endormie se prélasse sans aucune pudeur. Le tissu ne recouvre même pas sa poitrine encore tendue de plaisir. À son âge, tout tient encore bien debout, tous ses clients le savent, c’est pour ça qu’ils la veulent. Je ne suis pas différent des autres. J’ai juste un poste plus prestigieux. Commandant de l’Armée Rouge. Si l’enfant de trois ans qui venait de voir sa mère mourir devant ses yeux l’avait su, il ne l’aurait sans doute pas cru.

Je bois. Cul-sec. Une grimace au moment où l’alcool brûle ma tranchée. Je déteste me souvenir de cette période, mais j’en rêve de plus en plus souvent. Enfin, ce sont plutôt des cauchemars. J’ai peur d’avoir atteint un stade de plus dans mon addiction. Le cri d’agonie de ma mère me hante jusque tard le matin. Sa gorge tendue, son corps écrasé sur l’asphalte. Et moi, je la regarde, du haut de mon Commandement, incapable de faire un geste pour la sauver. Ma mère. Elle était belle. Je crois. Elle était douce. Je crois. Ce n’est pas d’elle que je tiens ma rigidité, mon incapacité à aimer. Ma femme me l’a suffisamment reproché avant d’aller voir ailleurs.

— Laz…

Sa voix est indolente, encore empreinte de sommeil et de plaisir, mais je m’en fiche. Je ne la reverrai sans doute pas. Je retourne à Djerhölm dès demain, du boulot m’attend avec le Cercle, je ne peux pas les laisser trop longtemps. Je n’en ai pas envie de toute façon. J’aime les savoir sous mon joug. Une main de fer dans un gant de velours. L’expression me va bien.

— C’est Commandant Gold. Même pour toi.

Je pose le verre vide sur la tablette. Si elle ne dort pas, autant rentabiliser l’argent dépensé cette nuit. Elle ne crie pas lorsque j’enfonce sa tête dans l’oreiller. Elle a l’habitude des traitements trop rudes. Sa peau dorée en porte les stigmates et je ne suis pas à l’origine de tous. Peu après, elle s’endort enfin. À moins qu’elle fasse semblant. Moi, je ne dors toujours pas. J’observe le creux de mon coude d’un air morne. Ce n’est pas encore le jour de mon injection.

Quand je monte dans le train, l’air est moite. Ma chemise colle à ma peau. Je suis obligé de passer un mouchoir sur mon front en m’installant à ma place. Mon sac de voyage à mes pieds m’a coûté un rein, mais il en jette. Il faut que je dorme. Au moins une heure. Juste une heure. Son cri agite mes yeux derrière mes paupières. Je suis seul au milieu d’une foule sans visage qui s’affole, se bat, hurle. Seul et glacé. Jusqu’à ce que ses bras m’emportent. Il me sourit souvent. Il sait que j’ai vécu un traumatisme qui me hantera toute ma vie. Il est sévère, mais il fait ce qu’il peut pour soulager ma peine. C’est un brave homme. Il est grand, solide, droit, charismatique. Je veux être lui en grandissant. Je veux être un héro. Sauf que je n’ai rien d’un héro. J’ai beau faire de mon mieux, être le meilleur, participer à chaque intervention, ne jamais prendre de congés… Je ne suis pas un héro. Sauf ce jour-là. Ça fait plusieurs mois que je suis à Adenor. Un incident au Cercle. Quelque chose de moche. Ils font toujours des choses moches ou stupides. Les jeunes encore plus. Ce sont des abominations qui s’attaquent à l’institut. Le chaos est palpable. Il y a déjà des morts. Je ne sais pas vraiment comment je me retrouve dans ce couloir, mais elle est là, prête à être tuée à son tour. Je ne vois pas ses oreilles, mais j’aurais pu m’en douter. J’ai sauvé la vie d’une fae. Je ne regrette pas, je ne m’en félicite pas non plus. J’étais déjà lieutenant depuis quatre ans, et ce n’est pas pour ce sauvetage inutile que j’ai été nommé capitaine peu après. Mes souvenirs se débatent, me tirent en arrière. Sa main décharnée, déjà morte, s’agrippe à mon uniforme. Quand je me retourne, elle rampe vers moi, elle essaie. Elle crie. Je ne comprends pas ce qu’elle dit. Elle a l’air en colère. Et je ne sais pas pourquoi.

— Mon commandant ?

Le poids d’une main sur mon épaule me réveille en sursaut. Il sait que je fais souvent des cauchemars. Il me sourit. J’aime bien son sourire, mais je ne le lui ai jamais dit. Pas de faiblesse dans les rangs.

— Mh…
— Nous sommes bientôt arrivés.
— Bien. Empêche-moi de me rendormir.
— A vos ordres mon commandant.
— Arrête avec ça.
— Bien mon commandant.

Je tourne mon regard d’acier vers lui. Je ne plaisante pas. Son attitude trop guindée me met les nerfs en pelote, mais il n’en démord pas. J’abandonne. Je préfère trop de zèle que pas assez. J’étais comme lui quand j’avais son âge. Droit et intrépide. Le premier à être volontaire pour le nettoyage des armes. Le premier levé pour l’entraînement du matin. Le premier à mettre une balle en plein centre de la cible. Cinq fois d’affilé. Le dernier à prendre son congés. Seulement quand on m’y forçait. Mes supérieurs m’adoraient. J’étais la recrue parfaite. Du moins en apparence. J’avais toujours eu un faible pour les jolies femmes et je me suis vite aperçu que mon statut dans l’Armée Rouge pesait lourd dans la balance de la séduction. J’en ai joué longtemps, jusqu’à me laisser passer la corde au cou deux ans plus tôt. Pourquoi ? Il n’y avait aucun amour entre nous, à peine de la politique. J’étais déjà commandant pourtant. Je ne sais pas si son amant aux longues oreilles est mort. La dernière fois que je l’ai vu, il se vidait de son sang. Il ne ferait plus cocu aucun mari. Je crois que je me suis battu avec elle aussi cette nuit-là. Depuis, nous ne vivons plus ensemble. Elle me hait, et je n’ai aucun respect pour elle. Je m’en contrefiche. Pour le moment. De toute façon, j’ai du travail. Un apostat vient d’être arrêté. Il me faut l’interroger, l’enfermer dans la prison de lyrium, remplir des papiers pour son passage devant le haut tribunal et récompenser l’unité qui a procédé à cette capture. Mais il faudra bien que je lui parle à nouveau. Sans son argent… celui de sa famille. Oui. Il va falloir que je ramasses les pots cassés. Que je fasse semblant de l’aimer, peut-être.

Je compte les jours. Trois. Quatre. Cinq. Le septième, j’aurais droit à ma dose.

Dans mon bureau, je sens la main glacée de ma mère sur mon bras alors que je souris aux courageux soldats qui ont arrêté l’apostat. J’ai beau être sévère et punir lorsque l’on déroge aux règlements et aux lois, je suis quelqu’un de juste. D’autant plus lorsque c’est pour reconnaître les compétences de mes hommes. J’éprouve de la fierté. À chaque fois. D’infimes étincelles de bonheur qui me confirment que je ne suis pas un si mauvais commandant. Je crois que mes hommes m’apprécient. Je le lis parfois dans leurs yeux. J’aime ça. Je leur remets à chacune une prime avec trois jours de congés et je les félicite chaleureusement. Ils me remercient et retournent à leurs occupations. En retournant m’asseoir à mon bureau, je traîne le cadavre gelé de ma mère derrière moi. Ça me paraît évident à présent. J’ai dépassé le stade 4 depuis quelques temps déjà. Je ne me plains pas. Je gère plutôt bien les choses tant que je parviens à faire des micro-sommeil de temps à autres.

Je crois qu’il faut que je l’appelle. Si je veux éviter de foirer un peu plus ce mariage. Si je veux éviter qu’il ne devienne une prison, une chaîne pour nous deux. Je dois l’appeler.

Alors je décroche le téléphone. Je suis certain que nous pourrons trouver une solution. Même sans amour.